Rediffusion article sur ce blog du 30-04-2017
Les
Saints Cavaliers ou les Saints de Glace -
Il faut remonter jusqu'en 500 ans après notre ère pour retrouver les
premières traces de ces croyances liées aux saints de glace. À cette époque,
les gens priaient saint Mamert pour qu'il protège les cultures et les
plantations. N'obtenant pas toujours gain de cause, ils constatèrent que le
temps se dégradait, cette baisse des températures intervenant
toujours à la même période et pouvant aller jusqu'au gel. Initialement, ce
furent saint Mamert (archevêque de Vienne), saint
Pancrace, saint Servais et saint Urbain les premiers
saints de glace. Le 11 mai, saint Mamert introduisait les trois jours des Rogations qui
précédaient immédiatement le jeudi de l'Ascension. Lors de ces fêtes
religieuses, les paysans se retrouvaient et récitaient, au cours de processions
paroissiales, des prières pour protéger les cultures et les
plantations et mettre fin aux calamités naturelles. Pour les paysans, le
patronage des saints qui avaient la réputation d'apporter le froid et la gelée,
signait l'ultime sursaut de l'hiver.
Si le nom des saints de glace a changé, les dates quant à elles restent
fidèles aux origines. Il s'agit des 11, 12 et 13 mai. Une quatrième date,
le 25 mai, est souvent évoquée et correspond au
vieil adage : Mamert, Pancrace, Servais sont les trois saints de glace,
mais saint Urbain les tient tous dans sa main.
(Saint Mamet 1878- Littel pictoral Lives of the Saints BenzigerBrothers wikipedia)
Ces saints ont chacun non seulement leur date mais également leur dicton.
Le 11 mai, Attention, le premier saint de glace, souvent tu en
gardes la trace. Le 12 mai, Saint Pancrace souvent apporte la glace, et le
13 mai, Avant saint Servais point d'été, après saint Servais plus de gelée. Le 25 mai, qui
n'est pas un saint de glace mais qui y est rattaché, indique : Mamert, Pancrace et
Servais sont des saints de glace, mais saint Urbain les tient tous les trois
dans sa main.
Le bon saint Boniface, entre en brisant la glace. (Dicton
populaire). Dans certaines régions se rajoutent d'autres saints de
glace, comme saint Boniface, célébré le 14 mai en Lorraine,
Alsace ou encore en Ligurie (Italie du Nord), saint Yves, le 19 mai
et Saint Bernardin, le 20 mai.
Mais vous aurez beau scruter votre calendrier, vous ne
dénicherez aucun saint Mamert, Pancrace, Servais ou Urbain... Et c'est normal.
En 1960, l'Église catholique a décidé de "remplacer" les saints
associés aux inquiétudes agricoles par d'autres saints et saintes qui
n'auraient aucun lien avec ces croyances populaires, réminiscences de paganisme
ancestral. Voilà pourquoi, dans le calendrier actuel, le 11 mai, on
fête les Estelle au lieu des Mamert, le 12 ou 13 mai, les
Achille au lieu des Pancrace, le 13 ou 14 mai, les Rolande au
lieu des Servais et le 25 mai, les Sophie au lieu des Urbain.
Lors de l'apparition de la croyance des saints de glace, une mini-vague de
froid printanier apparaissait une année sur deux, au cours du mois de mai,
au nord de la Méditerranée où l'on observait alors une chute
des températures nocturnes et matinales.
Poussières d'étoiles ?
Certains avancent une explication astrophysique et scientifique au
phénomène de la quinzaine des saints de glace. Chaque année, à la mi-mai,
l'orbite de la Terre arriverait dans une zone de l'espace où les
poussières stellaires, plus importantes, feraient obstacle aux rayons du
soleil et provoqueraient une baisse significative des températures. Une
explication infirmée par le fait que les astronomes ne détectent aucun
nuage de poussières de ce type sur la trajectoire de la Terre, même
avec des instruments très sensibles comme les miroirs de télescopes spatiaux et
les instruments de la Station spatiale internationale.
Mais, comme chaque année ou presque, l'hiver n'est pas tout à fait fini.
Sous nos latitudes, les bouffées de chaleur printanière ne doivent pas faire
oublier qu'un retour de bâton, la pluie, le froid, voire le gel, sont toujours
possible jusqu'à la fin du joli mois mai, après le dernier jour des
saints de glace, le 25. Et ce, même si le réchauffement climatique semble
atténuer de tels épisodes.
Qu'en est-il au juste de ce phénomène météorologique habituel, éloigné
des préoccupations des urbains mais bien connu des paysans et des jardiniers
expérimentés ?
En réalité, sous nos latitudes moyennes de l'hémisphère Nord où
le courant de l'Atlantique Nord et les déplacements de l'anticyclone des Açores
provoquent de fortes turbulences, le mois de mai correspond à une période où,
si l'hiver est fini, le passage de fronts froids, amenant de l'air du
nord, se produit encore de temps à autre. En l'absence de vent, en cas
de ciel dégagé, il est normal d'avoir une baisse importante des températures,
surtout la nuit, accompagnée parfois de gelées tardives, même si la
tendance est à la hausse. Les archives de Météo France montrent que les
températures sont contrastées sur ces périodes, avec des possibilités de gel
même en juin.
« Quand la Saint-Urbain est passée, le
vigneron est rassuré »
« À la saint Urbain s’il fait beau, on le
porte en procession. S’il gèle, les vignerons fâchés le jettent le cul dans les
orties. » "
Saint Georges Hans Schaufelien 1508
British Museum
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Dans les régions plus méridionales, les dernières gelées printanières ont
lieu en avril, d'où les dictons d'autres saints météorologiques appelés déjà
par Rabelais « saints gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons
.
Dans notre Midi, on invoque les Saints cavaliers ou Saints Chevaliers : saint Georges (23 avril), saint Marc (25 avril), saint Eutrope (30 avril), saint Philippe ou fête de la Sainte Croix (3 mai) et saint Jean Porte Latine (6 mai). Leurs noms ont des diminutifs en langue d'oc : Jorget, Marquet, Tropet, Philippet, Crozet et Joanet. Le dicton « Marquet, Georget et Philippet sont trois casseurs de gobelets » signifie que la grêle ces jours–là est néfaste pour la vigne, donc aux gobelets de vin. À Béziers on craint plus particulièrement saint Georges (23 avril), saint Marc (25 avril) et saint Aphrodise (28 avril).
Un dicton concerne deux d'entre eux : « Saint-Georges et Saint-Marc
sont réputés saints grêleurs ou saints vendangeurs. » Dans les Landes,
Marc, Vital (28 avril) et la sainte Croix sont appelés « les
trois marchands de vin » car ils correspondent à une période critique pour
la vigne. Dans le Gard, les quatre cavaliers (correspondant au dicton dialectal
« Jorget, Marquet, Croset e Tropet son de maissants garçonets ») sont souvent
confondus avec les saints de glace.
La période des Saints cavaliers va généralement du 23 avril au 6 mai alors que la lune rousse va
généralement du 5 avril au 6 mai.
« Gelées de Saint-Georges, Saint Marc, Saint
Robert, récoltes à l’envers » - « Entre Saint Georges et Saint Marc
est un jour d’hiver en retard «
Chaleil (dans « La mémoire du village ») nous dit « on disait d’eux : «
Aqui li quatre cavaliers e la vielha per li battre » (voici les 4 cavaliers
et la vieille pour les battre)-parce qu’ils amenaient souvent les
gelées tardives. » (La Calmette-Gard)
Quand il pleut le jour de la saint-Georges, sur cent
cerises, on en a quatorze et quand saint Marc n'est pas beau, pas de
fruits à noyaux."
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