Les rues de Paris
en 1791 :
Depuis que les villages
et les villes existent, nous avons du mal avec la gestion de nos ordures. Avant
le 19ème siècle et l’industrialisation de masse, villes et campagnes
se développent en symbiose : les détritus des unes rejoignent les champs
des autres. Pratiquement tout est réutilisé. Mais comment passer de
l’appartement de l’un au champ de l’autre ? La rue sert d’égout à ciel
ouvert depuis longtemps, nourrissant chien et cochon.
Les archives nous
racontent comment nous nous débarrassions de nos ordures. Problème d’autant
plus ardu du fait de la cohabitation, de l’entassement des familles. Il est
probable que pour les maisons isolées, les ordures étaient aussi jetées
n’importe où, mais cela ne se voyait pas ou peu.
A Paris une ordonnance du 8 novembre 1780 interdisait sous peine d’amende de 300 livres de jeter « par les fenêtres tant de jour que de nuit, aucunes eaux, urines, matières fécales et autres ordures … »
Mais dix ans plus tard,
rien n’est changé, on continue de jeter ses ordures par les fenêtres. Le
lieutenant de police publia une mise au point. Les Parisiens se plaignent,
c’était mieux avant !! Mais ils ont changé de manière de vivre
« comme de modes pour leurs habillements » : « anciennement
un particulier ayant voiture n’eut pas osé se montrer le matin à pied dans les
rues ; aujourd’hui les citoyens de toutes les classes, grands et petits,
vont à pied ; le matin les femmes, la canne à la main, bravent les
éclaboussures et les embarras. Moins accoutumés aux chemins difficiles que les
gens de la campagne, que les artisans et ouvriers de la ville, ils trouvent
mauvais que les rues ne soient pas propres et dégagées de toutes immondices dès
le grand matin, sans considérer que l’enlèvement ne peut commencer qu’après
qu’on a balayé, et qu’on ne peut obliger les particuliers à balayer avant sept
ou huit heures… »
«Toutefois, les rues
étaient jadis moins sales pour diverses raisons : moins de voitures, un
lavage très répété était fait par les gouttières saillantes remplacées
maintenant par des tuyaux qui descendent le long des murs des maisons. Chaque
gouttière lavait plusieurs toises de pavé devant la maison. Ces gouttières
étaient multipliées et par pluie, les rues étaient très bien nettoyées, au lieu
qu’à présent l’eau qui coule par les plombs (tuyau) ne fait aucun effet… Enfin
toutes les boutiques étaient ouvertes et les marchands qui craignaient les
éclaboussures faisaient balayer plutôt six fois qu’une. Actuellement que toutes
les boutiques jusqu’à celles des pâtissiers et des rôtisseurs sont vitrées, les
marchands sont beaucoup plus négligents… »
La solution :
« Il est nécessaire de défendre de porter les ordures dans la rue à
quelques heure que ce soit ; d’ordonner de les garder dans des paniers
jusqu’à l’heure du passage du tombereau, et de mettre à l’amende toute la
maison au bas ou en face de laquelle il se trouvera un tas d’ordures. On dit
toute la maison car dans ce cas tous les locataires doivent être solidaires
l’un pour l’autre. Alors le tombereau passera avec une sonnette assez forte
pour se faire entendre aux étages supérieurs ; et à l’instant de ce
passage, chacun remettra son panier au retrousseur pour le vider dans le
tombereau… ».
Sources :
Historama n°49 Hors série janv 1981-- Archives nationales- encyclopédie
méthodique article jurisprudence 1791--
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