Pont du Gard Dessin Jean Poldo d'Albenas commons.wiimedia.org
Henri Pitot et le
Pont du Gard
(Henri Pitot (1695-1771-Archives
municipales de Montpellier)
Avec les beaux jours, il est temps de parler d'Henri Pitot et du Pont du Gard.
Mais avant tout, quel lien entre Henri Pitot et les sondes Pitot dont on a beaucoup parlé lors du crash de l’Airbus A330-200 qui s’est écrasé le 1er juin 2009 dans l’Atlantique ? En fait en 1732 Henri Pitot invente le tube de Pitot pour mesurer la vitesse des eaux. Il est amélioré par la suite et utilisé en aéronautique, en gros pour calculer la vitesse par rapport à la pression de l’air. En 2009, les sondes ont donné des mesures faussées car elles étaient obstruées par des cristaux de glace.
Mais avant tout, quel lien entre Henri Pitot et les sondes Pitot dont on a beaucoup parlé lors du crash de l’Airbus A330-200 qui s’est écrasé le 1er juin 2009 dans l’Atlantique ? En fait en 1732 Henri Pitot invente le tube de Pitot pour mesurer la vitesse des eaux. Il est amélioré par la suite et utilisé en aéronautique, en gros pour calculer la vitesse par rapport à la pression de l’air. En 2009, les sondes ont donné des mesures faussées car elles étaient obstruées par des cristaux de glace.
Mais nous connaissons Henri
Pitot dans d’autres domaines. Nous lui devons de nombreux grands travaux dans
le Languedoc.
Henri est né à Aramon dans le Gard le
31 mai 1695. Son père Antoine est du village de Marguerite près de Nîmes et sa
mère Jeanne de Julhian est de Beaucaire, d’une famille bourgeoise. Il est le 5ème
enfant ; sa mère décède en mettant au monde son dixième enfant en janvier
1747. Elle a 41 ans. Henri n’est pas un élève brillant. D’abord au collège des
Révérends Pères de la Doctrine de Beaucaire, puis cadet au Régiment
Royal-Artillerie où son frère aîné est officier. En désespoir de cause, rebelle
à toute instruction, il revient à Aramon. Il a environ 20 ans.
(sa maison natale à
Aramon)
Là, prise de conscience
ou bien c’était le moment, toujours est-il qu’il se met à dévorer des livres sur
tous les sujets : maths, géographie, physique, architecture, anatomie,
métaphysique… Il repart à Grenoble pour étudier sérieusement. Quand il revient
à Aramon, il séjourne un temps à Uzès chez des parents les Laondès chez qui il
rencontre l’abbé Cabot, chanoine à la cathédrale et mathématicien. Devant ses
connaissances, l’abbé conseille à son père de l’envoyer à Paris pour parfaire
ses connaissances. En 1718 il est l’élève de René-Antoine Ferchault de Réamur,
membre de l’Académie Royale et physicien, naturaliste, entomologue… A partir de
là, sa carrière de scientifique et technique est lancée.
A l’âge de 27 ans, il
calculera grâce à des connaissances acquises en géométrie et en maths, l’éclipse
de soleil du 22 mai 1724, calcul dont la précision sera vérifiée par
l’observation. On le vit ensuite du haut d’une
vieille tour de la maison de son père, observer le cours des astres avec des
instruments qu’il avait inventés lui-même, et tracer des cadrans, quitte à
passer pour un peu sorcier. Réaumur le guide, ouvre sa bibliothèque et l’associe
plusieurs fois à ses travaux : expériences sur le fer, le vernis, la
porcelaine… L’Académie des Sciences lui ouvre ses portes en 1724, nommé adjoint
mécanicien, puis associé mécanicien en 1727, pensionnaire géomètre en 1733. En
1742 il est directeur de la Sénéchaussée de Nîmes et Directeur Royal du
Languedoc. Il achète la seigneurie de Launay en 1748 et devient membre de la
Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier en 1751, preuve s’il en était
besoin de son intégration dans la société montpelliéraine.
Le pont
Pitot adossé au Pont du Gard (pont romain)
Ses
recherches sont tous azimuts. Il apporte une solution au fameux problème de
Keppler sur la première équation des planètes. Il invente une méthode
analytique de tracer des lignes correspondantes à des minutes aux grandes
méridiennes, en 1731.
Mémoires sur
les polygones circonscrits au cercle, machines mues par un courant ou une chute
d’eau, mesure de la vitesse des courants d’eau et le sillage des vaisseaux
1725, théorie des pompes 1735, sur les
causes des maladies mortelles qui règnent sur les côtes de la mer dans le
Bas-Languedoc, 1746 ; sur le mouvement des eaux, 1750 ….. En 1751, il
est chargé de combler le bras du Rhône côté Provence de l’île de Vallabrègue
qui devient enclave gardoise dans le département des Bouches-de-Rhône…
1726 travail sur la force qu’on doit donner aux cintres dans la construction
des grandes voûtes et des arches des ponts : travail qui lui servira lors
de ses constructions de ponts, arches etc.
Des recherches sur les
crues des fleuves et rivières, sur l’assèchement des marais, sur l’entretien
des routes pour l’exploitation des forêts, une étude sur le tracé de la route
d’Auvergne entre Alès et le Puy-Clermont-Ferrand…
Il publie en 1731 un
livre sue la manœuvre des vaisseaux, ouvrage adopté par le gouvernement
français pour l’instruction de la marine. Traduit en anglais, la société royale
de Londres en récompensa Henri Pitot en l’admettant parmi ses membres.
En 1740 les Etats du
Languedoc lui demandent de vérifier la possibilité et les moyens d’assécher les
marais qui qui s’étendent
d’Aigues-Mortes à Beaucaire. Il répare et perfectionne le Canal du Midi ou
canal Royal. Grâce à lui on rétablit l’usage antique des pierres milliaires de
Nîmes…. Et le pont Pitot adossé au Pont du Gard !
Poldo d’Albenas en 1557
nous montre sur un dessin un pont du Gard sur lequel les piles du second rang
d’arches ont été largement échancrées pour faire passer les attelages.
Probablement une destruction ancienne liée au péage qui taxait davantage le
transport de marchandises que les voyageurs.
Coupe du pont Pitot adossé à
l'aqueduc Romain. (album Clérisseau, 1804)
En 1743, les Etats du
Languedoc s’en inquiètent, craignant un effondrement. Par ailleurs ils
souhaitent supprimer le bac de Remoulins tout proche. Ils se tournent vers
Henri Pitot pour proposer la construction d’un pont pour passer le Gardon.
Quatre propositions, mais celle du doublement du pont du Gard est la moins
chère.
Il propose d’accoler un pont routier à l’aqueduc pour ne pas défigurer
celui-ci. Il prend modèle sur le pont Royal de Paris avec des arrière-becs. (qui
n’apparaissent pas sur les dessins de Poldo d’Albenas au 16ème
siècle). La carrière du Bois de l’Etoile,
ancienne carrière romaine près de Vers et proche du Pont du Gard fournira les
pierres, carrière connue sous le nom de l’Estel.
Les dimensions prévues
sont d’environ 140 m de long, et 6,90 m de large pour une chaussée de 6,10 m.
La décision est prise le 2 janvier 1743, le marché est passé le 2 avril 1743.
La première pierre est posée le 18 juin. La réception des travaux a lieu le 25
février 1745, moins de deux ans après la prise de décision. Une plaque en
marbre blanc portait une inscription en latin : « Les Romains
avaient construit l’aqueduc ; l’Occitanie a ajouté le pont en l’an 1745,
sous la direction de Henri Pitot de l’Académie Royale des Sciences ». Les
révolutionnaires de 1793 détruiront cette plaque !
Henri Pitot apparaît
comme un touche-à-tout de génie ! Son correspondant de physique Salomon
Lefèvre d’Uzès dit de lui : »Quand je songe qu’un Pitot sans
orthographe, sans philosophie, sans physique, sans chimie, a fait fortune à
Paris et qu’il tient aujourd’hui un rang distingué parmi les savants de toute
espèce…. !! »
Sommières et les arches
de son pont romain (le pont Tibère) endommagé par les vidourlades, Carcassonne
et son canal élevé, et un vrai chef-d’œuvre l’aqueduc de la fontaine de Saint-Clément
de Montpellier (les Arceaux) 15 000 mètres sur les arcades parfois à
double rang, 400 mètres creusés dans le roc….. réalisé entre 1753 et 1765 et
achevé après la mort d’Henri Pitot en 1772.
Les arceaux à Montpellier - Réalisation
Henri Pitot.
Sur la fin de sa vie la maladie le rattrapa et il se retira dans son village, jardinant, cultivant ses vergers. Autodidacte, son jardin sera rapidement un lieu d’expérimentation qui forçait l’admiration de tous.
Il décède à Aramon le 27
décembre 1771. Son éloge funèbre prononcée par Grandjean de Fouchy se trouve
sur le Recueil de l’Académie des Sciences de 1771.
(fig.
5 ) NDLR : Le Pont de Sète - Le Pont de la Peyrade à Frontignan,
réalisation de Henri Pitot au XVIIIe siècle. 52 arches—remplacé après 1920 par
un tablier métallique lui-même détruit en 1944
.
Aqueduc de Montpellier –User
Stevage 25-5-2006---Wikipedia
Sources : « Henri
Pitot », dans Personnages connus ou méconnus du Gard et des Cévennes, t. I, Brignon, La Fenestrelle, 2016 (ISBN 979-1-0928-2666-1),
p. 169-173 — ouvrage édité
par L’Académie Cévenole -- /fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Pitot
--
www.nemausensis.com/Gard/HenriPitot/HenriPitot.html-- Henri Pitot (1695-1771)- extrait de la Biographie Universelle Par M. Pérennès, tome 10, pages 144-145, 1834.--
-La Gazette de Nîmes n°992 7-13 juin 2018 – Bernard Malzac Le Républicain d’Uzès et du Gard n°3568 11-17 février 2016 -- www.midilibre.fr/2019/11/06/a-la-decouverte-des-aramonais-celebres,8525341.php
-La Gazette de Nîmes n°992 7-13 juin 2018 – Bernard Malzac Le Républicain d’Uzès et du Gard n°3568 11-17 février 2016 -- www.midilibre.fr/2019/11/06/a-la-decouverte-des-aramonais-celebres,8525341.php
--www.la-peyrade-mon-village.com/photos/2-le-pont-a-52-arches
---
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