dimanche 24 octobre 2021

Crash au Carmel d'Uzès

 

Crash au Carmel d’Uzès

Quand le hasard se fait complice de l’Histoire.


Un évènement lors de la seconde guerre mondiale : le 4 juin 1941, un bimoteur de la base de Nîmes survole Uzès. Mais soudain il perd de l’altitude, frôle le toit des maisons, rase la cour du groupe scolaire et s’écrase dans le jardin du Carmel.

Un des moteurs se détache et s’encastre dans le mur d’une maison de la route d’Alès. Une stèle devant le Carmel rappelle le souvenir des trois pilotes morts carbonisés. Des Uzétiens vont démonter et récupérer ce qui est récupérable des restes de l’avion. Un jeune garçon a l’idée de garder une des magnétos. Tout l’été il travaille sur le mécanisme de l’appareil : « le morceau du récepteur radio m’ouvrit des horizons immenses. Une des selfs, bobinée sur de la ferrite, le nec plus ultra en la matière me permit de bricoler un poste à galène ondes courtes. Tapi au milieu d’une toile d’araignée de fils brûlés déployés en antenne, je captai miraculeusement un soir d’août Radio Brazzaville et son compte rendu de la visite d’un général de Gaulle…. Il s’agissait d’un pur hasard dû à une propagation exceptionnelle et à l’empirisme le plus total… ».



Quelques mots au passage sur le Carmel d’Uzès :

Ci-dessus Boite de nonne (ou cellule)—Carmel d’Aurillac-archives du Cantal Cotes ADC : 1 J 829 et 830.Sources : Thierry Pinette de l’association Trésors de ferveur--Les premières apparaissent au moment de la Réforme des carmels et de la création des Visitation-Sainte-Marie (XVIIe siècle) puis elles disparaissent peu à peu au XXe siècle.


Trois religieuses du Carmel de Chartres lors de la guerre de 1870 partent de Chartres et arrivent dans le Gard le 27 décembre 1871. L’Evêque de Nîmes leur propose Uzès pour s’installer.

La petite communauté est dépourvue de toute ressource et connait des débuts difficiles. Les religieuses s’installent d’abord dans un logement provisoire. Puis en 1886 une souscription lancée dans toute la France et  l’aide financière de la duchesse d’Uzès, vont leur permettre d’acheter un terrain et commencer la construction du monastère.

Le 10 avril 1886 les bâtiments sont bénis et la communauté peut s’installer.

Les journées sont rythmées par la prière, l’oraison personnelle, le travail manuel et les moments de rencontre communautaire. Un jardin apporte paix et beauté et une belle huile d’olive.


La communauté s’est spécialisée depuis 1989 dans la reliure d’art : restauration de reliures anciennes, livres de particuliers, registres de notaire, de mairie, registres paroissiaux, livres anciens ….

Cartonnage, bougies, pour les enfants vêtements et pulls en laine faits main, objets de décoration… Des objets de qualité pour nos cadeaux à offrir....

Sources ; Le Républicain d’Uzès 2000—wikipedia.org--www.carmel-uzes.fr/produits-du-monastere/--

jeudi 14 octobre 2021

Les Prochaines Pandémies

Les prochaines pandémies :

Le Covid 19 a l’air de vouloir nous lâcher tout au moins dans notre Hexagone. Il va nous falloir tirer un trait, accepter nos fragilités. Les egos des politiques, des scientifiques et de nous tous ont été à rude épreuve !! Beaucoup de certitudes brandies comme des drapeaux qui ont fait un flop ! Et un certain mépris au début de la pandémie pour les systèmes sanitaires des autres pays, parfois même un certain racisme … Vanités des vanités…

Des images dont je voudrais que nous nous souvenions tous, les soignants avec des sacs poubelles en guise de protection, d’autres courbés en deux soutenant une civière dans un avion… C’est aussi cette infirmière canadienne qui est venue prêter main forte. Il serait souhaitable que grâce à cette expérience nos établissements sanitaires ne soient plus sacrifiés au titre de la rentabilité. Mais combien de suppressions de lits d’hôpitaux pendant ces deux ans ? 

Et nous connaitrons d’autres pandémies dont nous sommes en partie responsables.

Dernièrement j’ai lu quelque part que cette pandémie n’était rien par rapport aux inondations que nous avons vécues. Pourtant tout est lié et le nier c’est n’avoir pas encore compris les enjeux.

Un article de Pascale Barlet (Que Choisir n°L12260) essaie de nous alerter. Le Covid 19 est une zoonose « c’est à dire une infection dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’être humain ».  Les virus, les bactéries, les parasites sautent le matelas-barrière d’espèces pour infecter directement l’être humain. Depuis une vingtaine d’années ce type de pathologies augmente peu à peu. 75% des maladies émergentes comme le sida, Ebola, la grippe aviaire, le Stras en sont des exemples. Ici et là en Europe les renards, les sangliers, les oiseaux migrateurs comme les oies nous infectent au gré de leurs propres pathologies. 60% des maladies humaines déjà existantes relèvent de ce processus. Jusqu’à présent, elles étaient compagnes de la pauvreté, de la famine ou de la sous-alimentation, du mal-logé, de la méconnaissance, du manque d’hygiène. Le Covid nous a appris que ce n’est plus totalement le cas. Pourquoi cette évolution ?

Jean Luc Angot président honoraire de l’Académie Vétérinaire nous raconte l’épisode du virus Nipah en Malaisie en 1998. Des chauves-souris frugivores ont transmis ce virus à des élevages de porcs. Elles déposaient leurs déjections sur les fruits des vergers proches des fermes, les porcs mangeaient ces fruits et contaminaient ainsi les hommes. Ces chauves-souris ont été délogées de leur habitat naturel, la forêt sauvage, déboisée pour une culture intensive du palmier à huile. D’où une modification en profondeur de la biodiversité locale. Or nous savons maintenant qu’un écosystème appauvri favorise le passage des maladies des animaux à l’homme. On parle de « phénomène de dilution » : plus un milieu est diversifié, plus la faune et la flore forment un rempart aux épidémies, diluant la circulation des agents pathogènes.

Nous déboisons pour construire une route, un barrage, un lotissement, une usine qui vont apporter un progrès certain aux habitants. Comment en vouloir au paysan chinois qui a envie d’avoir l’eau courante chez lui, une route pour vendre ses légumes, au paysan africain qui a besoin d’un chemin carrossable pour envoyer ses enfants à l’école, des revenus pour vivre décemment …. Et nous Occidentaux, nous avons fait sauter les haies à tout va, bétonner des champs pour construire des « grandes surfaces » qui semblent maintenant totalement obsolètes, des autoroutes pour aller plus vite, plus loin… Nos poubelles abandonnées, nos décharges nourrissent des animaux dont ce n’est pas le régime alimentaire. Dernièrement Rome envahie par des hordes de sangliers se nourrissant des poubelles …. Les moins jeunes d’entre nous se rappelleront des pigeons dans la ville de Lyon, trop nombreux et porteurs du virus de la poliomyélite dans les années 1955/1960.  Ces pigeons faisaient l’objet d’une pratique récente : il était devenu habituel de les nourrir pour faire des photos avec eux. Ils picoraient dans les mains, se posaient sur la tête, sur les épaules des enfants… Malheureusement ils avaient copiné avec des pigeons venant d’Espagne porteurs du virus. Et plus récemment l’épidémie d’infections pulmonaires en Finlande apportées par les oies sauvages en trop grand nombre dans les parcs des villes.

Nous sommes un peu moins de 8 milliards d’individus sur Terre. La concentration de population dans les grandes villes est facteur aggravant des contaminations. Mais nos déplacements fragilisent aussi les petites villes, nos campagnes.

D’après la Plateforme Intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) créée en avril 2012, un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction et on estime à environ 800 000 virus possibles de type zoonose.

Il est assez probable que pour l’origine de la contamination au coronavirus, on va privilégier l’hypothèse d’une fuite d’un labo. D’abord cela embêtera la Chine. Et puis sommes-nous prêts pour accepter l’idée que nous faisons partie d’un ensemble d’écosystèmes, tous dépendants les uns des autres. Contre la destruction d’une forêt, d’une garrigue, de champs, qui va refuser l’implantation d’un lotissement qui va rapporter des impôts, du sang neuf, des enfants pour l’école ? Comment demander à un Africain de réduire sa consommation de viande quand il a enfin la possibilité d’en manger ?.... Suffit-il d’arrêter de consommer de l’huile de palme pour sauver la forêt indonésienne ? Sommes-nous prêts de laisser reposer quelques heures nos portables, nos smartphones pour réduire la consommation électrique des data-center ? Pour l’instant, notre besoin de progrès, de confort, notre manque de modestie, nous pousse toujours plus loin dans notre « invasion » de la planète au détriment des autres espèces. Alors qu’il faudrait rechercher un équilibre entre notre espèce et les autres.

Il nous faut repenser nos modes de vie, transport, tourisme, alimentation, agriculture mais la pauvreté et le dérèglement climatique à l’échelle planétaire, les lobbys n’aident pas à une prise de conscience éclairée. Et avons-nous le temps d’avancer à petits pas ?

NB : l'ARN Messager a été découvert par des chercheurs français de l'Institut Pasteur (Jacob et Monod) qui ont obtenu le prix Nobel en 1961.  

  






lundi 4 octobre 2021

Dagobert le mal-connu


 


Dagobert le mal-connu :

 

A-t-il vraiment mis sa culotte à l’envers comme le dit la chanson « Le Bon Roi Dagobert » ?

Dagobert sera le dernier grand roi mérovingien. Il est arrière-arrière-petit-fils de Clovis. Lorsque son père Clotaire II lui confie le royaume en 623, (Caribert, son demi-frère est fils de concubine), c’est encore le règne des vice-rois, soumis au souverain.

Son demi-frère Charibert ou Caribert II, gouverne une partie de l’Aquitaine et du Languedoc en 623. Lorsque ce frère meurt en 632, Dagobert récupère ces territoires et devient l’unique roi des Francs. Pour plus de sureté, il fait assassiner, semble-t-il, son neveu fils de Charibert, on n’est jamais assez prudent !!

Dagobert nait vers l’an 600 et décède en 639. D’abord souverain d’Austrasie, il se fait reconnaitre roi de Neustrie par la noblesse du royaume. Pendant les dix ans de son règne, il est le seul maître du royaume mérovingien, des Pyrénées au Rhin, de la Bretagne à l’Elbe.

« Bon roi » nous dit la chanson ? Il préfère la paix à la guerre, entretient de bonnes relations avec Byzance, signe un traité de paix perpétuel avec l’empereur Héraclius en 631. Mais il assoit son autorité, d'une main de fer, sur les Saxons, les Bretons, les Gascons, les Slaves de Bohème,  détrône un roi wisigoth pour le remplacer par une personne à sa botte…Il cherche à unifier le royaume franc, comme Clovis et Clotaire avaient fait avant lui avec plus ou moins de succès sur le long terme. Et cela se fait dans le sang. Il aurait fait égorger 9000 Bulgares chassés de leur pays et venu demander protection.

A la mode de l’époque il a de nombreuses femmes et concubines. Il fait assassiner le mari de sa troisième future épouse, Bertilde, pour éviter l’adultère et paraitre mauvais chrétien !! D’après le chroniqueur Frégédaire, en sortant après cinq jours entiers du lit nuptial, il aurait déclaré élégamment : « maintenant je la connais comme ma poche ! »

Paris est sa capitale mais il réside principalement à Epinay-sur-Seine (maintenant département de Seine-Saint-Denis). L’ancien orfèvre Eloi, le bon saint Eloi de la chanson, lui prodigue ses conseils et devient son ministre des finances. La frappe de la monnaie est centralisée dans son palais de Clichy.

Il souhaitera être enterré dans l’abbaye de Saint-Denis et ainsi nait la tradition de la nécropole royale.

Mais son héritage va être partagé à la mode franque : son fils aîné Sigebert III a l’Austrasie, Clovis II la Bourgogne et l’Aquitaine. S’en est fait de l’unité du royaume…. Ses conseillers Pépin de Landen et Arnoult de Metz l’ont semble-t-il mal conseillé, ou bien ils avaient des idées derrière la tête !!

Son fils n’a que 10 ans et ce sont ces conseillers qui gouvernent à sa place. Pépin est l’ancêtre de Charlemagne et exerce la fonction de maire du palais. Avec lui la lignée des Pippinides s’empare du pouvoir. Fin des mérovingiens, place aux carolingiens.

Question importante : portait-il sa culotte à l’envers comme le dit la chanson qui en fait un bouffon ? Wulfran de Strasbourg au 8ème siècle raconte que Dagobert était myope, d’autres sources nous disent qu’il aimait rire… Mais en fait la chanson date du 18ème siècle et concernerait un autre roi que l’on ne pouvait nommer sans risquer la Bastille : Louis XVI !!

Le peuple chantait cette chanson avant la Révolution de 1789. Le nom du monarque n’était pas cité donc aucun risque de subir la censure et la prison. Pas grand monde connaissait Dagobert à cette époque et les confondre était impossible officiellement. Sauf peut-être que contrairement à Dagobert,  Louis XVI était réellement distrait. Louis XVI était accusé de tous les maux, alcoolique, mauvais catholique, mauvais mari, si benêt qu’il pourrait bien mettre sa culotte à l’envers !!

Cette chanson brocardera plus tard Napoléon III….

« Le bon roi Dagobert avait mis sa culotte à l'envers Le grand saint Eloi lui dit O mon roi, votre majesté est bien mal culottée C'est vrai lui dit le roi je vais la remettre à l'endroit »

 

Sources et pour en savoir plus : Laurent Theis, Dagobert, un roi pour un peuple, éditions Complexe, 1982, p. 12--  Patrick Périn et Gaston Duchet-Suchaux, Clovis et les mérovingiens, collection Historia, éditions Tallandier, p. 118.--- Maurice Bouvier-Ajam, Dagobert Roi des Francs. « Figures de proue », éditions Tallandier, 2000, pp. 148-149.--- www.curieuseshistoires.net/dagobert-roi-ca/---wikipedia.com-- .francetvinfo.fr/replay-radio/les-pourquoi/les-pourquoi-pourquoi-le-roi-dagobert-a-t-il-mis-sa-culottellenvers_2125515.html-- IIvan GobryDagobert Ier, éditions Pygmalion, 2006 (ISBN 275640036X).---Gaston Duchet-Suchaux et Patrick PérinClovis et les Mérovingiens, éditions Tallandier, collection « La France au fil de ses rois », 2002 (ISBN 2-235-02321-5).---Jean Verseuil, Les rois fainéants : de Dagobert à Pépin le Bref 629-751, édition Critérion, Paris, 1946 (ISBN 2-7413-0136-0).