Fouille de Bellegarde
(Gard) où a été découvert un exceptionnel mobilier paléolithique.
Les plus petits éléments (silex, os, perles, ocre, charbon, etc.) ont été
identifiés
suite à un tamisage à l’eau des sédiments prélevés. © Crédit photo : Rémi
Benali, Inrap
Une Découverte inattendue aux portes de la Camargue
Ci-dessous un article des actualités de l’INRAP – qui démontre si besoin était, la richesse de notre Histoire, l’importance d’une curiosité et d’une envie de comprendre notre passé.
Aménagement
: Sita-Sud Suez Environnement
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac
Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Marilyne Bovagne, Inrap
Responsable d’opération adjoint Paléolithique : Vincent Mourre, Inrap
Responsable de secteurs Paléolithique : Christophe Fourloubey et David
Colonge, Inrap
Chargé d’étude artistique : Oscar Fuentes, Centre National de la
Préhistoire (CNP)
Date de publication
31 mars 2023
Dernière modification
31 mars 2023
« L’Origine
du Monde Magdalénien à Bellegarde (Gard) »
« A Bellegarde, une équipe d’archéologues de l’INRAP a découvert des
gravures du Paléolithique récent Totalement inattendues aux portes de la
Camargue, les profils de chevaux, réalisés sur de petites plaquettes de
calcaire gréseux, datent du tout début du Magdalénien (-20 000 ans) et
figurent ainsi parmi les plus anciennes œuvres connues pour cette culture du
Paléolithique, au même titre que les peintures et gravures pariétales de la
grotte de Lascaux.ures pariétales de la grotte de Lascaux.
UN ART MOBILIER CONTEMPORAIN DE LASCAUX
De
manière générale, les œuvres d’art mobilier, réalisées sur des supports
transportables, sont plus fréquentes dans le Bassin aquitain et les Pyrénées.
Souvent les objets ornés sont mis au jour dans des grottes, beaucoup plus
rarement dans un campement de plein air comme c’est ici le cas. À Bellegarde,
les éléments figurés sur les plaquettes gravées les plus anciennes (Magdalénien
inférieur initial, - 20 000) sont des profils de chevaux. L’une présente un
profil de cheval isolé, aux nombreux détails anatomiques précis : naseau,
bouche, ganache, œil, crinière, oreilles.
L’autre porte trois profils de chevaux juxtaposés avec yeux, ganaches, toupet.
La figuration des oreilles de l’un des chevaux au moyen de petits segments
rectilignes « en antennes » est un trait stylistique que l’on
retrouve dans certaines cavités en Ardèche mais aussi dans la grotte Cosquer à
Marseille et à Lascaux en Dordogne.
UNE EXCEPTIONNELLE REPRÉSENTATION FÉMININE
Dans un niveau plus récent (Magdalénien moyen, - 16 000), une gravure exceptionnelle est interprétée comme une vulve, figurée de manière exagérée et disproportionnée, encadrée par le haut des jambes. Des représentations de vulves isolées sont connues sur des plaques et des blocs dans quelques sites plus anciens (Aurignacien) en Dordogne. Au Magdalénien, les exemples documentés jusqu’alors étaient le plus souvent des œuvres pariétales, que ce soit en Espagne ou dans le Sud-Ouest de la France. L’agencement incluant un triangle pubien rattaché à deux jambes est exceptionnel et n’a qu’un seul équivalent connu, sur une paroi de la grotte de Cazelle, en Dordogne.
Sur cette plaquette retrouvée lors des fouilles
réalisées à Bellegarde (Gard), figure un motif de vulve, encadrée par le haut
des jambes. Cette exceptionnelle représentation féminine date de Magdalénien
moyen (-16 000). Étude : Oscar Fuentes, Centre National de la
Préhistoire (CNP).
©
Denis Gliksman, Inrap
UN ART SUR GRANDES DALLES DRESSÉES
De fines incisions plus difficiles à interpréter ont également été observées sur une grande dalle d’une cinquantaine de centimètres. Celle-ci a été découverte brisée sur le sol d’un habitat, parmi d’innombrables objets de silex taillé. Il s’agit là d’une expression artistique extrêmement rare et peu documentée jusqu’à présent, puisque cela évoque une forme d’art sur dalle dressée, au sein même de l’espace domestique.
Parmi les mobiliers archéologiques découverts à
Bellegarde (Gard), cette grande dalle gravée, cassée sur place au sein d'une
occupation du Magdalénien inférieur initial ; certains fragments portent de
fines incisions demeurant difficiles à interpréter. Étude
: Oscar Fuentes, Centre National de la Préhistoire (CNP).
©
Denis Gliksman, Inrap
Visible de toutes et tous, elle est très différente des peintures et gravures des grottes ornées, sans doute peu accessibles quotidiennement au commun des mortels. Difficilement transportable du fait de sa masse et de ses dimensions imposantes, il ne s’agit pas non plus d’un art mobilier.
Fragment d'une grande dalle gravée, cassée sur place
au sein d'une occupation du Magdalénien inférieur initial (-20 000) fouillée
par l'Inrap à Bellegarde (Gard) ; de fines incisions sont visibles mais
demeurent d'interprétation délicates. Étude : Oscar Fuentes,
Centre National de la Préhistoire (CNP).
©
Denis Gliksman, Inrap
LE MAGDALÉNIEN DE BELLEGARDE
Le gisement du Paléolithique de Bellegarde a été exploré sur environ 2 000 m² par des archéologues de l’Inrap en 2016. L’extension d’un site d’enfouissement de déchets avait alors déclenché une fouille archéologique préventive. Le gisement témoigne d’une exceptionnelle succession d’occupations réparties en cinq grandes phases s’échelonnant sur environ 6 000 ans et couvrant quasiment tout le Magdalénien, depuis - 20 000 jusqu’à - 14 000. La séquence a bénéficié de 17 datations par le carbone 14, remarquablement cohérentes. Ces ensembles homogènes, représentatifs et bien datés font que le site de Bellegarde est amené à devenir une référence à l’échelle régionale et nationale.
Au
total, 24 000 litres de sédiments ont été tamisés à l’eau, permettant de
collecter une part importante des outils et des armes en silex, parfois
réalisés sur des lamelles de toutes petites dimensions. La fouille et le tri
méticuleux des sédiments tamisés ont permis de recueillir des informations
concernant le paléoenvironnement du site. Des ossements de renne renvoient à un
climat froid. Des températures plus basses qu’à l’heure actuelle sont
confirmées par la présence de charbons de bois de pin de type sylvestre et de
bouleau. Plusieurs niveaux d’occupation ont également livré de petits
coquillages perforés issus des rives de la mer Méditerranée. Sur certains, la
présence de traces d’usures indique qu’ils ont été portés comme perles,
suspendues ou cousues aux vêtements.
UN SITE RÉGULIÈREMENT OCCUPÉ
L’opération
de Bellegarde comptait au total cinq zones de fouille sur six hectares.
Hormis celles du Paléolithique récent, des occupations datant de la Préhistoire
récente (Néolithique ancien, moyen et final), de la Protohistoire (âges du
Bronze et du Fer), de l’Antiquité, du Moyen Âge et de l’Époque moderne ont été
fouillées. Près d’un millier de structures ont été exhumées. Certaines
définissent des unités d’habitation, de stockage, ou encore d’artisanat,
d’autres se rattachent à l’exploitation agraire du terroir. Enfin, dès le
cinquième millénaire avant notre ère, des groupes humains y ont parfois enterré
leurs défunts.
Ces formes d’occupations discontinues mais répétées, témoignent de
l’attractivité du lieu : très bien situé en piémont des Costières, à proximité
d’une source, il s’ouvre sur la Camargue et, selon les périodes, le rivage
méditerranéen à quelques kilomètres. Le bois et l’eau y étaient disponibles,
tout comme les richesses du sous-sol (argile, calcaire gréseux et galets)
dont certaines ont permis de créer des outils ou ont été transformées sur place
en matériaux de construction. »
Sources et pour en
savoir plus : /www.inrap.fr/l-origine-du-monde-magdalenien-bellegarde-gard-17135---
La France Pittoresque www.france-pittoresque.com/spip.php?article16069---
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