« Lupin » Bonaparte
Napoléon
Bonaparte est né un 15 août : le calendrier républicain associe à cette
date le lupin. Lequel de ses contemporains aurait osé l’appeler ainsi ?.
Navet,
roquette, miel, pioche, carpe….. au lieu de Jean, Pierre, Antoinette, Marie-Anne….
La radicalisation ou l’intégrisme de certains
Républicains installe un nouveau calendrier qui bouleverse les habitudes
des Français.
Nous
sommes au temps de la Terreur, (1793-1794), période où l’on se déchaine contre
les symboles de l’Ancien Régime et du christianisme, mais aussi envers les
personnes « jugées » contre-révolutionnaires. Cette période a
entachée lourdement le mouvement révolutionnaire de 1789 et il nous faudra un
certain temps pour en digérer les effets économiques, sociaux, culturels… et
politique, nous faisant perdre un temps précieux pour mettre en place des
réformes essentielles.
Ce calendrier est adopté le 6 octobre 1793. Il se veut calquer sur la
nature. Après des discussions qui paraissaient sans fin, une commission est
créée avec le mathématicien-astronome Romme député du Puy-de-Dôme, le député
des Ardennes Ferry….l’Académie des Sciences…. et de Fabre d’Eglantine député de
Paris.
Les noms des mois rappellent les travaux des champs et les saisons : vendémaire pour les vendanges, nivôse pour la neige…. L’année est réorganisée. Douze mois divisés en trois décades de 10 jours chacune au lieu des semaines. Les jours sont rebaptisés : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi au lieu de nos lundi, mardi… Pour ajuster l’année civile par rapport à la révolution de la Terre autour du soleil, 5 jours supplémentaires (ou six pour les années sextiles) « sans-culottides » en hommage aux sans-culottes, sont ajoutés en fin d’année. Le 1er jour du calendrier est fixé après bien des débats, au 22 septembre 1793, date de la proclamation de la 1ère République. Une très grande simplicité !!!!
Les noms des saints disparaissent des
éphémérides et ne sont plus célébrés. A leur place, à chaque jour est attribué
un nouveau nom : un outil pour les décadis (charrue, pioche..), un animal
pour les quintidis et un végétal ou un minéral pour les autres jours. Au lieu
de la foire de la St-Firmin à Uzès, on a la foire du Navet, la foire du 7 août
devient la foire du 21 thermidor ou de la Carline (plante proche du chardon).
Les foires se déroulant à une date variable comme par exemple le premier jeudi
après Pâques se voient attribuer une date fixe.
Certains parents expriment leur zèle
républicain en affligeant leurs bébés de prénoms tirés du nouveau calendrier. Cerise ou
Myrtille pour les plus chanceux, Glace, Plomb, Bouleau, Oignon et même Chiendent.
Les enfants abandonnés jusqu’alors recevaient la plupart du temps et des lieux,
deux prénoms, par exemple Jean François, Pierre Martin, Marie Clémence, ce qui
permettait une éventuelle reconnaissance tardive par un des parents, l’enfant
ajoutant alors le patronyme de la famille. Ce sera encore le cas au 19ème
siècle. Mais pendant la période du calendrier républicain, dans certaines
provinces, les officiers d’état civil, peut-être pour faire « du
chiffre », affublent les enfants abandonnés d’un N pour
« nommé » : nous avons par exemple en Dordogne des
« Anémone N, Lavande N… », la double peine pour ces enfants.
Assez généralement, la population
accepte mal de voir changer ses habitudes. On assiste à une certaine résistance
passive. Depuis des siècles, les prénoms des enfants sont héréditaires :
les garçons prennent le prénom du père, grand-père, oncle… les filles celui de
leur mère, grand-mère, tante. Dans un village souvent des familles ont le même
patronyme et on se reconnait grâce aux prénoms ou/et aux surnoms parfois aussi
hérités. En ne fêtant plus les saints, on supprime des jours fériés des
métiers, des villages, les processions pour la bénédiction des récoltes qui
donnaient lieu à des fêtes, des retrouvailles familiales… On travaille 9 jours
d’affilée….
Le caractère utopique du système est
rapidement souligné. Le député d’Iles et Vilaine Lanjuinais le 30 thermidor an
III (17 août 1795) déclare :
« C’est d’abord un problème de
savoir quel jour commence l’année dans le nouveau calendrier. … les nouveaux
noms des mois sont vérité dans le nord, et perpétuel mensonge au midi. … Le
décadi ne s’accorde point avec la nature. Il n’y a ni hommes, ni animaux qui
supportent neuf jours de travail consécutif. … Pourquoi la plus solennelle des
fêtes religieuses est-elle dans le calendrier de Romme et de Fabre d’Eglantine
le jour du chien ? … Je vote donc pour que le calendrier des assassins de
la France ne soit pas constitutionnellement le calendrier du peuple français »
L’année
commence le jour de l’équinoxe d’automne, jour fixé à minuit par l’Observatoire
de Paris. D’où la difficulté d’élaborer un calendrier perpétuel valable du Nord
au Sud du pays. Difficulté aussi en ce qui concerne les années sextiles :
il faut dans ce système deux équinoxes d’automnes successifs pour décider si l’année
qui les sépare contient ou non 366 jours….
Romme
prépara une réforme au nom du Comité d’Instruction Publique en 1795, renonçant
à la définition du « début de l’année » et instaurant une année
sextile tous les quatre ans. Mais il est arrêté et se suicide peu de temps
après. La réforme fut oubliée.
Le calendrier républicain sera
essentiellement utilisé dans les actes officiels écrits. En février 1795 la
liberté de culte est rétablie sonnant la fin de la déchristianisation. Le
calendrier républicain ne sera malgré tout abrogé que le 1er janvier
1806 par l’empereur Napoléon. Les archives indiquent souvent de 1795 à 1806 les
deux manières de dater les événements, puis de moins en moins souvent.
Il sera repris quelques temps pendant la période de La Commune de Paris à la fin du 19ème siècle
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