(Musée Haribo jour d’affluence – passerelle avec panneaux
photovoltaïques 2014)
a Le bout de
Zan :
Quand nous arrivons de
Remoulins aux portes d’Uzès sur la droite, de grands bâtiments nous
interpellent : l’usine Haribo et son musée, son grand parking et un parfum de réglisse qui nous ramène loin dans notre enfance. L’usine de confiserie est installée
sur la rive gauche de l’Alzon, le musée sur la rive droite de la rivière
emblématique de l’Uzège. Les très nombreux visiteurs pénètrent dans des
bâtiments à l’histoire très ancienne, symboles de l’industrialisation de
l’Uzège du 19ème siècle. Le secteur était riche en filatures, moulinages, moulins à blé,
surtout chemin de La Californie, en face dans la continuation du chemin
Bargeton (et de l’actuel usine de confiserie),….grâce à la rivière. On ne dira jamais assez l'importance de l'eau pour l'humanité. Des noms de
familles qui ont marqué l’industrie d’Uzès, Lafont, Téraube, Abauzit, Vincent……
Beaucoup de bâtiments ont disparu, des archives qui se contredisent quant aux
emplacements… Les industriels de l’époque ont su rebondir pour transformer
leurs usines et devenir les premières fabriques de réglisse française. Le
chemin de fer très en avance dans notre secteur pour le transport de
marchandises participe au désenclavement de notre région. La faculté de
médecine de Montpellier joue aussi un rôle indéniable dans l’essor de cette
industrie : elle fait fabriquer et expérimente des remèdes à base de
réglisse avec les plants locaux.

La
crise textile commence à se faire sentir, la culture des vers à soie connait
une récession. Mais la région fournit des céréales et des olives. Les
propriétés changent de main très rapidement jusqu’à l’arrivée de Henri Lafont.

En 1870 Charles Téraube
apparait dans les archives. Fin 19ème siècle d’abord location de ses
bâtiments à Paul Aubrespy, propriétaire de l’usine de réglisse située de
l’autre côté de la rivière. La société Terssonière et Kreitmann successeurs et
gendres d’Aubrespy achète les bâtiments pour en faire une usine à broyer la
réglisse en 1924. Transformation de la société en SARL Zan en 1926.. La société Ricqulès-Carénou et Tur de Moussac fusionne
avec la société Zan en 1970. La société Florent s’ajoute en 1975. Puis le tout
est racheté en 1986-87 par Haribo, entreprise allemande.

Pastilles, tablette,
bâton à sucer… Zan fabriquait des confiseries avec différents arômes.
Commercialisation appuyée par une publicité très attractive. Paul Aubrespy et
ses successeurs vont se servir d’une politique de marketing très
judicieuse : objets vantant les mérites du Zan, affiches, présentoirs,
images, buvards, cartes postales, chansons, films…. Des emballages qui marquent
les esprits, tout un art qui fait date !!
(Affiche publicitaire lithographiée pour les produits Zan (bâton
suc pur, pastilles) datant de 1888.)
Les
réglisseries employaient des femmes recrutées sur plusieurs kilomètres à la
ronde. Peseuses, piqueuses, billeuses, emballeuses…Elles arrivaient le lundi
matin et vivaient en internat toute la semaine, ne rentrant chez elles que le
samedi après-midi. Même si le travail était dur, c'était déjà une libération encadrée certes, mais loin du cocon familial et villageois. Elles commençaient dès 11-13 ans, et quittaient l’usine lors
de leur mariage ou de la naissance de leur premier enfant. En 1860 des logements patronaux pour ouvriers sont installés dans
le secteur.
D’où vient la
réglisse ? Cette plante a besoin d’un climat chaud, d’un sol riche et
humide. On la retrouve sur le pourtour méditerranéen, au sud des Etats-Unis, au
Moyen-Orient, en Afrique du Nord, sur l’île Maurice. C’est une plante invasive,
le moindre fragment repousse. Elle a été cultivée dans notre Midi sans
problème. Les villes d’Uzès et de Moussac sont connues dès le 19ème
siècle pour produire de façon intensive cette plante.
Dans l’antiquité les
Grecs, les Romains l’utilisaient notamment pour éclaircir la voix. Mélangée
avec de la racine de chiendent torréfiée, elle composait une boisson
« hospitalière » que l’on retrouvait dans tous les hôpitaux au
Moyen-Age. Ulcères, gastrites, bronchite, elle calmait tout, au moins si elle
ne guérissait pas tous les maux. Paul Ricard en 1920 l’introduit dans son
« pastis ». Boisson « coco » tisane ou poudre de réglisse,
antésite concentré liquide de réglisse, bâton à mâcher comme substitut au
tabac… ou alcool finlandais au goût de réglisse, dans la pâtisserie, la cuisine…
mille façons de l’accommoder. (A déguster avec modération pour tous ceux qui
ont de la tension artérielle).
Le calendrier républicain
ne l’oublie pas : le 9ème jour du mois de fructidor.
Les poètes comme
Apollinaire, Boris Vian lui font l’honneur de quelques mots dans leurs textes. Un
autre poète en 1907 écrivait lors de la naissance d’un enfant : «Pour qu'il n'ait point de caprices, Et soit bien obéissant, Faites
infuser du Zan, Dans le lait de sa nourrice». En
1975 le CNRS dans le Trésor de la Langue Française s’empare du mot
« Zan » ou « bout de Zan » qui devient affectueux pour
désigner une petite femme, un joli petit enfant, un animal adoré. Ces mots
entrent au Larousse Universel en 1982, et passent rapidement dans le langage
commun.
Le musée du Bonbon Haribo
sera inauguré en 1996, de concert municipalité d’Uzès et société
Haribo-Ricqlès-Zan. Des bâtiments entièrement restaurés avec une passerelle sur
la rivière Alzon qui relie les deux rives. Une exposition « Mémoires d’un
Bout de Zan », en 1991 sur l’histoire de la réglisse dans notre ville
remporta un vif succès. Organisée par l’office municipal de la Culture dans
l’ancien Évêché elle nous avait fait revivre la vie des hommes et des femmes à
l’usine. Le musée sera agrandit en 2006. En 2010, 300 000 visiteurs par
an, 400 employés à Uzès, un pôle d’attraction économique important pour la
ville. Actuellement des plans de réduction du personnel sont en cours, avec
peut-être un jour une restructuration sur Marseille ou l’Allemagne. Pourtant les bonbons ont encore de bons jours devant eux !!
Sources :
Type : Inventaire général du patrimoine culturel-Epoque : 3ème quart
18ème siècle --1er quart 2e quart 3ème quart 4ème
quart 19e siècle--Auteur(s) : maître d'oeuvre inconnu -- Moulin
à huile, moulin à foulon Broche, puis usine de papeterie Gentil, puis Lafont,
usine d'impression sur étoffes Veyrun, puis usine de produits alimentaires [archive], Monuments historiques
d'Uzès, .l-- en ligne. -- « Causerie:
la réglisserie Zan, sa création et sa publicité » [archive], avec Jacques Roux, Le Midi libre, en ligne. -- « Musée
du Bonbon de Pont des Charrettes: mémoires d'un bout de Zan » [archive], Le Midi libre, en ligne. –Katia
Fache-Cadoret L’Histoire du Pastis wwwmarie-claire.fr.lifestyle
–histoiredelareglisse rue-paradis.fr/la reglisse/histoire – Le Républicain
d’Uzès et du Gard Monique Demerson n°3276 8 juillet 2010 –n°3575 31 mars 2016
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