Louis Guizot Premier Maire noir
Le
déconfinement
est
arrivé et les conseils municipaux élus au premier tour des élections de mars
ont pu être installés. Les maires ont repris officiellement leur écharpe pour
six ans.
(amphore-malgoires.blogspot.com/2015/10/louis-guizot-une-belle-histoire-damour.html
En 1790
un petit village du Gard Saint Geniès de Malgoirès, se montra très en avance
sur son temps et mit de côté ses préjugés : un maire de "couleur" est élu.
Louis Guizot, métis ou mulâtre comme on disait à l’époque sera maire de 1790 à
1794. Son combat pour la tolérance lui coûta la vie et comme bien d'autres, il le paya de sa tête
lors de la Révolution.
L’Abbé Grégoire (1750-1811) à l’origine de la Convention du 5 février
1794 qui proclame la première abolition de l’esclavage nous dit : « La différence de la couleur est un accident physique
qu’on a travesti en question politique ».
(Abbé Grégoire, De la noblesse de la peau). Un accident physique ou plus probablement une adaptation de l'homme au climat au cours des millénaires et non une différence d'intelligence, d'humanité.... Le racisme nous renvoie à ce besoin malsain de l'exploitation de l'homme par l'homme, besoin qui nous habite depuis la nuit des temps et que ni les religions, ni les philosophies, ni les idéologies politiques ou sociales ne sont arrivées à nous guérir.
Après Louis Guizot, deux autres personnages
extrêmement attachants et intéressants, Severio de Heredia et Raphaël Elizé,
deux hommes politiques « de couleur ». Severio (1836-1901) est né à
Cuba, député, ministre et président du conseil municipal de Paris en 1879-1880.
Raphaël Elizé né le
4 février au Lamentin en Martinique et mort le 9 février 1945 à Buchenwald.
Maire de Sablé-sur-Sarthe de 1929 à 1940, vétérinaire pendant la Grande Guerre
1914-1918 (médaillé)
et résistant lors de la guerre de 1939 ce qui lui coûtera la vie.
(Sources : Paul Estrade, Severiano
de Heredia. Ce mulâtre cubain que Paris fit « maire », et la
République, ministre,
Paris, Les Indes savantes, coll. « la Boutique de l'histoire »,
2011, 162 p. (ISBN 978-2-84654-270-8).).
(Passé Simple, Raphaël Élizé (1891-1945) Premier maire
de couleur de la France métropolitaine. Des Antilles au Maine : Itinéraire
entre politique et art de vivre., éd. Passé Simple,
1994, (ISBN 2-95084-680-7) ; réédition en 2010, éditions du Petit Pavé, (ISBN 978-2-84712-253-4))
Il faudra
attendre mars 1989 et l’élection de Kofi-Yamgnane, togolais de naissance, élu
maire en Bretagne pour que l’innovation se confirme !! Il fera
d’ailleurs une carrière politique par la suite, secrétaire d’Etat, conseiller
régional, député socialiste…. Encore maintenant nous avons du mal à définir ces
élus : « noirs », « de couleur », comme si le blanc
n’était pas une couleur aussi ! Culpabilité d’une mémoire collective,
racisme latent, la différence quelle qu’elle soit interpelle encore … Le chemin
est long !
Louis Guizot est
l’héritier d’une famille protestante prospère installée à Saint-Geniès de
Malgoirès dans le département du Gard. Mais au 18ème siècle
des revers de fortune et l’aïeul Maître
Jacques Guizot, avocat et riche propriétaire terrien, doit vendre certaines de
ses terres. Deux de ses sept enfants Paul et Louis partent en 1726 chercher
fortune à Saint Domingue « la Petite Perle des Antilles ». Par le
traité de Ryswick de 1697 l’Espagne avait cédé à la France cette partie
occidentale de l’île d’Hispaniola, (future Haïti lors de son indépendance en
1804).
Le « commerce
triangulaire » fait des ravages en Afrique mais des fortunes chez les
« blancs ». En 1701 le roi d’Espagne Philippe V avait autorisé la
Compagnie Française de Guinée et de l’Asiento d’importer en dix ans 43 000
« nègres » en Amérique espagnole.
Les deux frères achètent
des plantations de café proches du Cap Français, aujourd’hui Cap Haïtien. Louis
décède en 1742 sans avoir fait fortune. Paul s’en sort mieux et revient à
Saint-Geniès avec une fortune rondelette de 170 000 livres. Ses biens se
composent « d’une habitation à Grande Colline, située à Fort-Dauphin, des
nègres, bestiaux, effets… ».
Veuve de l’oncle Louis,
Jeanne de Nillot est restée aux îles et est citée en 1745 comme « négociante au
Cap ». Son beau-frère Paul et son fils Louis utilisèrent en effet sa présence,
comme celle de son propre fils Jacques-Louis, sur l'île pour se livrer à des
opérations commerciales, avec le nécessaire trafic de devises espagnoles et
portugaises qui manquaient cruellement aux négociants sur l'île. L’historien P Couderc dans La Revue
Historique dirigée par G Monod et G Fagniez (Gallica BNF) nous raconte : « Paul Guizot entré dans son Languedoc
natal…finance des envois d’argent que lui fait sa belle-sœur la veuve de Louis
Guizot « négociante au Cap », à la consignation de Pierre Pellet ou
Philippe Nairac à Bordeaux en 1742 1000 piastres gourdes sur le Brillant
(bateau), en 1745 200 piastres sur le vaisseau du roi le Juste commandé par M
de l’Etanduère….petite spéculation familiale pratiquée en temps de guerre
lorsque les sacs ou sachets de piastres ou d’indigo se transportent plus
aisément que les barriques de sucre et les boucauts de café… ». Notre
Louis Guizot va vivre dans ce monde un peu malsain de petits et grands trafics,
mais c’était l’époque !!
Paul vend toutes ses
propriétés d’outre-mer sauf une esclave, « originaire de Guinée »,
baptisée Catherine Rideau. Elle est arrivée du Golfe de Guinée embarquée sur un
bateau négrier et non du pays de Guinée, donc nous ne connaissons pas ses origines
exactes. Elle lit et écrit le français ce qui indique une personne relativement
éduquée. Enceinte, elle restera un temps sur l’île. « Rideau » du nom
du nouveau propriétaire du domaine, Pierre Rideau, comme c’était alors l’usage
de donner à l’esclave le nom de l’habitant. Louis naît le 9 novembre 1740 et
porte le nom de Ferrier, on ne sait pas pourquoi. Peut-être le lieu-dit de sa
naissance. Paternité embarrassante pour Paul Guizot ?
Pourtant dès 1742 Paul paie le passage en France de son fils et de sa compagne. Paul ne nie pas sa paternité mais ne va toutefois pas jusqu’à épouser la mère de l’enfant. Il écrira plus tard : « qu’il ne rougira pas d’avouer que pendant son séjour dans les îles il conçut de la tendresse pour Catherine Rideau l’une de ses négresses » que les feux de sa jeunesse et le climat du pays facilitèrent sa faiblesse et qu’il en eut un fils ».
Pourtant dès 1742 Paul paie le passage en France de son fils et de sa compagne. Paul ne nie pas sa paternité mais ne va toutefois pas jusqu’à épouser la mère de l’enfant. Il écrira plus tard : « qu’il ne rougira pas d’avouer que pendant son séjour dans les îles il conçut de la tendresse pour Catherine Rideau l’une de ses négresses » que les feux de sa jeunesse et le climat du pays facilitèrent sa faiblesse et qu’il en eut un fils ».
Catherine ne peut
s’acclimater « à l’air du Languedoc ». Climat social ou météo moins clémente que celle de
Saint-Domingue ? Probablement est-elle le point de mire d’un milieu bourgeois,
des habitants du village et des environs qui n’avaient pas l’habitude de
rencontrer des gens de couleur. Et puis elle ne parle pas la langue d’Oc, ce
qui l’isole. Elle retourne dans les îles en lui laissant son fils « le
gage de sa tendresse ». Paul l’affranchit devant notaire de Saint-Geniès. : « Paul Guizot consent qu’elle se retire dans l’endroit que
bon lui semblera et qu’elle soit déclarée libre et non esclave, en se
soumettant toutefois aux ordres et volontés de sa Majesté ou des personnes par
Elle commises. »
Elle correspond avec Paul et prendra des nouvelles de son fils. » J’ai apri par votre dernière que Louis était en bonne disposition de se faire joli garçon… Recommandé lui de m’écrire et de m’informé de sa situation. «
Paul ne se marie pas, et se consacre entièrement à ses
affaires et à son fils. Il va passer le reste de sa vie à essayer de légitimer
Louis, à l’intégrer à la société. Ce sera un long chemin. Il lui fait donner
une très bonne éducation : d’abord envoyé à Lédignan où il apprend la fabrication des bas de soie, spécialité lucrative de la région. Une licence en droit, (ou
plutôt » bachelier ès droits »), qui atteste d’un bon niveau
d’instruction à une époque où le Gard comptait deux ou trois dizaines de
bacheliers par an.
Louis épouse le 15 janvier 1760 Marie Boisson, 19 ans, fille
d’un marchand respecté du village et ancien consul. Il faut noter que nous
sommes depuis 1760 dans un contexte de durcissement des dispositions du Code
Noir. Louis n’est pas encore juridiquement reconnu ni légitimé par son père,
mais Monsieur Boisson-père n’en a cure, Louis est un bon parti ! Sur le
contrat de mariage, Louis est fils légitime ( ?) de Louis Ferrier et de
Catherine Rideau. Paul Guyot apparaît comme témoin.
Ils ont
deux fils et quatre filles, peut-être huit enfants. Sa licence en droit lui
permet d’occuper le poste de viguier du Duc d’Uzès, une situation de
responsabilité et qui touche aux affaires de justice locales. Trois domestiques
donc un certain standing.
Louis est baptisé en l’an 1766 le 13janvier en l’église catholique et romaine du village : » L’an 1766 et le 13eme jour du mois de Janvier a été baptisé sous condition, Mr Louis, après avoir fait profession de foi catholique âgé de 25 ans 2 mois 4 jours, étant né le 9 novembre de l’année 1740, fils naturel de Mr Paul Guizot, bourgeois, habitant de cette paroisse et de demoiselle Catherine de Rideau originaire de la Guinée, en Afrique. ».
Louis est baptisé en l’an 1766 le 13janvier en l’église catholique et romaine du village : » L’an 1766 et le 13eme jour du mois de Janvier a été baptisé sous condition, Mr Louis, après avoir fait profession de foi catholique âgé de 25 ans 2 mois 4 jours, étant né le 9 novembre de l’année 1740, fils naturel de Mr Paul Guizot, bourgeois, habitant de cette paroisse et de demoiselle Catherine de Rideau originaire de la Guinée, en Afrique. ».
Peut-être
pour jouer sur les deux tableaux religieux et prouver son intégration. ses
enfants seront baptisés par le pasteur Encontre, un pasteur du « second
Désert », qui continue à célébrer des cérémonies religieuses protestantes
de 1750 à 1787 clandestinement à Saint-Geniès et aux alentours, jusqu’à l’Edit de Tolérance du roi
Louis XVI du 27 novembre 1787.
Louis subira la discrimination raciale. On en a la preuve
quand en août 1770 il se plaint devant la justice d’avoir essuyé les insultes
d’un Jean Donnadieu alors qu’il se promenait un soir dans le village avec le
Premier Consul. Il semble être un homme qui sait s’affirmer.
La
famille Guizot, (Charles le frère et les sœurs Françoise et Marguerite),
accepte relativement bien la reconnaissance de paternité de Paul envers Louis.
En leur présence, un notaire rédigea un document donnant à un avocat
l’autorisation » de présenter requête au Roi, de
supplier Sa Majesté de bien vouloir accorder à sieur Louis Guizot, susnommé
Ferrier, son fils naturel qu’il a eu l’année 1740 de Catherine Rideau, sa
Négresse, dans le séjour qu’il a fait à l’Amérique, des lettres de légitimation
et de le déclarer capable de lui succéder, de recueillir toutes les libéralités
qu’il voudra lui faire et de tous les autres effets civils. » Seuls un autre frère de Paul, Antoine et son fils Jean-Antoine
s’inquiétèrent de ce bâtard mulâtre qui risquait d’hériter de biens qui leur
seraient éventuellement revenus. Ils accusent Paul de folie et cette procédure
en légitimation va trainer plusieurs années malgré des certificats de bonnes
vies et mœurs venant des églises catholiques et protestantes, des consuls et
des principaux habitants de Saint-Geniès. : » Le père et le fils avaient l’un et l’autre habité dans
ledit lieu et dans la même maison, vivant de même pot et ordinaire aux dépens
dudit Paul Guizot, celui-ci n’ayant jamais été marié et ayant en outre toujours
entretenu, vêtu tant sain que malade, ledit sieur Louis Guizot, son fils
naturel, lui ayant donné une éducation et fait prendre la profession de
négociant en bas de soie. » Les
lois sont peu favorables aux enfants naturels, et encore moins aux métis issus
d’une esclave.
Il est enfin reconnu par son père en 1763 (ou 1773 selon des
historiens). Louis est autorisé à s’appeler « Guizot dit Ferrier »
par décision du Parlement de Toulouse. Lors de son baptême catholique en 1766
il est fils naturel de Paul nous indique l’acte, donc enfant reconnu. En 1773 un codicille au
testament de Paul en faveur de Pierre Dardalhon architecte nimois indique que » Sieur Dardalhon, sitôt
qu’il le pourra, avec sûreté, remette à mon fils naturel Sieur Louis Guizot et
viguier de la baronnie de Saint-Geniès, toute mon hérédité en quoi qu’elle
consiste et puisse consister. » Ce qui pourrait indiquer que la légitimation n’est pas acquise et que
Paul a peur que son fils n’hérite pas de ses biens. A la mort de Dardalhon en
1780, Jacques Rivière prêtre à Dions est nommé intermédiaire de confiance.
Louis est reconnu par ses père et mère, mais comme ceux-ci n’envisagent pas de
se marier, la légitimation pose problème.
Paul
décède en 1785 le 4 février. Il a 84 ans.
Louis
va montrer sa grande valeur avec la Révolution qui éclate en 1789. Il participe
à la rédaction du cahier de doléances du village, qui sera un modèle pour
plusieurs villages des environs. La tolérance religieuse y tient une place
importante, par
exemple dans l’article 16 : » La liberté de penser étant un droit
naturel à l’homme, sa Majesté doit être instamment suppliée d’accorder aux
non-catholiques de ses États, en ajoutant à ce doit être instamment suppliée
d’accorder aux non-catholiques de ses États, en ajoutant à ce qu’Elle a
commencé par son Édit du mois de novembre 1787, la liberté de conscience et
l’exercice de leur religion, toutes les fois qu’elles n’auront rien de
contraire aux principes de la saine morale ». La région et sa
population ont souffert tout au long du 17-18ème siècles des
dragonnades, du fanatisme des uns et des autres, ce qui a laissé des traces
dans les consciences. Il réclame aussi une meilleure répartition de l’impôt et
la liberté de la presse.
Louis est chargé le 8 mars 1789 d’être l’un des quatre élus qui représenteront
le village à Nîmes à l’Assemblée Générales des Trois Ordres et qui rédigeront
le cahier départemental.
Nîmes prend les armes en août 1789 devant la menace d’une conspiration
aristocratique et peut-être d’une bande de brigands nomades. Saint-Geniès se
met aussi sur le pied de guerre et Louis devient capitaine général avec deux
compagnies de 56 hommes chacune. Ses deux fils, capitaine et sergent sont sous
son commandement. Louis devient aide de camp du généralissime de la Fédération
des Gardes nationaux de la Gardonnenque. Une cinquantaine de communautés
regroupant quelques 12 000 hommes, avec un comité directeur dont Louis est
élu président. Leurs bannières proclamaient : « s’unir ou
mourir », « vive la nation, le roi et la loi » …Il favorise la
création, l’organisation des gardes nationaux et des fédérations où les citoyens
s’éveillent à la vigilance et au patriotisme, le 13 décembre avec le premier
consul Louis-Isaac Chambon de Saint Estève.
Le 7 février 1790 il est élu maire du village par 167 voix sur 176,
presque un plébiscite. Le pasteur Pierre Encontre préside l’élection avec le
catholique Jean Maigron. Toujours la tolérance… Louis,
qui possède du charisme, est un homme de convictions.
Le 14 juin 1790 Louis est élu membre du Directoire du Gard,
administrateur du département, pendant la fameuse « bagarre de
Nîmes » : 182 voix sur 205. Il laisse la mairie mais ne se désintéresse pas du village. En novembre1790 il est magistrat pour Saint-Geniès, élu juge
de paix du nouveau canton de Saint-Geniès. Le nouveau pouvoir semble reconnaître ses mérites et sa couleur de peau
ne constitue pas pour lui un handicap ou un avantage.
Mais il est du parti des modérés, pour la Gironde. Dans notre sud nous
sommes volontiers fédéralistes donc Girondins. Contre les Montagnards
centralisateurs, unitaires. Ces derniers voulaient un pouvoir fort, pour
consolider les acquis de la Révolution. Les Girondins, étaient attachés à la
liberté du commerce, au respect de la propriété et aux principes de 1789.
Adeptes d’une décentralisation vraie, ils souhaitaient attribuer à l’administration
locale le pouvoir de gérer l’administration intérieure. A Paris le Comité de
Salut Public des Montagnards fait contrôler les autorités locales par des
représentants en mission, un moyen pour annihiler toute volonté d’indépendance.
Après la chute de la monarchie en août 1792 et l’exécution du roi en janvier
1793, l’autorité des Montagnards s’affermit. Ces derniers l’emportent et vont
se montrer impitoyables. La Terreur s’installe. En novembre 1793, les
représentants Rovère et Poultier sont dans le Gard pour épurer les autorités
municipales et cantonales. A Vallabrix les élus municipaux sont destitués « manquant
d’énergie et de Lumières ». Saint-Geniès change de nom : c’est
maintenant Montesquielle d’après le nom du ruisseau qui passe au milieu du
village et la municipalité est montagnarde. Les villages perdent les uns après les
autres tout symbole religieux : Saint-Chaptes devient Beauregard,
Saint-Bauzély est simplement Bauzély… Les églises deviennent temples de la
raison, prêtres et pasteurs démissionnent ou prêtent serment à la République.
Louis traverse alors une période extrêmement trouble et tendue ;
il a été l’un des élus fédéralistes du département. A Paris on trouve que ses
deux représentants Rovère et Poultier n’ont pas été assez loin dans
l’épuration, En janvier 1794 un nouveau représentant, Jean Borie, de triste réputation,
nous est envoyé. Il va laisser derrière
lui la trace sanglante de la Terreur. Des détachements battent la campagne,
fouillent les fermes. On encourage la délation, on met en place des comités de
surveillance. A Paris les débats sur l’abolition de l’esclavage se font sur
grande tension entre Girondins et Montagnards. La Convention abolit l’esclavage
le 4 février 1794, après le soulèvement des esclaves de Saint Domingue de 1791.
Les Girondins sont arrêtés, les têtes tombent. Louis est dans le camp
des vaincus. On le déniche, on l’arrête et l’incarcère dans la citadelle de
Nîmes. Le 1er au 3 juin 1794, il passe en jugement en compagnie de
huit autres administrateurs fédéralistes du département. Malgré les risques et cela
montre bien la popularité de Louis, des amis témoignent en sa faveur, quelques
80 citoyens de Saint-Geniès. Quelques-uns seront autorisés à parler, mais la
plupart seront éconduits. En vain, la Terreur avait besoin d’éliminer tous ceux
qui avaient joué un rôle important dans des activités fédéralistes. Sur les neuf
prévenus, huit dont Louis sont condamnés à mort, leurs biens confisqués et
leurs enfants mineurs renvoyés à un orphelinat.
Le jour même ils sont conduits et guillotinés sur l’Esplanade de Nîmes,
place de la Révolution. Nous sommes à court de bourreaux : un Italien de
Gênes fera l’affaire. Sur les huit condamnés, sept sont protestants dont les
pasteurs de Sauve et d’Aigues-Vives, Pierre Soulier et Pierre Ribes. Au moment
de la décapitation du premier condamné, Pierre Soulier entonne de sa voix forte
le psaume XXV comme le faisaient les martyrs pour la foi au temps des rois. Les
autres condamnés chantent avec lui…..
Deux mois auparavant, un cousin de Louis, André-François dit
Guizot-Ginhoux, le père du futur ministre du roi Louis-Philippe, François
Guizot, avait été guillotiné pour avoir pris le parti des Fédéralistes. Ce sera au tour de Robespierre de monter sur
l’échafaud le 27 juillet 1794. Et la fin de la Terreur.
Louis est condamné pour ses idées, pour son appel à la tolérance à une
époque d’intolérance extrême. Il montre des compétences et une détermination
exceptionnelles. Homme remarquable, incapable d’être inconstant alors que la
survie exigeait des pirouettes de girouette. Lui et ses amis incarnaient
certainement bien plus les aspirations révolutionnaires et patriotiques de 1789
que leurs adversaires.
Un autre métis Joseph
Boulogne dit le chevalier de Saint-George (1745-1799) traversera cette période
tumultueuse après avoir été un musicien, danseur, et dandy recherché sous Louis
XVI. Premier colonel noir à la tête de mille légionnaires noirs et métis,
épéiste et soldat de renom, il passe néanmoins 18 mois en prison sous la
Terreur.
.Sources et pour en savoir plus : africultures.com/un-maire-noir-sous-la-revolution-3898/
----- wikipedia.org ---Henri
Hugues De Louis Guizot à Barack Obama Mémoires de l’Académie de Nîmes 2009—Roger Little Un Maire Noir sous la
Révolution 2005 amphore-malgoires.blogspot.com/2015/10/louis-guizot-une-belle-histoire-damour.html
--- Lacroix Jean-Claude Louis Guizot (1740-1794) premier
maire noir de France Cahiers du Centre de Généalogie Protestante 2009, n° 106 ; pp. 97-101 médiathèque de Montpellier ---
www.saintgeniesdemalgoires.fr ›
les-celebrites-de-saint-genies..----
Généalogie et Histoire de la Caraïbe - n° 237+157 édité 2010 Philippe
Rossignol--- https://francearchives.fr/findingaid/81c7cc29fe87b8b6620d71a4e2810ee45ad6f0e5
Fonds
Guizot--- FABRE, Marcel. Prestation de Serment de
M. Guizot, juge de paix à Saint-Géniès-de-Malgoires. Revue du Midi, 1911, p.
213-219.---LITTLE, Roger.Un Maire Noir sous la Révolution . Africultures, 1er septembre 2005+ Revue Les
Traces Noires en Icccudent L’Harmattan 2005 – archives départementales du Gard
sous la cote 1 J 1457.--- RICHARD, Michel. Essai généalogique sur la famille
Guizot. Dans Actes du colloque François Guizot (Paris 22-25 octobre 1874).
Paris : Société d'histoire du protestantisme français, 1976, p. 489-502.--- ROUVIÈRE,
François. Le Mouvement électoral dans le Gard en 1792. Nîmes : Librairie
ancienne A. Catélan, Librairie Peyrot-Tinel, 1884.-- ROUVIÈRE, François.
Histoire de la Révolution française dans le département du Gard. La Convention
nationale (La Terreur). Nîmes : Librairie ancienne A. Catélan, 1889.--- Inventaire
sommaire série C16 Archives
départementales de l'Herault C 8246. (Liasse.) - 306 p. pap. 1762. Premier trimestre.--- Gallica BNF --- Paul Estrade, Severiano de
Heredia. Ce mulâtre cubain que Paris fit « maire », et la République,
ministre, Paris,
Les Indes savantes, coll. « la Boutique de l'histoire », 2011,
162 p. (ISBN 978-2-84654-270-8).).-- - (Passé Simple, Raphaël Élizé (1891-1945)
Premier maire de couleur de la France métropolitaine. Des Antilles au
Maine : Itinéraire entre politique et art de vivre., éd. Passé Simple, 1994, (ISBN 2-95084-680-7) ; réédition en
2010, éditions du Petit Pavé, (ISBN 978-2-84712-253-4))
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