mercredi 26 septembre 2018

Nîmes et ses Crocodiles





www.objectifgard.com/2017/01/02/nimes-les-crocodiles-de-lhotel-de-ville-une-histoire-en-escalier/
Les 4 crocodiles du grand escalier de l'Hôtel de Ville de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Nîmes et ses crocodiles

L'as de Nîmes

Il y a quelques années j’avais assisté à une scène cocasse sur le marché de Nîmes. Une touriste interrogeait un paysan sur la présence des crocodiles à Nîmes. Elle avait visité la ville la veille et s’étonnait de la présence de ces animaux un peu partout. Tout en emballant ses tomates il lui répondit avec l’œil qui frise, que l’empereur Auguste avait ramené des crocodiles d’Egypte et les avait installés dans le canal de la Fontaine de Nîmes !!. On aime parfois se moquer gentiment de nos visiteurs.


Des crocodiles, il y en a effectivement partout à Nîmes, statues, voirie, clubs sportifs, gadgets, bijoux, vêtements….et mairie. ( 1985 STARCK réalisé une variante de l'iconographie du blason)
J’avais déjà évoqué rapidement l’histoire de cet emblème (sur ce blog Les Arènes de Nîmes des Romains, des Chevaliers des Arènes…4-6-2018).
Après la victoire d’Actium contre les égyptiens de Marc Antoine et de Cléopâtre, Octave devient Auguste et Nîmes obtient le droit de battre monnaie : un dupondius, l’as de Nîmes avec un crocodile sur une face. Un temps nous avons pensé que cette bestiole rappelait les vétérans nîmois de l’armée romaine qui avaient combattu en Egypte. Mais ces pièces se sont répandues dans le sud–est de la Gaule donc un usage qui n’était pas que local. Elles commémorent en fait la victoire d’Actium avec sur une face les portraits d’Auguste et d’Agrippa, le général qui épousera la fille unique d’Auguste.
Sur l’autre face le fameux crocodile représentant l’Egypte enchaînée à une palme, une couronne de laurier d’Auguste pendante à un rameau de la palme, (et non à un palmier). « un crocodile à la palme enchaîné et un chapelet de laurier en icelle pensile ».  Octave, Auguste, "digne des dieux", militaire talentueux et fidèle serviteur de l'Empire ! Peut-être aussi récompense pour nos gaulois Volques Arécomiques qui s'étaient engagés aux côté des Romains dans la bataille d'Egypte.
La palme rappelle Apollon le dieu grec invoqué par Octave-Auguste. Le crocodile la queue recourbée vers le haut et la palme évoque un navire de la bataille. La chaîne entre Apollon le dieu lumineux et le crocodile animal de l’obscurité nous parle de la domination du Bien sur le Mal. (voir Alain Veyrac Le Symbolisme de l’As de Nîmes au crocodile édit Monique Mergoil).
Ces pièces seront retirées de la circulation vers l’an 30.


www.in-medias.fr/sitecroco/pages/monnaie/TYPE%202/type2%20page4.html

Mais ce crocodile ne va plus nous quitter.
Les Chevaliers des Arènes qui occupaient l’amphithéâtre avaient récupéré sur leur blason le fameux crocodile enchaîné. Le blason de Nîmes et des consuls sera d’abord un simple « champs de gueule rouge », puis en 1516 François Ier permet à la ville d’y ajouter un « thoreau d’or ». Et en 1535, ce même roi, grand amateur de l'Antiquité ,autorise Nîmes à changer son blason : le crocodile enchaîné, la palme devient le palmier. Les lettres COL NEM sont l’abréviation de colonie nîmoise, « colonia nemasensis ».
    
1er blason de Nîmes- le second de 1516- le troisième de 1535
Mais venons-en aux crocodiles exposés à la mairie. Ces quatre animaux ont d’abord été installés dans la salle du conseil consulaire, assistant ainsi aux délibérations. Puis ils ont émigré dans une antichambre et maintenant dans le grand escalier de la mairie. Ce sont des vrais crocodiles empaillés selon la coutume égyptienne.
 


Un tout premier de 1586 sera perdu. Quatre autres ont rejoint notre ville, maintenant protégés et classés monuments historiques. Sous leurs ventres, une plaque en fer indique la date de réception de chacun.

Le premier date de 1597. Sur sa plaque on peut lire le nom des consuls que je vais essayer de traduire : Louis de Momcamp (Montcamp) seigneur de Saint Veran, Antoine Dupris, bourgeois, Olivier Lateule marchand, Guillaumes Revergat  laboureur. Une autre archive mentionne le premier crocodile (de 1586 perdu) ainsi que les raisons de l’achat de celui de 1597. Il s’agit de se rappeler l’histoire de la ville, marquer les esprits du « peuple et habitants de la dite ville ». Nous ne savons pas comment ils sont arrivés à Nîmes, achetés, donnés ?
En 1597 nous venons de vivre le plus gros des guerres de religion, nous avons un nouveau roi Henri IV, il est grand temps de rassembler les gens, de reconstruire une communauté, pourquoi pas autour de l’histoire ancienne de la ville.

1682 Académie du Gard


Les archives nous racontent :
« Le premier d'iceux en l'année mil cinq cens quatre vingts six estant consulz Messieurs Anthoine Davin docteur et advet Jacques de Baudan sieur de Vestric Jacques Guigou merchant et Louys Lombard laboureur. Et le second en l'année mil cinq cens nonante sept estant Consulz Messrs Louys de Montcamp seigneur de Sainct Veran Anthoine Duprix bourgeois Olivier Lateule merchant et Guilhaumes Rovergat laboureur. Lesquels sieurs consulz desd. années auroient juge a propos de recouvrer lesd. animaux pour fere entendre au peuple et habitant de lad. ville que les anciennes armoiries et enseignes de ceste ville ayant esté :
un coleuvre enchene a une palme et un chapeau de laurier en icelle pensile en champ de gueules et dauantaige escript en lettres antiques majuscules ces deux mots COL : NEM.
Lad. Palme entre lesd. deux mots comme aparoissoicten des vieilhes et antiques medailles. Ied. coleuvre palme et chapelet de synople comme plus aprochant du naturel d'iceux la chaine et les lettres d'or le tout sur led. champ de gueules. »….
« et pour un plus grand decorement de lad. maison consulaire a la perpetuelle memoire de la chose publique ».

Le deuxième ou troisième si l’on compte celui de 1586, a été acheté à Marseille pour 165 livres en 1671. Sur sa plaque ventrale : 1671 du consulat Noble François de Gevaudan sieur de Roquecourbe, Pierre Fauquier Bourgeois, Anthoine Courbessac greffier, Claude Estienne St André tailleur d’habits ouvriers, Pierre Escot bourgeois, Claude Borrelli marchand. L’acte d’ »achaipt du troisesme croquedille » est en date du 1er août 1671 devant notaire. Les vendeurs sont sieur Raymond Menard et Leon Alamel, marchands habitant Marseille. Le crocodile  mesure 14 pans et de grosseur à proportion qui rejoindra les deux autres crocodiles pendus dans la grande salle de la maison consulaire. Nous pouvons penser que le tout premier de 1586 n’a pas encore été perdu.

Achaipt du troisiesme croquedille
L'an mil sis cens septante un et le premier jour du mois d'aoust apres midy regnant tres chrestien Prince LOUIS par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre par devant moy notaire royal soubsne et tesmoingz après nommés establis en personne sieur Raymond Menard et Leon Alamel marchants et compagnie Lesquels de leur gré en consequence de la desliberation prinze par Mssr les Consuls ussistes daucungz des princip Consllers au Conseil politique ordinaire de ceste ville en execution du traitté faict entre les parties ont faict vente à Messieurs noble Françoys de Gevaudan sieur de Roque Courbe Pierre Fauquier bourgeois Anthe Courbessac greffier et Claude Estienne St André tailheur d'habits premier second troisième et quatrieme Consulz de ceste ville de Nismes la présente année en la de qualité pour et au nom de la ville et communauté stipulant et acceptant d'un crocodille de la longoeur de quatorze pans et de grosseur a proportion que les dits sieurs Menard et Alamel ont faict aporter en ceste ville de la ville de Marceilhe ou ils font leur residance. Et leadits sieurs Consulz achaipte iceluy pour le mettre et fere appendre dans la grand salle de la maison consulaire pour le decorement d'icelle et fers attacher a un poultre ensuitte des autres deux croquedilles quy y ont este cy deuant appendue.
Le prix comprend les frais et dépenses, le crocodile arrive à Marseille et de là est livré à Nîmes devant la porte de la maison consulaire. Le prix sera versé à la livraison. Des chaines neuves ont été achetées pour pendre au plafond le crocodile.
«… le prix et somme de cent soixante cinq liures quest sa legitime valeur heu esgard au prix de leur acbaipt et autres frais et despences qu'il a convenu fere pour le fere porter en la ville de Marceilhe et de la en ceste ville payable jcelluy »…
 
Le troisième ou quatrième si l’on compte celui de 1586, de 1692 est donné à la ville contre une rente de 15 livres par an. Sur sa plaque ventrale 1692, les consuls Noble Guillaume du Noyer, Anthoine Sautel bourgeois, Emmanuel Marignan marchand, Claude Durand menager, Raymond Chastang bourgeois, Gedeon Bastide médecin chirurgien..

Le 13 septembre 1692, les consuls se penchent sur l’acquisition d’un autre crocodile. Le Premier Consul Du Noyer a rencontré à la foire de Beaucaire Raymond Ménard, déjà connu pour la transaction précédente. Il a en sa possession un crocodile d’une grosseur extraordinaire qui vient du Levant (Egypte), bien plus gros que les autres et donc d’un plus grand embellissement. A charge pour la ville d’octroyer pour sa fille Jeanne Saint Louis de Menard, religieuse dans le couvent de Sainte Ursule une pension annuelle de 15 livres sa vie durant. Ce qui le consulat accepte.

Ledit Sieug Du Noyer premier Consultant en son nom que de ses collègues a proposé que le Sr Raymond Menard Mart de Marseille ayant eu du leuant vn crocodile d'une grosseur extraordinaire l'aurait fait porter en la ville de Beaucaire pendant la tenue de la foire, où le dit sieur Du Noyer s'étant trouvé, le dit sieur Menard le seroit venu voir et après luy avoir fait voir led. Crocodille, il luy auroit proposé d'en faire faire l'acquisition par la ville : que ses armes étants un crocodile enchainé à un Palmer, et celuy cy étant plus gros que ceux qny sont dans l'hôtel de ville, cela seroit d'un plus grand embellissemant, en augmenteroit le nombre : qu’il n'était pas d'un prix considérable et qu'il se contenterait que la ville se chargeast de payer à une fille qu'il a religieuse dans le petit couvent Sainte Ursulle de cette ville une pension annuelle de quinze livres pour sa vie seulement priant le Conseil de vouloir sur ce délibérer.

Le suivant est offert en 1703 par Abraham Poussielgue, riche négociant languedocien installé à Malte. Son prénom laisse supposer un protestant exilé ou nouveau converti nostalgique de sa ville natale. La chasse aux protestants détruit l'économie de notre pays. Mais les exilés espèrent encore revenir un jour. La plaque ventrale du crocodile est un peu différente des autres. « 1703 Ce crocodile a été donné à la ville par Sieur Abraham Poussielgue marchand natif de cette ville résidant à Malthe et transporté par les soins de Jean Auveillier marchand bourgeois assesseur de la seconde échelle (du consulat). Etant maire Messire Jacque de Vivet de Montcalm marquis de Montclus Tresque La Bartalasse et autres Places Conseiller du roi président Juge-mage et Lieutenant de Police de la dite ville---Du Consulat Mt Pierre Pison conseiller du roi….
1703

CE CROCODILE A ESTÉ DONNÉ A LA
VILLE PAR SR ABRAHAM POVSSIELGVE
MARt NATIF DE CETTE VILLE RESIDAN
A MALTHE ET TRANSPORTÉ PAR LES
SOINGZ DE SAR JEAN AVVELLIER MARt
BOVRGEOIS ASSESSEVR DE LA SECONDE
ÉCHELLE
ESTANT MAIRE MESSIRE IACQUEB DE
VIVET DE MONTCALM MARQVIS DE
MONTCLVS TRESQVE LA BARTALASSE ET
AVTRES PLACES CONer DV ROY PRÉSIDENT
IVGE MAGE ET LIEVt GEN'AL DE POLICE
DE LA DICTE VILLE
DV CONSVLAT DE MESSrs Me PIERRE PISON
CONer DV ROY AV PRE’ AL ET ASSESSEVR
GVILHAVMES BOISSIERE PROCVREVR
ANTOINE NOTAIRE Me CHIRVRGIEN
ET PIERRE FOVRNIER MÉNAGER

Ce crocodile vient d’Egypte « Degipte », le plus grand que l’on puisse trouver. Il doit servir à décorer le nouvel Hôtel de Ville de Nîmes. Abraham Poussielgue envoie la lettre ci-jointe pour expliquer son geste.
MESSIEURS,
Quoy que mon Comerce mait reteneu depuis plusieurs années dans ce pais. L'éloignement, ni les longuers Du Temps n'ont fait aucune Breche, sur lamour, que jai pour la patrie, et je ne desespère pas d'aller un jours a jouir, du plaisier d'y gouter un parfaict repos, cepandant ayant esté informe, que vous aurez construit une noauelle maison de Ville, je veux avoir l'honneur de contribuer. autan que je puis à Iorner, par un monument qui cellon que jespère ne vous desagreera pas, et pour cest esfet, je me suis aduise de fere venier Degipte, vn Crocodille, des plus grand quond à peut trouuer, jai este serui cellon que je le soiettea, je prand Messieurs la liberté de vous l'offrier, comme vne marque de mon attachement, inuiolable, au bien de la patrie, et à vos personnes en particuliers, Monsieur Jean Auueilliers mon jutime amy, aura la bonté de vous le présenter a de ma part, agreés le, Messieurs, et faictes moi la Grace de le faire placer, ou vous jugeres quil vous puisse seruier d'ornement dans vostre nouvel esdifice, qui cellon quond ma assure est tres beau et digne de vos applications infatigables, au service du public, qui est tousjours heureux soubs de magistrats qui ont autant de probité et de vigilance que vous en aues, Je vous soiette a Messieurs, et pour vostre communauté, et pour vos personnes en particuliers toutte » sorte de prosperite, et je vous prie destre plainemant persuadés, que je rechercheraj, toutte ma vie avec emprecemant les occasions de vous faire conoistre que je suis avec un profonds respect, et un zèle inviolable
MESSIEURS
Vostre tres humble tres obbeissant serviteur .
POUSSIELGUE.
1702. Le 28° aoust à Malthe



Nos crocodiles vont disparaître un temps, oubliés dans les greniers. Mais en 1851-52 sous la mandature de M Vidal maire de Nîmes, des travaux sont entrepris dans l’Hôtel de Ville et nos crocodiles sont redécouverts, poussiéreux, mal en point. Repeints à neuf, restaurés, ils reprirent leur place dans le cœur des Nîmois. Les plaques ventrales en tôle sont peu visibles mais elles renseignent sur les dates d’acquisition, et sur les hommes qui ont joué un rôle dans cette aventure. Normalement la première lettre de chaque mot est peinte en rouge.

Les touristes et les Nîmois ne cachent pas leur plaisir de photographier nos sauriens. Les photos de mariage avec des crocodiles en fond d’image font recette !! Pendant la feria, parfois ils sont de sortie aux fenêtres de l’Hôtel de Ville, saluant la foule.






Feria Pégoulade  NIMES 1907c ...

Rappel des archives, (si elles venaient à disparaître):
 1er août 1671
Achaipt du troisiesme croquedille
L'an mil sis cens septante un et le premier jour du mois d'aoust apres midy regnant tres chrestien Prince LOUIS par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre par devant moy notaire royal soubsne et tesmoingz après nommés establis en personne sieur Raymond Menard et Leon Alamel marchants et compagnie Lesquels de leur gré en consequence de la desliberation prinze par Mssr les Consuls ussistes daucungz des princip Consllers au Conseil politique ordinaire de ceste ville en execution du traitté faict entre les parties ont faict vente à Messieurs noble Françoys de Gevaudan sieur de Roque Courbe Pierre Fauquier bourgeois Anthe Courbessac greffier et Claude Estienne St André tailheur d'habits premier second troisième et quatrieme Consulz de ceste ville de Nismes la présente année en la de qualité pour et au nom de la ville et communauté stipulant et acceptant d'un crocodille de la longoeur de quatorze pans et de grosseur a proportion que les dits sieurs Menard et Alamel ont faict aporter en ceste ville de la ville de Marceilhe ou ils font leur residance. Et leadits sieurs Consulz achaipte iceluy pour le mettre et fere appendre dans la grand salle de la maison consulaire pour le decorement d'icelle et fers attacher a un poultre ensuitte des autres deux croquedilles quy y ont este cy deuant appendue. Le premier d'iceux en l'année mil cinq cens quatre vingts six estant consulz Messieurs Anthoine Davin docteur et advet Jacques de Baudan sieur de Vestric Jacques Guigou merchant et Louys Lombard laboureur. Et le second en l'année mil cinq cens nonante sept estant Consulz Messrs Louys de Montcamp seigneur de Sainct Veran Anthoine Duprix bourgeois Olivier Lateule merchant et Guilhaumes Rovergat laboureur. Lesquels sieurs consulz desd. années auroient juge a propos de recouvrer lesd. animaux pour fere entendre au peuple et habitant de lad. ville que les anciennes armoiries et enseignes de ceste ville ayant esté :
un coleuvre enchene a une palme et un chapeau de laurier en icelle pensile en champ de gueules et dauantaige escript en lettres antiques majuscules ces deux mots COL : NEM.
Lad. Palme entre lesd. deux mots comme aparoissoicten des vieilhes et antiques medailles. Ied. coleuvre palme et chapelet de synople comme plus aprochant du naturel d'iceux la chaine et les lettres d'or le tout sur led. champ de gueules.
Ils auroient obtenu la confirmâon desd. armoyries par lettres pattantes du Roy François premier d'heureuse memoire au mois de juin de l'annee mil cinq cens trente cinq a la poursuite (supplication) de Messieurs Anthoine Arlier docteur et aduocat Jean Albenas bourgeois Mathieu Fazondier notaire Royal et Guillhaumes Forestier abourr consul de lad. ville lad. année mil cinq cens trente cinq despuis lequel temps les sieurs Consulz de lad. ville ont este soigneux de fere conserver lesd. animaux et Messieurs les consuls de la presente année dachaiptez ce troisiesme desd. sieurs Menard et Alamel et compagnie pour le mesme affect et pour un plus grand decorement de lad. maison consulaire a la perpetuelle memoire de la chose publique
Laquelle prosente vente ont faict lesd. sieurs Menard Alamel et compie auxd. sieurs de Roque Courbe Fauquier Courbessac et Estienne St Andre Consulz modernes de lad. ville de Nismes au nom dicelle du susd. croquedille porte et rendu dans ceste ville et au devant la porte de la maion consulaire en la forma susd. et en son entier moyennant le prix et somme de cent soixante cinq liures quest sa legitime valeur heu esgard au prix de leur acbaipt et autres frais et despences qu'il a convenu fere pour le fere porter en la ville de Marceilhe et de la en ceste ville payable jcelluy prix pretendu et laquelle dite somme de cent soixante cinq liures lesd. sieurs Menard Alamel et compagnie ont confessé avoir heue et reellement presentement receue desd. sieurs de Roque Courbe Fauquier Courbessac et Estienne Sainct Andre Consulz de lad. ville et par les mains de sieur Jean Cassan bourgeois recepveur des deniers municipaux de lad. ville La courante année en Louys dor dargent et moneye sen sont tenus pour contens renonsant à l'exception contrair et dicelle somme de cent soixante cinq liures lesd. sieurs Menard et Alamel et compte bien payes et satisfaicts pour ce que dict est en ont quitté et quittent les dits sieurs Consuls Ville et communauté le dit sieur Recepueur desd. deniers municipaux payant pour elle et tous ceux qu'il apartiendra auec promesse que jamais ne leur en sera faict demande et lesd. sieurs Consulz ont decclare auoir receu des mains desd. sieurs Menard Alamel et compagnie le susd. crocodile en son entier quils ont a linstant faict appendre le long d'un poultre de la grande salle de lad. maion consulaire et attacher à iceiluy par des chenes quy ont daté faictes neufves pour cest effet Et ce dessus ont lesd. parties promis de tenir garder et observer soubs les obligaôn jurements et renonciations a ce requises et necessres

Faict et recitte aud. Nismes dans la maion consulaire presents à ce Me Jean Dumas Raymond Chastang habitants dud. Nismes avec parties et moy Ponce Ferrand notaire royal dudit Nismes soubsigne.

1692 
Ledit Sieug Du Noyer premier Consultant en son nom que de ses collègues a proposé que le Sr Raymond Menard Mart de Marseille ayant eu du leuant vn crocodile d'une grosseur extraordinaire l'aurait fait porter en la ville de Beaucaire pendant la tenue de la foire, où le dit sieur Du Noyer s'étant trouvé, le dit sieur Menard le seroit venu voir et après luy avoir fait voir led. Crocodille, il luy auroit proposé d'en faire faire l'acquisition par la ville : que ses armes étants un crocodile enchainé à un Palmer, et celuy cy étant plus gros que ceux qny sont dans l'hôtel de ville, cela seroit d'un plus grand embellissemant, en augmenteroit le nombre : qu’il n'était pas d'un prix considérable et qu'il se contenterait que la ville se chargeast de payer à une fille qu'il a religieuse dans le petit couvent Sainte Ursulle de cette ville une pension annuelle de quinze livres pour sa vie seulement priant le Conseil da vouloir sur ce délibérer.

Sur quoy le Conseil ayant considéré que cette acquisition n'est pas d'une grande dépense pour la ville, attendu l'offre faite par le led Sr Menard, a délibéré que Messieurs les Consuls feront acquisition dud Crocodille et qu'ils passeront contract avec led sieur Menard par lequel ils se chargeront de payer la somme de quinze livres de pension annuelle à la sueur Jeanne Saint Louis de Menard sa fille religieuse dans led monastère du petit couvent Sainte Ursulle de cette ville, et ce pendant sa vie seulement.



Sources :    Albin Michel Les 4 Crocodiles de l’Hôtel de Ville de Nimes 1876 nemausensis internet –Maxime de Mont-Rond Les crocodiles de l’Hôtel de Ville de Nîmes Persée 1853p67-69 –Bibliothèque de l’Ecole des Chartes Ménard --/hiveminer.com/Tags/crocodile%2Cnîmes-- kirsch.free.fr/archives2015/albums/Nimes/index.html--archives départementales et municipales de Nîmes—office du tourisme Nîmes-- association-lapostrophe.fr/2-non-categorise/31-visite-de-nimes—Gwenaël Cadoret Gazette de Montpellier et Nîmes guide de l’été juillet2018—BNF Gallica-- 
place du marché-diaporama mairie nemausensis.com


APCVdeLédenon-Pégoulade-midi libre

mercredi 19 septembre 2018

"Trafalgar"à Frontignan




Le Robuste aquarelle François Roux -srassmf.fr

"Trafalgar" à Frontignan

  Voici le destin tragique de deux navires napoléoniens le Lion et le Robuste, sabordés en 1809 devant les Aresquiers. en face de Frontignan.

carte des fouilles -srassmf.fr/wp-content/uploads-2017/02/a-Archéothéma-janv-fév-2014-p52.jpg

La France et l'Empereur Napoléon sont en guerre contre l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal et une grande partie de l'Europe à des titres divers. Les navires anglais dirigés par Collingwood, croisent en Méditerranée pour intercepter tout bâtiment français. En février 1809, nous préparons un convoi qui partirait de Toulon pour ravitailler nos troupes à Rosas en Espagne. Des navires-marchands, 19, deux gabarres, protégés par un vaisseau de 80 canons Le Robuste avec le contre-amiral Baudin en charge de l’escadre, deux vaisseaux de 74 canons, Le Lion et le Borée et deux frégates de 44 canons La Pauline, et L’Amélie. Le départ de Toulon a lieu le 21 octobre 1809, le temps de la préparation des navires et des équipages. Depuis quelques jours des navires anglais sont signalés, onze peut-être, croisant dans les parages.

Nous sommes très rapidement repérés. Le 24 la côte espagnole est en vue et le contre-amiral Baudin décide de larguer les remorques et d’attirer plus au large des six navires ennemis aperçus quelques heures plus tôt. Le Robuste, le Lion, le Borée et la Pauline se détachent du convoi qui continue sa route. Ils se mettent à l’abri au mouillage près d’Aigues-Mortes, puis reprennent le chemin de Sète dont le fort et ses batteries assureront une protection. Mais en voulant éviter le feu des navires ennemis, les trois navires, Le Lion, Le Robuste et Le Borée, serrent de trop près la côte pour rejoindre le port de Sète. La mer est mauvaise. Ne connaissant pas l’endroit, ils talonnent sur le fond rocheux sur la plage des Aresquiers à l’est de Frontignan. L’Amélie rejoint Toulon sans avarie. La Pauline gagnera le port de Sète. Le Borée avec le capitaine Senez réussira à sortir du banc rocheux, poursuivi par deux navires anglais. Mais Le Robuste et le Lion restent bloqués. Les équipages pendant deux jours essaient de pomper l’eau qui entre dans les cales après l’arrachement des coques au moment du talonnage. On allège les bateaux. Les navires anglais de plus en plus nombreux entourent les deux vaisseaux français. Le vent tourne en sud et les deux navires qui n’ont pas encore affalé leurs voiles pivotent sur leur quille de 90°. Les deux proues se trouvent alors orientées vers la plage et leurs batteries deviennent inutilisables. Baudin en désespoir de cause fait débarquer l’équipage et ordonne de mettre le feu aux poudres. Le 26 octobre le Lion explose à 22h 30 et le Robuste à 23 h. Les deux navires s’enfoncent dans les eaux et disparaissent.
Le site est découvert en 1974 par M Cécil Blanes et fait l’objet de fouilles programmées depuis 1981. 

De nombreux objets ont été remontés par la SRASSMF avec l’autorisation du Département de Recherche. Un canon de 3700 kg est ramené à la surface en 1981, une plaque de Shako, d’autres canons. Des objets qui parlent des hommes qui ont vécu sur ces navires, des boutons, un sabre, des pichets, un peu de vaisselle, un ponton de fusil et un morceau de la cloche de bord. La plupart de ces objets sont exposés au musée de Frontignan. Les canons sont installés sur les parcours touristiques de la ville.

Malheureusement le site marin est régulièrement pillé et pollué par des prélèvements sans soins techniques et archéologiques.



(Photo Fagairolles 34 11/02/2007 wikimedia)























































Sources : Midi libre www.midilibre.fr/2013/11/25/frontignan-le-lion-et-le-robuste-au-fond-des-aresquiers,787995.php
--srassmf.fr/epaves-aresquiers-1-le-robuste-et-le-lion/--www.academia.edu/.../Le_site_Aresquiers--www.arkaeos.fr/IMG/pdf/JourneeDrassm.pdf---Jules François Lecomte 1837 Chroniquesd e la marine française de 1789 à1830 ---/www.museecapdagde.com/agenda/conference-le-robuste-et-le-lion-resultats-des-fouilles-sur-2-epaves-napoleoniennes--Musée Municipal de frontignan –Gazette de Montpellier et de  Nîmes-juillet 2018 - lafal.fr.free.fr/FR/Conf_06.php
---- Crédit photos : Fernand Robert, Léo Cavallier (SRASSMF 1990 – 2000), Christine Durand (CCJ CNRS 2000 – 2001), Jonathan Letuppe (SRASSMF EVEHA 2010 – 2013) ---srassmf.fr/epaves-aresquiers-1-le-robuste-et-le-lion/
---- wikipedia wikimedia commons.