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Terroristes en 1943
Vincent Faïta et Jean
Robert sont guillotinés en avril 1943 à Nîmes.
La propagande de Vichy
traite de « bandits » « terroristes » des hommes et des
femmes qui refusent la défaite de 1939-40 et la collaboration. Ces héros de
l’ombre savent que la liberté aura un prix, souvent la torture et la mort. Deux
d’entre eux finiront leur vie à Nîmes en 1943.
Vincent Faïta est né en
mai 1918 en Italie à La Spezia. Son père est militant antifasciste dans
l’Italie de Mussolini et la famille doit fuir la répression des Chemises
Noires. Ils s’installent à Marseille. A 16 ans Vincent s’inscrit aux Jeunesses
Communistes. Il fait connaissance de Jean Robert, tous les deux appartenant à
la cellule Saint-Just du quartier du Malpassé à Marseille. Il est
ajusteur-outilleur, syndicaliste CGT. .Dès
1939, Vincent passe dans la clandestinité.
Jean Robert naît à
Marseille en juillet 1917. Son enfance est fortement marquée par la guerre de
1914-18. Engagement syndical, politique au sein des Jeunesses Communistes. Il
travaille en usine comme ouvrier bobineur-électricien. Il participe aux grandes
grèves de 1936-1938. Occupations d’usines, défilés, vente du journal du Parti…
Il se marie le 1er août 1939 avec Marguerite Charmasson, peu
de temps avant la déclaration de la guerre. Le Parti Communiste est interdit et
trop en vue, Jean Robert décide de rentrer lui aussi dans la clandestinité en
février 1940. Il s’installe à Nîmes sous le nom de Claude Rossi. Le 31 décembre
1941 il est arrêté une première fois.
(fort St Nicolas Marseille-photoDominique Lenoir)
Interrogatoires musclés, torture, il tient
bon et le 27 janvier 1942 il s’évade du fort Saint Nicolas de Marseille. Jean
Giono et Habib Bourguiba ont été aussi incarcérés dans cette prison à cette
époque.
Puis c’est au tour de
Vincent d’être arrêté et incarcéré au camp de Maussac en Dordogne.
(Marseille
Bundesarchiv janvier 1943)
Déportation de la communauté juive-Marseille gare d'Arenc Bundesarchiv janvien 1943 |
Jean Robert en mai 1942
fonde avec trois autres camarades dont le frère aîné de Vincent, Eddo, le
premier groupe de Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de la zone sud.
Distribution de journaux clandestins, fournitures de faux papiers, combattre la
propagande de Vichy…la lutte est engagée. Puis c’est le temps de la Gestapo en
zone sud fin 1942.
CASQUE DEFENSE PASSIVE MODELE 1926
TRIANGLE VERT VILLE DE NIMES 1939/1945www .militaria-medailles.fr/fr/militaria-armee-francaise-39-45/7831
Début
1943, Vincent Faïta réussit à s’évader lors d’un transfert. Les deux amis se
retrouvent au sein du même maquis FTP. Mais le 2 mars 1943 Vincent est de
nouveau arrêté sur le quai de la gare de Nîmes lors d’un banal contrôle
d’identité. Les fonctionnaires font la sourde oreille à ses arguments, il sort
un revolver et blesse l’un d’eux. Il s’enfuit, mais il est dénoncé et il est
écroué. C’est la section des affaires politiques de Marseille qui est en charge
du dossier. Jean Robert tente le tout pour le tout pour libérer ses camarades
lors d’un transfert à la maison d’arrêt de Nîmes. En vain…Reconnu par un
gardien de la paix en civil avant d’agir, il est arrêté à son tour. C’est la
police française qui l’arrête. Interrogatoires, tortures entre les mains de la
section spéciale de la cour d’appel de Nîmes. Cette section, SAP, mise en place
par Vichy dès le 14 août 1941 juge les communistes et les anarchistes ou
qualifiés comme tels. La peine capitale est au bout. Le 29 mars 1943 Vincent et
Jean sont condamnés rapidement à la guillotine. Quatre de leurs camarades sont
condamnés à la réclusion à vie : Louise Sauze
épouse Maurin, André Morel, Fernand Chabert, Jean Casazza, "en vue d’une
activité communiste".
Jean écrit à ses
parents : « Surveillé sans
cesse par des gardiens, dans un cachot tout noir, j’ai de grosses chaînes aux
pieds comme les pires assassins…Je vous quitte pour toujours… Je suis sûr que,
pour quelques Français injustement mis à mort, ce sont des centaines, des
milliers de patriotes qui se lèveront pour la relève, non pas celle pour forger
des armes de guerre, pour exploiter et piller les pays vaincus, mais celle pour
mener le bon combat de chaque peuple… »
La guillotine est montée
dans la cour de la maison d’arrêt, au 1 du boulevard des Arènes à Nîmes, le 22
avril. Le bourreau, Jules Desfourneaux, est arrivé de Paris avec son équipe et
sa machine. Les deux résistants demandent l’autorisation de s’embrasser une
dernière fois, accordée par le procureur, mais mal vu par l’exécuteur des
Hautes œuvres. Lorsque ils sont emmenés au greffe, toute la prison entonne
« La Marseillaise ». Il est 6 h 20. Ils crient Vive La France !!
Le couperet tombe. Le lendemain le journal L’Eclair titre « Deux
Terroristes exécutés à Nîmes »…
Le 14 octobre 1943, une section
du maquis Gabriel-Péri à Montjardin dans l’Aude prend le nom de maquis Jean
Robert et un autre groupe devient le maquis Faïta. Quelques mois plus tard ces
deux groupes fusionneront dans la région de Salvezines et pénétreront ensemble
dans la ville de Limoux abandonné par les troupes d’occupation.
Le bâtonnier Charles Bedos sera leur avocat
devant cette cour de justice expéditive avec son confrère Maurice Delran. En
représailles Charles Bedos est arrêté par la Gestapo en 1943. Il se retrouve au
camp de Royallieu-Compiègne, puis à Mauthausen en Autriche le 22 mars 1944. Il
est affecté au Kommando Ebensee.
camp de Royallieu-Compiègne |
Photo AJPN—camp de Mauthausen --
fours crématoires de Mauthausen |
wikipedia-
Mauthausen-Ebensee-1945 Survivants
"Lorsque la faim nous torturait, et que
l’épuisement nous abrutissait, je vous revois encore assis sur votre châlit ...
nous racontant de votre voix étonnamment jeune, claire et énergique, quelques
causes célèbres des annales judiciaires. C’était alors l’oubli pour un moment,
de notre condition d’esclave, c’était l’évasion spirituelle."
écrit un compagnon de Charles Bedos.
A son retour, Charles
Bedos fit un discours dans les arènes de Nîmes, le 1er septembre 1945.
"De
l’impossibilité de décrire".
On ne peut se faire une idée, hormis ceux qui sont passés par là dit-il. Il parle des wagons où ils sont entassés à 220, des bruits, des cris, des odeurs, des actes d’anthropophagie, des fours crématoires, de l’avilissement, de la détresse, du désespoir des juifs d’Auschwitz- Birkenau qui alimentaient les chambres à gaz et les fours crématoires.
L’angoisse permanente, hallucinante, devant la badine du SS à l’infirmerie, désignant le déporté pour le car qui allait vers la mort.
La famine, les atrocités, pas d’eau, les coups, le travail 10 heures par jour, le froid, les Kapos
Une punition collective, la nuit du 26 au 27 novembre 1944, par moins 6 à moins 10 degrés, 8 heures de suite, nus. Les amusements des SS... la pendaison en musique.
"Faites la
nouvelle France comme nous l’avons rêvée et comme nous l’avons aimée !"
Nîmes est libérée fin août 1944,
600 FTP entre dans la ville suivis quelques jours plus tard par les troupes
alliées. Une bonne partie des FTP de Nîmes est constitué d’Espagnols, d’Indochinois,
Polonais, Russes et Allemands anti-nazis. Mais avant, des otages seront pendus
en mars par les SS de Bittrich. (voir ici sur le
blog : Gestapo Insulte anodine ? Les Pendus de Nîmes 02-04-2017)
Puis en août-septembre ce sera le temps de
l’épuration, violente, justice punitive, expéditive, explosive, parfois
vengeresse dans un pays désorganisé, traumatisé, en colère. Et comment réagir devant tant
d’horreur, de culpabilité ?
Teussier, devenu par la grâce des événements
commandant Boulestin, ivrogne notoire et vendeur ambulant de cacahuètes et de
lacets, organise des tueries sur la place des arènes de la ville le 28 août
1944. La bête est lâchée, jusqu’à fin septembre. Qui sommes-nous pour
juger ? Violence qui ne doit pas faire oublier l’héroïsme, le courage des
vrais résistants, des vrais engagés dans la lutte contre l’occupant et la
collaboration. C’est dans de telle situation que l’être humain se révèle dans
sa grandeur et sa petitesse…
decouverte-cevennes.fr-maquis anti-fascistes allemands en
Cévennes- Florance Arnaud
Sources : Jean Michel Cosson- Gisèle
Vigouroux Les Grandes Affaires
Criminelles du Gard édit De Borée 2008—ISBN 978-2-84494-676-8 – maquisftp-jeanrobert-faïta.org/wp-content/uploads/2011/09---FTP
CNRD 2018 « S’engager pour libérer la France » --Olivier Goujon et
Jean-Paul Boré, Cérémonies d’hommages
au Bâtonnier Charles Bedos.De la défense de Jean Robert et Vincent Faïta à la
déportation-Palais de justice de Nîmes : 11 décembre 2008 , 29 mars
2010—fondationmemoiredeportation.com/boutique/ceremonies-dhommage-au
batonnier-charles-bedos—afmd.asso.fr/IMG/pdf/--Jean Ker Le Carnet Noir du
bourreau édit G de Villiers 1989-- --Khokholkoff
Nathalie La Section spéciale près la
cour d’appel de Nîmes, mémoire de D.E.A., Histoire du droit, Paris 2,
2002, dact., 168 p.-- http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article50192-
musée de la Résistance Marseille museedelaresistanceenligne.org/media3030---Marseille
: Mémorial des Camps de la Mort Quai
Louis Brauquier (au pied du Fort Saint-Jean)
13002 Marseille --Fontaine-de-Vaucluse
: Musée d’Histoire Jean Garcin : 1939 – 1945
l’Appel de la Liberté Chemin du gouffre 84 800 Fontaine de Vaucluse---
sur ce blog Les Pendus de Nîmes 2/4/2017-- .objectifgard.com/.../souvenir-vincent-faita-jean-robert-et-le-batonnier-charles-b...—Gérad
Jean limoux.pagesperso-orange.fr/rue27.htm--Aimé Vielzeuf Au Temps des longues nuits Ateliers Henri Peladan Uzès 1969 –Libération
hebdomadaire organe du Comité local de
la libération Limoux 17 septembre 1944 –wikipedia Histoire de Nîmes—photosAJPN - /resitance-blog4ever.blog4ever.com/la-chasse-aux-collaborateurs --- --Anthony
Verdot-Belaval AFP Paris Match |
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