vendredi 5 décembre 2025

Le pont du Gâ--

 


Le pont du Gâ (ou Guâ) — Renforcement ou reconstruction ?


 
Comme son nom l’indique, ce pont est construit sur un passage à gué.. Cet ouvrage marque une volonté de  progrès : en cette fin du 19ème siècle, la circulation doit impérativement être améliorée entre les territoires, et en particulier vers Bagnols-sur-Cèze. Encore aujourd’hui,  ce pont nous permet de rejoindre Bagnols, ses commerces, ses médecins, son hôpital rapidement….

Nos archives nous mentionnent une date ; le 19 août 1888. Ce jour-là, le conseil municipal doit se prononcer sur l’enquête d’utilité publique concernant le chemin de Grande Communication D5 et la construction du pont qui va se situer « là où ce chemin se bifurque  avec le chemin rural dit de Coulorgues », chemin, nous disent  nos élus, qui doit rester libre comme avant les travaux. Le secteur de Coulorgues est particulièrement riche en cultures. Le maire est Augustin Boutaud.

Pendant les 25 ans qui suivent, l’Uzège vivra dans une valse d’innovations à vous tourner la tête : construction de mairies-écoles, cimetières déplacés, eau électricité timidement dans les maisons, téléphone, des gares et leurs  trains, lignes de bus, bureau de tabac-épicerie à Vallabrix, coopératives, des jeunes qui vont travailler loin….ceci malgré une mévente du vin, des troubles sociaux, des modes de vie qui changent, des emprunts, une aide sociale communale et des déficits budgétaires qui demandent des budgets et impôts additionnels, …..On élargit les routes, celle de Masmolène en 1910, notre D5 dans le village avec les maisons rabotées, façades reconstruites, des propriétaires à indemniser. Un souffle qui nous portera jusqu’à la guerre de 14.

Le 20 août 1925, le conseil municipal s’inquiète du mauvais état du pont du Gâ. Il est dangereux de l’emprunter. Le village se trouve isolé du chef-lieu, de Coulorgues notre grenier à grain… Les gros véhicules comme les batteuses doivent passer par les cantons limitrophes, ce qui occasionne des retards importants pour les récoltes. Ce pont doit être renforcé, il y va de l’intérêt général. Le 26 juillet 1926, le conseil approuve le projet proposé par le conseil général tout en souhaitant que l’ouvrage actuel soit maintenu pendant les travaux pour que la circulation reste possible.  La même année nous acceptons enfin les travaux d’abaissement de la chaussée sur la D5 entre les km 16,680 et 17,828 pour améliorer la circulation (liaison Bagnols-Vallabrix, grosso modo à partir du carrefour D5 et route qui rejoint Masmolène). Nous sommes sous la mandature de Léon Bonnaud.     Nous avions  refusé ces travaux en 1909, nous avions alors deux emprunts dont un pour le projet d’adduction d’eau…

 


Le 20 février 1927 nous avons l’accord du département en date du 11 décembre 1926. Reconstruction au km 20,810. Un propriétaire cède « amiablement » le terrain nécessaire à la reconstruction du pont. En fait on lui achète son terrain selon l’estimation préfectorale. On parle de reconstruction au km 20,811 lors des ventes des terrains nécessaires. Nous demandons d’être dispensés de purger les hypothèques ainsi que de transcrire les actes d’une valeur de moins de 500 frs, il nous faut faire des économies…

 (dessous du pont—renforts sur côtés)

  A partir de cette date, le pont et ses travaux disparaissent des archives municipales. Le budget communal accuse en 1929 une forte hausse des dépenses : les travaux ? Renforcement ou reconstruction du pont ? Il n’a pas été élargi ce qui plaiderait pour un renforcement des sous-bassements. Au travers des broussailles nous voyons des arches en belles pierres de taille, rappelant plutôt une architecture 19ème siècle. Mais pourquoi acheter des terrains dans ce cas ? La situation économique de la France et en particulier du département n’est pas florissante. Nous avons plusieurs emprunts qui courent…

Au prochain débroussaillage sous le pont, nous aurons peut-être la réponse avec des traces du pont de 1888…. Et des travaux qui ont suivi jusqu’à nous…. Ce pont mériterait plus d’attention étant donné son utilité.


-archives municipales de Vallabrix--grand merci à André Beteille pour ses belles photos