Flagellants 15ème siècle - anonyme - miniature sur bois BNF
(voir et revoir sur ce blog 7/03/2017)
Les épidémies de peste, de choléra, de variole, de rougeole entre autres, vont scander la vie de nos anciens, à différentes époques. Elles modifieront très largement et profondément le cours de l'Histoire. Au 13ème et 14ème siècle, la mort due aux épidémies de peste, raréfie la main d'œuvre. Le coût salarial en forte hausse dans l'agriculture va pousser à l'abandon de villages, de terres avec parfois une reforestation. C'est semble-t-il une des causes de la fin du servage. Au 14ème siècle, les redevances seigneuriales s'effondrant, la bourgeoisie peut acheter des domaines, accéder ainsi au pouvoir consulaire ou à l'anoblissement.
Ce fut aussi l'opportunité de persécutions des juifs, des handicapés, des "sorcières", de tout ce qui ne semblait pas dans la norme. Les potiers de Bordeaux seront accusés de transmettre la peste en 1605 et seront molestés.. Les étrangers sont particulièrement soupçonnés de transmettre les maladies, qu'ils viennent de loin ou de quelques kilomètres.
Ce sera aussi l'occasion d'une piété redoublée encadrée par le clergé. Les processions avec ses flagellants se multiplient pour implorer la clémence divine ou des saints. Ces épidémies étaient pour la population une malédiction, une punition envoyées périodiquement par le "Très Haut", ce qui ne va pas aider à imposer au 19ème siècle une éventuelle vaccination. Elles étaient souvent la suite de guerre, d'une famine, quand la population était déplacée, affaiblie par les privations, et les infections.
Ibn Khaldoun philosophe musulman du 14ème siècle écrit "la culture des terres s'arrêta, faute d'hommes ; les villes furent dépeuplées, les édifices tombèrent en ruine, les chemins s'effacèrent, les monuments disparurent : les maisons, les villages, restèrent sans habitants ; les nations et les tribus perdirent leurs forces, et tout le pays cultivé changea d'aspect". (Prolégomènes 1863 trad William Mac Guckin de Slane Edit Librairie Orientaliste Geuthner Paris)
De nos jours nous oublions trop facilement les ravages causés par la variole jusqu’au 19ème siècle. Un malade sur cinq en mourait, et chez les moins de 10 ans, 90 à 95% ne survivaient pas. Ceux qui s’en sortaient avaient des séquelles et pas seulement esthétiques : perte de la vision, déformations osseuses, du visage, avortement, peut-être stérilité. Cette maladie sévissait aussi bien chez les nantis que chez les pauvres. On en trouve des traces chez les pharaons, elle accompagnait les invasions arabes en Europe, la conquête des peuples amérindiens. Elle mit à mal la succession de Louis XIV chez nous, de Henri VIII d’Angleterre…
En 1720-1722, elle fait des ravages en Uzège de Foissac au Pin en passant par Uzès et Vallabrix. Des familles entières sont touchées et parfois décimées. On agrandit les cimetières. Dans les familles pauvres la promiscuité favorisait la contagion : comment l’éviter quand un même lit sert pour toute ou partie de la famille, quand on a qu’une seule pièce à vivre ?
Pourtant dès le XIème siècle les Chinois pratiquaient une forme de vaccination par inoculation, technique qui devait se répandre d’abord en Chine puis en Europe par la Route de la Soie. On se servait d’abord de pustules d’un malade, forme espérée peu virulente de la maladie. Cette méthode n'était pas sans danger : transmission d'autres maladies, infections dues à l'incision, eczéma généralisé, zona, mortalité. Puis dans les années 1760, on va se servir de la variole des vaches. Le grand Pasteur au 19ème siècle fera triompher les vaccins antivarioliques à base de pulpe animale.
Cette technique n'enthousiasmait pas les familles, et même les milieux médicaux ou scientifiques étaient réticents. Napoléon donne l’exemple en vaccinant son fils en 1811. Il rend la vaccination par inoculation obligatoire dans l’armée. Pour les médecins récalcitrants, il s'agissait malgré tout de développer volontairement une maladie certes très affaiblie. Les vaccinés étaient appelés les "inoculés" et ils étaient regardés de travers, soupçonnés de transmettre la maladie, de contrevenir aux lois du destin...Pour cette technique les historiens parlent de « variolisation » et non de vaccination à proprement parlé.
(Palette et lancettes à saigner 17ème siècle Expo Musée Hôpitaux de Paris 1997)
Une quarantaine est infligée aux inoculés. A Uzès, en 1775 (arch communalesFF15ACUzès) il est fait défense aux inoculés de rentrer dans la ville sans permission du procureur du roi. En haut lieu, on craignait que l'inoculation entraine une contagion. Alors les nantis nobles ou bourgeois rejoignaient leurs domaines dans nos villages avec leurs enfants inoculés.
A Vallabrix à cette date, une famille d'Uzès, les d'Hubac de la Croisette, après avoir fait inoculer ses enfants, rejoint ses terres et sa maison dans notre village, sans contaminer les habitants semble-t-il. Des Larnac, Castagnier d'Uzès, des Cordier d'Avignon suivent cet exemple l'année suivante, certainement accueillis dans leurs familles de Vallabrix. Des de Bargeton se réinstallent momentanément à Arpaillargues sur leurs terres. Pendant cette période, les décès sur Vallabrix ne paraissent pas avoir augmentés, ni chez les enfants, ni chez les personnes âgées, donc on peut penser que l'on n'a pas eu à déplorer de contagion due aux inoculés.
Les familles Verdier, Abauzit, ont aussi fait inoculé trois de leurs enfants certifiés guéris par le docteur Guillaume Cabrol donc permission de retour à Uzès accordée. (archives communales d’Uzès).
Plusieurs essais de vaccination obligatoire à l'échelon national sont tentés mais qui échoueront, sauf pour les nourrices et les enfants confiés, les conscrits, les écoliers en 1882, lycéens et collégiens l'année suivante....
Une nouvelle épidémie de variole fait des ravages en 1887 parmi les personnes non vaccinées. L'année suivante un service gratuit de vaccination et revaccination par le vaccin de génisse est mis en route. En 1890 le conseil municipal de Vallabrix vote 25 frs pour le service gratuit de la vaccine sur injonction préfectorale. A nouveau en 1891, 1892.. On traine un peu les pieds, le budget est reporté sur l'année suivante.... Un règlement sanitaire sera adopté dans notre village en 1903, "modèle B du règlement inséré dans le recueil des actes administratifs n° 37 en conformité avec la loi du 9 février 1902 de la protection de la santé publique". Cette loi rend enfin la vaccination antivariolique obligatoire sur tout le territoire. C’est le point de non retour d’une évolution profonde des mentalités face à la maladie.
Dernière épidémie de variole en 1972 en Yougoslavie, variole attrapée en pèlerinage à la Mecque et en Irak : 38 personnes et 6 décès. Quelques cas ici et là. La bataille est-elle gagnée définitivement ?
Il nous faut dire quelques mots d’une autre maladie contagieuse, très fréquente en Uzège au 16ème siècle constate Thomas Platter lors de son voyage en Uzès : les écrouelles ou escrouelles. Il s’agissait d’une forme de tuberculose chronique qui s’installait sur les glandes du cou, aisselles, poitrine ou d’ailleurs, et qui se manifestait par des lésions cutanées purulentes. Elle se transmettait de parents aux enfants, sans véritable espoir de guérison. On la disait héréditaire alors qu’elle était surtout très contagieuse. Nos rois étaient censés avoir reçu le don de guérison de cette maladie par le toucher. La source miraculeuse de Meynes près de chez nous apportait un peu de réconfort : les malades venaient de loin pour y laver leurs plaies, buvaient son eau et se pansaient avec des feuilles des vignes alentour car supposées elles aussi bénéficier de l'eau miraculeuse. Cette source était très célèbre, même des Espagnols venaient s’y soigner. En un autre temps, Charles Martel puis son petit-fils Charlemagne s'y sont rendus.
Les épidémies de peste ont beaucoup plus marqué les esprits. Cette maladie fait l'objet de nombreuses enluminures, gravures, romans... L'une d'elles fut certainement la cause du déficit démographique du milieu du 14ème siècle : 25 millions de morts en Europe en cinq ans, estimation probablement basse. C'est la peste noire bubonique. Les villes seront plus touchées que les campagnes du fait de la concentration de population et de l'insalubrité des rues. Elle est à Uzès en 1378, probablement aussi à Vallabrix si l'on en croit la chute vertigineuse du nombre d'habitants de notre village.
On connaît un peu mieux l’épidémie de 1597 d’Uzès grâce en partie au récit de voyage de Thomas Platter et aux billets de laissez-passer qu’on délivre. En mai 1598 tout va bien à Uzès, en juin de même à Manguio. Plus de peur que de mal semble-t-il. Les gardes de Montpellier, ville fermée aux voyageurs, examinent les billets passés sous la porte du rempart et laissent les voyageurs à l’extérieur en attendant que les consuls de la ville décident de les accepter ou non dans la ville. « Nous fûmes contraints de faire le pied de grue hors des murs, toute la journée, les auberges refusaient de nous recevoir, elles ne daignaient même pas de prendre nos bagages en consigne : nous les avons donc laissés en vrac sur la grand-route à la garde de notre laquais ; il ne nous restait plus qu’à tuer le temps dans un jeu de paume » nous raconte Thomas Platter. Le consul de Montpellier qui les délivre leur apprend qu’"à Marseille et à Aix ça mourait dur ».
La quarantaine pour les personnes était de 40 jours, un peu moins pour les marchandises. En septembre 1598 la peste n’est toujours pas à Uzès, grâce certainement aux précautions très sévères prises par les autorités.
Les marchandises suspectées de transporter la maladie puisqu'elles ont voyagé, ne rentrent plus dans la ville, elles sont entreposées dans des granges, des mas à l'extérieur sous bonne garde En s'appuyant sur des ordonnances royales ou celles de l'intendant du Languedoc, "Nous ordonnons", somment les consuls que les pièces d'étoffes de quelque qualité qu'elles soient, caddies, bas de laine, soie...doivent être déballées, tirées des caisses, mises à l'air dans les chambres ou greniers, retournées tous les dix jours. Un consul ou un commissaire des Bureaux de la Santé ira contrôler chaque jour le lieu de quarantaine. Les contrevenants verront la quarantaine prolongée et seront sous le coup d'une amende. Toutes les marchandises doivent être déclarées sous peine de confiscation. A la fin de la quarantaine, 20 à 30 jours selon, un certificat de santé sera délivré pour les marchandises qui seront autorisées à partir après avoir réglé les frais de garde et de transport au lieu de quarantaine. Un soldat de quarantaine touchait 25 livres.
A chaque épidémie, Vallabrix est coupé du monde : les chemins de St Quentin-Uzès, de Bagnols à St Quentin, de La Capelle sont fermés, gardés par des soldats. Il faut vivre en autarcie sur ses réserves. Des familles partent dans les bois avec vaches, cochons, couvées. On a peur de la promiscuité, du mauvais œil qui plane sur son voisin. Des « bonnes femmes » procurent des simples, herbes-remèdes qui, si elles ne guérissent pas, au moins apportent un peu de réconfort et d'espoir.
La peste reviendra souvent dans notre région. En 1629, la ville d'Uzès fait provision de blé et envisage d'engager 20 soldats. On ira plus tard jusqu'à 50 soldats payés. Les consuls achètent des piques et des mousquets pour la garde. Sont nommés quatre "corbeaux", c'est à dire des personnes qui seront chargées d'aller chercher les morts la nuit et de les enterrer. On les appelle aussi "carabins" ou escarrabins" mot qui plus tard désignera les étudiants en médecine. Ils reçoivent un habit de treillis et 12 livres par cadavre, somme importante correspondante à un loyer annuel d'appartement. Ils seront enfermés le jour sous la chapelle Notre Dame
Un quartier des pestiférés est créé du côté de St Ferréol, on se méfie des pauvres qui seront réunis dans une maison à l'écart pendant la durée de l'épidémie. Les portes cochères de leurs maisons seront murées. On soupçonne son voisin, celui qui est différent...Les apothicaires sont partis ou enfermés dans leurs maisons sauf un. On doit en engager un d'Avignon. Deux chirurgiens de Laudun et un médecin de Cabriac viennent en renfort contre salaire.
Les étrangers ne peuvent entrer, les marchands vendre, les aubergistes et hôtes loger. L'épidémie est à Lyon, Montélimar, Bagnols. On fuit les villes, mais on ne fait que précéder le fléau, ou bien on l'amène avec ses chaussures. Les billets de santé sont obligatoires pour entrer en ville. Mais ils sont délivrés un peu facilement à ceux qui partent, surtout s'ils sont étrangers à la ville, toujours suspects. On ne les pousse pas dehors, mais il y a un peu de cela...
Exemple de billet de santé accordé à Thomas Platter : "Nous consuls de la ville de Nismes certifions estre parti dicelle ou Dieu graces a bonne santé, monsieur Thomaz Platter ce XII aoust 1598 pour aller à Uses. Le présent ne servant que pour ung (pour une seule personne). Le XII aoust 1598 - Rozel consul" le tout sur papier timbré aux armes de la ville.
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sauf-conduit1722 |
A Vallabrix, des balles de draps et autres marchandises ont été engrangées en quarantaine dans le Mas Brun appartenant à une veuve Cabrol habitant Uzès. Une nuit, le garde a été assommé et les balles ont été volées, peut-être par leurs propriétaires, leur évitant ainsi de payer la quarantaine de leurs marchandises. La rumeur a vu leurs charrettes partir vers
La Capelle. Par son de trompe, on prévient la population de ne pas abriter les voleurs et les marchandises qui sont peut-être contagieuses sous peine de prison et de confiscation des biens !!
A ce jour nous ne savons pas où se trouvait ce mas. Les marchandises envolées étaient stockées dans la clède du bâtiment. Il est ordonné de murer portes et fenêtres de cette maison. En 1608 lors de "l'épidémie de Toulouse", ce mas avait déjà servi pour la quarantaine des étrangers. Les personnes qui y étaient hébergées devaient payer les deux gardes qui leur étaient imposés par les consuls d'Uzès. (arch communales d'Uzès- arch départementales de l'Hérault)).
La peste sera encore chez nous en 1640. Les bouchers d'Uzès protestent. Tout est devenu difficile : le bétail est plus cher, on ne peut le faire venir d'ailleurs. Ils ont dû augmenter le salaire de leurs salariés peu nombreux, les enfants qui leur restent ne pourront pas les aider et même reprendre la boutique. Ils ont débité 8 à 900 moutons au lieu des 2000 habituellement...(arch dép du Gard). A Vallabrix les troupeaux de bêtes à laine (moutons) ne se vendent pas, grossissent au point de mettre en danger les pâturages, les blés et les bois. Les jasses ou bergeries ne sont pas assez grandes, les bêtes restent dehors à la merci des chiens vagabonds et des voleurs. Ce doit être le cas un peu partout car le prix de la laine après l’épidémie va chuter du fait de la quantité, certainement aussi du fait de la baisse du nombre des marchands et des artisans utilisateurs
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En 1649, le fléau est dans l'Uzège, peu violent semble-t-il. Mais les mesures de sauvegarde sont mises en place. Pierre Raffin dans son Livre de Raison nous raconte qu'en septembre pour ses vendanges, il se voit refuser l'entrée de Castillon, pour cause de "bruit du mal contagieux".
En 1664, tout commerce entre Provence et Languedoc est interdit pendant quinze jours en raison de l'épidémie de Toulon et d'Aix.
Une quarantaine à Beaucaire est décrétée pour les gens venant de Provence en 1720. A Uzès l'autopsie du sieur Soleyrol marchand coûte 36 livres à la communauté, la chaux 45 livres... (archi UzèsBB8 CC101). Lors de l'épidémie de 1720, Uzès emprunte pour faire des provisions de blé, sel, bois, toile, et surtout chaux et remèdes. Pour près de 20 000 livres. Des noms de préteurs que nous connaissons : Marie de Pujolas veuve du seigneur de Foissac, Mlle de Bargeton-Vallabris, Mme de Brueys, Mr d'André de St Victor.... A chaque épidémie, le temps s'arrête : l'argent ne rentre plus mais file à toute vitesse, on se calfeutre chez soi, on fait le dos rond, on attend en priant !!
Le choléra ou trousse-galant (qui enlève le galant, le jeune homme) a été décrit pour la première fois par un officier de Vasco de Gamma en Inde où la maladie fait 20 000 morts en quelques heures. C'est surtout au 19ème siècle en Europe que nous allons la rencontrer. Arles connait neuf épidémies successives, Marseille, la Provence... Cette maladie va nous réapprendre à avoir soin de notre eau : lavoirs obligatoires, eau potable protégée des tanneries, des troupeaux, du travail du chanvre, et cimetières déportés à l'extérieur des villages... (arch communales de Vallabrix, d'Uzès, de Nîmes - Couradou juin 2011sur les réparations de la fontaine communale...)
(Choléra à Soho 1854 Dark-Stories.com)
A Vallabrix en 1854, le choléra frappe à notre porte. Notre adjoint Jean Boutaud remplace le maire Jean Etienne Guiraud, malade. Amable Brun est élu l'année suivante et en 1856 Jean Etienne Guiraud n'aura plus de troupeau. Trop faible pour travailler ? Pour un de ses descendants il serait mort des suites de la maladie.
On sait que notre fontaine nous donne une eau verdâtre, qu'il est défendu expressément de faire rouillir son chanvre à la rivière et de creuser des trous à chaux sur ses berges. Les troupeaux, en particulier les porcs, rendent les abords de la fontaine impraticables. Le responsable du four communal sera payé pour prendre en charge les porcs du village en les faisant garder par un berger. Toutes les conditions pour avoir une épidémie sont là. (
ci-contre rafraîchissoirs du lavoir)
Et c'est le cas ! Nous avons des malades du choléra et nous devons payer 79 frs de frais médicaux. Somme considérée comme exagérée, 60 frs seulement seront votés par le conseil municipal.
Tableau officiel paru dans les comptes-rendus de l'Académie Royale du Gard de 1854-55, (travail du docteur Philippe de Castelnau -BNF). Le choléra nous vient d'Avignon, il est à Vallabrègue le 9 juin, à Aramon le 22 juin, à Roquemaure le 26 juin. La Capelle est touchée le 23 juillet, Vallabrix le 25. De là le fléau part sur St Quentin la Poterie, Fontarèche, Lussan, Cavillargues, Uzès, Montaren......
Nous aurons 21 morts pour une population de 412 personnes, l'épidémie chez nous durera 31 jours. Uzès enregistrera proportionnellement moins de décès que nous : 25 morts en 20 jours pour une population de 8000 habitants.Ville mieux organisée ou plus vraisemblablement, Uzès est touchée le 20 août donc par une épidémie en fin de parcours ? Ou bien les habitants qui le pouvaient sont partis dans leurs domaines aux alentours comme à chaque épidémie. Certains sont peut-être comptés dans les chiffres des décès des villages qui les recevaient.
Nous pouvons voir aussi dans ce tableau la vitesse de contamination. Deux jours entre La Capelle et Vallabrix. L'épidémie va durer entre 17 et 88 jours selon les endroits. La contagion se propage entre villages voisins distants de moins de 10 km.
En suivant la piste de la maladie, nous pouvons imaginer ce que ressentait la population. Tous les villages étaient touchés, personne n'était à l'abri, comme dans un étau.
Une autre maladie faisait des ravages jusqu'en 1852 dans notre village et chez ses voisins : "les fièvres" (le paludisme) qui vont disparaitre lorsque l'étang ou les marais de La Capelle-Masmolène seront asséchés. En ce qui concerne l'Alzon, en 1853 le docteur Jules Teissier-Rolland propose de creuser un réservoir sur cette rivière : les lieux préconisés sont Castelnau, Vallabrix, La Capelle avec une préférence pour ce village et ses étangs. Projet abandonné fort heureusement pour nous. (Ville de Nîmes - Ballivet-Fabre BNF)
Sources : archives communales de Vallabrix, municipales d'Uzès, de StQuentin, de Pont St Esprit - Archives départementales du Gard-Pont St Esprit GG - Jean-Noël Biraben Les Hommes et la Peste en France T1-2 Paris Mouton La Haye 1975 - La Peste Fléau Majeur Medica Histoire de la Santé BIU Santé Paris - Société Historique de l'Uzège déc 97 n° 22 - Ménard Histoire de Nîmes Edit Lacour 1989 - - Le Livre de Raison Pierre Raffin arch Uzès - Pierre Darmon La longue traque de la variole, Paris Perrin 1986 - Pierre Darmon, La variole, les nobles et les princes Ed Complexe 1989 - Emmanuel Le Roy Ladurie Le voyage de Thomas Platter II 1595-1599 edit Fayard - Comptes-rendus de l'Académie Royale des Sciences Edit Bachelier Gauthier-Villars Paris BNF