Le
ballon Neptune sur la place
Saint-Pierre, photographié par Nadar.
Les ballons-courrier
Ou ballons montés
1870 Paris. Du 19
septembre au 28 janvier 1871, la ville de Paris est assiégée par les Prussiens.
Comment communiquer avec l’extérieur ? Les ballons postaux vont permettre
d’acheminer le courrier, soit environ 2 à 3 millions de lettres avec l’envoi
dans les airs de 67 ballons. Lettres de particuliers mais aussi dépêches, informations
essentielles militaires, civiles…. Ainsi le 30 novembre 1870 les soldats
français essaient de briser le siège de Paris pour de lourds bombardements.
Mais ils ignoraient la défaite de notre armée de la Loire à Beaune-la-Rolande
deux jours plus tôt. Une information cruciale qui par sa méconnaissance va
entrainer plus de 9 400 morts chez nous et 3500 du côté prussien. Une guerre se
joue souvent par une bonne transmission des informations.
Mais l’historien est
particulièrement intéressé par les courriers envoyés aux familles. Ils vont
nous renseigner sur le quotidien des Parisiens en temps de siège. Des mots qui
se veulent rassurants, mais ponctués d’une angoisse qui se glisse entre les
lignes ou des phrases rajoutées en marge au gré des bruits de canonnades.. On
parle nourriture, santé, moral mais surtout transparaissent la colère et la
haine envers les Prussiens, l’ennui, la fatigue. Le rationnement est mal
organisé, la famine augmente et l’hiver s’installe. On mange des viandes
insolites dans des boucheries clandestines, chat, chien, cheval, rat,
accompagnées de pain noir fabriqué à base d’avoine, de riz, de son. Les
restaurants du boulevard Haussmann, proposent des viandes « de
fantaisie », issues des animaux exotiques du Jardin des Plantes,
Le gaz d’éclairage est
réquisitionné pour alimenter les ballons-courriers et à la tombée de la nuit,
la ville est presque entièrement plongée dans le noir. On a peur du froid en
cet hiver le plus rigoureux du siècle et l’absence de chauffage fait craindre
de tomber malade. La variole est présente dans bien des rues. Elle fera environ 4200 morts entre décembre 1869 et juillet 1870.
Canon anti-ballons.
Ballons-courrier ou
ballons montés ? En fait, le ballon monté désigne à la fois un aérostat
comme un ballon à gaz et un courrier. Ils sont gonflés au gaz d’éclairage, de
l’hydrogène biscarboré issu de la décomposition de la houille, un gaz deux fois
plus léger que l’air. Ils sont équipés d’une nacelle (d’où le nom de
« monté »), pour un pilote et éventuellement des passagers. Mais ils
ne disposent pas d’équipement pour les diriger, les vents se chargeant de les
pousser. Au tout début de l’aventure, les départs se font de jour comme de
nuit, sous les tirs de barrage des troupes prussiennes. Puis à partir du 18
novembre il sera décidé de partir de nuit pour éviter la détection des ballons.
Mais cela rendra les vols plus dangereux, impossibles de connaître la direction
initiale prise par le ballon.
Tableau de Jules Didier et Jacques Guiaud représentant le
départ, le 7 octobre 1870, de l'Armand Barbès, emmenant Gambetta, et du George Sand.
La première fabrication en série de ces ballons marque le début
de l’industrie aéronautique. Les trains ne circulent plus, on va installer deux
ateliers de construction dans des gares réquisitionnées avec les frères Godard
dans la gare d’Austerlitz et Dartois et Yon associés à Nadar dans la gare du
Nord.
A l’origine Nadar crée « la Compagnie des aérostiers
militaires » avec des bénévoles comme Camille Legrand dit Dartois et
Claude-Jules Duruof avec une intention militaire pour l’observation des
mouvements de l’ennemi. Cet organisme est l’héritier des deux premières
Compagnies d’aérostiers de la Révolution de 1789.
Germain Ramont directeur général des Postes a l’idée de se
servir des ballons pour organiser des communications avec l’extérieur de Paris.
Au pied de la butte Montmartre place Saint-Pierre dans un campement va naitre
ainsi la poste aérienne.
Les ballons
vont prendre des noms prestigieux, le George-Sand, Louis-Blanc, Jean-Bart,
Neptune, Le National….le dernier le fameux nom de Cambronne !
Deux décrets du 27 septembre 1870 de l’Administration des Postes
du Gouvernement de la Défense National autorisent officiellement l’expédition
du courrier par voie aérienne. Ils sont applicables dès le lendemain. Les
lettres sont écrites sur du papier le plus mince possible et plié en la
cachetant de façon à éviter d’utiliser une enveloppe. Pas plus de 3 à 4 grammes
par courrier. Au dos deux cachets postaux, le premier indique le jour et lieu de
dépôt de la lettre, le second la date et lieu d’arrivée.
Les ballons embarquaient le courrier mais aussi des pigeons
voyageurs, parfois des passagers et des sacs de lest pour l’atterrissage. Les
volatiles étaient relâchés à leur arrivée, retour à Paris, pour
annoncer la réussite du voyage et ramener des informations en sens inverse. Environ
164 passagers, 381 pigeons,
5 chiens, autour de
onze tonnes de courrier … Les pigeons transportant des microfilms
ne seront pas très efficaces. Et aucun des chiens supposés ramener des dépêches
grâce à leur sens de l’orientation ne revint.
Les pilotes chevronnés n’étaient pas nombreux à Paris et on
recruta rapidement des marins, des gymnastes volontaires formés d'une manière
expéditive. Ce qui explique des
atterrissages parfois hasardeux et quelques pertes de ballons en mer.
Des vents défavorables entrainent quelques ballons en Norvège ou
en Allemagne. Deux tombèrent dans l’océan Atlantique. Cinq seront capturés par
l’ennemi. Mais la plupart se poseront en province sans trop de mal.
Des missions plus militaires, des estafettes, du matériel,
microfilms, même scaphandres, des hommes politiques de haut rang.. Déjà le 23
septembre 1870 à bord du Neptune, Duruof franchit les lignes ennemies. La
capitulation sera annoncée par ce moyen.
La fabrication des ballons postaux se fera plus
rationnelle sous la houlette de Germain Rampont : des ballons cubant
2000 mètres, en percaline à l’huile de lin, des nacelles en osier de 1,30 m de
large et 1,50 de haut ….
En riposte, les premiers canons antiaériens de Krupp sont
construits, peu efficaces du fait de l’altitude prise rapidement par les
ballons.
Le Ville de Florence parcourt 104 km avec 120 kg de courrier, 30
kg de tracts, un seul pigeon reviendra. Le Napoléon transporte des journaux,
des tracts rédigés par Victor Hugo et 6 pigeons.. Il ne fera que 30 km. Le
Armand Barès transportera en plus du courrier Gambetta, 16 pigeons sur 98 km.
Le Washington 3 passagers, 300 kg de courrier, 25 pigeons le 12 octobre. Le
Jean Bart 2 passagers, 400 kg de courrier sur 114 km. Le Jules Favre 2
passagers sur 328 km….Le Cambronne le 20 janvier 1871, atterrira à 253 km de
son point de départ….
Des records
de vitesse et de distance seront battus. Certains vols atteignent une grande
altitude (peut-être 5 à 7 000 m).
Ce sera aussi l’occasion d’une guerre de communication entre les
deux camps par l’envoi de fausses informations sur l’état des offensives..
Les ballons qui ont pu être récupérés par l’armée ont été en
partie restaurés en 1875.
Maintenant, ces courriers d’un autre siècle font la joie des collectionneurs et parfois des faussaires !!
Les ballons sortis pendant
le Siège de Paris, selon Théodore et Gaston Mangin
Sources et pour en savoir plus : www.philatelistes.net - Les Ballons
Montés ---- archives de l’Hospice de Morée archives
départementales de Loir-et-Cher-- Le pain du siège de Paris
(1870-1871) musée d'art et d'histoire
Paul-Éluard --- wikipedia .org---J. le Pileur,
« La poste par ballons montés », 1e édition 1943, et
édition revue et complétée 1953.----Collectif, Revue « Icare », no 56,
1971 : Guerre 1870-1871, Volume I, (208 pages) plusieurs articles sur le
sujet, dont : Les ballons du sièges, par Charles Dollfus et
Paul Maincent, p. 67–156. Très riche article, rédigé par un
aérophilatéliste (P. Maincent) et un historien spécialiste de l'aéronautique
(C. Dollfus, 1893-1981, Conservateur du Musée de l'Aéronautique) qui a
rencontré les derniers aéronautes du siège.----Gérard Lhéritier,
« Les ballons montés », édition Valeurs Philatéliques, Tome 1 :
1990, tome 2 : 1992, tome 3 : 1994, tome 4 : 2000.---Jean-Claude
Lettre, « La fabuleuse histoire des Boules et ballons monté de la
délivrance, Le siège de Paris », édition Aramis, 2006.---
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