mercredi 29 août 2018

Nicolas Hulot









Je vais déroger à la règle que je m'étais fixée : ne pas écrire à chaud sur des événements actuels.


Nicolas Hulot aurait manqué de « courtoisie ». Mais qui le prend pour un «cornichon » pour ne pas dire plus depuis 15 mois avec des grands sourires et des tapes dans le dos ? Et puis que vient faire ce Thierry « Benalla » Coste dans cette histoire ? Il y a vingt ou trente ans les lobbyistes ou influenceurs payaient des vacances à nos ministres au Maroc ou sur leur yacht. Maintenant ils assistent directement aux réunions dans les ministères ! Pourquoi voter demain ? Sommes-nous dans une république  bananière ? Les influenceurs ne sont les copains que de leur banquier, et les chasseurs viennent de faire une belle boulette.
Notre Terre jusqu’à présent s’est toujours remise des désordres climatiques. Mais ces désordres n’étaient pas de notre fait. Les hommes et les animaux, leurs semences  émigraient plus au nord, mettaient en culture des marais, des forêts. Du Moyen Orient sont arrivés jusqu’à nous, les céréales, les caprins, la roue…. Mais nous étions peu nombreux sur notre Terre, quelques centaines de milliers, voire quelques millions selon l’époque. Je nous vois mal dans peu de temps immigrer plusieurs milliards vers le Pôle Nord ! Donc il est urgent de modifier nos modes de vie et d’avoir des gouvernements conscients et responsables. Sinon combien de guerres climatiques, de désastres écologiques, de déserts, de morts… Et c’est à notre porte, il n’y a qu’à voir l’état des jardins, des arbres dans notre région après la chaleur de l’été.



(Migrations --Invention des Agricultures Naissance des Dieux direction Jean Guilaine  Mucen édit Harzan ISBN 97827541-08348)

dimanche 26 août 2018

Montpellier - La Tour de la Babote


Tour de la Babote-



Montpellier la Tour de la Babote


Aquarelle de Mme Figuier BNF

Où comment une rumeur taquine rend un monument populaire et peut-être bien le sauve.
La légende a voulu pendant longtemps que Louis Sébastien Lenormand ait sauté en parachute le 26 décembre 1783 de la tour de la Babote de Montpellier. L’exploit était spectaculaire, un mélange de science et de magie. En cette période, on veut croire au progrès qui apportera une meilleure vie.
C’est le scientifique local Louis Figuier (1819-1894) qui est à l’origine de cette rumeur. Enseignant puis écrivain il se lance dans la réalisation d’ouvrages de vulgarisation scientifique qui simplifient, romancent les découvertes. C’est le « Jules Verne» de Montpellier. Sa femme dessine l’épisode du saut. Elle écrit aussi des romans et dessine, peint. La légende sera tenace jusqu’aux années 1950-58, date où la plaque célébrant cet exploit est retiré !! Grâce à l’historien montpelliérain Louis-Henri Escuret qui publie en 1952-55 un fascicule dénonçant les erreurs historiques figurant sur le dessin de Madame Figuier.

(Sébastien Lenormand)
Louis Sébastien Lenormand, (1757-1837) physicien et inventeur est né à Montpellier, fils d’un horloger. Il étudie à Paris la physique et la chimie avec les professeurs Lavoisier et Berthollet. Il s’intéresse aussi au salpêtre et à la production de la poudre à canon. 

(lecameleon.wifeo.com/les-inventions-par-p.php)
De retour à Montpellier il s’intéresse à l’horlogerie avec ses applications mathématiques. Très impliqué dans la communauté intellectuelle de Montpellier il commence ses expériences sur le parachutisme. L’histoire racontée par un diplomate de Louis XIV décrivant un équilibriste thaïlandais l’inspire avec son parasol attaché à sa ceinture qui ralentit sa chute. Il teste ses idées avec des poids, des animaux, des mannequins, mesurant les temps de chute et les impacts sur le sol.
Louis Henri Escuret
En cette fin du 18ème siècle, les recherches astronomiques sont dans l’air du temps. Montpellier et la Société Royale des Sciences de Montpellier créée en 1706 par trois savants connaissent une réputation internationale. Sa salle d’observation est installée dans la Tour de la Babote. En particulier on explore les déplacements dans l’air.

C’est la période des frères Montgolfier qui testent leur ballon avec des animaux dans la nacelle. Lenormand présente son invention, « le parachute », devant les Etats Généraux du Languedoc : une sorte de nacelle en osier pouvant contenir un objet ou une personne, suspendue par un ensemble de cordes et une toile circulaire. Mais le directeur de la Société Royale des Sciences s’attribuera cette invention.
Il faudra attendre 1797 pour le premier saut en parachute effectué à Paris par André-Jacques Garnerin qui reprend grosso modo la technique de Lenormand en l’améliorant.
Sur la fin de sa vie Lenormand fait annuler son mariage et entre à la chartreuse devient moine convers sous le nom de frère Chrysotome.

gravure anonyme -BNF
 La Tour de la Babote est un vestige des 25 tours carrées de l’enceinte fortifiée de Montpellier de la fin du 12ème début 13ème siècle, édifiée par les Guilheim de Montpellier. Les Tours des Pins, de la Blaquière et la Porte du Pila Saint-Gély ponctuaient la « Commune Clôture » qui englobait aussi une partie de la colline voisine appartenant aux évêques de Maguelone... 2650 m de périmètre, murs de 8 mètres de haut, 2 mètres d’épaisseur…. Pierres de la carrière de Caunelle à Juvignac. Les tours étaient coiffées d’une toiture et huit portes ouvraient sur la ville. Un chemin de ronde au sommet des murailles, doublé à l’intérieur d’un chemin de 12 pans pour faciliter la circulation de la défense en cas d’attaque. Côté extérieur un fossé de 30 m de large et de 4 m de profondeur dans lesquels s’écoulaient différents ruisseaux de la ville comme le Verdanson au nord et les Aiguerelles au sud. Le tout surveillé par les « ouvriers de la commune clôture », notables sous l’autorité des Consuls de la ville : ils assuraient l’entretien des murs, des tours, des fossés, du chemin des 12 pans, des portes, veillaient aux intrusions, aux éventuelles constructions parasites, aux plantations dans les fossés. Ils étaient responsables des clés de la ville. La Babote est une tour creuse c’est-à-dire avec un vide côté ville (voir photo en fin de texte).
Actuellement la commune clôture forme les boulevards et l’Ecusson.

Babote peut s’écrire avec deux « t ». Nous nous interrogeons toujours sur sa signification. Le terme apparait dans les archives de 1304 « la babota del valat », la babote du fossé. En occitan babota signifie « fantôme », âmes errantes. Plutôt féminin du prénom hébreu Babel, ou nom d’un insecte vivant dans les fossés,…., ?? Plus fantaisiste, les vignerons qui écrasent le raisin avec leurs bottes, alors que cela se faisait traditionnellement pieds nus. Et puis les paysans de 1304 ne devaient pas avoir beaucoup de bottes !!.

1905
Cette tour a vécu plusieurs affectations Au 14ème siècle le bâtiment s’appelait aussi « tour des bains » : des étuves occupaient l’arrière de la Tour. Elle sera la Tour de l’Observatoire quand la Société Royale de Montpellier s’y installe. Puis la Tour du Télégraphe…
Pendant la guerre de Cent Ans, on rehausse murs et les tours. Le siège de Montpellier en 1622 par l’armée de Louis XIII pendant les guerres de religion de Rohan n’apportera pas de grandes modifications de l’ensemble. Peu à peu comme partout, ce système de défense n’étant plus aussi nécessaire, les murs seront dégradés, utilisés par des constructions parasites, percés par trois portes supplémentaires. Les fossés seront comblés au pied de la tour de la Babote en 1791 pour devenir le boulevard de l’Observatoire, en 1793 le fossé des Arbalétriers se transformera en boulevard de la Comédie et plus tard en boulevard Victor Hugo. 
Le 12 mai 1706 la Société Royale des Sciences invite le beau monde, la foule et les astronomes à se retrouver au petit jour au pied de la tour pour observer l’éclipse totale du soleil visible à Montpellier. Pour la première fois on utilise la lunette de Galilée et une description scientifique du phénomène est faite. En 1739 l’Académie des Sciences demande l’autorisation d’aménager un observatoire d’astronomie dans la tour. Le directeur général des fortifications le maréchal d’Asfeld accorde ce privilège.
La tour sera transformée en observatoire en 1741-45 grâce aux dons privés mais aussi aux subventions de la ville de Montpellier et de la Société Scientifique de Paris. Pour cette occasion une salle d’observation équipée de matériel ad hoc est construite en surélévation à l’intérieur d’un pavillon surmonté d’une terrasse en encadré de deux tourelles avec escalier d’accès.
Nouvelle transformation en 1788 après un procès de 30 ans contre la confrérie des Pénitents Bleus. Leur nouvelle église touchait la partie nord de l’observatoire et obligeait de passer par leur chapelle. Le clocher plus haut que prévu masquait certaines fenêtres nord de l’observatoire. Une deuxième surélévation sera payée pour l’essentiel par la confrérie. Une nouvelle terrasse est construite à 25 m du sol côté ville.
La Société Royale des Sciences fera la renommée de Montpellier et ses publications, ses nombreuses observations seront très recherchées.
La Révolution amène la dissolution de la société royale en 1793 qui deviendra un temps la Société Libre des Sciences et Belles Lettres de Montpellier jusqu’en 1816.. Cette tour, pourtant symbole de la royauté échappe à la démolition pendant les événements. Mais en 1795 Jean Bimar entrepreneur et tenancier d’une société de messagerie profite de la situation et pousse les autorités à percer un raccourci par une porte au bas de la Tour essentiellement pour son propre usage commercial. Ce percement  nuit à sa stabilité et à la précision des mesures d’observation.
En 1832 le télégraphe de Chappe s’installe dans la tour qui devient la Tour du Télégraphe. Un logement est aménagé au premier étage pour le directeur, une cabane en bois pour les appareils est construite sur la terrasse. Pendant 20 ans le télégraphe fonctionne avec une ligne vers Paris via Nîmes, Avignon, Lyon, Dijon et une correspondance vers Marseille et Toulon et une ligne jusqu’à Tours via Narbonne, Toulouse, Bordeaux avec une correspondance vers Bayonne. Réseau codé, à la seule disposition de l’Etat. L’arrivée du télégraphe à fil sonne la fin de cette affectation en 1853.
Puis la tour n’est plus entretenue et abrite diverses utilisations, société colombophile et ses pigeons voyageurs, musée du vieux Montpellier, club d’échecs et encore la société d’astronomie de l’Hérault.




 En 1980-90 sous la mandature du maire Georges Frêche, de grands travaux de restauration sont décidés : destruction des constructions parasites, du Colombier, de l’hôtel du Nord, d’une partie du Comptoir National d’Escompte de Paris. Côté intérieur de la ville, des bâtiments sont aussi rasés pour dégager un square.
Depuis 1982 la tour abrite à nouveau la Société Astronomique de Montpellier, un juste retour aux sources.


(CPSM FRANCE 34 "Montpellier, la tour de la Babote"-date ? bien avant 1980 ).
..
La totalité du bâtiment est classé aux monuments historiques depuis le 4 août 1927.  Nostradamus avait prédit la disparition de la ville si les pins de la « Tour des Pins » disparaissaient : est-ce que la malédiction s’étend aussi à la Tour de la Babote ?


Tour de la Babote côté ville partie creuse

Sources : Légende du parachute, in « De savants en découvertes » de Valdo Pellegrin 2017.—BNFgallica Louis Sébastien Lenormand--wwwsudbabote.fr/association/notre-quartier/leslieux-remarquables/41-la-babotte-- -- Jean-Michel Faidit, L'Observatoire de la Babote, Centre Culturel de l'Astronomie, 1986---Roland Jolivet (Avec le concours de Bernard Jamme et d'Yvon Courty), Montpellier au passé recomposé, t. 1et 2, Montpellier, chez l'auteur, Imp. Déhan, 1989, 150 p., br, 20 × 25 cm (Sudoc 008091986 en ligne)—photos site mairie de Montpellier montpellier.fr/336-tour-de-la-babote.htm – Gwenaël Cadoret Gazette de Montpellier et de Nîmes Guide de l’été juillet 2018 – fr.wikipedia.org/wiki/Tour de la Babotte—Base Mérimée ministère de la Culture notice PA00103606---.Louis-Henri Escuret Histoire des Vieilles Rues de Montpellier Presses du Languedoc 1981 réédition-- +La Tour de la Babote 1952 --

dimanche 19 août 2018

La Cantatrice incendiaire


1910


La Cantatrice Incendiaire


Lundi 27 octobre 1952 18h 30 : le théâtre de Nîmes est en feu !!
Robert Dauby, le chef électricien présent sur place nous dit : « j’ai vu une lueur, puis une explosion a retenti. Le concierge M Sicard hurlait à tue-tête : le feu ! le feu !!! » Les danseuses qui répétaient dans une salle à côté de la scène ont cru à un orage de grêle. Une « hirondelle », un agent cycliste finissant sa ronde, aperçoit de la fumée et alerte M Durand le président du Syndicat d’Initiative dont les locaux sont situés dans l’aile droite du théâtre.
Les pompiers partent de la caserne à 18 h 50, caserne route d’Avignon située Parc à Fourrage, loin du théâtre. C’est le commandant Domergue qui dirige les opérations. Huit pompiers présents sur les 24, trois véhicules. Le ciel était rouge en direction du théâtre, les flammes se voyaient déjà place des Carmes. Rapidement la scène est en feu, la toiture écroulée. Les pompiers d’Alès sont appelés en renfort. Ils s’attaqueront au feu à l’arrière du bâtiment, rue Racine, protégeant les loges et une partie des costumes de scène en les jetant par les balcons. Les gens dans la rue, les ballerines, les choristes aident de leur mieux. Les pompiers de Montpellier seront appelés avec du matériel plus moderne, une grande échelle en particulier.

Une grosse poutre de la scène en tombant défonce le rideau de fer qui isolait la scène de la salle, une porte ouverte entre la loge municipale et la scène et le feu se propage dans la salle. Le commandant Domergue 30 ans plus tard nous explique : « le théâtre au point de vue sécurité était bien noté, puisqu’il y avait un rideau de fer, il y avait un rideau d’eau qui devait arroser le rideau de fer, ensuite il y avait un Grand-secours qui devait noyer la cage de scène, en cas de feu. Ce Grand-secours devait être manœuvré par deux vannes, une sur la scène, l’avant-scène, et une dans un local en dehors du théâtre. Personne ne l’a manœuvré. C’est un pompier qui l’a manœuvré après. Il était trop tard ! Pour la bonne raison, c’est que les pommes d’arrosoir étaient en dessous la toiture, et les poutres en tombant, ont arraché le Grand-secours ; plus rien n’existant, à ce moment-là, il n’y avait plus rien à faire ! Si le Grand-secours avait été actionné de suite, la scène aurait été presque sauvée. La meilleure des preuves, c’est que le plancher de scène et tout le dessous n’ont pas brûlé et ont été intacts. »


 Le rideau de scène
Un témoin raconte « Il y avait un rideau qui faisait le dessin de deux pans de rideaux, et qui faisait effet de store, comme le rideau était ouvert. Dans ce rideau ouvert, vous avez au fond la Tour-Magne, la Maison Carrée, les Arènes et une partie des Jardins de la Fontaine. ». Les samedi et dimanche précédents, un programme particulièrement chargé avait enchanté les Nîmois : « La Juive » avec Humbert, « Lakmé » avec Mado Robin, et les « Pêcheurs de Perles avec François Gatto, Jeannette Vivalda et Ernest Blanc.


Balcons et lustre

Le théâtre de Nîmes avait une très bonne réputation. De nombreux grands artistes lyriques ont chanté sur cette scène : Caruso, Lily Pons, Villabella, José Luccioni, François Audiger, André Girard que nous venons d’entendre, Charles Hébréard, Géori Boué, Mado Robin, Régine Crespin. Des comédiens, comme Talma, y ont joué des œuvres classiques, des grands musiciens aussi. ». Le « petit Lizt » jouera à Nîmes lors de sa tournée dans toute la France. Il avait 13 ans !! La saison lyrique durait six à sept mois. Les tournées des chanteurs de variété passaient ensuite à Nîmes : Maurice Chevalier, Charles Trenet, Georges Hulmer…. Une troupe de sédentaire de choristes, chanteurs, musiciens travaillaient là à l’année.


Que de souvenirs pour les Nîmois ! Lorsque le ténor Baragno chantait, le lustre tremblait. Ce lustre qui était un don de la Compagnie du Gaz au moment de l’installation du gaz dans la ville.
La construction du bâtiment avait débuté en 1798 avec l’architecte Meusnier. Il sera inauguré le 3 février 1803 bien qu’inachevé. La Maison Carrée lui fait face. En 1827 la colonnade est ajoutée. Il est agrandi en 1837. Déjà en 1860 un incendie vite maitrisé se déclare dans un local abritant les décors et les accessoires. C’est un théâtre « à l’italienne », un théâtre en hauteur pouvant contenir un millier de personnes. Des balcons surplombaient une grande salle assise, un lustre majestueux, une scène avec un rideau de 1830. C’était un des plus anciens de France. Il est classé monument historique en 1949.



Les Nîmois étaient très attachés à leur théâtre. Ils avaient la culture de la musique, des spectacles lyriques ou dramatiques. Des bals mondains se déroulaient dans ce bâtiment avec son lot de belles toilettes féminines et de messieurs en smoking, un grand orchestre. Autant d'événements qui constituaient des attractions de choix pour l’ensemble de la ville. : « Il y avait un très beau foyer, avec des grandes glaces. C’était immense. Tous les gens qui étaient au théâtre venaient y faire les Cent-Pas, et bavarder pendant les entractes. Un foyer très agréable et très fréquenté. »

Parfois l’ambiance était électrique : des bagarres qui obligeaient à appeler la police pour remettre de l’ordre. Les spectateurs du Cinquième balcon envahissaient les premières. Le maire recevait des lettres anonymes menaçantes si le spectacle était troublé par des factieux. Le « sang coulera si le maire ne prend pas les dispositions nécessaires pour assurer l’ordre public… »





Eva Closset
Photo première page du Midi Libre du 31 octobre 1952

Quelques jours après la nouvelle tombe : l’incendiaire venait de se dénoncer : Eva Closset, artiste lyrique belge de second plan âgée de 47 ans, divorcée. Elle était arrivée à Nîmes 20 jours auparavant pour faire auditionner son beau-fils Henri José Faes 20 ans.
C’est l’histoire d’ambitions ratées, d’illusions perdues : elle rêvait de défilés de mode, de grands rôles du répertoire lyrique où elle se distinguerait. Mais elle est sans charme remarquable, des moyens vocaux limités. Elle avait eu son heure de gloire dans les années quarante, contralto dans Carmen ou la Traviata. Un mariage raté avec un artiste de talent qu’elle trompe allègrement. Elle reporte toute son affection sur son neveu que sa sœur a abandonné et qu’elle a adopté. Asthmatique dès 1947 elle doit dire adieu aux cachets confortables, aux applaudissements. De cantatrice vedette un temps, elle doit s’intégrer à des chorales. Puis souffleuse de théâtre, modèle, des rôles minables…Elle décide de devenir le mentor de son neveu, s’occupera de sa carrière, elle veut en faire une star.
Elle avait loué un modeste studio dans l’Ecusson de Nîmes avec son beau-fils.
Francis Lenzi codirecteur du Théâtre avec Mr Ferdinand Aymé refuse d’engager comme choriste son beau-fils. Une autre explication : le licenciement d’Henri le 26 octobre après le troisième gala. Il n’a pas de talent. Autre rumeur elle aurait eu une liaison avec le directeur et s’attendait à ce qu’il engage son beau-fils. Il lui annonce la mauvaise nouvelle après l’avoir fait attendre, elle la grande Eva Closset !! En colère et quelques verres de vin plus tard, elle décide alors de se venger en mettant le feu pour « donner une leçon au directeur » dira-t-elle plus tard !! « J’ai trouvé très abusif de nous avoir fait venir de Belgique pour nous laisser sans travail »…Elle sort de son sac une bouteille d’alcool et en projette le contenu contre les décors côté jardin de la scène. Elle raconte lors de son procès que le feu se propagea avec une effarante rapidité, elle n’aura que le temps de s’enfuir.
Le lendemain de l’incendie, elle se confesse au prêtre de l’église Saint-Paul. Elle envoie deux courriers à la police, s’accusant du geste. Puis elle se rend d’elle-même au commissariat. Lors de la reconstitution début novembre elle tente de se suicider.



Photo de la façade restante du Théâtre de Nîmes,prise derrière les colonnes de la Maison Carrée. Source Wikipédia. DR

Pour calmer la population et faire oublier ce spectacle de désolation, la saison lyrique se poursuit dans la salle du foyer communal place de la Calade. Ce n’est évidemment pas pareil, mais les mélomanes dès le 29 novembre verront La Tosca et Cavalleria rusticana.

Le procès d’Eva Closset aura lieu le 10 juillet 1953, à Nîmes, moins de neuf mois après les faits. La salle d’audience est comble et surchauffée par la passion des spectateurs. Eva Closset est vêtue d’un sobre costume noir. L’acte d’accusation la présente comme une extravagante, une exaltée. Mais les experts psychiatres l’ont reconnue entièrement responsable de ses actes. L’avocat général requière 20 ans de travaux forcés. Me Bernard de Montaud-Manse l’avocat d’Eva, plaide le ressentiment d’une mère pour son fils, c’est « une pauvre fille folle d’amour maternel »…. C’est un avocat de très grand talent, il est nîmois, félibre et manadier, de chez nous donc. Il déstabilise les témoins, questionne, retourne la situation, devient la vedette de la salle d’audience. Eclats, émotion, il plaide les circonstances atténuantes….. Le jury ne condamna Eva Closset qu’à sept ans de travaux forcés qu’elle effectua dans une prison pour femmes. Clémence qui ne sera pas comprise par la population. En prison faisant preuve d’une grande religiosité, elle cherchera à expier ce qu’elle considérait comme un crime. Crime gratuit car son neveu n’avait aucune envie de faire une carrière lyrique. Elle finit sa vie à Liège en Belgique et l’on n’entendit plus jamais parler d’elle.

1900


E Taihlades maire de Nîmes

Dès le lendemain de l’incendie, le maire de Nîmes Edgar Tailhades, s’engage à reconstruire le théâtre dans un délai de trois à cinq ans. Son premier adjoint s’y engage lui dans un délai d’un an.

Par cet incendie la ville subit une perte culturelle, intellectuelle mais aussi financière. Il fallait prendre en charge tout le personnel, une troupe sédentaire, des choristes et parer au plus pressé pour sauver la saison lyrique.












Plusieurs projets de reconstruction seront étudiés. Mais il faudra attendre la mandature de Jean Bousquet qui en 1983 aborde le sujet avec un œil neuf : on ne reconstruit pas un théâtre mais une médiathèque. Le Carré d’Art inaugurée en 1992 est un bâtiment moderne de l’architecte anglais Norman Foster. Une page nîmoise est définitivement tournée. On n’a gardé du théâtre que la colonnade ionique évoquant l’architecture antique. Un temps restée en place jusqu’en 1980, elle est transférée sur l’aire de repos de Caissargues de l’autoroute A54 entre Nîmes et Arles. La médiathèque vient d’être remaniée.

(Arria Belli 12/2006 wikipedia)



Nîmes -Aquarelle Second Empire- anonyme
Sources : Jean Michel Cosson Gisèle Vigouroux  Les grandes affaires criminelles du Gard  édit De Boréee 2009 ISBN 978-2-84494-676-8 --  Adolphe Pieyre 1886 Histoire des théâtres de Nîmes nemausensis.com ---Étienne Marie, 2009. Nîmes. Equinoxe Impressions du Sud ed., 144 p., p. 49.-- Théodore Picard, 1994, réimpression de l'éd. de 1901. Nîmes, autrefois, aujourd'hui. Lacour/Rediviva, 183 p., p. 159-160.—L’Incendie du théâtre de Nîmes en 1952 nemausensis.com --- photos collections privées nemausensis internet ---www.objectifgard.com/2015/10/29/nimes-il-y-a-63-ans-le-theatre-de-nimes-disparaissait-sous-les-flammes/--/www.midilibre.fr/2012/10/27/theatre-apres-le-drame-l-incendiaire-se-denonce,584878.php
- --archives radiophoniques de Radio France 3 Nîmes, 1982. :« Archives radiophoniques de l’incendie, comprenant des enregistrements de 1952 ainsi que ceux du trentième anniversaire, en 1982, retranscrits par Philippe Ritter. »





jeudi 9 août 2018

Un fromage bien de chez nous Le Pélardon




Un fromage bien de chez nous : le Pélardon


 Avec les beaux jours, le fromage accompagne les apéros, les petits plats, toutes les salades d’été. Un incontournable de saison qui rend bien des services aux maîtresses de maison : Le Pélardon.
(La boite à fromagesAOP-internet)
C’est un petit fromage au lait cru et entier de chèvre. Un fromage à pâte molle et à croûte naturelle, de 60 grammes environ. Il a la forme d’un petit palet à bords arrondis. Son terroir s’étend des garrigues de l’Hérault au Gard jusqu’à la Montagne Noire, les Hautes Corbières de l’Aude et les Cévennes. 500 communes plus dans le Tarn la commune de Murat-sur-Vèbre.
Il a décroché une AOC(appellation d’origine contrôlée)  en août 2000, qu’il soit appelé paraldon, pélardon, peraudou… par le commun des mortels. Au niveau européen, c’est en 2001 qu’il reçoit une AOP(appellation d’origine protégée). Un cahier des charges très strict doit être respecté pour avoir droit à cette appellation qui permet une bien meilleure commercialisation.
Les meilleurs fromages viennent parait-il du lait des chèvres de la race Rove, lait plus riche en saveurs.  Les races de chèvres autorisées sont les alpines, les saanens, les roves. Les croisements entre ces trois races sont acceptés.
une Rove
Pour avoir droit à l’appellation, les animaux doivent pâturer et trouver leur alimentation sur les parcours, garrigues, landes et forêts. L’élevage en bâtiments est formellement interdit. …. 210 jours de pâturage par an si l'élevage est situé à 800m d'altitude, 180 jours par an si l'élevage est situé à une altitude supérieure. Une surface de 2000m2 par chèvre, des compléments alimentaires peuvent être distribués, foin, céréales, tourteaux). Des règles aussi pour la traite, le traitement du lait… Se pose le problème du manque de lait de novembre à janvier lors de la gestation des chèvres. Avant l’AOC, les producteurs parfois congelaient les surplus de lait d’été sous forme de caillé préégoutté pour le ressortir l’hiver. Ce ne serait plus possible maintenant. Donc un manque à gagner pour les ventes d’hiver. Mais le consommateur y a gagné en qualité.
Consommés frais ou affinés, cuisinés ou croqués sur le pouce, on en mange par an, plus de 4 millions dans l’aire d’appellation. Depuis 2004 autour de 220 tonnes par an sont fabriquées.
(CCI Lozère AOC)
Un terroir allié à un vrai savoir-faire donne un goût particulier à ce fromage. 210 jours au moins de pâturage dans la nature sauvage, puis le berger-fromager entre en action. Le lait est ensemencé de ferments naturels, puis de présure ; il est caillé puis moulé à la louche, salé, tourné, retourné, re-retourné. Onze jours plus tard, le palet à bords ronds et à la croûte naturelle est là. Il Il apparaît déjà ainsi en 1756 dans le dictionnaire de l’alésien, l’abbé Boissier de Sauvages, naturaliste et lexicographe français, qui le baptisa « pelardou ». Il mesure alors 60 à 70 mm de diamètre et 22 à 27 mm de hauteur pour un poids encore supérieur à 60 grammes.
Après complète dessiccation, le pélardon doit être au minimum de 45 % de matière grasse et 40 % de matière sèche. L’affinage est la dernière étape de la fabrication, moment très important où tout va se jouer. Les fromages sont exposés à une température de 8° à 16° C ainsi qu’à une hygrométrie de 85 à 95 %.





herault-tourisme.com





Il est prêt à être mangé ou cuisiné. De petites moisissures jaune pâle, blanches ou bleues recouvrent en partie ou en totalité sa croûte. La pâte est blanche-ivoire, homogène et lisse. Si l’affinage se poursuit, sa pâte devient cassante, un peu plus forte au goût.


Tomates, courgettes, poivrons, tous les légumes du soleil peuvent en être farcis ! Il peut être consommé nature mais aussi cendré ou mariné à l’huile d’olive avec évidemment des herbes de Provence. Pané et frit sur un lit de pissenlit !! Ou en dessert avec de la confiture de myrtilles ou du miel de bruyère… Mille façons de l’accommoder à votre choix !!
granvillage La Ferme
chèvre saanen-
Les Romains le connaissaient peut-être. Pline l’Ancien au 1er siècle de notre ère mentionnait dans son Histoire Naturelle : « Le fromage le plus estimé à Rome, où l'on juge en présence l'une à l'autre les productions de tous les pays, est, parmi les fromages des provinces, celui qui provient de la contrée de Nîmes, de la Lozère et du Gévaudan ».Mais parlait-il vraiment du pélardon ou du roquefort ou du laguiole ? Ou bien de la tomme de pays au lait de vache ? Ce qui est sûr le département de la Lozère n’existait pas à son époque ce qui a échappé au traducteur, ou bien Pline parlait du Mont Lozère.
Par contre nous sommes sûrs que le pélardon existait bien au 18ème siècle. L’abbé Boissier de Sauvages le décrit ainsi dans son dictionnaire en 1756 : « petit fromage rond & plat qu'on fait dans les Cévennes & auquel on donne un goût piquant & poivré en le frottant ou en le lavant avec de la viorne à feuilles étroites »
Et en 1785, dans une nouvelle édition de son dictionnaire il précise : « pélardon, petit fromage de lait de chèvre sec & piquant, propre aux Cévennes », nom qui dériverait du mot pebre c’est-à-dire poivre en raison de son petit goût piquant.
Frédéric Mistral au 19ème siècle, définit le pelardou dans son dictionnaire provençal-français Lou Tressor dou Felibrige : « petit fromage rond, de lait de chèvre, d'un goût sec et piquant, et propre aux Cévennes » (pelardon ou pelaudoun, peraudou, peraldou, pelaudou, ou bien encore pelalhou)
Depuis 2000 les villages fêtent le pélardon : à la mi-mai à Sainte-Croix Vallée Française en Lozère, au Vigan dans le Gard…..
marieclaire.fr/cuisine/tomates-au-pelardon,1193040.asp





Département
Nombre de communes
Principales communes de l'aire AOC Pélardon
229
(dont 22 partiellement)
163
(dont 10 partiellement)
62
46
(dont 9 partiellement)
1
(partiellement)
Pour sourire :
Le fromage n’a pas été inventé hier ni avant-hier. On a retrouvé dans une tombe de l’ancienne cité antique de Memphis au sud du Caire en Egypte un reste de fromage vieux de 3200 ans. Un mélange de lait de vache, de lait de chèvre et de brebis. Il s’agit de la tombeau de Ptahmes maire de Memphis, 13ème siècle avant notre ère. Malheureusement la bactérie Brucella melitensis très pathogène et même mortelle pour l’homme avait colonisé le fromage depuis le temps écoulé, ce qui fait qui personne n'a pu le goûter !.


Soures : Abbé Pierre Augustin Boissier de Sauvages Dictionnaire languedocien (1re édition Nîmes Michel Gaude, 1756, in-8° ; 2 édition augmentée et suivie d'un Recueil de proverbes et dictons, 1785, Nîmes, Gaude, père, fils et Cie, 2 vol. in-8° et Alès3, réédition 1820, 2 vol. in-8°)---"Pélardou" (archives) in Pierre Augustin Boissier de Sauvages, Dictionnaire languedocien-françois, ou Choix des mots languedociens les plus difficiles à rendre en françois, 1756  (archives)---Pélardou in Pierre Augustin Boissier de Sauvages, Dictionnaire languedocien-françois, vol. 2, 1785 (archives), p. 155 --  "pebre" sur le dictionnaire occitan-français en ligne panoccitan.org -"Pelaudoun" in Frédéric Mistral, Lou Tresor dóu Felibrige, ou Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, vol. 2 , p. 528 --"AOC pélardon émergence d'une filière"  sur le site de INRA-- Luc Crespon-Lhérisson, « Les Cévennes font la fête pour célébrer leur pélardon »,‎Midi Libre 15 mai 2011 --Thierry Levesque, « Toute la Vallée Française a célébré son pélardon », Midi libre‎ 16 mai 2011  -- « Une ferme géante pour le Printemps du pélardon », Midi Libre 20 mai 2011 --  « Un Printemps du pélardon plein de saveurs ! »,Midi libre ‎ 24 mai 2011 —wikipedia.org/wiki/Pélardon--histoiresetfromages.fr/fromages-provence-alpes-cote.../77-pelardon.html Gazette de Nîmes Mag juillet 2010 fromages d’Ici --cevennes-gorges-du-tarn.com/fromage-pelardon—Catherine Bernard liberation.fr/societe/2000/09/18/le-pelardon-une-aoc-cher-payee_337457--