jeudi 24 octobre 2019

De Vigne en vin dans les noms de famille

De Vigne en vin dans les noms de famille


De la vigne et de sa culture découlent parfois des noms de famille.
Jusqu’au 11ème siècle, les Français ne portaient qu’un nom de baptême : on était Jean fils de Pierre, Paul fils de Jacques... Mais au 12ème siècle, nous sommes trop nombreux et les noms des Saints ne suffisent plus pour s’y retrouver. Pour éviter des confusions, des surnoms qualifient les personnes.
Le 12ème-13ème siècle est la période où les patronymes se forment, se consolident. On différencie par exemple «Jean fils de Louis »… par l’adjonction d’un patronyme, le lieu de naissance (Dupont, Langlais), d’habitation (Mazier, Dupuy), une caractéristique physique (Boiteux, Leroux), sobriquet ou le métier exercé (Pelletier, Barbier, Goupil...).
Nous cultivons la vigne un peu partout dans notre pays, donc il serait naturel que nos patronymes puisent dans la culture de la vigne. Mais ce n’est pas aussi simple, en particulier pour le mot « vigneron ».
Le nom Vigneron apparaît dans un texte français du 13ème le Roman de Renard : « li vingnerons », mais là il représente encore plus la fonction que le patronyme. A Lyon nous avons dans les deux siècles qui suivent des « Vignolan », en Bourgogne des « Vignerot », en Picardie de « Vingueus », presque partout des « Vignon ». A Paris nous avons un Jean Vigneron en 1292 contribuable. Dans notre sud, en langue d’oc, nous avons des « Vigniers », « Viniers, des « Vinhairiers ». Ici le mot vigneron apparaît bien plus tard.

En Angleterre les Normands de Guillaume le Conquérant apportent après 1066 des Vyngnon, des Le Vintur, des Vinyour mais à notre connaissance pas de Vigneron. De même les émigrés de nos pays de l’ouest partis se faire une autre vie au Canada dès le 17ème siècle sont très peu nombreux à s’appeler Vigneron ou de ses dérivés, Levigneront, Desvignol..... Il semble que le patronyme Vigneron ait du mal à s'implanter.

Les dictionnaires d’ancien français nous disent que le « vigneron » dans le Nord, le Pas de Calais, la Belgique… était une cloche qui sonnait le soir la fermeture des tavernes. Est-ce que le nom de Vigneron a d’abord été pour les sonneurs de cloches, les cabaretiers ou pour les travailleurs de la vigne ? Le mot semble d’origine picarde. La question reste entière. A partir du 17ème-18ème siècle nous avons des Vigneron  et ses dérivés surtout dans la Meuse, l'Eure, le Nord...

Au cours des siècles apparaissent les Duclos, Closier, Clausier du nom du petit lopin de terre ceint de murs pour protéger des intempéries ou des intrusions, un morceau de terre avec des quelques pieds de vigne. « Verjus » arrive aussi, du nom du suc acide du raisin mal mûri et qui entrait dans la confection de plats.
Des Latreille, Latrille, Traglia, Treglia, les Raisin, les Bonraisin…. Le mot « grapper » qui voulait dire au Moyen-Age, vendanger, grapiller, et même piller, va donner le mot « grappin » et ses dérivés. Peu de patronymes Grappe.

« Pépin » comme Pépin le Bref n’a rien à voir avec le raisin ou la vigne : il s’agit d’un ancien nom de baptême germanique !



Depuis les 18ème-19ème siècles nous avons des Vigne, Lavigne, Delavigne, plus au sud des Vignal, Vignau, Vignère, Vignole. Biniau, Binhas, Bignol, Bignolet seraient plus gascons.
Le mot « vignoble » vient du provençal ; il a donné des familles nommées Vingnoboul. Le vigneron dans cette langue c’était le vignogoul. Mais parfois Vigneron fait référence à un diminutif gentil pour la vigne, petite vigne (Poitou…)
Les terres nouvellement mises en viticulture nous ont donné des «Plantier, Duplant, Plantade.. ».
En Occitan, tailler la vigne se disait podar : poude-vigne, taille-vigne qui nous a donné des Poudevigne. A Beaucaire une famille Poudevigne devient Damiette après la croisade de St Louis : plus honorifique ou simplement pour raconter son histoire, ou les handicaps de guerre d'un des leurs ?

Les instruments de la culture de la vigne ne sont pas oubliés : les Dolladile et ses dérivés, patronymes qui viennent du couteau du vigneron. Les Buttes dans la Creuse qui font référence aux tonneaux ; les Bastouil, Bastola dans le Quercy pour les fabricants de comportes qui servent à transporter le raisin coupé ; les Charrieau en Vendée pour les cuves à vin ; et autres Weingarten, Vigneront, Vineron, Winneron…. En fait la vigne et sa culture sont bien implantées dans notre société et cela depuis longtemps.



Sources : Marianne Mulon conservateur aux Archives Nationales in Historia 1982 n°431-  Dominique Barthélemy « Les noms de famille sont nés au Moyen Âge L’Histoire no 130,‎ février 1990, p. 72 --Marianne Mulon Origine et histoire des noms de famille : essais d'anthroponymie, Editions Errance, 2002 (ISBN 978-2-87772-234-6).--- Albert Dauzat et Marie-Thérèse Morlet Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France, Paris,2001 Larousse (ISBN 978-0-8288-9497-5).—photos perso Vallabrix à l’automne 2016--


jeudi 17 octobre 2019

Les Boileau-Castelnau 17è-19ème siècle


Les Boileau-Castelnau 17è-19ème siècle



Chateau de Castelnau -/www.tripadvisor.fr/
(suite blog du 24-09-2019)
Un homme libre va au ciel par le chemin qui lui plait, nous dit Voltaire. Et qui avale amer ne peut recracher doux d’après un dicton cévenol.
Depuis la paix d’Alais les rivalités catholiques-protestantes sont apaisées du moins en apparence. Mais la prudence est de mise dans les milieux protestants. Dès 1637 on commence à fuir vers le Brandebourg sous la conduite de louis de Beauveu seigneur d’Anjou qui obtiendra en 1682 du Grand Electeur la fondation d’un premier consistoire à Berlin. A partir de 1660 les tisserands huguenots de Nîmes partent pour l’Angleterre, emportant leurs connaissances, leurs savoir-faire. On part en espérant revenir lorsque l’orage sera passé !! En 1688, on compte pas moins de 3000 huguenots français à Dublin. Pour le roi Louis XIV l’unité religieuse doit consolider l’unité politique et administrative. L’Edit de Nantes de son grand-père est un édit de tolérance et non de liberté.
En signant l’Edit de Fontainebleau le 18 octobre 1685 révoquant l’édit de Nantes, le roi imaginait-il qu’il ouvrait les portes aux fuites des énergies, des savoir-faire, aux cassures, aux familles qui explosent dans une société où la solidarité dépend essentiellement des maillages des alliances, des réseaux ? L’industrie allemande va être relancée par nos concitoyens, métallurgie, textile, fonderie, agriculture, cuisine….Médecins, chirurgiens français si nombreux à Berlin qu’il faut mettre en place des quotas. En 1691 Etienne de Cordier est directeur de toutes les fonderies et forges d’Allemagne ; les spécialistes du laiton, cuivre, alun sont français. La ville de Tours avant la révocation ronronnait de huit mille métiers, sept cents moulins, vingt mille ouvriers, quarante mille dévideurs ; après la révocation, plus que mille deux cents métiers, soixante moulins…. Tous les métiers sont impactés, même des catholiques suivent leurs fournisseurs protestants en Espagne, en Italie. De 1684 à 1687, plus de 30 000 français passent par Genève qui ne compte que 16 000 habitants. En 1687 300 à 350 personnes arrivent chaque jour. Les passeurs font fortune, des bureaux clandestins fournissent guides, papiers. Les ambassades de Prusse, de Hollande aident pour le transfert d’argent des plus fortunés. Dans l’Ouest de la France des Hollandais fournissent des barques de charité qui vont faire des prodiges pour éviter pirates et chasseurs de primes…. Ces exilés déracinés, coupés de leur milieu protecteur, vont côtoyer des gens originaires de tous les coins de la France issus de tous les milieux sociaux. Ils vont remette en question les jugements de valeur de leurs ancêtres, oser critiquer, dénoncer l’iniquité et le despotisme royal. Peut-être planter les graines de la future Révolution de 1789.
La famille des Boileau-Castelnau va subir les événements de plein fouet.
Jacques né vers 1584, fils de Jean de Boileau et de Rose de Calvière.  Il décède à Uzès le 6 décembre 1672 à 88 ans. Il est docteur en médecine et pour certains historiens avocat. Il sera plusieurs fois consul d’Uzès. Il avait été député avec le sieur Gondin, viguier royal pour remettre au roi Louis XIII un cahier de doléances auquel le roi fit une réponse favorable. Il achète des terres de ce qui sera le Castelnau de St Quentin la Poterie proche de Vallabrix. Il a douze ou treize frères et soeurs.
Le 25 août 1619 Premier Consul d’Uzès il accueille avec ses trois autres collègues le Duc de Montmorency et son épouse. Il a l’honneur de chevaucher aux côtés du duc.
Il a pour épouse Alix Dunal. Un premier mariage avec Armande de Rossel qui meurt en couches en juin 1619 d’où Henri. Aramande appartient aussi à la communauté protestante. Jacques teste en 1670 (notaire royal Me Delgas). Il est considéré comme le chef protestant d’Uzès. Certains de ses biens seront saisis en 1669 à Aramon et Castillon conséquences des guerres de Rohan.(40 ans après !!). Jacques est enterré au cimetière de l’hôpital, pas de tombeau familial ou bien il n’a pas abjuré sa religion ?
Leurs enfants ; Jean décédé en 1667, époux de Catherine de Boyer en 1648 d’où quatre fils dont Antoine qui suit ; une fille Rose ; Pierre-Henri décédé en 1635 ; Pierre et Jean qui sont envoyés à Genève en 1627 pour « s’instruire aux bonnes lettres » ; Rose qui épouse en 1672 Jean de Folcher seigneur de Montaren, St Médiers… ou Rose (tante ou soeur ?)qui organisera des passages de frontières avec guides pour les fuites des huguenots après la Révocation de l’Edit de Nantes !! Une des deux Roses épouse David Perrotat, seigneur de Saint Victor qui décédera à la prison de Lyon.
Catherine de Boyer épouse de Jean, survécut 19 ans à son mari. Impotente elle dut finir sa vie à Uzès : son acte de décès : « 23 juillet 1686 en l’absence de Monsieur le Curé de Saint-Etienne d’Uzès est enterrée dans le cimetière de l’hôpital d’Uzès madame Catin de Boyer veuve du sieur de Boileau, nouvelle convertie, sans s’être confessée, ni reçu aucun sacrement de l’église… » .Elle n’avait voulu remplir aucun devoir religieux, nouvelle convertie récalcitrante. Pour éviter le scandale elle fut admise malgré tout au cimetière catholique. Son fils Antoine s’enfuit après son décès. Une autre femme forte de la famille Louise Le Fils veuve de d’Henri de Boileau décède en 1695 sans sacrements catholiques, elle sera enterrée aux « champs » c’est-à-dire hors cimetière.
Un fils Antoine (juin1650- ?) fils de Catherine de Boyer et Jean de Boileau, époux de Catin (Catherine) de Pujolas fille de noble Louis de Pujolas docteur en droit. En 1684 par succession Antoine récupère l’Hôtel particulier du 23 rue du Docteur Blanchard à Uzès, qui passera ensuite en 1706 à son héritier Jean Louis de Pujolas.  Le ménage fugitif s’établit à Dunkerque et ira jusqu’à Saint-Domingue avec plusieurs de ses enfants. Il semble que seule Catherine-Louise leur fille soit présentée au baptême le 1er avril 1687 (et décès en 1687 ?). Mais il nous faut être prudents : nous retrouvons un grand nombre de de Boileau autour de Dunkerque au 18ème siècle qui tous se revendiquent de leur ancêtre Etienne Boileau. Le 1er mars 1728 François-Christophe, Joseph et Marc-Antoine (fils d'un Louis de Boileau ou Nicolas-Antoine ?) de Boileau font enregistrer leurs titres de noblesse au Conseil Souverain de l’île de Saint-Domingue.. Bon nombre des Boileau de St Quentin et leurs cousins de Castelnau-Valence vont émigrer vers la Suisse et vers les Antilles.
Nicolas frère de Jacques, et fils de Jean de Boileau et de Rose de Calvière est né le 21 décembre 1578 et décède en 1657. Il voyage en Italie, Allemagne, Angleterre, Flandre, Hollande.. Il est un avocat réputé dans toutes les cours de justice. Il se présente à la convocation de l’arrière-ban comme tous nobles, mais en est dispensé semble-t-il à cause de sa profession ou plutôt de sa religion.
Il avait épousé le 17-18 mars 1619 Anne de Calvière-Boucoiran, décédée en 1648.
Leurs enfants, probablement quinze : l’ainé François capitaine au régiment de Roussillon, major au régiment du cardinal de Sainte-Cécile, lieutenant-colonel dans la cavalerie ; il se noie en passant à Naples. Jacques qui suit et qui devient l’ainé après la mort de François, probablement après 1671 car parrain d’un enfant à cette date bien qu’absent ; Charles qui servit sur les galères et dans la cavalerie, époux de Marguerite de Galtier en 1673, décédé à Lausanne en 1707 ; Marguerite, Isabeau, bien mariées et Anne-Marie épouse de Guy d’Airebaudouze.
Isabeau avait aussi fui avec son mari Pierre de Leyris de Chamborigaud et son fils François et sa fille. On les retrouve à Berne. Sa dot de 2000 livres sera saisie et mise en régie. (arch nat TT260 VIII)
Jacques (janvier 1626-juillet 1697) servit dans les Cadets-Gentilshommes. Il est docteur en droit, avocat à Nîmes, correcteur à la Chambre des Comptes de Montpellier. Il épouse le 16 août 1660 une riche héritière Françoise de Vignolles (1643-1701). Jacques en 1652 entre au consulat de Nîmes pour contrebalancer  « la voix de l’évêque » par élection. Le 10 décembre 1668 un jugement souverain le maintien dans sa noblesse. Il est né à Montpellier et décède à Saint Jean de Védas à 71 ans. Il est le 10ème baron de la famille. (NB Promethée)
Par une lettre du 10 octobre 1685 écrite par le baron de Saint-Victor pour sa fille, on sait que Jacques a quitté la France. La Révocation de l’Edit de Nantes n’est pas loin, le 18.
A la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685, Françoise de Vignolles ainsi que  deux de ses filles sont conduites au couvent de Pugin puis en 1688 au couvent des Ursulines de Nîmes. Elles réussissent à s’enfuir par Lyon, Genève en 1690. Françoise rejoint sa famille à Brandebourg en 1692, cinq de ses enfants y sont enterrés. Elle retourne à Genève avant sa mort qui arrive le 14 janvier 1700 à 56 ans, usée. Onze de ses enfants sont encore vivants. Jacques son époux est emprisonné à Lyon à la prison Pierre-Scize le 12 janvier 1686, avec beaucoup d’autres protestants de Nîmes. Il est transféré à Saint-Jean de Védas près de Montpellier où il décède, paralysé, en 1697 après près de dix ans de captivité. On lui avait accordé d’aller aux eaux de Balaruc quelques temps auparavant pour soigner ses douleurs.



(William Marlow Château de Pierre-Scize (Encize))
Une lettre au roi du 23 mars 1594 :



……
 Leurs enfants, probablement 22 en 24 ans de vie commune : Anne l'aînée (1662-1694) célibataire, décédée à Berlin à 32 ans ;
Henri (1665-1709) Cadet-Gentilhomme, puis capitaine réformé des grenadiers à cheval de Brandebourg tué au siège de Tournai ; en 1701-1703 ses meubles sont inventoriés et vendus aux enchères à Uzès (archives départ du gard G971)
Jean-Louis (1667-1697) tué lors de la bataille d’Hochstet ; Charles capitaine au régiment de Farrington au service de l’Angleterre qui fera la branche de Dublin en Irlande ; Maurice… et
Françoise décédée à Berlin à 31 ans (1666-1687) épouse en Suisse de Joseph Pandin-de-Jarrigues du Poitou, père du grand Chancelier de Prusse ; Joseph, son mari est capitaine au régiment de la Fèree en 1686, puis au régiment de Connanght en Brandebourg, lieutenant-colonel… Françoise avait essayé de fuir, mais prise et emprisonnée dans un couvent.
Charlotte né en 1670 et morte à Berlin en 1696 à 26 ans.
Marguerite (1671-1688) morte à 17 ans « retenue » dans un couvent Sainte-Elisabeth de Bellecour de Lyon.
Magdeleine (1674-1691) décédée à Lausanne à 17 ans.
Louise mariée à Abel de Ligonnier frère du Lord de ce nom, général en Angleterre, Anne-Louise……
La Révocation de l’Edit de Nantes a fait partir bon nombre de Français à l’étranger, où ils feront souche ; parfois des fils qui deviennent soldats de l’ennemi.
Maurice de Boileau de Castelnau : né le 6 avril 1678 et décédé à Nîmes le 5 décembre 1742 à 64 ans. Il épouse le 11 décembre 1708 Eve de Guiraud. Elle est la fille d’un avocat célèbre Charles Guiraud, président au Parlement d’Orange. Le couple aura treize enfants, dont Charles qui suit ; Henri-Camille, chevalier de Castelnau capitaine de grenadiers au régiment de Normandie en 1734 (campagnes de Flandres, Allemagne, Bohême ; Westphalie…), lieutenant-colonel ; Louis chevalier de Montredon régiment de Foix en France et Sardaigne ; Anne, Marguerite, Françoise….bien mariées. On retrouve Louis aux assemblées de la noblesse de 1789.
(Nobiliaire universel de France, ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume Auteur : Nicolas Viton de Saint-Allais)
Maurice avait essayé de fuir. En mai 1714 il demande la permission de vendre une maison qu’il possède à Nîmes. Officiellement pour payer les dettes de l’héritage de leur grand-père maternel Jacques de Vignoles et de Louise de Baschy. L’intendant Basville refusa vertement et écrivit à M de La Vrillière : « M de Castelnau est riche qu’il est sans conteste le plus mauvais nouveau catholique qu’il y ait dans le Languedoc et de ne pas lui donner cette permission »…(arch nat TT110 XXIXè)
Charles de Boileau de Castelnau (Le Galant Réfugié): (février 1673-mars1733) frère de Maurice. Il décède à Dublin à 60 ans. Il avait épousé le 30 décembre 1703 Magdeleine Collot d’Escury (1679-1731) à la French Church of Saint Patrick. Ils auront dix (ou 18 !!) enfants dont un fils Simon (1717-1767). Ils feront tous de grands mariages. Pourquoi ce surnom de Galant Réfugié ? Il est incorporé au régiment de Farringdon en Angleterre, enseigne en 1698, lieutenant en 1703. On parle aussi de Calcutta. Il est fait prisonnier après son mariage en 1704, relâché en février 1709 lors d’un échange de prisonniers à Valenciennes.  Il sera en compagnie d’autres prisonniers de l’Uzège dont François de Rossel, frère du baron d’Aigaliers.
Charles s’établit à Dublin où il devient marchand de vin dans Bride Street.. Par testament il lègue ses biens de Castelnau à son frère Maurice.
Un de leurs fils, Siméon Boileau né à Southampton en octobre 1717 sera le grand-père de John Peter Boileau né en 1794 époux en novembre 1825 Lady Catherine Elliot fille du comte de Minto, d’où plusieurs officiers et de nombreux représentants en Grande-Bretagne. Vice-président de la Société des Antiquaires et directeur de l’hôpital français de Londres. Un de leurs descendants John Francis Davis sera gouverneur de Hong Kong. (Huguenot pedigrees, v. 02Edité en 192 4--Source: FamilySearch).

Paul-Charles de Boileau fils de Maurice :  capitaine au régiment de Normandie. Il fait les campagnes de Bavière de 1733-1735 et 1742. Il épouse en 1765 Catherine de Vergèzes d’Aubussargues. Catherine a un aïeul Jacques d’Aubussargues décédé en 1720 à Dublin en Irlande à 81 ans, allié par mariage à la famille de Bargeton de Vallabrix.
Au moins neuf enfants. Un fils Simon-Barnabé, admis dans les chevau-légers ; il prit part aux assemblées de la noblesse de Nîmes en 1789. Il sera maire de Nîmes en 1810. C’est la troisième fortune du Gard en 1819. Une carrière politique au Conseil Général du Gard. Baron d’Empire par décret impérial du 2 janvier 1814. Le titre devient héréditaire par lettres patentes du roi Louis XVIII en février 1819. Faute de descendant mâle le titre passera à un cousin germain Charles-Frédéric Boileau de Castelnau (1809-1891).
Des siècles au service de l’Etat, mais aussi des pas de côté, des vies qui racontent notre Histoire.
Le château a été lui aussi mis à contribution historique. En 1704, le 14 août Rolland chef des Camisards lors de la Guerre des Camisards, s’était réfugié au château de Castelnau avec quelques soldats huguenots. Une trahison de la part d’un homme nommé Malarte et les dragons de l’armée royale attaquent pendant la nuit. Antoine Court nous raconte : «  réveillé en sursaut, Rolland se jette hors du lit, prend une partie de ses habits, cinq de ses officiers font de même et tous ensemble courent aux écuries pour prendre leurs chevaux, mais trois des leurs, plus diligents, Marchand, Bourdalier et Bason avaient pris les meilleurs et avaient eu le bonheur de sortir par la grande porte avant que les dragons s’en fussent saisis. Il ne restait pour Rolland et ses cinq officiers que le parti de gagner à pied une porte de derrière qui donnait sur la campagne…. Ils furent atteints. Rolland adossé à un arbre défia le plus hardi d’approcher, …un dragon nommé Soubeyran tira en couchant Rolland sur place…Ses compagnons furent faits prisonniers… ». Le cadavre de Rolland fut transporté à Uzès puis Nîmes ; on le traina sur une claie et on le brûla, ses cendres dispersées au vent pour éviter qu’on en fasse des reliques.

Sources :Auguste Geffroy, « Boileau (Étienne), ou Boilesve ou Boileaux » [archive], dans Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie …, 10e  éd., t. 1, C. Delagrave, 1889, p. 333.-- Antoine de Lévis-Mirepoix, Saint Louis, roi de France. Le livre des métiers d'Étienne Boileau, Paris, Michel, coll. « Le mémorial des siècles, les hommes », no 13, 1970, 373 p.6-- Arié Serper, « L'administration royale de Paris au temps de Louis IX » [archive], dans Francia, 7, 1979--Jean de Joinville, La vie de Saint Louis, Paris, Dunod, 1995--- Régine Pernoud, Les Hommes de la Croisade, Mayenne, Taillandier, 1977.-- Frères Haag : La France protestante--  François-Alexandre Aubert de la Chesnaye des Bois Généalogie des Boileau de Castelnau—généanet – wikimedia.org--Huguenot pedigrees, v. 02Edité en 192 4--Source: FamilySearch---Nobiliaire universel de France, ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume Auteur : Nicolas Viton de Saint-Allais-- Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle - T5Auteur : Chaix d'Est-Ange, Gustave Gallica BNF ---).- Les chiffres de M. l'abbé Rouquette : Étude sur les Fugitifs du Languedoc (Uzès), Société de l'Histoire du Protestantisme Français. Bulletin, LXIe année, 1912, pp. 237-258—archives départementales du Gard, municipales de Nîmes, Uzès—archives nationales—BNF Gallica—Jean Christophe galand Mireille Olmière  Les belles Demeures familiales d’Uzès 12- Presses du Languedoc 2005--



mercredi 9 octobre 2019

La Jeanne d'Arc du Languedoc




(Leucate le port –office du tourisme)

La Jeanne d’Arc du Languedoc :


Françoise ou Francèse de Cezelli naît le 22 mai 1558. Les guerres de religion ne vont pas tarder à agiter notre Languedoc. Elle est la fille du président de la Chambre des Comptes de Montpellier et nièce du gouverneur de Leucate. Jean son père est aussi banquier changeur. Un grand-père Etienne Cézelli (1435-1522 environ) marchand poivrier et banquier-changeur, consul de Montpellier en 1490, seigneur d’Aunès, anobli par Louis XI en 1480… , clavaire, consul de mer, bayle de Montpellier, il achète en 1475 le fief noble de Saint-Aunès.. Il est député à Tours pour défendre les intérêts montpelliérains du négoce maritime en 1482 et en 1487 (D'Aigrefeuille, Histoire de Montpellier, II, 400). Envoyé à la Cour en 1490 pour obtenir la création de deux foires à Montpellier. Consul de Montpellier en 1490 et 91. (Promethée).  Un arrière-grand-père drapier-vermeil à Montpellier, consul de mer en 1434, consul majeur de Montpellier en 1444. Un aïeul Jehan bourgeois marchand drapier et poissonnier. Consul de la corporation des poissonniers en 1391 et 1416. Ouvrier de la commune clôture pour l'échelle du dimanche en 1402. Consul de Montpellier en 1412. (Promethée)

Une famille très active, très engagée !! Et qui monte rapidement dans l’échelle sociale.

(drapier-vermeil ou vermeille : drapier spécialiste de la teinture vermeille-rouge obtenue dès le 12ème siècle à partir de la cochenille  parasite du chêne kermès - des tissus pour la classe aisée)


 La famille se retire dans son domaine d’Ouveillan vers 1560, à l’abri des troubles religieux. Un premier mariage à 14 ans, un veuvage à 16ans et ses deux enfants morts trois ans plus tard. En avril 1577 elle se marie avec Jean-Antoine de Boursiez (Bourcier) seigneur de Pantaut de Barri. La vie lui sourit à nouveau.


Ils auront cinq enfants, Hercule, Anne-François né en 1581, Antoine-Claude né en 1582, Paul-Aubert (Alibert) né en 1587  et Françoise née en 1586. Francese de Cezelli, parfois appelée Constance de Cézelli, en hommage à sa ténacité, sa droiture, prénom ou surnom symbolique et commémoratif. Jean-Antoine est parfois confondu avec Henri de Cézelli, un petit fils aussi très impliqué politiquement. 
Les Bourcier ne sont pas des inconnus. Déjà en 1285 nous les trouvons impliqués soldats valeureux dans les Flandres, en Bourgogne, en Lorraine. Un grand législateur Jean Léonard de Bourcier membre du congrès d’Utrecht, un conseiller de l’empereur François III, Jean-Louis… Pierre de Bourcier seigneur de Burlemont, gentilhomme de Charles le Téméraire duc de Bourgogne est tué en même temps que ce prince à la bataille de Nancy en 1477. Une partie de la famille quitte la Bourgogne à la fin du 15ème siècle et s’installe en Gascogne. Son fils Bertrand de Bourcier est maître d’hôtel de Jean d’Albret roi de Navarre. Le fils de ce Bertrand épouse à Mazières en Ariège Marthe de Pontaut, nom qui rentre dans la famille.
Paul de Bourcier, fils de ce couple, et époux de Marguerite de la Chaume, devient seigneur de Pontaut et de Barre (Barri) en août 1535, avec blason. Il est gendarme de la Grande Paye de la compagnie du Maréchal de Montpezat.   Son fils Jean-Antoine est alors seigneur dc Barri, de la Borie, dc la Combe d'Angély, des Cabanes, dc la Bastide Esparbairenque, de Mirepeisset (Arch.Dép,Hérault . H 458 ft 37). Il est Guidon d’une compagnie d’ordonnance, maréchal des logis puis gouverneur de Beaucaire en 1578 et enfin gouverneur de Leucate et du pays de Narbonne en 1585.
Jean-Antoine devient par décision royale en avril 1585 gouverneur de Leucate, forteresse qui garde la frontière entre la France et l’Espagne, pays qui s’est allié avec la Ligue Catholique française. Jean-Antoine s’est distingué dans des combats, des batailles, un soldat endurci. Le roi Henri III est encore vivant. Le Roussillon n’est pas encore français, mais espagnol. Leucate est sur la frontière entre la France et l’Espagne. C’est une zone de conflits perpétuels, entre mer et montagnes des Corbières.

Nous sommes en 1589-90 ; Henri de Navarre est roi sous le nom d’Henri IV. Son accession au trône de France déchire tout le pays entre catholiques et protestants, entre ses partisans de tous bords et les ultras partisans de de Guise. Jean de Boursier gouverneur de Leucate se rallie au nouveau roi entraînant la colère des Ligueurs catholiques du maréchal de Joyeuse, qui fait appel à l’Espagne.
 Jean de Bourcier part avertir le duc de Montmorency le 22  juillet 1589 du débarquement dans le port de la Franqui vers le grau de La Nouvelle de 500 lansquenets espagnols et tudesques (allemands) (5000 nous disent certains récits). Il tombe dans une embuscade et est fait prisonnier par les Ligueurs à Narbonne. Jean arrive à prévenir son épouse et lui demande d’organiser la résistance de Leucate qui ne doit pas tomber aux mains des Ligueurs. Elle doit défendre « la place à outrance ». Dans un premier temps une partie de l’armée de la Ligue prend position le long de la Robino, mais battue par les troupes de Montmorency, elle se replie sur La Nouvelle et avec les Espagnols qui avaient débarqué elle part en direction de Leucate, assiège et attaque le château. Françoise de Cezelli y était arrivée par mer et sa présence avait regonflé le courage de la garnison. La pique à la main, elle se révèle un séreux chef de guerre. Chacun des quatre bastions de la forteresse est doté de deux canons qui font feu. Elle est tout à la fois dans les courtines, sur le chemin de ronde, derrière les créneaux. Elle se montre fin stratège, ses hommes ont foi en elle. La garnison galvanisée, repousse toutes les attaques. Francèse doit aussi rassurer ses cinq enfants.
La forteresse résistait bien et les ligueurs voyaient leurs efforts inutiles.
Alors l’ennemi change de tactique. On propose à Bourcier  une riche récompense s’il donnait l’ordre de rendre le château de Leucate, sinon la mort s’il refusait. En vain. Alors les Ligueurs s’adressent à son épouse : son mari sera mis à mort si elle ne rendait pas les armes !. Les clés de la ville contre la vie de son mari.  Françoise proposa une rançon, toute sa fortune personnelle, mais refusa la capitulation. Fidélité au roi oblige !! : “Ma fortune, ma vie sont à moi, prenez les, je vous les donne volontiers pour mon époux. Mais la ville est au roi et mon honneur à Dieu. Je dois les conserver jusqu’au dernier soupir.”
Alors Jean-Antoine est garrotté dans sa prison, son corps déposé devant la citadelle. (Pour certains auteurs il fut décapité devant le château et son corps exposé sous les yeux de sa femme : une croix de fer marque l’endroit de l’exécution). Françoise demeura inébranlable et peut-être même renforcée dans sa décision de ne rien céder. Les soldats de Leucate découvrant Jean-Antoine mort au pied des remparts veulent tuer monsieur de Loupian, ami du chef des Ligueurs prisonnier dans la prison de la forteresse pour servir de monnaie d'échange contre Jean. Francèse refuse et empêche son lynchage.
Enfin les assaillants de guerre lasse, dépités, lèvent le siège au bout de trois semaines. La forteresse de Leucate est sauvée.
Trois ans plus tard elle est appelée à Paris par le roi Henri IV qui tient à récompenser son courage et son sacrifice Il lui accorde le gouvernement de Leucate jusqu’à la majorité de son fils Hercule. Le roi Henri IV dira : « Je ne connais point d'homme qui aurait fait pour mon service ce que cette femme a fait »
Elle dirigera la ville pendant 27 ans. Elle reçoit une pension de mille écus et une gratification qu’elle affectera aux améliorations de la forteresse de Leucate. Lorsque son fils prend le commandement de la ville elle se retire dans un couvent à Béziers. Elle ne se désintéresse pas des habitants de Leucate pour autant, les aidant par exemple dans l'implantation d'une pêcherie qui organisera au mieux leur métier.
Elle meurt en 1615 à 56 ans. Elle s'était installée en Avignon dans une modeste maison près du Palais des Papes près de ses deux fils jésuites en 1610. Elle rejoint son mari dans la chapelle Sainte-Anne de l’église Saint Paul de Narbonne.
Son fils Hercule sera gouverneur de Leucate lors du deuxième siège de la ville en 1637.

Un premier projet d’honorer cette héroïne : le conseil municipal de Montpellier vote en 1896 un projet de monument sur le site du Peyrou, projet vite oublié.
Une statue de bronze est érigée à Leucate le 16 août 1899 en souvenir de ces héros dont le nom est inscrit sur le socle. Elle est l’œuvre de Paul Ducuing. En mai 1942 le gouvernement de Vichy ordonna de démonter cette statue au nom de l’effort de guerre. L’Allemagne avait besoin de bronze. Mais en la soulevant dans un camion, la main tenant les clés de la ville s’est détachée et a été conservée à la mairie. Que faut-il y voir ? Les clés n’ont pas participé à l’effort de guerre contre notre pays !!
Une nouvelle statue érigée le 17 août 1975 avec l’inscription « A Françoise de Cezelli, C’est le temps désespéré que pour bien faire, il faut perdre la vie », phrase d’une lettre de Françoise aux consuls de Narbonne le 21 août 1589.

Plaque à la mémoire de Francese de Cezelli Montpellier

Ses enfants : (1)Hercule qui reprend le flambeau, né vers décembre 1577 (
av,6.12.1577 ( Bibl.Toulouse,Mss C IO) ; (2)Anne-François, jésuite à Avignon et prêtre  professeur de grammaire et prédicateur ; fondateur du Collège de Montpellier   ; (3)Antoine-Claude  sgr dc St Aunès très affecté par la mort violente de son père ; le octobre 1615 est nommé héritier universel de sa mère, son frère Hercule ayant été écarté de la succession, décès à 34 ans ; (4)Françoise épouse de Jean de Casamajor…… et  (5)Paul-Aubert, né en 1587 : jésuite, professeur de philosophie et prédicateur, directeur du collège d’Avignon puis de celui de Nîmes, provincial de Lyon, auteur de nombreux ouvrages ; son œuvre est fortement attaquée par Pascal. Il intègre d’abord l’Ordre de Malte, mais de caractère peu belliqueux il le quitte rapidement. En 1605 il fait son noviciat à la compagnie de Jésus d’Avignon. Nommé père jésuite en novembre 1623. Il quitte ce monde en juillet 1661.
Encore aujourd’hui les habitants de la région honorent les Cézelli. Chaque année une prestigieuse cuvée de vin du Cap de Leucate leur est dédiée. L’Histoire raconte que Hercule le fils de Francèse de Cezelli en 1637 lors du second siège de Leucate offrit avec panache deux bouteilles de vin au chef des assaillants afin qu’il boive à la santé des combattants. Françoise fille de Francèse et de Jean-Antoine, née en 1582 au château de Leucate, défendit aussi le terroir de Leucate. Une tradition de panache et de ténacité familiale !!






Sources : Hubert Delobette  Femmes d’Exception en Languedoc-Roussillon  édit le papillon Rouge  2010  ISBN 978-2-917875-13-1 + Histories Vraies en Languedoc 2005 --- Ville de Narbonne, inventaire des Archives communales antérieures a 1790. Série AA: Actes constitutifs et politiques de la commune. Rédigé...Auteur : Archives départementales de l'Aube---Inventaire historique et généalogique des documents de la branche Lévis-Léran, devenue Lévis-Mirepoix, v. 03 Edité en 1903-Source: Family Search--Archives départementales de l’Hérault C8305 registre relmar 468fol 1559-1600 + C8307 537fol – arch départ Hérault inventaire somaire Ct6 -- Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers Auteur : Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers Edité en 1966---Gallica BNF -- Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle (Volume 17)-Auteur : [Chaix d'Est-Ange, ]--- A.D,Hér . H 458 ft 37-----. Histoire de Languedoc, t. XI, pp. 1108à 1117. — Les Batailles françaises, t. HI, p. 254. ——lnv. hist. et généal. des Lévis-Léran, t. Vlll, pp. x77-178. 2. Renseignements donnés par M. Boussioux, curé de Revue du Cercle Généalogique de Languedoc n°023Edité en 1984Source: CG de Languedoc--- R.P. Dudon, ds : Mélanges dc MgT dc Cabrières--- Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Haute-Garonne. Archives civiles. Série B. [Parlement de Toulouse] (Volume 3-4)Auteur : Garonne, Haute-, France (Dept.) Archives


NB : Henry de Monfreid, voyageur des mers, aventurier et écrivain, enfant du pays fit bâtir sa maison, la Villa Amélie, à La Franquie de Leucate, son port d'attache et de coeur. (né le 14 nov 1879 à Leucate-La Franquie)