André Garnerin et Jeanne Labrosse par Christoph Haller von Hallerstein-1803
Jeanne Labrosse-Gernerin
première femme parachutiste
En ce moment un futur candidat aux élections
présidentielles tient des propos sur les femmes extrêmement bizarres. Entre
autres « les
femmes sont le but et le butin de tout homme doué qui aspire à grimper dans la
société. Les femmes le reconnaissent, l’élisent, le chérissent ». J’espère qu’elles s’en souviendront lorsqu’elles
mettront leur bulletin de vote dans l’urne.
Je
vais évoquer ici une femme qui n’était pas une petite chose fragile. Le 12 octobre 1799, Jeanne Geneviève Labrosse
devient la première femme parachutiste avec un saut d’une hauteur de 900 m
depuis un ballon à hydrogène.
Le
mot parachute est inventé par le physicien Louis Sébastien Lenormand :
l’engin ainsi désigné est une toile cerclé de bois. Il saute de l’observatoire
de la tour de la Babote de Montpellier le 26 décembre 1783.(sur ce blog
Montpellier la Tour de la Babote 26/08/2018). Dès lors on commence à
expérimenter le parachutage de petits animaux. Le physicien Blanchard se joint
à Lenormand.
Au
départ et depuis la bataille de Fleurus (1794), le parachute pourrait être un
dispositif de secours pour sauver la vie des aérostiers militaires embarqués
dans des ballons d’observation. Le ballon à Hydrogène est inventé par le
physicien Charles. Un temps d’arrêt dans les recherches : Garnerin est
emprisonné en Belgique par les Autrichiens en 1794. Il reste trois ans à Bude
en captivité. Il imagine alors un système de toile et de cordes pour sauter des
remparts de sa prison sans se tuer. Ses gardiens découvrent ses préparatifs et
lui ôtent les moyens de continuer.
A sa libération, sans fortune, il lui faut trouver des
moyens d’existence. Comme Blanchard il se fait aéronaute. Il va mettre au point
son futur parachute. En 1796, il parachute un chien à partir d’un balcon, puis
c’est son tour. Après deux échecs il réalise son saut le 22 octobre 1797 au-dessus
de la Plaine Monceau à partir d’un ballon à hydrogène à 680m d’altitude.
« Cette expérience a consisté,
précise-t-il, à m’élever à 350 ou 400 toises (7 à 800 mètres) dans
l’atmosphère, pour m’abandonner à cette hauteur à la merci d’un parachute qui
embrasse une colonne d’air qui a pour base un cercle de 23 pieds (soit
près de 7 mètres). Je le construisis en toile de canevas très légère,
recouverte de papier des deux côtés. Le poids de ce parachute avec tous ses
agrès est de 34 livres (16,6 kilos), celui de la nacelle de
19 livres (un peu plus de 9 kilos) et le mien de 113 livres
(soit 57 kilos), en tout 169 livres. »
Sa
technique est la suivante : il s’élève avec un ballon à hydrogène, puis il
coupe les cordes de la nacelle et redescend dans celle-ci, le parachute en panneaux
de soie déployé au-dessus de lui. Il s’en tire avec un genou un peu brutalisé,
mais rentre chez lui à cheval nous assure le journal « L’Ami des Lois ».
Mais
rapidement, les ascensions en ballon, les sauts en parachute deviennent des
attractions parfois lucratives qui annoncent les futurs meetings aériens. Les
aéronautes professionnels des deux sexes deviennent des stars qui attirent des
foules considérables.
.(Journal des Dames et des Modes, 1797-1798.Garnerin et Céléstine Henry)
Les
pouvoirs publics s’inquiètent malgré tout. Garnerin prévoit d’emmener dans sa
nacelle Célestine Henry de 21 ans, un arrêté lui barre le chemin en vain :
" le spectacle de deux
personnes de sexe différent, s’élevant publiquement à ballon perdu, est indécent,
immoral... ». Et » Garnerin n’a pu garantir les inconvénients
qui pouvaient résulter de la seule pression de l’air sur les organes délicats
d’une jeune fille".
Jeanne Geneviève
Labrosse est née en 1775 et est morte en 1847. Elle était dans la foule,
le jour où Garnerin fit le premier saut en parachute de l'Histoire. Comme les
gens présents ce jour-là, elle fut fascinée et devint une de ses élèves.
L’exploit de
Jeanne Labrosse est rapporté dans le livre « Championnes » de
Lorraine et Clémentine Kaltenbach (édit Arthaud janvier2019) :
"A 14 h, elle monte dans la
nacelle, tandis que Garnerin s’affaire pour imprimer à l’aérostat l’élan
nécessaire au décollage. Puis dans une atmosphère recueillie, la sphère s’élève
dans les airs, tandis que d’une voix assurée, Jeanne s’exclame :
"Adieu tout le monde !" La jeune femme manifeste un
sang-froid imperturbable durant toute l’ascension. La foule retient son souffle
et suit la "créature sublime" qui monte, monte toujours. Le
ballon s’élève jusqu’à 900 mètres d’altitude, et c’est depuis cette hauteur
vertigineuse que la citoyenne Labrosse, équipée de son parachute enjambe la
nacelle…"
Jeanne qui a épousé
Garnerin entre temps, dépose le 11 octobre 1802 le brevet n°195 du parachute au nom de son mari, appareil destiné
à ralentir la chute de la nacelle d’un ballon après l’explosion de celui-ci.
Le parachutisme, une
histoire de famille : sa nièce Elisa Garnerin sera parachutiste
professionnelle de 1815 à 1836.
Bien plus tard Jeanne ouvre
une pension de famille pour militaires avec Marie-Thérèse Figueur connue sous
le nom de Madame Sans-Gêne ancienne dragon des armées d’Italie et des
Pyrénées-Orientales sous l’Empire.
Lucienne
Blaise, sera la première femme à sauter en parachute
depuis un aéroplane, elle accomplit cet exploit le 17 mai 1914.
Source et pour en savoir plus :
/fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Labrosse
-- Lorraine Kaltenbach et Clémenine Portier-Kaltenbach
(historienne et journaliste), Championnes : Elles ont conquis
l'or, l'argent, le bronze, Paris, Flammarion, coll. « Arthaud
poche », janvier 2019, 25 p. (ISBN 978-2-0814-4497-3, lire en ligne [archive]), p. 29-33---Jules
Duhem, Histoire des idées
aéronautiques avant Montgolfier [archive], Paris, Fernand
Sorlot, 1943--
www.parachutistes.org/accueil/actualites/item/249-jeanne-labrosse-garnerin.html--France
Pittoresque internet D’après « La navigation aérienne » (par Arthur Mangin)
édition de 1869,« Description des machines et procédés spécifiés dans les
brevets d’invention, de perfectionnement et d’importation,dont la durée est
expirée » (Tome 2) paru en 1818 et « Histoire des grands inventeurs
français du XIVe siècle à nos jours » (par Philippe Valode) paru en 2015)-- http://gimp-savvy.com/cgi-bin/img.cgi?noabMl9FZNsD7pY2496
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