La révolte des
Femmes :
Depuis la nuit des temps,
hommes et femmes s’affrontent dans un jeu de domination dangereux : qui
aura le pouvoir sur l’autre, qui sera plus fort, plus intelligent, plus faible,
plus apte à gouverner une maison, un village, un état….
La plupart du temps les
femmes en paient le prix. Et cela est universel, quels que soient le pays, la
culture, la religion, la période comme un péché qui leur colle aux talons.
Parfois, les hommes permettent aux femmes de prendre les rênes de l’usine, de
la ferme, pendant une guerre, une crise. Mais elles doivent vite retourner aux
fourneaux.
Mais les temps changent
petitement au moins dans certains pays. J’ai vu s’installer des femmes
magistrats, médecins, chercheurs, et d’autres travaillant simplement dans tous
les rouages de l’économie, trop souvent encore dans des métiers sous-payés.
Notre image de soi-disante faiblesse nous cantonne dans des métiers
d’infirmières, de caissières, de secrétaires… Et toujours cette violence faite
aux femmes…
« Je ne plains pas les garçons, disait Luther : un garçon vit partout, pourvu qu’il sache travailler ; mais
le pauvre petit peuple des filles doit chercher sa vie avec un bâton blanc à la main. » (Mémoires de
Luther) (bâton blanc, en signe
de dépendance, ou de défaite).
Des femmes ont montré le bon exemple en Occitanie, Ermessende de Carcassonne (975-1058), comtesse de Barcelone et de Gérone, dont le sceau était en deux langues : arabe et latin, Almodis de la Marche (1020-1071), Ermengarde vicomtesse de Narbonne qui participe à de nombreuses opérations militaires contre les arabes en 1148….dont la prise de Tortosa. Elles ont été chantées par les troubadours.
Des femmes ont montré le bon exemple en Occitanie, Ermessende de Carcassonne (975-1058), comtesse de Barcelone et de Gérone, dont le sceau était en deux langues : arabe et latin, Almodis de la Marche (1020-1071), Ermengarde vicomtesse de Narbonne qui participe à de nombreuses opérations militaires contre les arabes en 1148….dont la prise de Tortosa. Elles ont été chantées par les troubadours.
Voici le récit de la
Guerre de la Dille tiré d’un texte non-signé paru dans « Nîmes, Uzès,
le Gard « de 1980 :
Nous sommes en 1212 dans
le Gard. Les femmes se révoltent pour obtenir qu’on respecte leurs droits. A
Nîmes, Alès, dans les petits bourgs, partout elles délaissent leurs maisons, et
parcourent les rues en criant et en injuriant les hommes. « Adobez
sor dille ! » que l’on peut traduire à peu près par « rendez-nous
notre place » !!
Les femmes refusaient le sort que les hommes leur faisaient. Depuis quelques temps, les hommes prenaient en main leur ville et village par le biais des consulats. Epoque difficile dans notre Languedoc avec la croisade contre les Albigeois, les Comtes de Toulouse sur le déclin, l’Aragonais qui espérait prendre pied chez nous…. Mais c’est aussi et encore la période des troubadours, des chansons-poèmes, des légendes contées, de l’amour courtois…. Avec les "chansons de geste", c'est une forme de laïcité qui entre en littérature. On y célèbre une identité culturelle, les valeurs de la chevalerie héroïque et aventureuse, plus nationale que religieuse, ce qui est dans le vent de l'Histoire mais pas dans les principes de la culture monastique.... Un monde qui souhaite changer ?
Les femmes refusaient le sort que les hommes leur faisaient. Depuis quelques temps, les hommes prenaient en main leur ville et village par le biais des consulats. Epoque difficile dans notre Languedoc avec la croisade contre les Albigeois, les Comtes de Toulouse sur le déclin, l’Aragonais qui espérait prendre pied chez nous…. Mais c’est aussi et encore la période des troubadours, des chansons-poèmes, des légendes contées, de l’amour courtois…. Avec les "chansons de geste", c'est une forme de laïcité qui entre en littérature. On y célèbre une identité culturelle, les valeurs de la chevalerie héroïque et aventureuse, plus nationale que religieuse, ce qui est dans le vent de l'Histoire mais pas dans les principes de la culture monastique.... Un monde qui souhaite changer ?
« Elles
s’attroupaient devant la maison des Consuls, bousculant les hallebardiers et interpellant
les édiles…. Comme toujours on eut les femmes à l’usure. Les Consuls firent des
discours et des promesses qu’ils ne tinrent pas. Quelques maris rossèrent leur
bien-aimée, d’autres les attendrirent et tout rentra dans le calme. Alors vint
le temps de la vengeance ».
Une femme trouvère Eve de
Brétharme née à Uzès en 1190 en fera les frais. C’est une
« trobaïritz » célèbre, chantante et véhémente, s’accompagnant d’une
petite derkouba arabe. Dans ses nombreux sirventès elle raillait, critiquait toutes les
autorités avec virulence. Elle s’était fait connaitre aussi par une émouvante
chanson de geste sur la Croisade des Albigeois. Elle portait des vêtements
masculins ce qui la rendait très particulière, même suspecte aux yeux des
autorités. Elle était féministe avant l’heure. Elle clamait ses poèmes dans les
rues et les places d’Uzès, perchée sur les murets, haranguant les passants.
« Raymond
III ou Raymond IV, évêque d’Uzès, la fit arrêter et la Temporalité, la justice
du diocèse, décida le procès d’Eve. On l’accusait de sorcellerie, de pacte avec
le Malin, seule une sorcière pouvait troubler ainsi toutes les femmes de la
province. Mais dans sa prison, Eve de Brétharme déchira ses vêtements pour en
tresser une corde. Etant très mince, elle se glissa entre les barreaux de sa
geôle et utilisa sa corde pour descendre jusqu’au sol.
Les
passants attardés virent une femme entièrement nue courir par les venelles
d’Uzès. Elle se réfugia chez son amie Symone qui avait pour amant un sergent de
la Prévôté de l’Evêque. Les deux femmes lui volèrent des vêtements et son
cheval pour fuir Uzès au grand galop. On ignore ce qu’il advint
de cette championne du féminisme. »
Nous lui espérons une
longue vie, pleine de poésies. Les femmes trouvères sont peu nombreuses ou tout
au moins ont laissé peu de traces. On dénombre une quarantaine de troubadours
masculins languedociens sur au moins les 500 que comptait notre pays. Les
trobairitz, troubadours-femmes, sont des poétesses et compositrices en langue
occitane. An Nord, en langue d’oil on les appelle « trouveresse ». Le
roman « Flamenca » du 13ème siècle les mentionne pour la
première fois. Elles font partie de la société courtoise, souvent dotées d’une
bonne instruction littéraire, parfois de naissance noble. Elles composent aussi
bien de la musique sacrée que profane. Elles représentent le dessus du panier
des artistes à différencier des jongleuses de condition
plus ordinaire, proches des saltimbanques.
Deux ont particulièrement laissé une trace
Marie de Ventadou et Beatritz de Dia. Sans oublier Clara d’Auduzan Gormonda de
Monpeslier, Garsende de Sabran, Guillelma de Rosers, Na de Casteldoza, Iseut de
Capio
Et Azalaïse de Porcairagues près de
Montpellier célèbre pour sa voix, sa beauté et son art, amoureuse de Gui Guerrejat, le frère de Guillaume de
Montpellier.
(La trobairitz Azalaïs de Porcairagues, d'après un chansonnier provençal du
XIIIe siècle (Bibliothèque nationale de France, Paris, ms. français 12473, fol.
125v). wikipedia.org)
Azalaïse de Porcairagues :
"Nous voici maintenant arrivés, au
temps froid, avec les gelées, la neige et la boue; et l'oiselet reste
muet, car aucun ne s'avise de chanter ; et les rameaux sont secs dans les
bois ; car ni feuilles ni fleurs n'y naissent ;
nul rossignol n'y chante, lui qui,
chaque année, au mois de Mai nous réveille.
J'ai le coeur tellement déçu que je suis
indifférente à tout et je sais que j'ai perdu beaucoup plus que je
n'ai gagné ;
mais si les expression me font
défaut, c'est que d'Orange me vient le trouble ; voilà pourquoi
j'en reste comme étourdie et j'en perds en partie le soulas,
Une dame place très mal son amour, qui
l'adresse à un homme trop puissant, plus élevé que vavasseur ;
et celle qui le fait est insensée. Car
Ovide le dit : qu'amour et puissance ne vont point ensemble ;
et dame qui est distinguée [par un
grand,] je la tiens pour outragée.
J'ai un ami d'une grande
vaillance, qui les surpasse tous ; et celui-là n'a pas le
coeur perfide à mon égard ;
car il m'accorde son amour.
J'avoue que le mien lui appartient; et, qu'à celui qui dirait le
contraire Dieu fasse un mauvais destin,
car moi je m'en tiens pour bien assurée.
Bel ami, de bon gré je me suis engagée
pour toujours à vous, qui êtes courtois et de belles manières ; seulement
ne me
demandez rien de mauvais. Bientôt
nous en viendrons à l'épreuve, et je me mettrai à votre merci;
mais vous m'avez fait la
promesse que vous ne me demanderiez pas de faillir.
A Dieu je recommande Beau-Regard et, de
plus, la ville d'Orange, et Gloriette, et le Caylar,
et le seigneur de Provence et tous
ceux qui, là-bas, me veulent du bien.
Mais c'est là que j'essayai
[d'aimer] et que je perdis celui qui a ma vie, et je ne m'en consolerai jamais.
Jongleur au coeur joyeux, là-bas
vers Narbonne portez ma chanson, avec sa dédicace, — à celle que guident joie
et jeunesse."
--------------
Clara d’Anduze
« En grave émoi et grave inquiétude ils ont mis
mon cœur et aussi en grande détresse les médisants et les espions menteurs qui
rabaissent joie et jeunesse car pour vous que j'aime plus que tout au monde ils
vous ont fait partir et vous éloigner de moi à tel point que si je ne puis vous
voir ni vous regarder j'en meurs de douleur, de colère et de rancœur.
Ceux qui me blâment de mon amour pour vous ou veulent
me l'interdire ne peuvent en rien rendre mon cœur meilleur ni faire croître
encore mon doux désir de vous non plus que mon envie, mes désirs, mon attente et
il n'y a pas un homme, fût il mon ennemi que je ne tienne en estime si je
l'entends dire du bien de vous, mais s'il dit du mal, tout ce qu'il peut dire
ou faire ne me sera jamais plaisir.
N'ayez pas de crainte, bel ami qu'envers vous je
n'aie jamais le cœur trompeur ni ne vous délaisse pour quelque autre amoureux,
même si cent dames m'en priaient, car mon amour pour vous me tient en sa
possession, et veut que je vous consacre et vous garde mon cœur ainsi je ferai,
et si je le pouvais être mon cœur, tel l'a qui jamais ne l'aurait.
Ami, j'éprouve tant de
colère et de désespoir de ne pas vous voir que lorsque je pense chanter, je me
plains et je soupire parce que je ne puis faire avec mes couplets ce que mon
cœur voudrait accomplir. »
Sources :
Monique Demerson Républicain d’Uzès et du Gard n)3676 8/14 mars 2018—wikipedia.org
-- www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1979_num_22_87_2112
«
Trobairitz » et chansons de femme. Contribution à la connaissance du lyrisme
féminin au moyen âge Pierre Bec Persée
cahiers de civilisation médiévale 1979 23-87 p235—www
franceinter.fr/culture/l-unique-chant-de-la-femme-troubadour Nadja Viet
13-10-2016--
https://www.moyenagepassion.com/index.php/2016/07/26/un-peu-dhistoire-sur-la-langue-des-troubadours-et-le-provencal-ou-langue-doc/
-- Pierre
Bec, Chants
d'amour des femmes-troubadours: trobairitz et chansons de femme, Paris, Stock, 1995 (ISBN 2-234-04476-6)---www.
histoireparlesfemmes.com/2018/09/06/azalais-de-porcairagues-la-troubadouresse/
--- Jean-Claude Vadet. L'Esprit
courtois en Orient dans les cinq premiers siècles de
l'Hégire. Editions G.P. Maisonneuve et Larose, Paris,
1968.--- chtioccitan.jimdofree.com/2020/02/08/les-trobairitz-clara-d-anduze-et-azalaïs-de-porcairargues/CALIS
Maxime - Guide-conférencier - 12 Février 2020 -- Lorant Deutsch Romanesque la Folle Aventure de la Langue Française p192-196--
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