Gestapo, insulte anodine ? Les Pendus de Nîmes
Photo prise par un allemand . Pendaison de Roger Broussoux |
Je vais ici rappeler un épisode
de cette guerre où la Gestapo a œuvré, montrant l’homme sous sa forme la plus
abjecte. C’est l’histoire des « Pendus de Nîmes ».
Les nazis sont dans notre
département à partir du 11 novembre 1942, environ 100 000 hommes sous le
commandement du général Bottcher. Le préfet du Gard Angello Chiappe et le
gouvernement de Vichy vont leur apporter une aide précieuse. L’armée loge
d’abord ses services au 13 boulevard Gambetta après en avoir vidé ses occupants.
En janvier 1943 les différents services allemands se mettent en place. Le STO,
service de travail obligatoire, est créé le 16 février 1943. Les troupes
allemandes pour une part sont logées dans le lycée pour filles à Feuchère.
Face à la résistance des
maquisards et au refus du travail obligatoire en Allemagne, la riposte nazie va
être de grande ampleur.
Un vaste coup de filet est décidé à partir du 27
février 1944, secteur de Florac, La GrandCombe, Alès, St Hippolyte le Fort, le
Vigan, Valleraugue, Lasalle… La 9ème divison blindée SS de Bittrich,
les Feldgendarmes de Gutmann, les Grenadiers de Muller, de Gruber…. Bittrich avait été déplacé de Belgique en repos dans le Gard en récompense de son travail avec la Gestapo belge.
Nous sommes d’abord dans le
hameau de Driolle, où le Vidourle nait, dans un monde rocailleux, à l’époque
pratiquement inaccessible aux voitures. Trois familles y vivent essentiellement
de la forêt. Entre soi. Les jeunes sont réfractaires au STO.
Le 28 février 1944 ils sont dénoncé à la Gestapo et retrouvés par un commando de répression SS. Les habitants sont
tirés du lit, en chemise ou habillés à la hâte, rassemblés contre le mur d’une
maison. A coup de crosse, de jurons, d’insultes. Les habitants sont emmenés ensuite
sauf les pères Soulier et Perrier. Ils sont conduits au Château de la Planque
siège de la Kommandantur. Le hameau est pillé, meubles, bétail, et incendié. Une
autochenille a réussi à grimper jusqu’au village. Parmi les otages, Roger
Broussoux, 20 ans, est emmené la corde au cou à la sortie de St Hippolyte sur
le viaduc qui enjambe la route de Lasalle. L’extrémité de la corde est nouée au
garde-fou, Roger est contraint de monter sur la rampe et il est poussé dans le
vide. Pour l’exemple ! Plus tard on nous expliquera que Broussoux avait
été pendu car arrêté en possession d’un revolver allemand. Etant donné qu’il
avait été arrêté en chemise, on se demande bien où il avait pu cacher cet
instrument ! Les SS nous ont laissé une photo du supplice et on peut voir
que le corps n’est pas en pantalon.
Route d'Uzès |
A Lasalle six otages, cinq de Driolle. Ils sont amenés
à Nîmes en passant sous le viaduc où se balance le cadavre de Roger Broussoux.
Les femmes seront transférées à Marseille à la prison des Baumettes. Au village
d’Ardaillès, prévenus à temps les maquisards étaient partis quand les SS
arrivèrent. Mais les habitants du village vont payer le prix fort, six
arrestations, un meurtre (Emile Nadal 27 ans). Maisons incendiées, bétail,
porcheries,… pillés. Quatre otages.
Les prisonniers sont d’abord emprisonnés à Nîmes dans un local du quartier de Vallongue, puis au siège de la Gestapo boulevard Gambetta. Puis à nouveau à Vallongue dans des cellules.
Les prisonniers sont d’abord emprisonnés à Nîmes dans un local du quartier de Vallongue, puis au siège de la Gestapo boulevard Gambetta. Puis à nouveau à Vallongue dans des cellules.
Le 2 mars vers 17h 30, les prisonniers sont emmenés sur le viaduc route d'Uzès. Devant de nombreux témoins, six sont précipités dans le vide, la corde au cou. "Une image horrible, affligeante, que je ne suis pas prêt d'oublier. Beaucoup de Nîmois ont fait le déplacement et assistent silencieusement à cette exécution. Les Allemands contenaient la foule et obligeaient les gens à regarder. Tout le monde était figé, Les femmes étaient en pleurs,Les hommes avaient les larmes dans les yeux et les dents serrées de rage et d'impuissance" raconte Raymond Guillaud. Un écriteau sur chaque corps où les spectateurs médusés pouvaient lire "Ainsi seront jugés tous les terroristes de France". Les nazis avaient fait descendre les occupants d'un tramway, bloquer les rues pour avoir des spectateurs. Ce pont va rester dans les mémoires "Le Pont des Pendus".
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Les autres otages prennent la route de Beaucaire, trois
seront pendus à un autre viaduc. Puis route de Montpellier, près du pont
Oblique, on pendit aux arbres de l’avenue Jean Jaurès. Le condamné était hissé
sur la cabine du camion, le véhicule reculait et le malheureux glissait sur la
cabine et tombait dans le vide. Lorsque la corde cassait on achevait le travail
d’un coup de pistolet.
Avenue Jean Jaurès |
Avant la nuit, la ville s’ornait sur trois
de ses portes de 6 pendus route d’Uzès, 3 route de Beaucaire, 6 route de Montpellier.
Quelques jours après, Paul Ritter commandant des pompiers
de Nîmes reçoit l’ordre de la Kommandantur de retirer les corps, ce qu’il
refuse, malgré une intimidation de la Milice et de la Gestapo. Les corps seront enlevés par les soldats
allemands et enterrés dans une fosse commune sur la commune de Jonquières-St
Vincent. Ils seront exhumés le 15 septembre 1944 par une équipe de prisonniers
allemands. Tous avaient encore les mains liées dans le dos. Les cordes du
supplice resteront en place pour l’exemple jusqu’à la Libération de Nîmes le 24 août
1944.
Bittrich sera recherché comme
criminel de guerre par les gouvernements français et yougoslave. Lors de son
arrestation en 1948 il était employé civil au service historique de l’armée américaine en Europe !! Avant de commander la division SS Hohenstaufen dans le Gard, il avait commandé la division SS Das Reich responsable plus tard de la tuerie d'Oradour sur Glane. Au lendemain des pendaisons de Nîmes, Gutmann commande le peloton qui massacre tous les habitants du hameau des Crottes près de la Bastide de Virac en Ardèche, 15 personnes dont un vieillard, et une femme sur le point d'accoucher. L'esprit et les méthodes sont toujours les mêmes.
Les noms des suppliciés de Nîmes :
Louis Walter
Carle, Émile Eckhardt, Désir Jeanjean et Hénoc Nadal ont été faits prisonniers
à Ardaillers. Quatre Polonais l'ont été à Lasalle. Il s'agissait de Joseph
Damaszewicz, Jan Jankowski, Stanislas Kasjanowicz et Jean Lukawski. Quatre
autres ont été pris à Driolle : Miguel Ordines et son fils Jean Ordines,
Jean-Louis Baudoin et Roger Mathieu. René Kieffer, lui, a été pris en otage à
Saint-Hippolyte-du-Fort. Les deux derniers, Fortuné Donati et René Leveque,
blessés dans la même commune mais transportés clandestinement à Nîmes pour être
soignés, ont été dénoncés et emmenés sur le lieu de leur exécution par les SS.
Ces exécutions ou plutôt ces assassinats gratuits ne
calmeront pas les résistants. Dès le 10 mars, les cheminots entrent dans la
danse : sabotage des voies de communication et de transport, destruction
de machines, de lignes à haute tension, transformateurs, d'entreprises
stratégiques comme dans les mines de charbon…… Il nous faut rappeler ici que dans les rangs des résistants de notre région à côté des Français, on trouvait des Alsaciens, des Allemands anti-nazis, des Polonais, des Espagnols......qui ont combattu et parfois sont morts pour la bonne cause... 1944 la fin de la guerre n’est pas
loin.
Sources :Mouvement de Libération
Nationale Fédération Gard-Lozère éditeur Lacour1999 –Midi Libre 8/2014 Raymond Guillaud
–Nemausensis –Ph Ritter et Georges Mathon – Internet Travail Collaboratif
Second guerre Mondiale-
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