JEAN-GASTON DARBOUX
un savant hors-lignes
Nul
n’est prophète en son royaume dit le dicton. Qui se souvient des Darboux à
Nîmes et dans les environs. Ceci est vrai pour un certain nombre de savants languedociens du 19ème siècle.
Les deux frères Darboux,
Jean-Gaston et Jean-Louis, dans un premier temps élèves d’un établissement
protestant, puis demi-pensionnaires au lycée impérial de Nîmes sont des élèves
fantaisistes. Un fonctionnaire de l’établissement dira à leur mère « vos enfants ne réussiront pas dans leurs
études et n’arriveront à rien ! ». Un professeur qualifiera même
Jean Gaston « d’inintelligent » ! ».
Et pourtant !! Ce qui suit démontre que parents et enseignants doivent être prudents dans leur jugement sur un enfant.
Gaston
Darboux, ainsi que son frère sont l’exemple même de l’élitisme républicain de la
fin du 19è/début 20ème siècle, c’est-à-dire des personnes qui par leurs
qualités intellectuelles, morales, arrivent au plus haut niveau de la
reconnaissance sociale par le biais de l’Ecole Publique.
sa maison natale -collec privée |
Jean Gaston nait à
Nîmes le 13 août 1842 au n°2 de la rue Saint-Castor, dans une maison qui avait
été autrefois une chapelle de la cathédrale. Il s’agit de la maison de sa
grand-mère maternelle qui abrite une des douze merceries de la ville. Son père François
est brigadier de gendarmerie et sa mère Alix s’occupe du magasin, aidée par son
mari. Il manque de se faire enlever à l’âge de cinq ans alors qu’il joue sur le
parvis de la cathédrale. Ses cris alertent sa mère qui fait fuir l’individu, un
saltimbanque d’après les témoins. C’était l’époque où des enfants régulièrement
disparaissaient mystérieusement à Nîmes. Son père décède en 1849. La famille
n’est pas riche, mais les enfants développent un gout certain pour la lecture.
Leur père, un homme instruit, avait constitué une bibliothèque bien fournie.
Jean-Gaston a un ouvrage préféré : Don Quichotte de Cervantès.
Le baccalauréat en poche
à 17 ans, Gaston part à Montpellier pour intégrer une 1ère
mathématiques spéciales. A 19 ans il entre premier à l’école Normale Supérieure
(ENS) rue d’Ulm à Paris, classé aussi premier au concours d’entrée de l’école
Polytechnique. Il s’était présenté à ce concours pour faire « plaisir à
ses professeurs » ! Une telle réussite ne s’est jamais vue : la
nouvelle fait grand bruit et les notables nîmois se succèdent rue Saint-Castor
chez la maman. Une grande carrière d’ingénieur l’attend avec prestigieux
uniforme, bicorne et épée. L’école Polytechnique formait à l’époque l’élite
politique, administrative du pays associée à l’armée.
Mais il s’oriente par vocation vers l’enseignement et à 25 ans il devient titulaire de la Chaire de Géométrie Supérieure au Collège de France. Il enseigne aussi à la Faculté de Sciences de Paris et à la Sorbonne pendant 51 ans jusqu’en 1917. Il enseigne aussi au Lycée Louis-le-Grand en 1868 et au Lycée Descartes en 1870 comme professeur titulaire. Le directeur de l’ENS Désiré Nisard écrit au ministre de l’Instruction Publique et des Cultes « c’est un jeune homme d’un rare savoir et de la plus grande espérance ».
Mais il s’oriente par vocation vers l’enseignement et à 25 ans il devient titulaire de la Chaire de Géométrie Supérieure au Collège de France. Il enseigne aussi à la Faculté de Sciences de Paris et à la Sorbonne pendant 51 ans jusqu’en 1917. Il enseigne aussi au Lycée Louis-le-Grand en 1868 et au Lycée Descartes en 1870 comme professeur titulaire. Le directeur de l’ENS Désiré Nisard écrit au ministre de l’Instruction Publique et des Cultes « c’est un jeune homme d’un rare savoir et de la plus grande espérance ».
Louis Pasteur, alors directeur
de l’Ecole Normale, crée pour lui le poste d’agrégé préparateur. Une ère
nouvelle dans l’étude des Hautes Mathématiques. Il rencontre et travaille avec
les plus grands mathématiciens de l’époque qui l’estiment. Pasteur
écrira : « Élève hors ligne,
travail, conduite, distinction d'esprit, » de caractère, de tenue, rien ne
laisse à désirer. Ce jeune homme se placera rapidement au nombre de nos
mathématiciens les plus éminents. L'esprit d'invention était la seule qualité
dont on pouvait attendre la réalisation chez ce jeune maître. Or, il en a
témoigné récemment par un travail très remarquable présenté à l'Académie des
Sciences et par diverses notes qu'il a remises à Messieurs les Maîtres de
Conférence, dans le courant de l'année, sur divers sujets à l'étude desquels il
a pu se livrer sans cesser de tenir le premier rang dans sa division, malgré
les préoccupations de la préparation au concours de l'agrégation. Il faut absolument que ce jeune homme reste à
Paris. »
C’est un
enseignant et un chercheur aux qualités de finesse et d’analyse, modernes dans
ses méthodes : développement du sens critique, du raisonnement,
expérimentation au lieu de charger la mémoire de ses étudiants.
Mais aussi il participe
au développement de l’Instruction Publique avec le ministre Jules Ferry. Il
défend la cause des femmes et en 1880 c’est la création de l’école Normale
Supérieure de jeunes filles de Sèvres, équivalent de ENS de la rue d’Ulm pour
les garçons.
Réorganisation de la Faculté des Sciences, Doyen de cette faculté de 1889 à 1903, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences.... de vraies qualités d’administrateur aidées par une vue scientifique des problèmes. Auteur de plusieurs publications qui feront date. Emile Picard secrétaire perpétuel des Sciences dira : « Ces grands traités, également remarquables par le richesse du fond et la beauté de la forme, sont dignes d’être proposés comme modèles à ceux qui cultivent les sciences mathématiques ». L'analyse mathématique, sur les équations aux dérivées partielles, sur l'intégration algébrique des équations différentielles du premier ordre, sur les solutions singulières, sur la géométrie analytique et sur la géométrie infinitésimale….. Aujourd’hui les étudiants débutent leurs études en connaissant le théorème de Darboux sur les valeurs intermédiaires. Une de ses interventions reflète la pensée et le caractère de Gaston :
Réorganisation de la Faculté des Sciences, Doyen de cette faculté de 1889 à 1903, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences.... de vraies qualités d’administrateur aidées par une vue scientifique des problèmes. Auteur de plusieurs publications qui feront date. Emile Picard secrétaire perpétuel des Sciences dira : « Ces grands traités, également remarquables par le richesse du fond et la beauté de la forme, sont dignes d’être proposés comme modèles à ceux qui cultivent les sciences mathématiques ». L'analyse mathématique, sur les équations aux dérivées partielles, sur l'intégration algébrique des équations différentielles du premier ordre, sur les solutions singulières, sur la géométrie analytique et sur la géométrie infinitésimale….. Aujourd’hui les étudiants débutent leurs études en connaissant le théorème de Darboux sur les valeurs intermédiaires. Une de ses interventions reflète la pensée et le caractère de Gaston :
"Le temps n'est plus où le travail
scientifique pouvait rester morcelé, où l'œuvre du savant, du lettré était
celle d'un solitaire enfermé dans son cabinet. La science se mêle à tout aujourd'hui,
les Académies et les Universités même ne lui suffisent plus. Pour accroître son
domaine ou pour répandre ses bienfaits, elle a pénétré dans les usines et dans
les laboratoires industriels, dans la maison de l'ouvrier, dans la chaumière du
paysan."
Dans ses écrits nous sentons le sens du partage et de la transmission de la connaissance. Il travaille
jusqu’à son décès, trois jours après son dernier cours en février 1917.
Il ne s’inquiète pas des
inimitiés que ses prises de position engendrent. Il va s’opposer avec d’autres
mathématiciens à Bertillon en pleine tempête de l’affaire Dreyfus lorsqu’en
1904 la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation lui confie le soin
d’examiner les résultats de graphologie de Bertillon. Il démontre
scientifiquement que le bordereau imputé n’a pas été écrit par Dreyfus,
contrairement à ce que prétend l’examen de Bertillon. Par conséquent Darboux
innocente le capitaine. Gaston et ses collègues n’ont pas accepté que la
science soit détournée à des fins politiques ou judiciaires. En bons
scientifiques ils savaient que la vérité resurgit toujours malgré les masques
qu’on lui met sur le visage. Darboux montre ainsi une liberté vis à vis des notables scientifiques et politiques, peut être même une rigueur, une intransigeance.
Alès statue JB Dumas |
En 1910 il encourage la candidature de Marie Curie à l’Académie des Sciences. Il écrit dans le journal « Le Temps » : « s’il arrive souvent à notre pays de marcher à l’avant-garde des nations, dans ce cas actuel, c’est l’étranger qui nous aura donné l’exemple ».
Il représente la France
en 1898 à un congrès international à Londres, mais aussi en 1909 à New-York
pour le tricentenaire de la découverte de l’Hudson et le centenaire du premier
essai de navigation à vapeur par Robert Fulton. Grand officier de la Légion
d’Honneur en France, il est membre de 25 académies à l’étranger dont la
prestigieuse Royal Society de Londres.
Darboux est nommé membre
du Bureau des Longitudes en 1907, délégué par le Gouvernement français auprès
de l’Association géodésique internationale. En 1908 il intègre le Comté
International des Poids et Mesures.
Il n’a pas tourné le dos
à ses racines nîmoises. Chaque année il participe à Paris au dîner « La
Brandade » qui réunit des nostalgiques nîmois de la capitale. Croquants de
Villaret, pâtés de Laye Fortuny, brandade… Il revient pour les fêtes d’Alès,
inaugure une statue de Jean-Baptiste Dumas en 1889 dans cette ville devant
30 000 personnes, et à Valleraugue en 1894 le monument de Quatrefages de
Bréau…des scientifiques languedociens comme lui. Il marie sa fille et son fils à Nîmes. Malgré
ses activités nombreuses il avait le temps d’être nostalgique des années
passées à Nîmes ; « je
rêve de revoir la lumière pure du midi ». Il envie son frère Louis qui
fait carrière à Nîmes, proviseur du lycée Daudet.
Darboux jeune |
Statue Valleraugue Quatrefages de Bréau |
On
lui doit des livres importants sur
l'Association internationale des Académies, la Carte du Ciel, l'Unité de la
Science, Fulton et l'Académie des Science.'!, 'l'Esprit de Géométrie et
l'Esprit de finesse, l'École de Sèvres, le rôle des Sociétés savantes, etc.
Selon sa volonté, il sera
enterré cimetière Montparnasse dans le caveau familial, sans fleurs ni
couronnes, ni honneurs militaires, ni discours. Etaient présents pourtant Albert
1er prince de Monaco, Emile Loubet ancien président de la
République, le baron Edmond de Rothschild, de nombreuses personnalités. Nîmes
va attendre octobre 1933 pour lui rendre hommage avec l’inauguration d’un buste
dans la cour du lycée Daudet et une plaque rue Saint-Castor. En 1935, on pense
à donner son nom au lycée, sans suite. Gaston est protestant, donc suspecté d’être
trop républicain, un peu trop laïc pour l’époque, trop brillant, pas assez "politique". Plus tard une rue et un lycée
porteront son nom. Jean Gaston Darboux reste une sommité mondiale dans le
milieu scientifique.
NB Jean Baptiste Dumas, chimiste célèbre en Suisse et à Paris, Quatrefages de Bréau à 19 ans doctorat sciences, biologiste, deux autres doctorats, anthropologue, zoologue..... Qui dit mieux ?!
Sources : Ernest Lenon Gaton
Darboux édit Gauthier-Villars janv 1910 – Emile Picard Eloge académique déc
1916 –Paul Appelle Gaston Darboux– wikimedia.org --Gazette de Nîmes n°925 23
février 2017 journaliste Norman Jardin –professeur Pierre Tardat- midi libre 2/7/2013 - citations-celebres.fr/auteurs/jean-louis-armand-de-quatrefages-de-breau/--
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