Aigues Mortes et Saint Louis
Une légende tenace veut
qu’autrefois la mer vienne lécher les remparts d’Aigues-Mortes.
Porte
de la Reine ou de Peccais-
remparts
d’Aigues-Mortes-gravure 19ème–anonyme BNF)
Et pourtant comme
son nom l’indique, Aigues-Mortes ou Eaux-Mortes se situe au fond d’une lagune,
d’un étang. Au 13me siècle, le lido ou cordon littoral se trouve pratiquement
au même endroit que maintenant. Peut-être un canal reliait le village à la mer et
un port se trouvait sur la rive droite du Grau-du-Roi, approximativement dans
ou vers le quartier du Boucanet.
Nous sommes injustes en ne voyant en Louis IX ou Saint-Louis qu’un monarque très religieux, même un tantinet fondamentaliste. Il faut reconnaitre que son entourage féminin ne l’a pas aidé à afficher une vision plus sereine de sa foi. (Tour de Constance ou Tour du Roi)
Comme son père et son grand-père il avait compris que l’unité du pays, l’ouverture du royaume sur la Méditerranée étaient essentiels à la gestion du pays. La Provence et ses ports faisaient partie de l’Empire Romain Germanique. Le Languedoc, lieu de passage entre l’Espagne et l’Italie pour d’éventuelle soldatesque et pour les pèlerins, était devenu français depuis peu, après la croisade contre les Albigeois et le mariage de la dernière descendante des comtes de Toulouse avec Alphonse de Poitiers, frère du roi. L’Aragon lorgnait toujours sur cette province. L’Angleterre y viendra lors de la guerre de Cent Ans. Et des petits roitelets languedociens qui avaient donné du fil à retord aux troupes royales lors de la croisade Albigeoise, devaient être mis au pas. D’autant plus que la plupart détenait des salins, et Louis IX, « roi du sel » avait aussi compris que le sel devenu royal permettrait d’engranger des impôts juteux.Bref Louis IX à la suite de son père avait déjà un pied à Beaucaire où il installe un sénéchal, donc son administration ou super-préfet et en achetant Aigues-Mortes il ouvre le royaume sur la Méditerranée et sur son commerce, en particulier avec les commerçants italiens.
Aigues-Mortes
devient donc le premier port français en Méditerranée. Narbonne n’est pas
encore très sûre politiquement, trop attachée pendant longtemps aux comtes de
Toulouse, Montpellier et son port de Maguelonne sont possessions aragonaises.
Le roi achète en 1240 un bout de terre aux moines de l’abbaye de Psalmodie. On sait que lors de la croisade de 1239, le roi de Navarre et le comte de Champagne embarquent à cet endroit. Mais à cette époque c’était les marines italiennes qui avaient la main mise sur le transport des troupes pour les croisade.
Le 25 août 1248,
première croisade du monarque, Louis IX s’embarque d’Aigues-Mortes pour la
Palestine. Au bord de sa « grande nave », la Roccaforte, une nef de 38
mètres de long. L’accompagnent une trentaine d’autres navires et une centaine
de bateaux plus petits. 25000 hommes, 8000 chevaux, une flotte impressionnante,
parfois en bois des montagnes d’Alès.
Lors de la
deuxième et dernière croisade de Louis IX en 1270, la ville n’a pas encore ses
vingt tours et ses 1640 mètres de remparts. Les travaux vont débuter en 1272,
avec Philippe le Hardi pour s’achever avec Philippe le Bel 30 ans plus tard.
Seuls la Tour de
Constance ou Tour du Roi et le château disparu aujourd’hui sont construits en
1270. La tour devait être un phare-symbole de son règne, tour de défense
affirmant la royauté. Ce sera le premier monument capétien du pays sur la
Méditerranée.
L’activité
maritime continuera après la mort d Louis IX. Les tours serviront régulièrement de prison dès
Philippe le Bel pour incarcérer les Templiers. Mais c’est une longue
histoire……..
Aigues-Mortes
devient enfin port fluvial en 1806 grâce au canal du Rhône à Sète.
Fort de Peccaïs
Les salins
d’Aigues-Mortes
Sources et pour en
savoir plus : Jacques Le Goff Saint
Louis Folio, coll. « Folio Histoire »,
1999, 1280 p. (ISBN 978-2070418305) --- Georges Duby, Histoire
de la France des origines à nos jours, Paris,
Larousse, coll. « In Extenso », 2003 (ISBN 2-03-575200-0).--- Jacques Le Goff, « Mon
ami le saint roi : Joinville et Saint Louis (réponse) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, no 2, 56e année,
mars-avril 2001, p. 469-477 (lire en ligne [archive]).---Hervé
Pinoteau, Saint
Louis : son entourage et la symbolique chrétienne, Éditions du Gui,
2005, 240 p. (ISBN 2-9517417-4-X).-- Michel-Édouard Bellet et Patrick Florençon, La cité d'Aigues-Mortes, Éditions du patrimoine, coll. « Itinéraires »,
2001--Frédéric Simien, Aigues-Mortes, tome II,III éditions Alan Sutton, 2007 (ISBN 978-2-84910-561-0).--Michel-Édouard Bellet et Patrick
Florençon, La cité
d'Aigues-Mortes,
Éditions du patrimoine, coll. « Itinéraires », 1999, 56 p. (ISBN 978-2-85822-232-2)--
André Chamson, La Tour de Constance, Plon, 1970—wikipedia.org— photos collection
privée sauf indications contraire.
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