La Citadelle et le
château
Les
châteaux-forts étaient souvent construits sur les restes d’une enceinte
d’oppidum, qui avait prouvé son efficacité au cours des invasions et guerres
intestines. Est-ce notre cas ?
A la fin du 19ème siècle des
chercheurs ont trouvé cinq enceintes d’oppidum sur la commune de St Hyppolite
de Montaigu. Géographiquement notre village est dans la suite logique avec St
Victor. Nous pouvons bien imaginer un oppidum englobant ces trois sites. Les
oppida de Nage ou de Nîmes nous montrent des constructions importantes. Par
ailleurs un texte consulaire de notre village de 1602 mentionne une enceinte ou
son reste à l’aplomb de la rivière Alzon, donc en dehors de notre fort. Il
était habituel que plusieurs enceintes cernent l’oppidum. Des caves en dehors
du fort sont encore munies de meurtrières, donc des bâtiments aux fondations
anciennes situés entre les remparts du fort et une autre enceinte. La question
reste entière à ce jour. (in Docteur Paul Raymond L’Arrondissement d’Uzès avant
l’Histoire p 252 Edit. Lacour 1994).
Castrum de Valabriero : En 1144 nous sommes dans le fief de Bernaud 1er d’Uzès, toujours appartenant à l’évêché d’Uzès.. Quand devons-nous vassaux de Raymond de St Gilles ? En 923 l’Uzège est rattaché au comté de Toulouse, nous quittons l’Empire Germanique. En 896 Les Raymond de St Gilles apparaissent déjà dans un texte de Valliguières (village entre Pouzilhac et Remoulins)
Castrum de Valabriero : En 1144 nous sommes dans le fief de Bernaud 1er d’Uzès, toujours appartenant à l’évêché d’Uzès.. Quand devons-nous vassaux de Raymond de St Gilles ? En 923 l’Uzège est rattaché au comté de Toulouse, nous quittons l’Empire Germanique. En 896 Les Raymond de St Gilles apparaissent déjà dans un texte de Valliguières (village entre Pouzilhac et Remoulins)
Le
7/7/1209 le comte de Toulouse Raymond VI de St Gilles se reconnaît vassal de
l’Eglise d’Uzès pour treize châteaux, dont Vallabrix, Aramon, Laudun, Vénéjan,
Masmolène et Monfrin. On parle alors du
Castrum de Valabriero toujours cette position militaire stratégique reconnue– Raymond
de St Gilles sentant le vent tourné, en profite pour remparer ou consolider les
fortifications existantes sur ses fiefs gardois mais aussi provençaux et cela depuis 1180/81. Nous
sommes dans la croisade contre les Albigeois (1208-1229) qui va vite tourner en
une guerre de territoires.
Pour
les historiens, le comte de Toulouse serait à l’origine de notre citadelle, avec ses
maçons, et surtout ses moyens financiers pour les engins, nous, nous contentant de
fournir les pierres et les manœuvres. La période se prêtait aux
fortifications : les terres aquitaines anglaises sont à nos portes,
Philippe II d’Aragon et ses prétentions sur cette partie du royaume, le pape,
et le roi de France qui attend son heure. Et puis cette croisade contre les
Albigeois qui ne disait pas vraiment son nom. Raymond de St Gilles (VI) avait épousé la sœur de Richard Cœur de Lion,
espérant ainsi s’en faire un allié ou du moins protéger ses terres proches de
l’Aquitaine anglaise. Philippe Auguste notre roi essayait de reconquérir un
royaume face aux Anglais et aux seigneurs français qui rêvaient d’en découdre.
Pierre II d’Aragon était en Roussillon et avait un pied à Montpellier, époux de
la fille du vicomte Guillaume III de cette ville. La famille d’Aragon avait
aussi des intérêts en Provence. Les Raymondais étaient beaucoup trop riches et
indépendants pour qu’on les laisse tranquilles.
Par ses mariages Raymond VI démontre
qu’il est fin politique : il avait épousé d’abord la fille d’un seigneur
de Melgueil, d’Alais et de Sauve, puis Béatrice de Trancavel, puis Bourgogne de
Lusignan fille du roi de Chypre et de Jérusalem, puis Jeanne d’Angleterre sœur
de Richard, puis Eléonore d’Aragon sœur de Pierre II d’Aragon.
En
1211-1215 dans le cadre de cette guerre, Simon de Montfort rend à l’évêque
d’Uzès les domaines qui possédaient les Raymondais dans le diocèse.
En 1295-96 dans le cadre d'échanges de domaines, Raymond Gaucelm seigneur d'Uzès, de Lunel... échange ce dernier domaine contre des terres royales : Vallabrix est du nombre. On apprend par ce texte que nous avons 60 feux environ, nous cultivons du blé, du vin. Nous n'avons pas de marché, ni foire et pas de forteresse : doit-on en conclure que nos remparts sont plutôt du 14ème siècle et non du 13ème comme nous le supposions ? Ou bien la guerre-croisade contre les Albigeois et le fait d'être fief de Raymond de Toulouse ont mis à bas nos murs ?
En 1295-96 dans le cadre d'échanges de domaines, Raymond Gaucelm seigneur d'Uzès, de Lunel... échange ce dernier domaine contre des terres royales : Vallabrix est du nombre. On apprend par ce texte que nous avons 60 feux environ, nous cultivons du blé, du vin. Nous n'avons pas de marché, ni foire et pas de forteresse : doit-on en conclure que nos remparts sont plutôt du 14ème siècle et non du 13ème comme nous le supposions ? Ou bien la guerre-croisade contre les Albigeois et le fait d'être fief de Raymond de Toulouse ont mis à bas nos murs ?
Un
Castrum est un fort avec une petite garnison (8 à 10 hommes en liaison avec La
Bastide d’Engras qui sera notre lieu de refuge en cas de danger et dont nous
payons la garnison avec d’autres villages).C’est le lieu de vie pour le
seigneur, sa parentèle, ses vassaux. Parfois sous son aile, un village castral
avec un lieu de culte s’y développe, à l’intérieur des remparts ou à
l’extérieur contre les murs. On peut en voir un exemple au castrum de Belvezet.
C’est aussi le symbole de la puissance seigneuriale, féodale avec ses pouvoirs
de justice et ses droits d’imposition. Ce n’est pas forcément l’habitation
habituelle du seigneur qui loge avec sa famille dans ses domaines au gré des
récoltes, des saisons, des obligations seigneuriales…A cette époque le pouvoir
d’un homme est celui de son lignage et de ses lignages alliés. D’où la
nécessité de mobiliser la fidélité de ses vassaux par des circuits de contrôle
de ses territoires. La richesse en terres des alliés permettait d’avoir un
effectif de chevaliers pour constituer une petite armée (Bouvines n’est pas
loin 1214) et la richesse en argent des villes et des bourgeois alliés
permettait l’engagement de mercenaires. D’où l’intérêt de consolider les liens
féodaux.
A Vallabrix, donjon, remparts ? La tour ou donjon est probable, un texte de 1213 mentionne une carbonnière dans le domaine de
la Fontaine de Valabris. Un de nos seigneurs de 1213 Guillaume Bermond de Clausonne donne
la "jouissance du droit de champart sur une terre dont les tenants et les
aboutissants sont la Fontaine de Vallabrix, la Cavellada, les Jas, la
Carbonnière.... au monastère de St André de Villeneuve les Avignon". On le
retrouve l'abbé de ce monastère en 1226. Il est issu d’une famille de
coseigneurs de St Quentin (Académie du Gard du Gard 1876 - )
Les
jas ou jasses sont des bergeries, le domaine de Vallabrix en a plusieurs
donc des élevages importants de moutons. Le nombre exact de bêtes à laine sera
toujours un secret, il ne faut pas paraître trop riche. Les moutons sont élevés
essentiellement pour la laine et pour la pelisse (peau avec laine à l’intérieur
du vêtement - plusieurs pelisseries dans l'Uzège).
Les
carbonnières sont des donjons du Xè-XIè-XIIè généralement de forme plus
ou moins rectangulaire contrôlant et
défendant le passage. (voir la Carbonnière d’Aigues-Mortes du 12-13ème
siècle ou plus ancien le Castrum de Belvezet). Parfois carolingiennes ou restes de château féodal. Au XIV et XVème elles évoluent peu à peu
s'adjoignant ou renforçant des remparts ou bien elles sont abandonnées à la fin
ou après la guerre de Cent ans, l’armement ayant changé.. A voir dans notre château dans le fort, les restes de la tour primordiale ou donjon qui plus tard
abritera au rez-de-chaussée le temple, avec son chaînage d’angle en pierres
blanches taillées.
Cavellada : d'après Jean Paul Guignar, spécialiste en occitan,
ce serait un terrain en pente, ce qui serait logique puisque le château est sur
un rocher (voir remblais chemin de la Fontaine) –
Champart, impôt seigneurial en nature
prélevé en plus de la dîme et proportionnel aux récolte. Donc une communauté de vie qui cultive et paie ses impôts.
Les
remparts et ses tours aux angles sont possibles début 13ème-14ème. En moellons à bâtir
de notre carrière du Grand Planas comme toutes nos maisons. Avant les 11-12ème siècles nous
avions perdu la technique de construction des tours rondes et élevées que les
Romains savaient faire. Ou plutôt nous
n’avions pas le temps ni l’argent, ni les hommes pour construire des tours
rondes élégantes. Les pierres sont très difficiles à appareiller étroitement en
arc de cercle et y poser un toit rond n’est pas simple. Les invasions du Vème
au 9ème siècle, la féodalité qui s’installe avec ses rivalités, la
première croisade, il fallait construire vite et solide sur les hauteurs, sur
des terrains rocheux pas toujours plats. Au 9ème siècle les Normands
hivernent régulièrement en Camargue..
A partir du roi Philippe Auguste (1180-1223) souffle un vent de renouveau de
l’architecture militaire. Les tours circulaires « à l’antique »
réapparaissent dans la seconde moitié du 12ème siècle sur tout le
territoire. L’épaisseur des murs à la base est moindre. A l’intérieur de ces
tours à la place des planchers en bois, des voûtes d’ogives renforcent les murs
et limitent les risques d’incendie. On passe des tours défensives très épaisses
sur les premiers étages (voir Pougnadoresse ou Provins par exemple) aux tours
élégantes comme on en voit encore au Moulin Neuf de St Quentin la Poterie.
Dans
son livre « Les Châteaux du Gard » Marthe Moreau, (1999 T1),
universitaire, décrit notre citadelle comme importante : par sa surface ou
par son emplacement ? Certainement les deux.
Environ
7000 m2, une construction imposante pour un petit village. Les pierres ne
manquaient pas il est vrai, mais il fallait des bras et la technique pour
monter les murs, les tours… La surface de la citadelle est intéressante :
un rectangle bien remparé, plutôt régulier, des murs droits, un souterrain qui
arrivait dans le site du nouveau château (où un cheval pouvait passer d’après
les anciens du village et aujourd’hui bouché). Une unité de construction qui
laisse entendre une rapidité d’exécution.
Vallabrix,
une position stratégique, en avant-poste protégeant Uzès ? Il est vrai que
les castrum et les carbonnières étaient toujours édifiés sur des lieux de
passage. Mais nous sommes relativement isolés : une piste de Bagnols à
peine praticable nous indique un guide pour les pèlerins de St Jacques de Compostelle
du début du 16ème siècle, une autre piste qui rejoint Pouziliac,
Remoulins, Beaucaire. Un chemin de chèvre qui nous mène à St Victor les Oules.
Et Uzès au bout.(voir sur ce blog les Chemins de Compostelle 2/8/2018)
Ce
qui reste du château :
A
l’Est, actuellement Médiathèque, une « salle des gardes » avec une
cheminée 17ème. Un escalier à vis intérieur pour accéder au grenier,
où le seigneur gardait les semences de blé pour l’année suivante et qui ne
devaient absolument pas être mangées pendant les hivers trop longs. Une tour
ronde décalottée sous Louis XIII après la paix d’Alais de 1629 (on s’est fait
rabaisser le caquet !!). En dessous de cette salle le «petit membre»
aujourd’hui café, cave où le seigneur rangeait son vin, vinaigre… Au 20ème
siècle, cette partie sera transformée en café, cabine téléphonique, logement
privé….
Au
centre, le Grand Membre, salle d’exercice du pouvoir seigneurial (le Bercy
de l’époque !) : justice, comptage des récoltes et partage, lieu de
stockage des impôts en nature, parfois dépôts des barriques d’eau prévues en
cas d’invasion. … A partir de 1709 on y
loge parfois le prieur, l’instituteur et sa classe. A ce moment-là cette partie
du bâtiment appartient à Anne de Ruffier, coseigneur avec les Bargeton. Ceux-ci
ne vivent plus dans ce château, mais pour la branche Bargeton-Valabris au
Moulin Neuf de St Quentin, et pour la branche Bargeton-Massargues à
Arpaillargues, tout en séjournant dans leurs maisons d’Uzès. L’ouverture en
hauteur nous intéresse : restant de l’époque du 11ème siècle,
où pour plus de sécurité une échelle permettait de pénétrer dans les
châteaux ?. La nuit ou en cas d’invasion on retirait l’échelle. Si cette
hypothèse se vérifie, le Grand Membre est une « salla », pièce
d’accueil, appuyée sur le donjon, (date proche de la carbonnière ?). Capacité
de protection de la parentèle et vassaux accrue, le seigneur et sa proche
famille se réservant un étage du donjon. Lieu supplémentaire de réserves en
vivres et en eau au rez-de-chaussée côté cour et salle d’accueil au premier. Au
XIè-XIIème siècles, les seigneurs reprennent leur course à la suprématie :
alliances, mariages, guerres privées.
De
1755 jusqu'à la fin de la Révolution de 1789 cette partie du bâtiment passera des Ruffier à
la famille Agniel.
Un
escalier extérieur va desservi cette porte jusqu’au milieu du 19ème
siècle. Au siècle suivant, dans cette partie du château, sur le portail côté
rue, des séances de cinéma animaient le village, pour une somme modique, chacun
venant avec son tabouret ou sa chaise (1950/60). Pendant la guerre de 1939/40,
des séances de théâtre s’y sont déroulées pour participer aux « colis des
prisonniers de guerre». Il nous faut remarquer que dans notre région, ce genre de bâtiment a
souvent eu un rôle administratif ou collectif pour l’ensemble de la communauté.
A
l’Ouest, le donjon, avec au rez-de-chaussée le temple jusqu’en 1685. Aujourd’hui
maison privée.. Démoli au moment des dragonnades de 1685 ou en 1703-1705 lors
du passage des cadets de la Croix ? Sur le mur on aperçoit encore des
pierres de taille et d’appareillage du chaînage d’angle. (pierres blanches
reconnaissables car blocs plus gros, taillés et ajustés)
Un
pigeonnier, autre symbole seigneurial probablement à la place du toril actuel à
l’entrée du château. Admirons la meurtrière à l’entrée (restant du
pigeonnier ?). En face le puits comme beaucoup de puits est couronné de la
légende du veau d’or : vaisselle, argenterie, bijoux seigneuriaux seraient
engloutis dans ses profondeurs. Ce château sera surtout modifié au 19ème
siècle, portes sur la rue, fenêtres, escaliers…
Il appartiendra pour tout ou partie jusqu’au début du 19ème siècle aux Bargeton, le dernier Gaspard d’Arnaud de Valabris fils d’Isabelle de Bargeton-Valabris (le sous-préfet qui a gagné ses galons de « Brigand de Valabris en 1815). Il va croquer allègrement l’héritage Vallabrix, Baron, Fontfroide…. Les Bargeton-Massargues d’Arpaillargues, cousins des seigneurs de Vallabrix vont continuer la lignée jusqu’au 20ème siècle. (Paris, Bordeaux..)
Nous
sommes rattachés au royaume en1226 sous le roi Louis VIII –Nîmes se livre
en 1226, Alais en 1228, et c’est le traité de Meaux en 1229 par lequel Raymond
VII de Toulouse détache de ses terres
toutes ses possessions dans le Gard. C’est la paix ! En 1271 à la mort de
Jeanne épouse d’Alphonse de Poitiers, dernière héritière de Raymond VII de Toulouse,
toutes les possessions des Raimondais sont rattachées au royaume. Montpellier
est racheté en 1346 par Philippe de Valois roi de France.
Le
domaine de Vallabrix est acheté en 1536 par Mathieu de Bargeton le Jeune. Il
vient d’être anobli par François Ier(1533). Ce sera son fief principal et il sera
seigneur de Valabris, titre transmis dans la famille jusqu’à la Révolution
Française.
En
1536 la population du village a fortement chuté du fait de la Guerre de Cent
ans, des épidémies, des luttes de pouvoir sous Charles VI (le fol). Pour
relancer les naissances, les Bargeton vont installer des artisans dans nos murs
(potier d’étain, maçons, menuisiers, forgerons, fabricants de bâts, sellerie…),
et même des cultivateurs en avantageant des mariages. Des enfants naissent à
nouveau à la fin du 16ème siècle malgré les guerres de religion de
1562-1629 et les épidémies de peste de 1585.
Calade sous goudron bas de la rue de la Côte- découverte 2015 |
En
effet à cette date, les dragons du roi s’en prennent à Uzès : mais il est
difficile de brûler cette ville, riche d’artisans, de poids politique… Alors on
reprend l’idée d’incendier les villages autour de façon à ce que les habitants
uzétiens aient suffisamment peur en voyant les flammes et se convertissent.
L’armée avait déjà pratiqué cette machination en Poitou. La manœuvre réussit.
Les conversions sont telles qu’il faut faire appel à des prêtres des environs.
Il va de soi que quelques temps après les gens retournaient au temple ou
cherchaient à fuir. Un auteur nous raconte : « les hérétiques les
plus irréductibles baisaient dévotement les images pieuses que le dragon
collait à l’extrémité du canon de son mousquet chargé ». (Jean Hurel – La Fée Cévenole – édit Ch Delagrave
Paris) Nous pensons que Vallabrix a subi ces exactions car à cette date
nous devons agrandir le cimetière, nous enregistrons peu de mariages et de
naissances dans les dix ans qui suivent. La fontaine a été endommagée, ce qui
est une technique des soldats : on détruit les points d’eau, les toits et
les plafonds des maisons par la hache ou le feu, ce qui rend toute vie
impossible.
De
l’époque de la Révocation de l’Edit de Nantes (1685), trois fléaux ont commandé
notre région : les dragons du roi, les camisards huguenots et les cadets
de la Croix ou camisards noirs.
A
ce jour de nos recherches, nous ne savons pas si les huguenots s’en sont pris à
notre village. En effet, notre seigneur de l’époque Charles de Bargeton était
Nouveau Converti depuis peu, son frère Mathieu abjurera en 1695. Leur frère
aîné est en fuite. Un cousin Denis taxé par l’intendant du Languedoc
Basville-Lamoignon de « dangereux homme de guerre » habite notre
village avec son épouse, une Guiraud, protestante sans faille. D’autres cousins
en fuite ou dans les armes. Le village comprend de nombreux nouveaux convertis
jugés peu fiables par notre prieur. La dernière abjuration à ce jour connue, va
dater de 1734. Les huguenots semblaient en terre plus ou moins amie chez nous.
Donc pourquoi s’en seraient-ils pris à notre village ? Ceci dit en temps
de guerre civile, on n’est pas à l’abri d’une exaction, d’un groupe
d’intégristes ou de règlements de comptes.
Par
contre les Cadets de la Croix sont venus nous rendre visite en 1703. Les
chroniques indiquent un incendie d’une partie du château, de razzias… Ils
seraient revenus en 1705 ou 1709 qualifiés à ce moment-là de camisards noirs. Les
cadets étaient au départ dans notre coin, des paysans catholiques embauchés
pour protéger les villages des exactions des huguenots. Mais très vite, la faim
aidant, ils vont se transformer en voleurs de bétail, en pilleurs de mas, de
« chauffeurs de pied ». Nous pouvons les suivre au travers de lettres
de réclamation de leurs victimes, de Pouzilhac à Vers, St Victor, ils tournent
à Vallabrix pour se diriger sur Bagnols. Le pouvoir en place aura beaucoup de
mal à s’en débarrasser. (1717)
En1791-92
au moment de la Révolution on démolit une partie du rempart pour un accès plus
facile à l’église en suivant la Grande Rue. « par un chemin plus court à
l’endroit touchant la maison Bonnaud ». La rue de l’Ancien Fort est
qualifiée très joliment dans la décision « la
ruelle qui virage la porte de l’Eglise".
En
mai 1794, notre conseil municipal est jugé « manquant de lumière et
d’énergie » par le sieur Borie (délégué pour le Gard et la Lozère) et ses
comparses : nos élus sont destitués. Mais la population du village
n’apprécie pas cette mesure. Alors nos anciens élus ou des membres de leurs
familles seront pris sur le fait de délit de paillardise, chansons injurieuses
et injures dans une auberge du village et seront condamnés. D’autres personnes
de Vallabrix (familles Brun, Desplans, Dussaud) seront poursuivies pour des
motifs futiles. La plupart de ces familles de notables nous accompagneront
jusqu’au 20ème siècle aux commandes du village. Les notables étaient
choisis parmi les personnes sachant un peu près lire et ayant quelques
revenus : en effet jusqu’après la Révolution de 1789, il était habituel
que les consuls ou leurs alliés avancent l’argent des investissements. (archives municipales d’Uzès 4I1) La mort
de Robespierre en juillet 1794 calmera bien le jeu. C’est le temps de retourner
sa veste et de brûler tout ce qui est compromettant : à Nîmes « les
cheminées fumaient de joie » en plein mois de juillet !!! (environ 800 prisonniers à Nîmes, 300 à 350 à
Uzès, une seule guillotine à Nîmes d’où engorgement – peu d’archives fiables).
Il
nous faut rappeler que des aristocrates d’Uzès s’étaient réfugiés à Vallabrix
et à St Hyppolyte en 1791 lors des affrontements entre révolutionnaires et
contre-révolutionnaires. (sources : La Cigale d’Uzès 20ème ) ce qui avait peut-être donner à
penser !!
Drôle d’époque !! Pragmatisme cohabite avec
jusqu’auboutisme ambiant.
Des
morceaux des remparts vont partir aussi avec la construction de l’école-mairie en
1849 et l’ouverture d’une rue pour aller du presbytère à l’église.
Sources particulières : André
Châtelin Recherches sur les châteaux de Philippe Auguste in Archéologie
Médiévale T21 1991 – S W Gondoin Le Sceau du roi Philippe in Histoire
Médiévales Juillet-Août 2014 n°56 – Introduction à la Castellologie Médiévale
et Vernaculaire du Gard Patrimoine 30
N°22 2009 – Archives communales de Vallabrix, Uzès- archives départementales de
Nîmes – Don Vaisselle Histoire du Languedoc
-Elodie Boutin thèse Lyon III Des Oppida aux Châteaux-Forts 1978.
Merci à Michel Desplans
pour ses anecdotes sur le Grand Membre
Restes de remparts à voir – à côté de la Maison Ronde, dans son
prolongement et dans celui de son escalier extérieur – largeur du mur de la
maison Taurelle visible à l’extérieur contre le porche (impasse de l’Ancien
Fort).
Eventuellement voir chemin de la Fontaine la hauteur de remblais entre
le mur du terrain de Monsieur Desplans et le restant de rempart, mur du jardin
dans les 2 mètres, restant de la deuxième enceinte ? Ce chemin a été élargi au milieu du 19ème siècle, les propriétaires ont donné une bande de terrain.
Le Fort d'après le compoix de 1728 avec l'emplacement de la Maison Ronde du 19ème siècle vide à cette période |
Citadelle 1860-1880 - Eglise agrandie et Maison Ronde construite |
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