Uzès son lycée dans
la tourmente
Pour Uzès Belle aux Bois
Dormants à la sortie de la guerre de 39-40, les années 1965-75 annoncent une
période de grands changements pour la ville.
En 1965 le centre
hospitalier psychiatrique du Mas Careiron
ouvre ses portes avec une capacité d’accueil à terme de 400 malades, 25 agents,
35 infirmières et infirmiers recrutés petit à petit. Un service pédopsychiatrique est prévu pour
l’année suivante. Le maire est André Rancel depuis 1966. Premières nuits
musicales en 1971 qui font de la ville un écrin pour la musique classique. Les
orgues de la cathédrale sont restaurés et retrouvent un public. Un nouvel
éboulement dans l’ancien évêché, et la voûte de la salle d’audience du
tribunal, fresques et plafonds à la française sont détruits. Il n’est plus que
temps de sauvegarder dans la ville ce qui peut l’être encore. (implication entre autres personnes
d’André Malraux et de la Marquise de Crusssol née Marie-Thérèse Béziers
1904-1991 et non la Duchesse d’Uzès comme souvent on l’entend).
La ville obtient en 1974 le « Prix National du développement harmonieux des petites villes ».
Collège-Lycée 1965
Les effectifs du
collège-lycée au lendemain de la guerre de 39-40 étaient très réduits et les
pensionnaires peu nombreux. La guerre d’Algérie et l’arrivée d’enfants, de même
que l’apport d’élèves exclus d’autres établissements vont doubler les
effectifs. La scolarité prolongée jusqu’à 16 ans va doper le nombre d’élèves.
En 1960, le collège devient lycée nationalisé mixte. Il s’installe sur un
terrain extérieur à la ville pour « assurer à des générations d'élèves les
éléments d'une solide culture pour la vie telle que la définit leur temps et en
conformité avec l'idéal des familles et l'idéologie du moment''.
Puis c’est la
séparation du premier et second cycle en 1973 : le collège s’installera au
Redounet tout neuf en 1977.
Mais une menace de
suppression des classes de second cycle du lycée Charles Gide pèse sur notre
ville dès 1973. Les élèves de la sixième à la terminale y étaient accueillis,
ce qui était bien nécessaire dans une zone rurale. Sans ce lycée, les enfants
devraient être scolarisés à Nîmes, soit à 30 km d’Uzès. Pour l’Education
Nationale nos effectifs sont insuffisants, pas de section scientifique en Terminale,
des locaux vétustes… Le couperet tombe en 1974 : on annonce aux parents la
fermeture des classes pour la rentrée suivante.
Vient le temps de la
« Bataille du Lycée ». Tout l’Uzège se mobilise : fédérations de
parents d’élèves, mairies, sénateurs, agriculteurs, anciens et nouveaux élèves,
syndicats…. Tous dans une solidarité remarquable, sans faiblir, mettent en
avant les activités, économique, culturelle, artistique, marchande,
démographique qui seraient affectées par cette décision. Un Comité de Défense
se constitue avec à sa tête le maire André Rancel et Nicole Bouyala conseillère
municipale et maire de St Quentin la Poterie.
Ils défendent une
structure à taille humaine, le maintien pour la ville des classes du second
cycle. C’est l'économie tout entière d'une petite région
dont Uzès est comme la capitale, la possibilité de « vivre au pays »,
et une « qualité de vie » qui est ici une réalité bien plus qu'un
programme.
Il faut saluer ici Henri
Peladan et son journal Le Républicain qui consacre chaque semaine la Une à
cette bataille pendant deux ans. Il entretient le moral, l’espoir des
participants. Les agriculteurs montent au créneau : « nous voulons que la défense et la continuité de nos
exploitations passent d’abord par l’éducation de nos enfants… ». Ils
pressentent bien que le brevet des collèges ne suffira plus pour gérer des
exploitations agricoles. Le ministre diffère la fermeture des classes, espérant
probablement une fatigue, un désengagement.. Le Comité décide de poursuivre son
action.
Heureusement car le
rectorat et l’inspection d’académie refusent de réviser leurs positions malgré
la promesse ministérielle. Une manifestation spectaculaire de plus de 300
voitures se rassemble à Uzès au parking des Marronniers, puis traverse
Montaren, Serviers, Saint-Quentin, Pouzilhac, Remoulins pour revenir à Uzès.
Des banderoles « Non à la fermeture du Lycée », « Gardarem lo
licéu »…
Les administrations, le nouveau ministre restent sourds. Mais la mobilisation continue : tracts, macarons, occupations du lycée… Le préfet dit que la demande des Uzétiens n’est pas raisonnable ! Les partis politiques, les syndicats, l’Eglise Réformée de l’Uzège s’engagent dans la bataille. Le Conseil Régional vote à l’unanimité un vœu de soutien. Le ministre reçoit enfin le comité et promet de réexaminer le projet.
Mais c’est surtout la pression médiatique qui va fait bouger les lignes. Un film de 45 mn de Télé-promotion-rurale, Antenne 2 donnent la parole aux membres du comité de défense. Les journaux Le Monde, Le Monde de l’Education, l’hebdomadaire Elle consacrent des articles et interviews sur le sujet. Et la rentrée de septembre 1975 est un pas de plus : une classe sauvage de onze élèves est ouverte dans une salle prêtée et aménagée par la municipalité dans l’ancien évêché. Une expérience d’autogestion avec des professeurs bénévoles, des intervenants extérieurs. Encore plus de médias s’intéressent à ces élèves, les chaînes nationales, France-Culture, l’Express, Le Nouvel Observateur… Trois élèves seulement réussissent le Bac, mais dans quelles conditions !!.
André Rancel leur rend
hommage : « ..Vous avez eu du
courage, de l’audace, et c’est avec beaucoup d’amitié que je vous ai suivis
tous au long de cette année scolaire, partageant vos réunions, vos joies, mais
aussi vos soucis…je voudrais dire à ceux dont les efforts n’ont pas été
récompensés que pour moi ce qui compte c’est votre action, votre persévérance
et nous réalisons bien que si le problème du lycée a pu avoir une audience
nationale, c’est à vous que nous le devons »….
1976 promesse officielle
de création de classes de terminales scientifiques si les effectifs suivent. Le
comité de défense bat la campagne de l’Uzège pour engranger les inscriptions.
En 1979 la lutte s’achève avec 280 élèves inscrits, la création de classes,
l’inscription du lycée à la carte scolaire.
(quelques Mosaïques
trouvées lors des travaux préliminaires pour la construction de l’internat)
Actuellement les lycées
Charles Gide et Guynemer ont fusionné avec près de 1200 élèves, une
soixantaine d’enseignants.
(Cour
du lycée Guynemer alors caserne Brueys-Uzès –-Prisonniers allemands1914.--Midi libre Publié le 27/12/2015 et dans ce blog
10/11/2018 « Prisonniers de guerre victimes oubliées »
Sources et pour en
savoir plus : Le Républicain d’Uzès 2000 – Nicole Bouyala Histoire d’Hier et
combat de demain 1974-1980 édit Champ Social 2009 --lyc-gide-uzes.ac-montpellier.fr---
www.objectifgard.com---www.uzes.fr>annuaire-des-equipements>lycee-charle---