Le journal Le Réveil d’Uzès donne
en juillet 1900 les résultats de réussite au certificat d’études. A Vallabrix, pour nos écoles publiques, chez
les garçons, Dussaud et Roudil, chez les filles Boutaud et Gouffet. Nous
n’avons pas les prénoms.
L’enseignement pour les filles
procédera d’un accouchement difficile ! Charlemagne avait donné le
ton par son capitulaire de 789 : « qu’on rassemble non seulement
les fils de condition modeste mais les fils bien nés. Qu’il y ait des écoles
pour l’instruction des garçons ». Les écoles sont essentiellement
monastiques jusqu’au 13è-14ème siècle où des écoles municipales ou
consulaires dans notre Sud ouvrent avec prise en charge d’un local ou loyer,
parfois d’un petit salaire pour le maître. Mais toujours pas pour les filles.
Les rivalités religieuses du 16ème
siècle vont favoriser l’enseignement. Luther en 1524 écrit : « il
faut en tous lieux des écoles pour nos filles et nos garçons », Calvin
élabore un « Formulaire d’instruire les enfants en la chrétienté ».
Apprendre le français c’est pouvoir lire la Bible, et accéder à une certaine
autonomie. L’Eglise Catholique avec le concile de Trente s’investit dans des
ouvrages de catéchisme et de dévotion que l’on doit être capable de lire. Le
roi par une ordonnance de 1560 décide qu’une somme doit être prévue dans chaque
église, dans chaque paroisse pour l’entretien d’un régent (maître). Nous sommes
en plein dans les guerres politico-religieuses de cette fin de 16ème
siècle. Dans les villes comme Uzès des écoles protestantes, des écoles
catholiques, parfois un local pour les deux, selon les épisodes politiques.
Parfois avec une salle pour les petits. Mais les filles seront les grandes
oubliées.
La fin du 17ème siècle
verra s’ouvrir des pensionnats pour les filles de bonnes familles. La
Révocation de l’Edit de Nantes de 1685 est passée par là, et les nouvelles
converties y sont parfois internées pour les confirmer dans la religion
catholique et les soustraire à l’influence de leur milieu protestant. Elles y
apprennent « l’économie domestique », pour bien tenir une maison, un
peu de calcul, de lecture, d’écriture….. Par contre dans les Maisons de
Providence les orphelines seront élevées en bonnes chrétiennes, et elles apprendront
surtout à gagner leur vie par le travail manuel. En 1798 l’inventaire d’une
Maison de Providence ne mentionne que des livres de morale !.
A Vallabrix nous avons un maître
en 1688, toujours pour les garçons. Il semble que nous n’avons pas de maîtresse
de couture comme dans certains villages, c’est-à-dire une femme ou une
religieuse qui enseigne « l’économie domestique » à nos filles.
Celles-ci apprennent à tenir une maison, à travailler aux champs, les soins à
donner aux bébés, aux animaux avec leurs mères, avec leur entourage.
La Révolution, l’Empire,
n’apporteront pas grand-chose à l’éducation des filles. Il faudra attendre la
loi Guizot de 1833 et la loi Falloux de 1850 qui insiste pour la création d’école
de garçons mais éventuellement de filles dans les communes qui en ont les
moyens. On ne parle toujours pas d’obligation
et de laïcité, de gratuité. Le pays manque d’enseignants, de locaux et les
mentalités n’ont pas beaucoup évolué. La loi Guizot de 1833 autorise en théorie
la mixité...La loi Pelet de 1836 loi rend obligatoire pour toutes les communes de
plus de 500 habitants une école primaire élémentaire. La mixité est très
exceptionnellement une réalité en France car l'école ne concerne que les
garçons selon les principes de l'époque.
Ecole-mairie Maison Ronde 1849 |
A Vallabrix nous construisons une
école-mairie malgré nos maigres ressources. Elle est inaugurée en 1849. Une
institutrice Hélène Rieu est nommée en 1855 pour s’occuper des filles. Elle
sera moins payée que son confrère instituteur et son allocation chauffage sera
moindre. La commune donne un petit salaire, les parents paient une quote-part.
En 1869 notre école a un effectif de 31 garçons et 22 filles répartis en deux
sections. En 1871 nous devons faire des économies, et la section filles est supprimée.
Elle est obligatoire dans les communes de plus de 500 habitants et nous sommes
447 . Nous espérons la création d’une
école libre pour les filles : « les religieuses coûteraient
moins cher et les petites filles seraient mieux dirigées dans un pays où elles
sont toutes catholiques ». L’inspecteur fait remarquer « qui se
chargera des travaux d’aiguilles ? ». Il souhaite que la décision
soit reconsidérée. Mais nos élus maintiennent leur décision : une classe
mixte avec 40 enfants et un instituteur.
En août 1872 une école religieuse
va se mettre en place. Un local dans le quartier du Planet est offert par Mme
Veuve Foussat avec deux religieuses pour enseigner.
En1877 nous avons au total 25
garçons et 20 filles scolarisés dans nos deux écoles (laïque et libre).
L’école de la République se met
vraiment en place à partir de 1881. Elle doit amener progrès moral, humanisme,
civilisation. Pour Paul Bert il s’agit de réunir sur les bacs de l’école tous
les enfants, d’élaguer tous les sujets de division. Ce discours est très
attendu dans notre région si souvent dévastée par des conflits religieux. L’instruction
devient obligatoire et gratuite pour les enfants de 6 à 13 ans, garçons
et filles. Programmes, certificat d‘études, commission municipale
(Vallabrix a droit à trois membres désignés), caisse des écoles….
Mais les mentalités ou le
conservatisme ambiant demandent dans notre village une école spécifique pour
les filles. L’école du moment (la fameuse Maison Ronde) « est peu pratique
ni disposée convenablement pour sa destination ». On envisage la
construction d’une autre école pour les garçons, les filles se contentant de la
Maison Ronde peu pratique. Le projet est lancé dès juillet 1882, l'actuelle école-mairie à l'entrée du village.
En 1886 nouvelle valse-hésitation :
les écoles laïques pour les filles ne sont plus obligatoires, les communes
peuvent choisir. Leur maintien sera à leurs frais. A Vallabrix nous votons en
1887pour la suppression et nos enfants vont s’entasser à nouveau dans une
classe mixte. Une école libre pour les filles est à nouveau créée dans la
Maison Ronde louée.
Santon production Minirose |
En 1922, à nouveau une classe
mixte au grand désarroi de la population. En mai 1931, 44 élèves. La loi de 1933
propose de diviser les effectifs en deux sans distinction de sexe, une classe
de grands et une de petits. Le conseil municipal désapprouve au nom de la
morale et des bonnes mœurs.
Ces tâtonnements, ces bonds et
retours en arrière montrent à quel point la société villageoise a eu du mal à
se remettre en question. Mais le ver était dans le fruit !!
Quelques dates :
La loi de Parieu du 11 janvier 1850 imposait à toutes les
communes de plus de 500 habitants d'ouvrir une école de fille.En 1867, Victor Duruy autorise la création d'écoles pour filles dans les communes de plus de 500 habitants, mais peu les fréquentent. Création des cours secondaires féminins publics
La loi Camille Sée de 1880 ouvre l'enseignement secondaire public des jeunes filles en créant des collèges et des lycées.
La loi Ferry de 1881 institue la gratuité de l'enseignement primaire et en 1882 institue l'obligation et la laïcité de l'enseignement.
Le décret de Léon Bérard en 1924 institue, pour les filles, le même enseignement secondaire que les garçons.
Le baccalauréat est ouvert aux filles en 1924.
Sources : archives municipales Vallabrix, Uzès - archives départementales du Gard - Société Historique de l'Uzège Les Ecoles d'Uzès du Moyen-Age au XXème siècle - Couradou novembre 2011- Photos collection privée -
₪₪₪₪₪₪₪₪₪
Mairie-Ecole fin 19ème siècle- Abri bus du 20ème siècle |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.