mardi 24 septembre 2019

Les Boileau-Castelneau une famille dans les tourmentes de l'Histoire


Les Boileau-Castelnau une famille dans les tourmentes de l’Histoire

(Etienne Boileau ? -Statue Hôtel de Ville de Paris). 


Des familles sont plus marquées par l’Histoire que d’autres. Un exemple parmi tant d’autres, la famille Boileau-Castelnau. Elle aura un domaine  dans le diocèse d’Uzès, mais  que de péripéties dans le vent de l’Histoire !!. . Encore aujourd’hui le château de Castelnau-Valence vit avec des descendants de cette famille.

Le premier chef de famille que nous avons rencontré, Matthieu Boillesve est d’Orléans, né au 12ème siècle. Les patronymes ne sont pas encore bien fixés. Il a trois fils connus, dont Etienne, né en 1205 à Orléans. Nous n’avons pas le nom de la mère.
Etienne épouse en 1225 Marguerite de Gueste. Ils auront au moins deux fils Robert et Foulques. Etienne est prévôt d’Orléans, puis le roi Saint-Louis le nomme à Paris, premier prévôt royal de 1261 à 1271, date de son décès à Paris.
Il s’engage avec les compagnons du roi pour la septième croisade, celle de 1248 à 1254, prêchée au Concile de Lyon. Il embarque le 25 août à Aigues-Mortes. Il a les moyens de s’équiper pour l'épopée, donc relativement aisé. Sa descendance est assurée, donc il peut partir.
Le 6 juin 1249 Damiette est prise par les croisés. Puis c’est la bataille de Mansourah le 8-11 février 1250. Cette ville est la seule à protéger Le Caire. Les Ayyoubides pour la défendre bloquent les croisés sur un bras du Nil. Pendant plus d’un mois les croisés échouent dans leurs tentatives de franchissement du Nil. Puis grâce à une complicité, le 8 ils arrivent à leur fin. Les Templiers recommandent la prudence, mais Robert d’Artois, le frère de St Louis, mal conseillé par Fourcaut du Merle, se jette avec son avant-garde sur les Turcs. Ils sont suivis par les Templiers de Guillaume de Sonnac, les Hospitaliers de Jean de Ronay. Sans attendre le gros de l’armée franque, ils traversent le camp sarrasin, l’émir Kahreddin est tué, et les croisés entrent dans la ville par surprise. Mais les Turcs repris en main par leur chef Baybars, réagissent et les assaillants sont tous massacrés, seuls quelques chevaliers s’en sortent vivants. Une nouvelle bataille décisive le 11 février ; les Turcs utilisent le feu grégeois. De nombreux chevaliers vivent l’enfer, sont massacrés par l’ennemi.  Etienne Boileau est fait prisonnier ; le roi va le racheter et lui éviter ainsi la mort ou l’esclavage.
Charles d’Anjou est sauvé, mais Robert d’Artois est tué ainsi que le grand maitre des Templiers, Guillaume de Sonnac et Jean de Ronay des Hospitaliers. La victoire est pour les croisés mais à quel prix ! Louis IX essaie de négocier, Damiette contre Jérusalem, en vain. Mi-mars la flotte franque est détruite ou capturée, isolant les troupes du roi d’une éventuelle retraite vers Damiette.
Les blessés sont massacrés par les musulmans, puis Louis IX réussit à échanger le vie et la liberté des croisés prisonniers contre 500 000 livres tournois. Les Templiers refusent de faire l’avance de la somme, qui sera finalement prise de force par le sénéchal de Joinville. Le roi quitte l’Egypte le 8 mai et se retrouve le 13 à Saint-Jean-d’Acre. Il y restera jusqu’en avril 1254, malgré l’insistance de sa mère Blanche de Castille et les conseils des barons qui veulent rendre chez eux. Les hommes souffrent ou ont souffert de disette, de scorbut ; les blessures sont nombreuses, le moral au plus bas.





Saint Louis guerroyant aux côtés du Comte d'Artois, son frère, et du Baron Malet de Graville, chevalier l'ostel du Roy. Sources Inconnu-BNF Gallica ARK btv1b8447303m/f207
De retour au pays, Etienne Boileau reçoit la première magistrature de Paris vers 1254. De 1261 à 1271 il est le premier prévôt royal connu de Paris. La fonction est différente de celle de prévôt des marchands. Il doit remettre de l’ordre dans la ville. Etienne va réprimer les abus, rétablir les revenus royaux, et réorganiser les corporations d’arts et de métiers. On lui doit en 1268 « Le Livre des Métiers » un recueil de statuts de métiers parisiens. On y trouve les coutumes et règlements, les octrois perçus et les juridictions de Paris. Dans la ville 101 corporations de métiers !! Ce livre sera publié pour la première fois en 1837, faisant la joie des historiens.
Etienne Boileau installé au Grand Châtelet, a un salaire de 300 livres par an. Il est à la fois, receveur des finances, officier de police, juge, administrateur.
Le 1er juillet 1270 c’est le départ d’Aigues-Mortes pour la 8ème croisade. Robert l’un des fils d’Etienne Boileau y participe et va y mourir à 42 ans en 1277 à Tunis. Robert est né à Paris en 1235. On ne connait pas son épouse. Ils ont au moins un enfant  Jean (1270-1352).
Louis IX en mars 1270 reçoit l’oriflamme pour la 8ème croisade. Il laisse l’administration du royaume à Mathieu abbé de Saint Denis et à Simon sire de Nesle. Les croisés arrivent à Tunis, ancienne Carthage, le 18 juillet. Le roi de Sicile Charles d’Anjou, frère de Louis IX n’est pas au rendez-vous promis. Les Turcs en profitent pour se préparer. Pendant ce temps la canicule, les maladies, choléra, dysenterie, les fièvres ravagent le camp des croisés. Le roi de Navarre, le légat du pape, Jean-Tristan, fils de Louis IX tombent malades, puis le roi lui-même. Sentant la mort proche, il recommande à son fils le futur Philippe le Hardi (1245-1285) de faire respecter la religion et ses ministres. Une trêve de quinze ans est conclue et fin octobre 1270, la suite du roi est ramenée en France. Saint-Jean d’Acre tombera en 1291 mettant fin à la présence européenne en Terre Sainte.
Robert meurt sept ans après son souverain à Tunis en 1277.

Son fils Jean nait à Paris en 1270. Son père l’a-t-il connu avant son départ pour Tunis ? Jean décède en 1352 à Paris, à 82 ans. Nous ne connaissons pas son épouse. Ils ont un fils nommé aussi Jean né vers 1300 et décédé à Paris en 1380, à 80 ans.  Ce dernier sera semble-t-il le premier baron de la famille anoblie par le roi Charles V. Une noblesse qui va se construire sur le sang de leurs aïeux.
Ce Jean a un fils aussi prénommé Jean né vers 1330 et décédé en 1396 en Bulgarie à Nikopol à l’âge de 66 ans. C’est le deuxième baron de la famille.
Il aura eu le temps d’avoir un fils Regnaud en 1355 qui décédera en 1400.

25 septembre Bataille de Nicopolis

25 septembre : Bataille de Nicopolis.

Le 25-28 septembre 1396 les croisés sont vaincus à Nicopolis sur le Danube par les Turcs. Le roi de Hongrie Sigismond et l’empereur de Byzance Manuel Paléologue sont attaqués par les armées turques du sultan ottoman Bayazid 1er et les Serbes de Stefan Lazarevic.. De nombreux seigneurs français sont faits prisonniers dont Jean Sans Peur fils du duc de Bourgogne. Ils représentent l’espoir d’une rançon et ont la vie sauve. La légende ou l’Histoire dit que 300 chevaliers nus sont poussés devant le sultan ; ils déclinent leur nom et leurs ressources. Les insolvables ou récalcitrants sont immédiatement décapités. Jean de Nevers âgé de 25 ans héritier du duché de Bourgogne aura la vie sauve contre 200 000 florins que ses sujets devront payer !! Son imprudence, sa gloriole seront récompensées : il devient « Jean sans peur ».

Jean sans Peur sera tué en septembre 1419 sur le pont de Montereau-Fault au cours d’une entrevue qu’il a avec le futur roi Charles VII. Pour venger l’assassinat de Louis d’Orléans en 1407 et pour empêcher un rapprochement du dauphin de France avec le parti bourguignon. Montereau-Fault où les Boileau ont un domaine.

  Le fils de Jean, Regnaud Boileau, 3ème baron, naît en 1355 à Paris. Il est nommé Trésorier Royal de la sénéchaussée de Beaucaire et Nîmes en 1390 sous le règne du roi Charles VI le Fol. Il est chargé de construire le château de Nîmes. Il est le premier de la famille à habiter en Languedoc. Il obtient la permission de porter un croissant dans les armes de la famille en reconnaissance de la bravoure de son père en Bulgarie. Il décède à Nîmes en 1400 à 45 ans. Il change son blason, pour porter « d’azur, au château d’argent sommé de 3 tourelles d’or, ouvert du champ, maçonné de sable soutenu d’un croissant d’or ».  Armes que sa descendance adopte.
Il a au moins un fils Antoine (1381-1459). Il nait à Nîmes et y décède à 78 ans en 1459. Il est le 2ème trésorier royal de Nîmes et Beaucaire. Il succède à ce poste à son père en 1400. Il est le 4ème baron de la famille. On ne connait pas le nom de son épouse.
Ils ont un fils Guillaume, seigneur d’Argenteuil (1420-1494). Il nait à Montereau-Fault-Yonne, mais décède à Nîmes le 6 septembre 1494 à 74 ans. Il est lui aussi trésorier du domaine royal de Nîmes et Beaucaire, le 3ème de la famille. Nîmes-Montereau, des kilomètres, des voyages…La famille a encore un domaine à Montereau.
Guillaume se marie le 21 septembre 1470 à Bourges avec Etiennette Bourdin (décédée en 1506), fille de Jean Receveur Général du Poitou. Ils ont onze enfants.
Guillaume vend Montereau-Fault et s’installe à Nîmes en 1494. Sur sa tombe, l’inscription : : "à la mémoire bénie du Sieur Guilhaume Boileau, trésorier de notre respecté roi. Son fils, aussi trésorier, a construit ce monument avec une chapelle pour lui et sa famille, dans l'année de notre seigneur 1494, en septembre. Priez pour le mort, qu'ils reposent en paix". Pour un autre auteur l’inscription latine se situait dans la maison nîmoise de la famille sur la tombe de Guillaume :  "à la mémoire très chère du seigneur Guillaume Boileau, Trésorier de son Altesse, notre Roi. Le seigneur Antoine Boileau, son fils, également Trésorier Royal, fit édifier cette tombe dans une chapelle pour lui-même et sa famille en l'année 1499 de notre Dieu, en septembre. Priez pour les morts, puissent-ils reposer en paix. (NB Promethée)
Il apparait dans les archives de Nîmes en 1498. La famille de par ses fonctions, va devenir de grands propriétaires terriens et s’allier à la noblesse languedocienne, les Montcalm, de la Croix, Rossel, Airebaudouze, Rochemore…..
Les enfants : Guillaume protonotaire du Pape, Prieur de Saint-Nicolas-Lès-Uzès ; Jean-Guillaume conseiller à la Cour de Montpellier ; Nicolas conseiller au Grand-Conseil ; Agnès décédée en 1503 épouse de Pierre de Rochemaure ; Catherine épouse de Jean de Ganay Chancelier de France ; Etiennette épouse de Jacques de Valette seigneur de Fontesc ; Claudine mariée à Jean de Laudun….. Et Antoine II Boileau.
Antoine II nait en 1470 à Nîmes et décède vers1534 à 64 ans de cette ville. Il est seigneur de Castelnau et Sainte-Croix de Boirac. Evidemment il est trésorier et receveur ordinaire en la sénéchaussée de Beaucaire et Nîmes, après son père en 1494, office transmis par le roi Charles VIII, puis confirmé par Louis XII en 1498 à Senlis et en 1513 à Valence. Puis François 1er le réaffirme dans la fonction en 1515 à Paris.
Il épouse en 1497 Françoise Trousselier ; un fils Jean III Boileau de Castelnau (1500-1560), deux filles Catherine et Etiennette. Françoise est la fille héritière du docteur Jean Trossellier (Troussellière) conseiller et médecin principal de Charles VIII. Le pape Léon X reconnait Antoine et ses descendants comme nobles en août 1516.
Le domaine de Castelnau de la Garde et de St Croix de Boiriac est acheté en 1500 par Antoine au comte Secoudin de St Félix pour 400 livres. (- titres justificatifs : lods d'Antoine Boileau, trésorier royal pour l'achat de Castelnau sur Secondin de St- Félix, moyennant 400 livres t. acte devant Jean de Costa, notaire de Nimes, 5 février 1500-1505 - Lods et investiture avec reconnaissance ati roi par Arnaud de St-Félis:, seigneur de Castelnau pour l' achat de Ste-Croix-de-Borriane, 30 avril 1488 –Chartrier de Castelnau 121)-




Jean III Boileau de Castelnau : né à Nîmes en 1500 et décédé le 29 mars 1560 à Amboise à 60 ans. Trésorier et receveur de Nîmes, mais impliqué dans les guerres de religion(s), le premier à embrasser le protestantisme. En 1551 il est dans le rôle des montres des nobles de la sénéchaussée de Nîmes.
Mais il participe à la conjuration d’Amboise, est fait prisonnier par le duc de Nemours et il est décapité devant le château d’Amboise le 29 mars 1560. La conjuration d’Amboise appelée aussi le « Tumulte d’Amboise » a pour but d’enlever le roi François II pour le soustraire à la tutelle de la famille des Guises. Des gentilshommes de tout le pays se rallient à ce projet. Les pasteurs, Jean Calvin en tête sont contre cette voie de la violence et condamnent le projet des conjurés. Gaspard de Coligny refuse que la noblesse de Normandie s’associe à la conjuration. Le Prince de Condé ne participe pas mais en attente à Orléans espère recueillir les fruits du complot. Il y gagnera le surnom de « capitaine muet ». Des bourgeois d’Orléans, de Tours, de Lyon s’associèrent au plan.
(L'exécution des conjurés.
Gravure de Frans Hogenberg d'après Tortorel et Perrissin
)
.
Les Guises sont avertis par des fuites. L’attaque des huguenots se solde par un échec, puni avec une extrême sévérité : les conjurés sont pendus aux balustrades du château, noyés dans la Loire ou massacrés par la foule. Cet événement ouvre la triste période des guerres de religion (1562-1629).
Jean III était marié depuis le 6 février 1538 à Bagnols sur Cèze avec Anne de Montcalm Gozon (1515-1596). Peu d’archives sur sa vie. Peut-être la tragédie d’Amboise n’a pas donné envie de conserver des traces de Jean III. Ses enfants, probablement 6, toujours et malgré tout bien mariés : Jean qui suit, Claude mariée à Jean-Jacques de Lageret seigneur de Caillargues, Guillemette-Gabrielle épouse le 17 août 1562 d’Antoine Barnier conseiller au Présidial de Nîmes (mariage protestant) et  co-seigneur de Sueilhes, Anne-Marie mariée à Guy de Bons(Bony) fils de l’Intendant de Roussillon, ….
Son fils Jean nait le 22 août 1545-48 à Nîmes et décède le 10 mai 1618 à 69-72 ans dans cette ville. Un historien le fait naitre à Saint-Julien-du-Tournel en Lozère, lieu où il décéderait aussi. Un premier mariage le 25 juillet 1571 pour Jean  avec Honorade Le  Blanc de La Rouvière-Fourniquet (Honorade de Blanchon dame d'Airan) qui décède rapidement et lui laisse une fille. Le contrat de mariage est signé à Saint-Julien du Tournel. Honorade est issue d'une vieille famille d'Uzès.
La famille des Le Blanc de vieille noblesse, à l’époque possédait le domaine d’Ayran avec sa source qui se jetait dans la rivière de l’Eure. Le père de la mariée est juge des « conventions royaux ».
Jean est 1er Consul de Nîmes en 1605 et syndic du diocèse. Il se marie le 15 octobre 1576 à Nîmes avec Rose de Calvière de Saint-Côme (1558-1644). Le père de Rose, Nicolas de Calvière seigneur de la Boissière et gouverneur de Nîmes en 1580, gentilhomme de la Chambre du roi en 1581. Douze ou treize enfants pour Jean et Rose, dont un fils Nicolas (1578-1657).
La famille est toujours protestante, va vivre la St Barthélémy en 1572 et les guerres de religions dans notre région. Le Connétable de Montmorency en 1596 lui ordonne de le rejoindre avec son équipage dans le Haut-Languedoc. En 1594 il se présente à la convocation de l’arrière-ban. En 1600 les protestants de Nîmes le font député pour l’assemblée relative à l’exécution du l’Edit de Nantes de 1598.
Il décède à 69-72 ans, âge relativement jeune dans cette famille lorsque l’on ne meurt pas dans son lit. A-t-il fait un séjour en Angleterre : un Boileau de Castelnau est inscrit sur The Roll of the Huguenots settled in the United Kingdom dans la chapelle des huguenots français de la cathédrale de Canterbury (16ème siècle). Il va perdre plusieurs de ses fils dans les batailles de l’époque.
Ses enfants, probablement 12 ou 13 : Nicolas l’ainé qui continue la descendance ; Jean sergent-major en Piémont mort à Candel ; Claude capitaine au régiment de Montpezat tué au siège de Cérizolles en 1616 ; Daniel tué à la bataille de Prague en 1620 ; Guillaume époux de Rose de Falcon ; Jacques, médecin (et avocat ?) époux d’Armande de Rossel et branche des Boileau d’Uzès qui sera consul d’Uzès de 1610 à 1620…
C’est encore le temps de l’espoir, de vivre sa religion tranquillement, d’avoir un roi qui écoute le peuple. L’Edit de Nantes va apporter un temps cet espoir de tolérance sinon de liberté. Nous verrons sur ce blog dans quelques semaines que le 17ème siècle sera le temps du désespoir, de l’incompréhension, des interdictions, du départ, de l’exil….

Château de Castelnau

-- Sources :Auguste Geffroy, « Boileau (Étienne), ou Boilesve ou Boileaux » [archive], dans Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie …, 10e  éd., t. 1, C. Delagrave, 1889, p. 333.-- Antoine de Lévis-Mirepoix, Saint Louis, roi de France. Le livre des métiers d'Étienne Boileau, Paris, Michel, coll. « Le mémorial des siècles, les hommes », no 13, 1970, 373 p.6-- Arié Serper, « L'administration royale de Paris au temps de Louis IX » [archive], dans Francia, 7, 1979--Jean de Joinville, La vie de Saint Louis, Paris, Dunod, 1995--- Régine Pernoud, Les Hommes de la Croisade, Mayenne, Taillandier, 1977.-- Frères Haag : La France protestante--  François-Alexandre Aubert de la Chesnaye des Bois Généalogie des Boileau de Castelnau—généanet – wikimedia.org--Huguenot pedigrees, v. 02Edité en 192 4--Source: FamilySearch---Nobiliaire universel de France, ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume Auteur : Nicolas Viton de Saint-Allais-- Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle - T5Auteur : Chaix d'Est-Ange, Gustave Gallica BNF ---).- Les chiffres de M. l'abbé Rouquette : Étude sur les Fugitifs du Languedoc (Uzès), Société de l'Histoire du Protestantisme Français. Bulletin, LXIe année, 1912, pp. 237-258--

mercredi 18 septembre 2019

Ecouter La Croisière Jaune



La Croisière Jaune :


n  Ecouter sur orinoco-postcast.com/2019/09/05/la-croisiere-jaune/ –in  Internet radios Fréquence Mistral -- 48 FM Mende Lozère—Radios Communautaires du Canada—Gilles Beg --






(archives Pierre Giraud - garage Malafosse ses grand-parents )

samedi 14 septembre 2019

Catalina la nonne soldat


Catalina la nonne soldat :
               







Portrait anonyme de Catalina de Erauso attribué à Juan van der Hamen (vers 1626).
Catalina de Erauso est née en 1585 ou 1592 (selon le registre des baptêmes) au Pays Basque à Saint-Sébastien et décède en 1650 à Cuetlaxtia en Nouvelle-Espagne. Son existence toute entière est vouée à la guerre, à l’aventure en Espagne, puis en Amérique espagnole. Un caractère fougueux, ombrageux, des duels, des condamnations et des fuites éperdues, telle sera sa vie. Très loin des codes sociaux et surtout féminins. Une femme « libérée » avant l’heure. Un personnage de roman et de cinéma ! On la nomme La Monja Alférez (« La Nonne  Lieutenante »).
Ses parents Miguel de Erauso et María Pérez de Gallárraga y Arce font partie de la haute société espagnole.
Son père est militaire, commandant de la province sous le roi Felipe III. Elle a plusieurs frères et au moins deux sœurs. Elle est la quatrième enfant après trois frères plus âgés. Enfant elle est très proche de son père et de ses frères avec lesquels elle jouait à des jeux de guerre.
Très jeune sa famille la destine à devenir nonne. Sa mère s’inquiète des dérives de son éducation qui est totalement orientée vers les jeux guerriers, les jeux équestres.. Elle parle non pas l’espagnol des familles nobles, mais le basque de sa province. Vers quatre ans semble-t-il, elle se retrouve au convent dominicain d’El Antigua de Saint-Sébastien avec ses sœurs Maria et Isabel. Sa tante, sœur de sa mère y est prieure. Elle est destinée à devenir une jeune fille bien élevée, pieuse, qui prendra le voile pour ses quinze ans. Destin inéluctable tout tracé par sa famille.
Mais devant son caractère explosif, bagarreur, vers onze ans, elle change d’établissement et elle intègre le monastère San Bartolomé de Saint-Sébastien aux règles très strictes. Il faut lui casser le caractère pour une éducation selon les règles du catholicisme de l’époque. Elle va y vivre jusqu’à ses quinze ans, mais le cheval fou n’est toujours pas dompté. Elle refuse de prononcer ses vœux, elle n’a vraiment pas la vocation. Une énième bagarre avec une autre pensionnaire et après un enfermement en cellule, elle décide de quitter le couvent. Elle s’enfuit de nuit, habillée en homme, après avoir volé les clés du couvent. Elle n’a jamais vu une rue, la ville…. L’aventure commence. Nous sommes le 18 mai 1600. Elle a eu le réflexe de prendre dans le bureau de la Sœur Supérieure quelques pièces de monnaie, de quoi coudre, des morceaux de tissu. Elle erre d’abord dans un bois pendant trois jours, le temps d’arranger son habit de garçon, elle se coupe les cheveux.
Dans un premier temps, arrivée à Victoria, elle se fait embaucher sous le nom de « Francisco de Loyoda »,  comme valet chez un notable, surpris de le/la voir lire le latin. Trois mois plus tard il essaie de la battre comme les maitres en avaient le droit à cette époque sans autre raison ; alors son caractère reprend le dessus, elle s’enfuit emportant de l’argent et probablement en ayant frappé son maitre.
Illustration montrant Catalina de Erauso pendant la guerre d’Arauco parue dans la revue chilienne Pacifico Magazine en 1918.
Un muletier l’emmène jusqu’à Valladolid. Elle se fait embaucher comme page chez le secrétaire du roi Philippe III. Sa bonne éducation apprise chez les sœurs lui sert. Elle gagne sa vie et peut s’acheter des vêtements d’homme élégant. Elle peut à nouveau galoper. Sept mois passent, mais son père vient chez le secrétaire du roi pour le supplier de faire rechercher sa fille qu’il suppose enlever de son couvent par des malandrins.
Elle prend son bagage, son argent et fuit à nouveau vers Bilbao. Un mois en prison pour avoir blessé un garçon dans une bagarre, elle y apprend le démon du jeu qui ne la quittera plus. Libérée elle s’engage dans une autre famille de San Sébastien comme page ; elle y apprend le maniement des armes, à sa grande joie. Elle s’affirme de plus en plus masculine. Mais elle a envie de voir d’autres cieux. Avant de partir, elle a l’audace en costume masculin d’aller entendre la messe dans son ancien couvent ! Tout au long de son périple elle sera aidée par de compatriotes basques qui ne doutent pas un instant de sa masculinité.

Séville, elle s’engage comme mousse dans la flotte de Luis Fojardo. Elle se retrouve sur le galion d’Estelan de Eguerra, son oncle maternel qui ne la reconnait pas. En route vers l’Amérique du Sud. Catalina a 18 ans et sa vie guerrière va commencer. Mais mauvais temps oblige, le navire retourne au port. L’honnêté n’est pas son fort, Catalina en profite pour voler 500 piastres dans la cabine de son oncle. Et elle s’enfuit à nouveau. Trois mois après, un négociant l’embarque pour le Pérou, ce Pérou dont elle rêve tant. Mais au large de Panama, le navire fait naufrage, trois personnes seulement s’en sortent : Catalina, le négociant et un domestique. Devant l’astuce et l’intelligence de la jeune fille, le marchand l’emploie dans des missions commerciales dans tout le pays. Ce travail lui plait, l’enrichit même. Elle est en contact avec les marchands, négociants basques.
Elle est toujours supposée être un homme. Elle est grande, ni laide, ni jolie, sans poitrine ni formes féminines. Un regard noir, hautain d’hidalgo !! Plus tard on la décrit avec un aspect masculin, un visage vieilli, elle s’habille comme un Espagnol et porte l’épée comme un soldat plutôt que comme un courtisan.. On la surprend folâtrant avec des servantes. Plusieurs fois des mères voyaient en elle ou lui un bon parti pour leurs filles et envisageaient un mariage, situations dont Catalina profite pour obtenir des présents ou des avantages. Elle rompt à plusieurs reprises des promesses de mariage avec des jeunes femmes. Elle se sait suffisamment différente sexuellement pour ne pas aller plus loin dans ses engagements matrimoniaux. Toujours le mensonge physique, une sexualité non assumée, la dérobade, le sauve-qui-peut…
Mais une énième bagarre dans un café, et Catalina doit s’enfuir encore. Elle se réfugie dans une église au nom du droit d’asile. Le corregidor local basque comme elle lui propose de fuir à Lima chez un marchand ami Diego Solarte Son précédent maitre lui donne de l’argent pour ouvrir dans cette ville un commerce. La voilà à Lima. Toute sa vie elle bénéficiera de la solidarité de ses compatriotes basques et échappera ainsi à la peine de mort plusieurs fois prononcée contre elle.
Joli garçon, elle plait aux femmes en particulier à celle de Diego. Elle doit fuir encore. Cette fois, elle s’engage dans un régiment en partance pour le Chili. Elle traverse tout le pays pour rejoindre le point de ralliement Conception. Elle est devenue Alonso Díaz Ramírez de Guzmán. Son frère aîné Miguel ne la reconnait pas, elle était toute petite lorsqu’il est parti pour les Indes. Il est heureux d’avoir un compatriote à qui parler et il la prend comme ordonnance. Une vie sans histoire pendant trois ans. Mais Miguel devient jaloux de son ordonnance à cause d’une belle et il l’envoie immédiatement en plein pays indien où 80 000 Indiens se battent contre l’envahisseur espagnol. Catalina se bat courageusement, elle est blessée, tue le chef de tribu, récupère le drapeau espagnol tombé aux mains de l’ennemi. Elle devient porte-drapeau, puis remplace le capitaine tué. Elle commande sans pitié les ravages inhérents à la guerre. Victoire !
Elle rejoint Conception pour se reposer. Mais le démon du jeu est toujours là. Au cours d’une partie, une violente dispute et notre Catalina pareille à elle-même, enfonce son épée dans la poitrine de celui qui l’accusait de tricherie. On n’arrive pas à la maitriser. Un général y gagne une estafilade sur la joue. Catalina se réfugie à nouveau dans une église. Elle y reste six mois. Une récompense est promise à celui qui la livrera vivante. Le temps passe, la surveillance se relâche et elle réussit à s’échapper.
Quelques temps après, elle doit servir de témoin dans un duel. Un des duellistes tombe, tué. Catalina prend sa place comme le veut la tradition et elle tue l’adversaire qui n’est autre que son frère. Elle ne l’aurait pas reconnu. Pour certains historiens, c’est au cours d’une altercation nocturne qu’elle aurait tué son frère qu’elle reconnaitra en entendant ses cris d’agonie. Pour d’autres, Catalina et son frère convoitaient la même femme.
Monument à la mémoire d'Erauso à Orizaba, au Mexique.
Après ce drame, elle se retire huit mois dans un couvent de moines. Puis elle repart vers le Tucuman au nord-ouest de l’Argentine où l’on a besoin de soldats-cavaliers. Avec deux compagnons, elle doit pour cela franchir la Cordillère des Andes. C’est un autre enfer !
Des pentes abruptes, des crevasses profondes, des avalanches de caillasses, le vent, le froid, la neige, et la soif. Les compagnons de Catalina périssent gelés avec leurs chevaux. Elle récupère leurs armes, leurs piastres, mange du cheval. Elle marche pour survivre. Son cheval s’est écroulé sous elle. Sa volonté de fer lui fait arriver sur l’autre versant de la montagne, plein de soleil, verdoyant. Elle s’écroule. Deux rancheros  la récupère et l’emmène dans une ferme où elle pourra manger, dormir dans un vrai lit…. La propriétaire de la ferme, une veuve richissime, lui propose le poste de régisseur et la main de sa fille. Situation intenable pour Catelina engluée dans son mensonge d’orientation sexuelle.
Il lui faut partir à nouveau. Encore des bagarres, puis un poste de majordome à Lima chez un échevin. Puis la province se révolte et on enrôle des soldats. Enfin des duels, des règlements de comptes où Catalina est toujours vainqueur.
Mais un jour, la roue tourne et lors d’un duel à Cuzco elle est blessée à mort, du moins le croit-elle. Elle se confesse et avoue être une femme. Elle se retrouve dans un couvent pendant deux ans et demi. Elle a vieilli, ses cheveux sont blancs, elle a trente-neuf ans. Elle a perdu son allure de « jeune garçon charmant ». Elle veut revoir son pays. En 1620 elle travaille chez l’archevêque de Lima puis en 1624 elle arrive en Espagne. Quand elle arrive à Cadix, tout le monde sait que sous ses habits masculins se cache une femme aux nerfs d’acier, à la musculature guerrière.
Elle part pour l’Italie, Rome. Mais arrivée à Turin on la soupçonne d’être une espionne pour le compte de l’Espagne. Prison, tortures et enfin libération. Mais elle n’a plus envie de Rome pour l’instant. Elle se rend à pied à Toulouse retrouver le fils du comte de Grammont qui généreusement lui donne un cheval et 300 écus pour rentrer à Madrid.  Elle espère obtenir du roi d’Espagne une récompense pour ses bons et loyaux services en Amérique. Récompense accordée. Elle reçoit une pension de 800 écus par an. A l’abri de la faim, elle repart pour Rome. Elle y rencontre le pape Urbain VIII. Elle lui raconte sa vie. Le pape par dérogation spéciale lui accorde le droit de porter l’habit masculin. (après avoir fait vérifier qu’elle était toujours vierge !!). Ce n’était pas encore le temps du « Mariage pour tous », mais le pape fait preuve d’une certaine empathie pour Catalina qui sent le soufre, l’Inquisition n’est pas loin !.

(alamy stock photo-Nouvelle-Espagne)
Catalina part une dernière fois en 1645 pour la Nouvelle-Espagne avec la flotte de Pedro de Ursua qui nous en laissera un portrait écrit.
Elle devient conducteur de mules sur les chemins de Veracruz sous le nom d’Antonio de Erauso. Toujours la route, les rencontres hasardeuses…. Toute sa vie elle est à la recherche d’un ailleurs, ou plutôt d’elle-même ? Elle meurt en 1650 à Cuetlaxtia. Est-elle morte dans son lit ou assassinée ? Ou bien emportée par le Diable ?

(Catalinaundestin.com)
Sources : Thomas De Quincey : La nonne militaire d'Espagne – Paris 1954, Club du Meilleur Livre – Préface de Maurice Saillet – Traduction de Pierre Schneider.--- La nonne militaire d’Espagne – Poitiers/Ligugé 1980, Mercure de France – Préface de Kenneth White – Traduction de Pierre Schneider. --- Léon Gaultier : Catalina de Erauso, la Nonne Conquistador – 1980, Editions Jean Picollec.--- José-Maria de Heredia, La nonne Alferez – Lyon 1982, Editions J. L. Lesfargues.---- Marion Poirson-Dechonne : La guerrière du nouveau monde, Rouge Safran 2012.—BNF Gallica—wikipédia.org--- www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-13-mars-2016
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dimanche 8 septembre 2019

Les animaux "magiciens" ?


Les Animaux magiciens ??


Depuis la nuit des temps l'homme et les animaux entretiennent une relation pleine de préjugés, d'interrogations, d'interprétations. Avons nous ou voulons nous oublier que nous faisons partie du monde animal ? 
Les animaux pressentent le temps, les séismes, peut-être l’avenir. Nous aimons le croire et parfois cela semble exact. Les paysans autrefois savaient regarder, interpréter le comportement des hirondelles, des grenouilles, des oiseaux. Les chiens dans l’Antiquité hurlaient à la mort quand se préparait un séisme ; les poissons rouges en Chine et au Japon étaient élevés aussi pour leur appréhension des séismes s’exprimant par un comportement frénétique. Les paysans japonais autrefois élevaient des faisans dans leur basse-cour car hypersensibles à l’augmentation du taux de radioactivité ambiante. On cherche des explications rationnelles à ces comportements, mouvements telluriques, sons inaudibles pour l’être humain, variations électromagnétiques. Les chiens d’Hiroshima se mirent tous à hurler à la mort parait-il quelques heures avant l’arrivée des bombardiers. Parfois on peut se demander si c’est notre interprétation, notre imagination, notre besoin de surnaturel qui donne après coup ces pouvoirs aux animaux. Un biologiste américain Lyall Watson qualifiait ces phénomènes de « naturel dans le surnaturel » !!
Dans les temps anciens, cette divination des événements à venir a souvent coûté la vie aux animaux. On soupçonnait la main du Malin dans ces comportements. Mais parfois la prédiction se termine bien pour l’animal.


 C’est le cas de l’âne « météo » du roi Louis XI. Un jour que son astrologue lui avait prédit un temps superbe, le roi était parti pour une belle journée de chasse. Mais il se perd dans les taillis. Un paysan passant par là avec son âne, le roi lui demanda sa route. L’homme ne reconnut pas le monarque qui s’habillait toujours simplement. Il lui indiqua son chemin en ajoutant familièrement :
-         -----Dépêchez-vous compère car il va bientôt pleuvoir !
-         -----Qui te fait dire cela lui demanda le roi
-          ---Quelqu’un qui ne se trompe jamais, mon âne !
-       ------  Oh !oh ! dit le roi en pensant à son astrologue, je voudrais bien savoir qui, de ton âne ou du mien  dit la vérité !! Quel ton nom ?
-         ------Brunot
-         -------Adieu compère nous nous reverrons.
Sur quoi le roi retrouva ses veneurs, mais juste au moment où il se mit à pleuvoir des cordes. Le roi prit froid et se mit au lit très en colère. L’histoire dit que son astrologue se fit tancer, moquer par le souverain. Il perdit son emploi. Louis XI fit venir à la cour Brunot et son âne qui prirent le poste de météorologue, fonction dont ils s’acquittèrent à la grande satisfaction du roi.
Autre cas : le 24 novembre 1944, à Fribourg en Allemagne nazie. Un canard déjà connu pour ses « prédictions » avant les alertes de bombardement se met à cancaner furieusement, sauter son enclos pour se sauver en direction de la sortie de la ville. Des citadins se mirent à courir derrière lui. Une demi-heure plus tard, une pluie de feu tombait sur la ville anéantissant plus de trente mille personnes. Les habitants reconnaissants élevèrent une statue au canard sauveur.
En 1968 en Espagne, un cheval refuse malgré les coups de fouet de pénétrer dans un tunnel. Celui-ci s’écroule devant le cheval et devant les automobilistes bloqués derrière lui. Beaucoup d’anecdotes concernent des chevaux qui refusent d’aller plus loin, ou de s’arrêter. Ici c’est le cas d’une crevasse qui s’ouvre devant un cheval et son traîneau rempli de touristes, là des chevaux refusent de s’arrêter dans une auberge qui est emportée quelques instants plus tard par une avalanche. Le cheval animal hypersensible.
Les rats ne sont pas en reste dans les cas de prescience animale. Lorsque les halles de Paris quittèrent les pavillons Baltard pour s’installer à Rungis, les rats «avertis » des intentions des hommes, prenaient le chemin des nouveaux locaux. Dans les camions, par les égouts, par milliers. Quand on voulut assainir et dératiser l’ancien quartier des halles, on ne trouva que très peu de rats qui s’étaient installés depuis plusieurs mois à Rungis, attendant les commerçants et les victuailles !! Comment avaient-ils compris ce qui se tramait dans l’esprit des hommes et comment avaient-ils su où le déménagement allait emmener leur ravitaillement ?


En 1940 en Afrique du Sud au pays des Zoulous, une terrible sècheresse détruisait depuis plusieurs mois les récoltes laissant le pays sans ressources. C’est alors qu’un hippopotame de trois tonnes au moins fit son apparition. Il était sorti de son marécage et déambulait dans les champs, les chemins. Partout où il passait, la pluie tombait en abondance quelques heures après son passage. Pour les Zoulous c’était simplement un « faiseur de pluie » qu’ils vénéraient en lui offrant des cageots de légumes. Les colons blancs l’avaient baptisé « Hubert ». En deux ans et demi il fit bien quinze cents kilomètres. La terre reprenait vie après son passage. A Eshowe il n’avait pas plu depuis des mois. Le commissaire de la ville John Robertson télégraphia au directeur du zoo de Johannesburg : il souhaitait la capture d’Hubert. Mais celui-ci prévenu mystérieusement bifurqua, traversa la rivière et se dirigea vers l’Est. On le vit à Stangen, Dunrban…. Mais un chasseur blanc lui tira une balle dans la tête et se fut la fin d’Hubert et de la pluie. Pourquoi Hubert quitta-t-il son marécage, pourquoi la pluie le suivait-elle, ou plutôt pourquoi Hubert précédait la pluie ? Nous attendons malgré nous une réponse rationnelle devant un comportement irrationnel.

 Autre énigme : les chats ou les chiens qui font des kilomètres pour retrouver leurs maitres ou leurs maisons. Victor Hugo avait un caniche  nommé Baron qui ne supportait pas de rester seul. A chaque absence de son maitre il gémissait lamentablement, aboyait jusqu’au retour de Victor Hugo. Celui-ci agacé par ce qu’il croyait des reproches et du chagrin, crut bien faire en le donnant à un ami le marquis de Faletans qui devait partir en poste à Moscou et qui adorait ce chien et s’entendait bien avec Baron. Pendant plusieurs mois, Victor Hugo reçut des nouvelles de Baron. Puis un jour il disparut ; on le chercha en vain dans les rues de Moscou et dans la campagne où il allait souvent avec le marquis.
Quelques mois plus tard, le cuisinier de l’écrivain à Paris entendit une nuit des bruits à la porte. Un animal se lamentait, grattait…. Baron en piteux état était là sur le pas de la porte, crotté, efflanqué, mais heureux. Il venait d’accomplir le trajet Paris-Moscou pour rejoindre son maître, sans GPS, avec seulement ses quatre pattes !!


Parfois les animaux endossaient le costume du sorcier. Ils portaient les fantasmes, les terreurs des hommes face à l’incompréhensible. Corbeau, crapauds, chouettes, boucs, et les chats noirs. Cloués sur les portes de granges, séchés et réduits en poudre pour la confection de philtres magiques, pour tuer à distance, envoyer un mauvais sort…. Si l’on veut pactiser avec le Diable, on devait faire bouillir un chat noir vif dans une marmite !! Pour désherber son champ, enterrer un chaton vivant au pied d’un pommier … Le chat qui était un Dieu en Egypte était brûlé pendant notre Moyen-Age. Chaque année au moment de la Saint-Jean, jour du solstice d’été et donc du grand sabbat, à Paris, on brûlait des sacs contenant deux douzaine de chats. C’est le roi qui avait le privilège d’allumer le feu jusqu’à Louis XIV qui lui n’alluma qu’une fois le bûcher rituel. Ceci démontre qu'une tradition peut être oubliée !! (une pique pour la tradition des corridas !)

Pour conjurer le mauvais sort, jusqu’au milieu du 19ème siècle, on emmurait un chat vivant dans les fondations d’une maison. Chateaubriand en fit semble-t-il l’expérience. Alors qu’il travaillait à la rédaction du premier tome de ses « Mémoires d’Outre-tombe » dans sa bibliothèque du château de Combourg, il entendit des miaulements terrifiants qui semblaient sortir des murs. Il lui était impossible de travailler avec ces cris de supplicié. Quelques années plus tard, lors de travaux pour restaurer un escalier, les ouvriers découvrirent les restes d’un chat noir emmuré sous un globe, probablement depuis longtemps. Est-ce-lui ou son âme qui se manifestait dans la bibliothèque ?


(Loup garou-Banque d'images - Illustration vectorielle de loup-garou de dessin animé)
Le loup dans le bestiaire fantastique occupe une place importante. Les Grecs de l’antiquité l’avaient consacré à Apollon, les Mongols en avaient fait un symbole solaire, pour les Romains le loup conduisait l’âme des morts. Mais notre Moyen-Age l’associe au Diable. Leur intelligence, leur férocité inquiètent. On les soupçonne de pouvoirs maléfiques. On pense qu’ils prêtent leur peau aux hommes qui deviennent ainsi des loups garous. Les procès des hommes soupçonnés de lycanthropie sont très nombreux jusqu’au 20ème siècle. Parfois on suspecte les loups de s’être changés en truies dévoreuses d’enfant, de taureaux déchainés, de boucs diaboliques, de chèvres lascives. Ces animaux jusqu’à la fin du 18ème siècle sont jugés solennellement, avec témoignages, lecture de la sentence, et exécution publique par pendaison ou bûcher. Le cochon qui attaque un enfant le jeudi est pendu ; si le drame se passe un vendredi, jour d’abstinence, la bête est brûlée vive !!

Notre obscurantisme fait que tous ceux dont le comportement sort de l’ordinaire, hommes ou animaux sont supposés habités par le Diable. Au 17ème siècle, un Napolitain Pietro avait dressé son cheval à effectuer toutes sortes de tours. Tous deux gagnaient leur vie ainsi en représentations dans les villes et villages d’Europe. Mais un jour, qu’ils donnaient une séance dans notre bonne ville d’Arles, les magistrats seront tellement impressionnés et inquiets par les prouesses du petit cheval qu’ils le brûlèrent en place publique, lui et Pietro.
A la même époque, un cheval savant à Paris sera emprisonné avec son maître, On leur fit un procès, nous ne savons pas comment cela se termina.

Que dire des chiens et des chats qui sentent la fin prochaine de leurs maîtres et ne se consolent pas de leurs morts ? La chienne de mon grand-père allait tous les jours pleurer sur sa tombe, jusqu’à ce qu’une de mes tantes l’emmène à Lyon où elle se laissa mourir.
   Le Duc d’Enghien avait un chien nommé Mohilov, un petit carlin acheté en Volhynie en 1798. Ce chien avait été de tous les voyages du duc. Lors de son enlèvement le 15 mars 1804, il le suivit malgré les fleuves à traverser, les aléas du voyage. Emprisonné au château de Vincennes le duc avait son carlin avec lui. Le jour de l’exécution du duc, son compagnon l’accompagna dans les fossés de Vincennes et se blottit dans ses jambes jusqu’à ce qu’un soldat le fasse partir pour que le peloton puisse faire sa besogne. Le Duc murmura : « je n’ai d’ami que mon chien, c’est le seul qui me reste, qu’on en prenne soin.. ». Une fois le duc enterré dans une fosse, le chien revint pour gratter en gémissant le monticule de terre. Le marquis de Béthisy finalement l’emmena dans son domaine où Mohilov se trouverait encore empaillé.

L’animal est une énigme pour l’homme. Mais quand ils se rencontrent, se connaissent vraiment, l’animal est capable de développer un potentiel d’affection, d’attention que bien des humains ne possèdent pas. Nous avons tout à apprendre des autres, animaux mais aussi hommes (et femmes). 



Sources : Claude Pasteur  Animaux Magiciens de l’Histoire –Historia sept1982 n°430-- Georges d’Heylli. « Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique. » Paris, 1889. https://gavroche60.com/tag/mohiloff/