Les Vallabrixois
dans la tourmente révolutionnaire
L’église de
Vallabrix est transformée en Temple de la Raison comme un peu près partout, un
prêtre (Jean Paul Marie Reboul) assermenté y dit la messe. « ….Déclarons
que la Raison et la Vérité sont les seules idoles que nous vouloir adorer et
que nous ne voulons reconnaître d’autres cultes que celui qui leur est dû…et
faisons don à la Patrie de tous les ustensiles et argenteries de notre église….
». La cloche aussi partira.
Le Conseil Municipal va demander au curé en titre l’autorisation pour un prêtre réfractaire de dire la messe certains jours, permission accordée. Cependant le desservant ne veut pas loger l’instituteur au presbytère devenue maison commune ! ! Et on répare les croix de chemin. Il est vrai qu’elles avaient un rôle religieux mais aussi pratique : elles annonçaient et délimitaient les entrées du village, des quartiers, les voyageurs ne savaient pas forcement lire les bornes en bois ou en pierre.
Le prieuré sera vendu (An IV-1796) comme Biens
nationaux : Mathieu Capion de Nîmes achète la maison claustrale et le jardin
pour 2016 livres, Pierre Roche de la Bastide d’Engras acquiert les terres du prieuré
en 1791 pour 130700livres (4 salmées 33 eminées 26 vertizons – archi dép de
l’Hérault). En 1792 des catholiques d’Uzès viennent se réfugier dans notre
village et dans la commune de St Hyppolyte. Signe qu’un calme relatif régnait
chez nous !
Deux frères
capucins vallabrixois prêtent serment républicain à Vallabrix : André Gay ex frère
Barnabé de Valabris, et Hilaire Guiraud ex frère Etienne de Valabris ; leurs
familles nous suivront jusqu’au 20ème
siècle.
Les Gay sont arrivés sur notre village dès 1601, puis autres traces en 1667 avec Charles (1646-1721) qui se marie avec la fille du viguier de Vallabrix Marie Boucarut. Il arrive de Cabrières près de Nîmes. Un de leurs enfants Jean (1668-1749)(époux de Jeanne Fabre) sera le propriétaire du moulin à huile du compoix de 1727-28. Un frère de Jean, André, sera consul du village en 1682. Au moins 11 enfants pour Jean et Jeanne dont André né en novembre 1711, frère Barnabé de Valabris. Du côté maternel, les Fabre maîtres de postes et bourgeois à Valliguières. La dot de Jeanne Fabre a-t-elle servie à acheter le moulin à huile ?
Barnabé-André
prête serment de liberté-égalité le 15 septembre 1792 et devrait toucher une
pension de 500 livres/an. Il semble que sa pension ne lui sera versée que le 1er
vendémiaire an IV (liste des pensionnaires). Il refait soumission aux lois
exigée par le décret consulaire du 7 nivose An VIII(1800) Le 13 brumaire an
IX(1801) il se fait délivrer un certificat de non-émigration par la
municipalité de Saint Laurent la Vernarède (canton de Cavillargues) et dit
n’avoir rien touché de son traitement depuis l’an II. Un jugement du tribunal
de Première Instance d’Uzès se prononce à la demande de Jean Gay sur l’absence
d’André Gay père et d’André Gay fils—jugement le 15/1/1807. Jean Gay frère ou
neveu ? Il est probable qu’André-père est décédé à cette date étant donné
son âge. A ce jour nous n’avons pas trouvé traces d’André-fils.
Le second capucin vallabrixois qui prête serment républicain est Hilaire Guiraud, frère Etienne de Valabris. Il est né le 1er mai 1743, profès en décembre 1760, et vivant dans une communauté religieuse de Beaucaire. Il revient à Vallabrix et est en février 1801 le préfet l’autorise à prendre le poste de greffier (secrétaire de mairie) de Vallabrix. Nous perdons sa trace après cette date. Nous avions déjà un Guiraud notable consulaire en 1681.
Un des serments
des prêtres ou évêques assermentés 1790 « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles
de la paroisse (ou diocèse) qui m’est confiée, et d’être fidèle à la Nation, à
la Loi et au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée
par l’Assemblée Nationale et acceptée par le Roi. »
Pas moins de 12
serments différents selon le moment : en 1793 : »Je jure d’être fidèle à la
Nation de maintenir de tout mon pouvoir la Liberté, l’Egalité ou de mourir à
mon poste ».
Notre prieur Jacques Montagnon refuse de prêter serment et prend la fuite. Il sera tué en juillet 1792 dans la commune des Vans avec d’autres religieux.
Nos élus pourtant républicains de « la Montagne » donc pro-robespierre sont jugés « manquant d’énergie et de lumière ». Ils seront limogés par les responsables parisiens dont le funeste sieur Borie. Certains seront emprisonnés pour des motifs futiles et seront sauvés par la mort de Robespierre (1794).
A Vallabrix le 12 février 1804 (22 pluviose an XII) les élus se posent la question des réparations de l’église et du remplacement des objets disparus : le pavé, blanchiment des murs, un missel, chasubles, devants d’autel, bénitier et son goupillon, purificatoires, linge…. Le texte ci-après en fait l’énumération. Mais nous n’avons pas le financement.
Il faudra attendre 1813 pour que le préfet intime l’ordre de réparer l’église et 1822 pour qu’une somme de 100 frs soit votée au conseil de Fabrique pour l’achat d’un ostensoir, d’un catafalque…. Le manque de religieux après la Révolution va obliger à se partager les desservants entre plusieurs communes et pousser l’enseignement vers une laïcisation. Mais là il faudra du temps, des enseignants formés, des bâtiments, une évolution des mentalités….
Sources et pour en savoir plus : Bulletin du Comité Chrétien p68 Gallica – archives municipales de Vallabrix –archives départementales du Gard—Couradou nov-déc 2012 1 et 2 – Couradou décembre 2015 médiathèque ou site Vallabrix--
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