Maison de l'Avocat des Pauvres - 16, rue Fresque
- Nîmes, 2002
La
maison de l'avocat des pauvres
Un bâtiment attire l’attention du passant dans le
centre-ville de Nîmes. Au 16 rue Fresque, et sur les rues de l’Etoile et Louis
Raoul. Il est classé monument historique depuis 2003. (L'ancienne maison (cad. EY 248) : classement par
arrêté du 13 juin 2003) (et est propriété du Centre Communal d’action sociale).
Ce bâtiment a servi
d’avocaterie des Pauvres, un établissement de bienfaisance où exerçait un
avocat dont le travail était de défendre les pauvres devant les tribunaux de
Nîmes. La pauvreté mettait les gens hors d’état de se payer un procès et donc
de se défendre, de réclamer justice et leurs droits.
Cette maison aurait été construite vers 1459. Son propriétaire
Louis Raoul par testament solennel du 25
février 1459 (1460) en fait un établissement où un homme de loi vient en aide
aux pauvres, veuves, orphelins ou simplement peu fortunés. « Je fais,
ordonne et dispose de donner mes biens aux pauvres, aux veuves, aux pupilles,
aux orphelins et aux personnes peu fortunées,
sans secours ni conseil et qui auront à plaider devant les cours de Nîmes ». L’homme de loi doit être : « un
homme capable, instruit, éclairé et surtout probe, fidèle et actif, qui jurera
de se montrer d’un accès facile aux pauvres, de poursuivre leurs procès et
d’entreprendre dans ses poursuites tout ce qui sera nécessaire et favorable à
leurs intérêts ». Il doit
aussi visiter les prisonniers deux fois par semaine, solliciter leur
élargissement.
Louis Raoul lègue
plusieurs biens sous forme de fondation pour que les moyens financiers
nécessaires ne soient pas un frein. L’avocaterie doit afficher sur son fronton
l’inscription « Domus advocati pauperum », la maison de l’avocat des
pauvres. Il demande que ses meubles, livres restent dans la maison pour l’usage
des avocats successifs, sauf si nécessité de les vendre.
Louis Raoul savait
de quoi il parlait, il était lui-même bachelier ès-lois.
Il souhaitait que
cette institution perdure « à perpétuité ». Et il l’organisa en ce
sens. Il choisit lui-même le premier avocat Jean Auban, bachelier en droit,
pour orienter et installer les bases. Les suivants seront élus par les
officiers royaux, soit de la sénéchaussée, soit de la cour royale ordinaire de
Nîmes (candidats les avocats de ces deux cours) et alternativement par les
consuls, les conseillers de ville. Les uns, les autres devaient faire serment
d’élire une personne capable de s’acquitter de cette fonction. L’élu devait
fidélité, droiture exigées sous serment, inventaire de ses biens dont une copie
aux archives de l’Hôtel de ville, ne jamais exiger de salaire des pauvres qu’il
défend en justice, entretenir la maison et les fonds de la fondation. Il devait
payer les impôts, charges et tailles, et de faire dire un service
religieux tous les ans dans la cathédrale de la ville pour Raoul, ses parents,
amis et bienfaiteurs. Vingt sols tournois sont attribués aux chanoines.
Un intérêt
particulier pour la communauté et les habitants de Bernis qui était son village
de naissance. Il légua toutes ses abeilles et ruches de son jardin au luminaire
de la Vierge dans l’église Saint-André de Bernis, avec obligation de les
entretenir.
Deux exemplaires de ce testament, l’un déposé aux archives de la trésorerie
royale de Nimes et l’autre dans celles de l’hôtel de Ville. Raoul les déposa lui-même
le 27 février enveloppés et cousus dans un carré de papier à sept témoins qui
signèrent et scellèrent chacun de son sceau. Ces témoins étaient des
personnalités nîmoises importantes, Etienne Valette, docteur ès-lois, avocat du
roi de la sénéchaussée, Pierre Quotin, grenetier du grenier à sel de Nîmes, et
garde des archives de la trésorerie royale de cette ville, Mathieu le Maire,
bachelier en médecine et Jean Bonin, notaire, tous deux consuls cette année-là,
Poldo d'Albenas, docteur ès-lois, et Pierre Brueis, notaire.
Il décède en 1484, enterré dans le cimetière de la cathédrale de Nîmes,
revêtu de l’habit de chanoine.
L’advocaterie va remplir sa charge jusqu’au début du 20ème siècle
et cela malgré la loi de 1851 qui installe l’aide judiciaire, ancêtre de notre
aide juridictionnelle.
Sources et pour en savoir plus : archives municipales de Nîmes --- Bernard
Fontaine « Louis Raoul et l’advocaterie des Pauvres » Mémoires de
l’Académie de Nîmes n°LXXXIV2011 p77-93—BNF--- wikipedia
--.nemausensis.com/Nimes/AvocatPauvre.htm
- Léon Ménard,Histoire de la ville de Nîmes,
1760.---photo Travail personnel--
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