Les prochaines
pandémies :
Le Covid 19 a l’air de
vouloir nous lâcher tout au moins dans notre Hexagone. Il va nous falloir tirer
un trait, accepter nos fragilités. Les egos des politiques, des scientifiques
et de nous tous ont été à rude épreuve !! Beaucoup de certitudes brandies
comme des drapeaux qui ont fait un flop ! Et un certain mépris au début de
la pandémie pour les systèmes sanitaires des autres pays, parfois même un
certain racisme … Vanités des vanités…
Des images dont je
voudrais que nous nous souvenions tous, les soignants avec des sacs poubelles
en guise de protection, d’autres courbés en deux soutenant une civière dans un
avion… C’est aussi cette infirmière canadienne qui est venue prêter main forte.
Il serait souhaitable que grâce à cette expérience nos établissements
sanitaires ne soient plus sacrifiés au titre de la rentabilité. Mais combien de
suppressions de lits d’hôpitaux pendant ces deux ans ?
Et nous connaitrons
d’autres pandémies dont nous sommes en partie responsables.
Dernièrement j’ai lu
quelque part que cette pandémie n’était rien par rapport aux inondations que
nous avons vécues. Pourtant tout est lié et le nier c’est n’avoir pas encore
compris les enjeux.
Un article de Pascale
Barlet (Que Choisir n°L12260) essaie de nous alerter. Le Covid 19 est une
zoonose « c’est à dire une infection
dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’être
humain ». Les virus, les
bactéries, les parasites sautent le matelas-barrière d’espèces pour infecter directement
l’être humain. Depuis une vingtaine d’années ce type de pathologies augmente
peu à peu. 75% des maladies émergentes comme le sida, Ebola, la grippe aviaire,
le Stras en sont des exemples. Ici et là en Europe les renards, les sangliers,
les oiseaux migrateurs comme les oies nous infectent au gré de leurs propres
pathologies. 60% des maladies humaines déjà existantes relèvent de ce
processus. Jusqu’à présent, elles étaient compagnes de la pauvreté, de la
famine ou de la sous-alimentation, du mal-logé, de la méconnaissance, du manque
d’hygiène. Le Covid nous a appris que ce n’est plus totalement le cas. Pourquoi
cette évolution ?
Jean Luc Angot président
honoraire de l’Académie Vétérinaire nous raconte l’épisode du virus Nipah en
Malaisie en 1998. Des chauves-souris frugivores ont transmis ce virus à des
élevages de porcs. Elles déposaient leurs déjections sur les fruits des vergers
proches des fermes, les porcs mangeaient ces fruits et contaminaient ainsi les
hommes. Ces chauves-souris ont été délogées de leur habitat naturel, la forêt
sauvage, déboisée pour une culture intensive du palmier à huile. D’où une
modification en profondeur de la biodiversité locale. Or nous savons maintenant
qu’un écosystème appauvri favorise le passage des maladies des animaux à
l’homme. On parle de « phénomène de dilution » : plus un milieu est diversifié, plus la faune
et la flore forment un rempart aux épidémies, diluant la circulation des
agents pathogènes.
Nous déboisons pour
construire une route, un barrage, un lotissement, une usine qui vont apporter
un progrès certain aux habitants. Comment en vouloir au paysan chinois qui a
envie d’avoir l’eau courante chez lui, une route pour vendre ses légumes, au
paysan africain qui a besoin d’un chemin carrossable pour envoyer ses enfants à
l’école, des revenus pour vivre décemment …. Et nous Occidentaux, nous avons
fait sauter les haies à tout va, bétonner des champs pour construire des
« grandes surfaces » qui semblent maintenant totalement obsolètes,
des autoroutes pour aller plus vite, plus loin… Nos poubelles abandonnées, nos
décharges nourrissent des animaux dont ce n’est pas le régime alimentaire. Dernièrement
Rome envahie par des hordes de sangliers se nourrissant des poubelles …. Les
moins jeunes d’entre nous se rappelleront des pigeons dans la ville de Lyon,
trop nombreux et porteurs du virus de la poliomyélite dans les années 1955/1960.
Ces pigeons faisaient l’objet d’une
pratique récente : il était devenu habituel de les nourrir pour faire des
photos avec eux. Ils picoraient dans les mains, se posaient sur la tête, sur
les épaules des enfants… Malheureusement ils avaient copiné avec des pigeons
venant d’Espagne porteurs du virus. Et plus récemment l’épidémie d’infections
pulmonaires en Finlande apportées par les oies sauvages en trop grand nombre
dans les parcs des villes.
Nous sommes un peu moins
de 8 milliards d’individus sur Terre. La concentration de population dans les
grandes villes est facteur aggravant des contaminations. Mais nos déplacements
fragilisent aussi les petites villes, nos campagnes.
D’après la Plateforme
Intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les
services écosystémiques (IPBES) créée en avril 2012, un million d’espèces animales
et végétales sont menacées d’extinction et on estime à environ 800 000
virus possibles de type zoonose.
Il est assez probable que
pour l’origine de la contamination au coronavirus, on va privilégier
l’hypothèse d’une fuite d’un labo. D’abord cela embêtera la Chine. Et puis
sommes-nous prêts pour accepter l’idée que nous faisons partie d’un ensemble
d’écosystèmes, tous dépendants les uns des autres. Contre la destruction d’une
forêt, d’une garrigue, de champs, qui va refuser l’implantation d’un lotissement
qui va rapporter des impôts, du sang neuf, des enfants pour l’école ?
Comment demander à un Africain de réduire sa consommation de viande quand il a
enfin la possibilité d’en manger ?.... Suffit-il d’arrêter de consommer de
l’huile de palme pour sauver la forêt indonésienne ? Sommes-nous prêts de
laisser reposer quelques heures nos portables, nos smartphones pour réduire la
consommation électrique des data-center ? Pour l’instant, notre besoin de
progrès, de confort, notre manque de modestie, nous pousse toujours plus loin
dans notre « invasion » de la planète au détriment des autres
espèces. Alors qu’il faudrait rechercher un équilibre entre notre espèce et les
autres.
Il nous faut repenser nos
modes de vie, transport, tourisme, alimentation, agriculture mais la pauvreté
et le dérèglement climatique à l’échelle planétaire, les lobbys n’aident pas à
une prise de conscience éclairée. Et avons-nous le temps d’avancer à petits
pas ?
NB : l'ARN Messager a été découvert par des chercheurs français de l'Institut Pasteur (Jacob et Monod) qui ont obtenu le prix Nobel en 1961.
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