(Leucate le port –office du tourisme)
La Jeanne d’Arc du Languedoc :
Une famille
très active, très engagée !! Et qui monte rapidement dans l’échelle
sociale.
(drapier-vermeil ou vermeille : drapier spécialiste de la teinture vermeille-rouge obtenue dès le 12ème siècle à partir de la cochenille parasite du chêne kermès - des tissus pour la classe aisée)
La famille se retire dans son domaine
d’Ouveillan vers 1560, à l’abri des troubles religieux. Un premier mariage à 14
ans, un veuvage à 16ans et ses deux enfants morts trois ans plus tard. En avril
1577 elle se marie avec Jean-Antoine de Boursiez (Bourcier) seigneur de Pantaut
de Barri. La vie lui sourit à nouveau.
Ils auront
cinq enfants, Hercule, Anne-François né en 1581, Antoine-Claude né en 1582, Paul-Aubert
(Alibert) né en 1587 et Françoise née en
1586. Francese de Cezelli, parfois appelée Constance de Cézelli, en hommage à sa
ténacité, sa droiture, prénom ou surnom symbolique et commémoratif.
Jean-Antoine est parfois confondu avec Henri de Cézelli, un petit fils aussi
très impliqué politiquement.
Les Bourcier ne sont pas des inconnus.
Déjà en 1285 nous les trouvons impliqués soldats valeureux dans les Flandres,
en Bourgogne, en Lorraine. Un grand législateur Jean Léonard de Bourcier membre
du congrès d’Utrecht, un conseiller de l’empereur François III, Jean-Louis… Pierre
de Bourcier seigneur de Burlemont, gentilhomme de Charles le Téméraire duc de
Bourgogne est tué en même temps que ce prince à la bataille de Nancy en 1477. Une
partie de la famille quitte la Bourgogne à la fin du 15ème siècle et
s’installe en Gascogne. Son fils Bertrand de Bourcier est maître d’hôtel de
Jean d’Albret roi de Navarre. Le fils de ce Bertrand épouse à Mazières en
Ariège Marthe de Pontaut, nom qui rentre dans la famille.
Paul de Bourcier, fils de ce couple, et
époux de Marguerite de la Chaume, devient seigneur de Pontaut et de Barre (Barri)
en août 1535, avec blason. Il est gendarme de la Grande Paye de la compagnie du
Maréchal de Montpezat. Son fils
Jean-Antoine est alors seigneur dc Barri, de la Borie, dc la Combe d'Angély, des
Cabanes, dc la Bastide Esparbairenque, de Mirepeisset (Arch.Dép,Hérault . H 458 ft 37). Il est Guidon d’une
compagnie d’ordonnance, maréchal des logis puis gouverneur de Beaucaire en 1578
et enfin gouverneur de Leucate et du pays de Narbonne en 1585.
Jean-Antoine
devient par décision royale en avril 1585 gouverneur de Leucate, forteresse qui
garde la frontière entre la France et l’Espagne, pays qui s’est allié avec la
Ligue Catholique française. Jean-Antoine s’est distingué dans des combats, des
batailles, un soldat endurci. Le roi Henri III est encore vivant. Le Roussillon
n’est pas encore français, mais espagnol. Leucate est sur la frontière entre la
France et l’Espagne. C’est une zone de conflits perpétuels, entre mer et
montagnes des Corbières.
Nous sommes en
1589-90 ; Henri de Navarre est roi sous le nom d’Henri IV. Son accession
au trône de France déchire tout le pays entre catholiques et protestants, entre
ses partisans de tous bords et les ultras partisans de de Guise. Jean de
Boursier gouverneur de Leucate se rallie au nouveau roi entraînant la colère
des Ligueurs catholiques du maréchal de Joyeuse, qui fait appel à l’Espagne.
Jean de Bourcier part avertir le duc de
Montmorency le 22 juillet 1589 du
débarquement dans le port de la Franqui vers le grau de La Nouvelle de 500 lansquenets
espagnols et tudesques (allemands) (5000 nous disent certains récits). Il tombe
dans une embuscade et est fait prisonnier par les Ligueurs à Narbonne. Jean
arrive à prévenir son épouse et lui demande d’organiser la résistance de
Leucate qui ne doit pas tomber aux mains des Ligueurs. Elle doit défendre
« la place à outrance ». Dans un premier temps une partie de l’armée
de la Ligue prend position le long de la Robino, mais battue par les troupes de
Montmorency, elle se replie sur La Nouvelle et avec les Espagnols qui avaient
débarqué elle part en direction de Leucate, assiège et attaque le château.
Françoise de Cezelli y était arrivée par mer et sa présence avait regonflé le
courage de la garnison. La pique à la main, elle se révèle un séreux chef de
guerre. Chacun des quatre bastions de la forteresse est doté de deux canons qui
font feu. Elle est tout à la fois dans les courtines, sur le chemin de ronde,
derrière les créneaux. Elle se montre fin stratège, ses hommes ont foi en elle.
La garnison galvanisée, repousse toutes les attaques. Francèse doit aussi
rassurer ses cinq enfants.
La forteresse résistait bien
et les ligueurs voyaient leurs efforts inutiles.
Alors l’ennemi change de tactique. On propose à Bourcier une riche récompense s’il donnait l’ordre de rendre
le château de Leucate, sinon la mort s’il refusait. En vain. Alors les Ligueurs
s’adressent à son épouse : son mari sera mis à mort si elle ne rendait pas
les armes !. Les clés de la ville contre la vie de son mari. Françoise proposa une rançon, toute sa
fortune personnelle, mais refusa la capitulation. Fidélité au roi oblige !! : “Ma fortune, ma vie sont à moi, prenez les, je vous les donne volontiers
pour mon époux. Mais la ville est au roi et mon honneur à Dieu. Je dois les
conserver jusqu’au dernier soupir.”
Alors Jean-Antoine
est garrotté dans sa prison, son corps déposé devant la citadelle. (Pour certains auteurs il fut décapité devant le
château et son corps exposé sous les yeux de sa femme : une croix de fer
marque l’endroit de l’exécution). Françoise demeura inébranlable et peut-être
même renforcée dans sa décision de ne rien céder. Les soldats de Leucate découvrant Jean-Antoine mort au pied des remparts veulent tuer monsieur de Loupian, ami du chef des Ligueurs prisonnier dans la prison de la forteresse pour servir de monnaie d'échange contre Jean. Francèse refuse et empêche son lynchage.
Enfin les
assaillants de guerre lasse, dépités, lèvent le siège au bout de trois
semaines. La forteresse de Leucate est sauvée.
Trois ans plus tard elle est
appelée à Paris par le roi Henri IV qui tient à récompenser son courage et son
sacrifice Il lui accorde le gouvernement de Leucate jusqu’à la majorité de son
fils Hercule. Le roi Henri IV dira : « Je ne connais point d'homme qui aurait fait pour mon
service ce que cette femme a fait »
Elle dirigera
la ville pendant 27 ans. Elle reçoit une pension de mille écus et une
gratification qu’elle affectera aux améliorations de la forteresse de Leucate.
Lorsque son fils prend le commandement de la ville elle se retire dans un
couvent à Béziers. Elle ne se désintéresse pas des habitants de Leucate pour autant, les aidant par exemple dans l'implantation d'une pêcherie qui organisera au mieux leur métier.
Elle meurt en
1615 à 56 ans. Elle s'était installée en Avignon dans une modeste maison près du Palais des Papes près de ses deux fils jésuites en 1610. Elle rejoint son mari dans la chapelle Sainte-Anne de l’église
Saint Paul de Narbonne.
Son fils Hercule sera
gouverneur de Leucate lors du deuxième siège de la ville en 1637.
Un premier projet
d’honorer cette héroïne : le conseil municipal de Montpellier vote en 1896
un projet de monument sur le site du Peyrou, projet vite oublié.
Une statue de bronze
est érigée à Leucate le 16 août 1899 en souvenir de ces héros dont le nom est
inscrit sur le socle. Elle est l’œuvre de Paul Ducuing. En mai 1942 le
gouvernement de Vichy ordonna de démonter cette statue au nom de l’effort de guerre.
L’Allemagne avait besoin de bronze. Mais en la soulevant dans un camion, la
main tenant les clés de la ville s’est détachée et a été conservée à la mairie.
Que faut-il y voir ? Les clés n’ont pas participé à l’effort de guerre
contre notre pays !!
Une nouvelle statue
érigée le 17 août 1975 avec l’inscription « A Françoise de Cezelli, C’est
le temps désespéré que pour bien faire, il faut perdre la vie », phrase
d’une lettre de Françoise aux consuls de Narbonne le 21 août 1589.
Plaque à la mémoire de Francese de Cezelli Montpellier |
Ses enfants : (1)Hercule qui reprend le flambeau, né vers décembre 1577 (av,6.12.1577 ( Bibl.Toulouse,Mss C IO) ; (2)Anne-François, jésuite à Avignon et prêtre professeur de grammaire et prédicateur ; fondateur du Collège de Montpellier ; (3)Antoine-Claude sgr dc St Aunès très affecté par la mort violente de son père ; le octobre 1615 est nommé héritier universel de sa mère, son frère Hercule ayant été écarté de la succession, décès à 34 ans ; (4)Françoise épouse de Jean de Casamajor…… et (5)Paul-Aubert, né en 1587 : jésuite, professeur de philosophie et prédicateur, directeur du collège d’Avignon puis de celui de Nîmes, provincial de Lyon, auteur de nombreux ouvrages ; son œuvre est fortement attaquée par Pascal. Il intègre d’abord l’Ordre de Malte, mais de caractère peu belliqueux il le quitte rapidement. En 1605 il fait son noviciat à la compagnie de Jésus d’Avignon. Nommé père jésuite en novembre 1623. Il quitte ce monde en juillet 1661.
Encore aujourd’hui les habitants de la
région honorent les Cézelli. Chaque année une prestigieuse cuvée de vin du Cap
de Leucate leur est dédiée. L’Histoire raconte que Hercule le fils de Francèse
de Cezelli en 1637 lors du second siège de Leucate offrit avec panache deux
bouteilles de vin au chef des assaillants afin qu’il boive à la santé des
combattants. Françoise fille de Francèse et de Jean-Antoine, née en 1582 au
château de Leucate, défendit aussi le terroir de Leucate. Une tradition de
panache et de ténacité familiale !!
Sources :
Hubert Delobette Femmes d’Exception en
Languedoc-Roussillon édit le papillon
Rouge 2010 ISBN 978-2-917875-13-1 + Histories Vraies en
Languedoc 2005 --- Ville de Narbonne, inventaire des Archives communales
antérieures a 1790. Série AA: Actes constitutifs et politiques de la commune.
Rédigé...Auteur : Archives départementales de l'Aube---Inventaire
historique et généalogique des documents de la branche Lévis-Léran, devenue
Lévis-Mirepoix, v. 03 Edité en 1903-Source: Family Search--Archives départementales de
l’Hérault C8305 registre relmar 468fol 1559-1600 + C8307 537fol – arch départ
Hérault inventaire somaire Ct6 -- Société archéologique, scientifique et
littéraire de Béziers Auteur : Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers Edité
en 1966---Gallica
BNF -- Dictionnaire des familles françaises anciennes ou
notables à la fin du XIXe siècle (Volume 17)-Auteur : [Chaix
d'Est-Ange, ]--- A.D,Hér . H 458 ft 37-----. Histoire de
Languedoc, t. XI, pp. 1108à 1117. — Les Batailles françaises, t. HI, p. 254.
——lnv. hist. et généal. des Lévis-Léran, t. Vlll, pp. x77-178. 2.
Renseignements donnés par M. Boussioux, curé de Revue du Cercle
Généalogique de Languedoc n°023Edité en 1984Source: CG de
Languedoc--- R.P. Dudon, ds : Mélanges dc MgT dc Cabrières--- Inventaire
sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Haute-Garonne.
Archives civiles. Série B. [Parlement de Toulouse] (Volume 3-4)Auteur : Garonne, Haute-,
France (Dept.) Archives
NB : Henry de Monfreid, voyageur des mers, aventurier et
écrivain, enfant du pays fit bâtir sa maison, la Villa Amélie, à La Franquie de
Leucate, son port d'attache et de coeur. (né le 14 nov 1879 à Leucate-La
Franquie)
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