Buffalo-Bill à
Nîmes
Le 27 octobre 1905 Buffalo Bill, William
Frederick Cody de son vrai nom, débarque à Nîmes pour présenter son spectacle
sur la conquête de l’Ouest américain, en fait sur les dernières heures de l’Ouest
américain. Avignon avait reçu l’énorme campement le 8 août de la même année au
lieu-dit « des grandes manœuvres » en Courtine. Buffalo Bill apparaît avec "la physionomie d'Artagnesque et le chapeau
à la Mistral". Le public est conquis.
Un show
gigantesque : 800 hommes dont une centaine d’Indiens, 500 chevaux, des
dizaines de bisons… Dans les bateaux qui transportent le matériel, 1200 pieux,
4000 mâts, 30 000 mètres de cordages, 23 000 mètres de toile, 8000
siège, 10 000pièces de bois et de fer pour former les chapiteaux.. On a du
mal à imaginer le déplacement de tout ce matériel sur les routes françaises et européennes.
Un auteur nous parle de 63 000 miles parcourus en trois ans ! Une
énorme entreprise de spectacle qui fera beaucoup d’argent.
(Embarquement
des Sioux à la gare Saint-Lazare à Paris – collection privée Jacques Nissou)
En 1882, le spectacle de cirque sous le nom de « Buffalo Bill's Wild West
Show » est créé et il se
produit dans tous les Etats-Unis avec un immense succès. Pendant trente ans de 1882 à 1912, ce spectacle
toujours dirigé par Cody conduit la troupe dans toute l’Amérique du Nord et l’Europe.
En 1887, le Wild West Show traverse l’Atlantique une première fois
pour se produire à Londres pour le jubilé de la reine Victoria. Des
tribunes de 30 000 places ont été dressées à Kensington. La troupe est
présentée à la reine qui commande deux représentations spéciales au château de
Windsor.
(tournée européenne)
Buffalo
Bill‘s Wild West est présenté une première fois en France en 1889, pour
l’Exposition Universelle. Paris, Strasbourg, Lyon, Marseille….. La première du Buffalo Bill's Wild West Show a lieu le 18
mai 1889 à Paris au Champ de Mars en présence de Sadi Carnot, Président de la
République, des membres du Gouvernement, de la Reine Isabelle d'Espagne, de
deux Ministres Américains, de plusieurs officiers de l'U.S. Navy. Après la
France, un petit tour en Espagne puis l’Italie avec Naples le 26 janvier 1890.
Par la suite la troupe se produira le 20 février à Rome où la troupe qui
stationne au Colisée sera reçue par le Pape Léon XIII.
En
1905, 120 villes françaises reçoivent ce show, Paris, Toulouse, Montpellier,
Nîmes, Arles, Aix-en-Provence….. avec une publicité très moderne. Un spectacle
qui se voulait éducatif, la conquête de l’Ouest dans toute son
authenticité : parades, courses de cavaliers, attaques de ranchs et de diligences, jeux de lasso, tireurs
d’élite, dressage de chevaux et le fameux combat du Général Custer. A Paris, 3
millions de spectateurs, à tel point que les directeurs des théâtres de la
capitale s’en plaignirent. Buffalo Bill fascinait les enfants et les adultes
avec une vie aux exploits légendaires et viriles ; trappeur, chercheur
d’or, chef de train du Pony Express, éclaireur, grand chasseur de bisons… et
d’indiens. Il sentait l’aventure, la poussière, le crin des chevaux... Autant
de clichés véhiculés par les westerns hollywoodiens et les romans. Mais en 1912
son cirque dépose le bilan et Buffalo Bill décède le 10 janvier 1917 à Denver
dans le Colorado chez sa plus jeune sœur. Il avait découvert le métier d’acteur
en 1872, et ainsi s’achève une vie de spectacles et d’aventures.
(Tours)
Paris 1905
Paris 1905 parade sur le
Champs de Mars- Musée du Roure Ville d’Avignon
Strasbourg 1905
Strasbourg en octobre
1890- devant quelque 5 000 personnes à chaque représentation.
St Malo 14 septembre 1905
Ce 27 octobre 1905, le
public nîmois vibre devant les cavalcades, l’exotisme, le rêve d’un monde
sauvage.. Parmi les spectateurs, Folco de Baroncelli, le Marquis camarguais, le
créateur de la Nation Gardianne. Il est fasciné par ces Indiens venus de si
loin. « Mon
grand-père a toujours été ému par les peuples opprimés et aimait les Indiens
pour la liberté qu’ils inspirent » racontait son petit-fils
Pierre Aubanel. En juin à Paris il avait déjà vu le show. Notre cow-boy de
cinéma Joe Hamman, qui travaillait dans le show Buffalo Bill, avait semble-t-il
organisé une rencontre avec les Indiens du spectacle dont Jacob White Eyes et
Sam Lone Beer dans un restaurant de l’avenue de la Bourbonnais près du Champ de
Mars. (René Baranger écrivain et ancien gardian- Rémi Venture
historien-archiviste pour la Confrérie des Gardians).
Certains de gardians de Baroncelli participeront d’ailleurs au show comme
Hadrien Barthélemy. Buffalo dédicace au Marquis son livre « Le Dernier des
Grands Eclaireurs », dont on suppose qu’ils se sont rencontrés à cette
occasion.
L’hiver 1905-06, le
cirque est à Marseille où Le Marquis Folco de Baroncelli rend visite le 3 mars
à son ami Jacob White Eyes. Septembre 1906, Bruxelles et c’est le retour du
spectacle aux Etats-Unis. Baroncelli fera le déplacement en Belgique pour voir
ses amis indiens.
L’expansion de l’homme
blanc sur les terres indiennes ne pose pas vraiment problème aux consciences
américaines et européennes. .400 ans de guerre, de destructions d’une culture,
d’évangélisation aveugle, les Indiens natifs de la « Grande Tortue »,
l’Amérique, étaient passés de 15 millions à quelques milliers parqués dans des
réserves. Nous ne nous étendrons pas sur ce qu’il faut bien appeler un
génocide.
|
Baroncelli avec coiffe sacrée |
Buffalo Bill à 19 ans.
Les
Indiens présents au spectacle sont de vrais Lakotas en majorité de la tribu
Oglalas, des Sioux et non des asiatiques embauchés pour l’occasion. Des Indiens
déracinés de leur terre qui vont jouer le rôle des sauvages Peaux-Rouges. La
plupart viennent de la réserve indienne de Pine Ridge dans le Dakota du Sud. A
cette date la lutte pour la survie du peuple indien et de sa civilisation est
quasiment éteinte. Le massacre de Wounded Knee où plus de 300 Indiens sont tués
en 1890 dans le Dakota du Sud, et l’heure de la résignation a sonné.
(– Sitting
Bull et Buffalo Bill –Publicité à Carcassonne-William Norman Studios 1885)
|
Jacob WhiteEyes |
Le
spectacle réécrit l’histoire à la façon Buffalo Bill. Il s’agit de la
reconstitution de la bataille de Little Big Horn, de 1876, où le général Custer
perdit la vie, tué par les Indiens de Sitting Bull. Une victoire indienne
pendant la guerre des Black Hills. Peu à peu le dénouement de cette
reconstitution sera modifié pour faire gagner les Américains. Pour la tournée
américaine et canadienne de 1885, Sitting Bull fait partie du casting, plus
prisonnier qu’invité même s’il est rétribué pour ses représentations, sorte d’animal de zoo. Il ne sera pas autorisé à participer à la tournée
européenne.
Le show de
1905 montrait aussi des cavaliers « exotiques », arabes, cosaque ou
japonais. Deux représentations par jour, une le matin et une autre le soir.
Le lendemain du spectacle, le 28 octobre, avec l’autorisation de
Buffalo Bill, quelques Indiens sont invités au Cailar en Camargue pour une
ferrade, puis c’est une abrivado à Gallargues-le-Montueux. Les petits chevaux
de Camargue rustiques et agiles fascinent les Sioux.
Les Indiens
participent à l’abrivado en costume et avec leurs montures. Un article du 7
décembre de Baroncelli dans le journal Prouvenço mentionne: « il y avait là Queue de fer un homme
magnifique. Malgré ses 75 ans il saute encore comme un chat sur son cheval, lui
qui a fait toutes les guerres indiennes…... une grande renommée, scalpant plus
de visages pâles que de ce qu’il y a de taureaux dans toute la
Camargue… ». C’est cet Indien qui le
baptisera « Oiseau Fidèle ». (Queue
de Fer ci-contre)
Une
correspondance va s’échanger entre le Marquis et Jacob WhiteEyes jusqu’en 1917.
Avant de repartir les Indiens laissent à Baroncelli des objets authentiques, le
costume traditionnel de Jacob WhiteEyes, coiffes, mocassins… Le Marquis les
aidera financièrement durant les dernières années de la troupe.
Les relations entre la Camargue et les descendants des Indiens ne se sont pas interrompues. En 2006 Ed Young Man Afraid of his Horses, descendant de Jacob WhiteEyes, avec d'autres Indiens visitent Pierre Aubanel petit-fils du Marquis. Ils se rendent au musée où sont exposés les costumes, parures de leurs ancêtres. Ils se recueillent et invoquent les esprits de la nature sur la tombe de Folco de Baroncelli, le Marquis. Pierre Aubanel est baptisé Oiseau qui va de l'avant.
(Pierre Aubanel et Ed Young Man Afraid of his Horses 2006)
Une
légende, ou un rêve éveillé, mais la Camargue est terre de mirages : des
Indiens ne seraient pas tous repartis aux Amériques en 1906. Mais aidés par le
Marquis quelques-uns se seraient installés en Camargue.
Musée
Buffalo Bill – Johnny Baker Lokout Mountain Golden Colorado 1921-
Buffalo Bill avec des Scouts Pawnee et des chefs
Sioux.
Ce qui est
vrai par contre, c’est que les codes équestres des jeux gardians remis au goût
du jour par Folco de Baroncelli sont fortement inspirés du spectacle de Buffalo
Bill.
Buffalo Bill avec
deux indiens 1915 -FPGGettyimages
Joé Hammon debout – Baroncelli – Musée du Roure
Cody et sa femme
Louisa Frederici -- C’est à Saint-Louis (Missouri), que le jeune William Cody
rencontre Louisa Federici, issue d’une famille bourgeoise d’origine alsacienne.
Malgré l’opposition de sa belle-famille, le mariage eut lieu le 6 mars 1866.
Rapidement, Louisa refusa de suivre son mari dans sa vie aventureuse et
sauvage. Mariage malheureux mais ils ne divorcèrent jamais.
Une question vient de mettre posée : Cody a été chef de train du Pony Express ? Le train en question n'a rien de ferroviaire ; "train"=allure, vitesse, organisation, il y a certainement un terme plus approprié en bon français. Chef de train est le titre officiel pour les traducteurs français.
Sources : Gazette de Nîmes n° 865 31 décembre 2015 Julien
Ségura -- Midi libre .midilibre.fr/2014/08/23/buffalo-bill-et-son-cirque-s-arretent-a-avignon,1040975.php
– oldqestamericana.over-blog.com – Le journal des Voyages n°623 16 juin 1889
collection Paul A Pittet – François Jacob-Burned-Wolf internet – Folco de Baroncelli
Car mon Cœur est rouge, Des Indiens en Camargue édit Gaussen – Rémi Venture
musée du Nouveau Monde de la Rochelle Les Indiens de Buffalo Bill et la
Camargue édit de la Martinière – Eric
Vuillard Tristesse de la Terre Une
Histoire de Buffalo Bill édit actes Sud –– Musée du Roure Avignon Fondation
Flandreysy Espérandieu – Affiches Buffalo Bill
Center of the West USA- - Jacques Portes Buffalo Bill et le Wild West Show, légende et postérite édit du Chêne--- --sur ce blog Le Marquis de Baroncelli écrivain et manadier camarguais
31/7/2017 --