L’hiver 2017 s’est plutôt bien
passé. Ce n’est pas toujours le cas. Pour nos amis du Nord, notre midi , notre sud sont forcément protégés des grandes intempéries. Et pourtant certains hivers nous devons faire face à des températures
exceptionnellement basses. En janvier 1985, à Uzès -13°C, -20°C dans les
campagnes environnantes. La neige et le verglas paralysent tout l’Uzège.. En
1955-56, des températures de -14°C à -20°C avec un mistral qui s’infiltre
partout. On peut marcher sur la glace du
Gardon. Les vignes, les arbres fruitiers, les oliviers sont détruits à près de
80%. En janvier 1914, on patine sur l’étang de Pougnadoresse, les chemins sont
impraticables sous une neige abondante et tassée…..
Vallabrix 2010 |
En 1891 du 6 janvier au 22, il
gèle à pierre fendre dans toute la région. Les thermomètres annoncent moins dix
degrés, mais le mistral soufflant à son aise, notre peau, nos poumons, notre
nez indiquent plutôt – 15° C, - 20°C. De la glace, partout de la glace. Peu de
neige. Les ruisseaux sont figés, les fontaines offrent à nos yeux des fleurs
miroitantes, des stalactites scintillantes. Les bords des toits dégoulinent de
festons blancs. La glace pénètre à l’intérieur des maisons, bouche les tuyaux
d’eau, les cuvettes et les seaux forment des blocs. La plupart des écoles sont
fermées, l’encre elle-même gèle à la grande satisfaction des élèves. Un silence troublé par les morceaux de glace
qui tombent des toits, des branches d'arbre. Les commerçants de charbon et de bois se frottent les mains. On
s’habille, s’emmitoufle, s’encapuchonne. Les Nîmois ont sorti leurs patins à
glace et l’on patine sur l’Esplanade. Dans les rues pour ne pas glisser, les
gens marchent sur leurs bas, bottines à la main. D ’autres enfilent des chaussettes en laine
sur leurs souliers pour avancer en toute sécurité.
Ce n’est pas drôle pour tout le
monde. Chez les plus démunis, c’est la détresse. « La misère est la
compagne du froid ». On a du mal à se chauffer, le mistral souffle et
pénètre partout, par le moindre interstice. Les ouvriers sont sans travail,
donc sans salaire. Pas de marché, pas de ventes, les poireaux, les choux gèlent
sur l’étal. Les sociétés de bienfaisance sont mises à contribution.
A Nîmes les musiciens de
l’Harmonie ont continué à jouer malgré tout pendant l’après-midi dans les
Jardins de la Fontaine devant des chaises vides.
A Vallabrix, le village est
touché comme ailleurs dans l’Uzège par cette période de gel. Les rues sont
vides, les fenêtres décorées de cristaux de glace. Les blés sont « brûlés ». Des
arbres fruitiers ne survivront pas à cet épisode hivernal. Déjà en janvier
1820, les pommes de terre gèlent dans les granges, les troncs des mûriers
éclatent avec fracas. Des dames-jeannes explosent par la dilatation de la
glace. Le vin, le vinaigre se congèlent dans les celliers.
Ce n’était rien si nous comparons
ces hivers à celui de 1709. A la veille de la fête des Rois, cette année-là,
début janvier, toute la France est touchée par un froid intense. Un notaire de
l’époque Joseph Manuel de Robion dans le Vaucluse nous raconte que de l’Aigoual
au Ventoux jusqu’à la mer, le vin gelait dans les tonneaux. Les terrines où il
y avait de l’huile se cassaient, « explosaient ». Les urines gelaient
en l’air. Les oliviers et même les chênes verts étaient morts. Le mistral
s’engouffrait dans la vallée du Rhône, tonitruant, « hurlant comme un
damné »« labourant, arrachant toute verdure », laissant les
garrigues au printemps « toutes pelées ». Dans notre région les
oliviers avaient déjà gelé en 1670 d’Aubenas à Montpellier, nous faisant perdre
le marché de l’huile d’olive dans le pourtour méditerranéen, marché que nous
n’avons pas pu reconquérir, les pays du Levant ayant entre temps pris la relève. Période qui s’était soldée par la révolte
d’Antoine du Roure réprimée dans le sang par les soldats de Louis XIV.
Vallabrix 2010 |
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