samedi 30 décembre 2023

la crèche et ses santons

 

Sur ce blog du 7/12/2017

Santons-fèves- collection perso



Les Santons et la Crèche :


Sculpture en bois Philippe Péneaud


Jean-Louis Lagnel de Marseille eut le premier l’idée de construire des moules pour ses figurines en argile. Il représentait ses voisins dans différents métiers, vêtus dans la mode populaire de l’époque Louis-Philippe. Ces moules permettaient de reproduire à l’infini les sujets à moindre coût. Ses premiers santons sont sans bras, sans coiffure, sans accessoires qui sont moulés à part et collés au corps à la barbotine (argile diluée). Puis expérience aidant, il créa ses santons d’une seule pièce, installant le véritable santon 
de Provence en argile différent des santibelli italiens en plâtre.
Moules de Jean-Louis Lagnel (1764-1822) premier santonnier marseillais. Musée Marcel Carbonnel (collection privée M Carbonnel – photo Ph Renoux-Carbonnel mars 2012- wikipedia-wikimedia common)
Les santonniers d’aujourd’hui réalisent d’abord un modèle dans l’argile crue placé sur un socle qui fera partie du sujet. Ensuite vient la confection du moule coulé en plâtre. Dans une moitié du moule talquée, on presse un colombin d’argile fraîche. Après pression des deux parties du moule, le santon est sorti, mis à sécher, ébarbé pour éliminer toute trace du moulage. Après un nouveau séchage, il est cuit dans un four à 800°. La décoration se fait à la main. Les santons habillés à l’origine étaient confiés à des familles qui confectionnaient les vêtements. Des petits métiers qui aidaient financièrement les familles.
lavandières Arles
                   
 Pêcheur de crustacés –Lagnel


Toutes les catégories sociales, les métiers, et maintenant des célébrités du moment sont représentées. Le Vieux Grasset et sa Vieille Grassette qui marchent dans l’innocente vie santonnière, bras dessus bras dessous rivés l’un à l’autre dans la tendresse, le Ravi, le Tambourinaire, le pêcheur et la poissonnière, le boulanger, le porteur d’eau, la lavandière, le vannier, le pistaché aux nombreux gilets et son gros ventre….. et l’Arlésienne, l’aveugle et son fils, les bohémiens, Margarido la grognon…. Des vies !! Le maire a revêtu ses plus beaux habits, son écharpe tricolore, son chapeau haut-de-forme, son parapluie. Une montre en or pend de sa poche de veston, habituellement appelé Mathieu et il inscrit la naissance de l’Enfant sur le registre d’Etat-Civil du village. Le brigand et l’enfant volé offrent un sujet de morale qui se terminera par la rédemption finale. Le curé traditionnellement représenté bedonnant, joues rouges. Un moine capucin, souvent présent en hommage à celui qui dans son couvent de Marseille avait eu l’idée de distribuer aux pauvres des petites sujets en mie de pain parfumés à l’anis. Son supérieur fit cesser cette distribution, peut-être parce que les petits pains étaient mangés avant le 25 décembre, ou parce que le succès de l’opération les dépassait.



Au moment de la crèche, nos rues, nos centres commerciaux résonnent de chants de Noël, s’illuminent de guirlandes. On prépare les cadeaux, on imagine les repas de fêtes… Même si l’on manque de moyens, on fait un geste, pour marquer le coup. Actuellement la tradition des crèches existe dans beaucoup de pays. Chaque santonnier apporte sa touche personnelle. Les Chinois nous en envoient en plastique, en résine. Les Polynésiens les sculptent dans des noix de coco, habillés de fibre de palme.... Les expositions nous enchantent par la diversité des sujets. Et chaque spectateur y trouve ce qu’il a envie d’y trouver. Les non-croyants ne sont pas les derniers à se réjouir du spectacle. Je connais nombre d’athées ou de protestants qui chaque année font leur crèche avec des décors modifiés d’une année sur l’autre, des nouveaux santons. On ne peut pas les taxer d’infantilisme. Peut-être un besoin de merveilleux !

Paul Fouque 1990 Aix en Provence collec privée– wikipedia –photo Daniel Ferrier
 La crèche, légende, religion, folklore, traditions, Histoire ?   Il y a de quoi rêver à Noël, respirer le chocolat, le sapin, et surtout admirer le savoir-faire de nos santonniers !! Le message de Noël c’est avant tout un message de paix, d’amour. Une trêve dont nous avons bien besoin, un renouveau, un espoir ! C'est un message qui échappe à la seule sphère religieuse. Ce n’est pas innocent si la tradition a fait naître Jésus en décembre au lieu de l’été,  lorsque la lumière revient, et que les jours paraissent s’allonger petit à petit. "A la sainte Luce les jours allongent d'un saut de puce et pour la Noël d'un pied de coq ».  ("Avant 1582, dans le calendrier julien, la Sainte-Luce tombait deux jours après le solstice d'hiver, le calendrier grégorien a avancé la Sainte-Luce de dix jours et elle tombe aujourd'hui huit jours avant le solstice).  Ce besoin de fête lors du renouveau de la lumière a existé bien avant le Christianisme, bien avant les Romains, l'Antiquité, probablement depuis la nuit des temps. Quoi de mieux que la naissance d'un enfant pour illustrer ce renouveau ?

Et puis Jésus est aussi mentionné dans le Coran (par exemple Sourate 19, 16-35). Une forme de laïcité avant l’heure ?!! 

Pour répondre à nos reboussiers, Gaston Doumergue, président de la République avait reçu en son temps santons et santonniers dans les salons de l’Elysée.


Farandole des santons, fresque de David Dellepiane



Comps 2015 crèche Romain Rodriguez

Hôtel de Ville Avignon 2010 





 
Sources : Marie Mauron Le Monde des Santons ISBN 2-262-00052-2 octobre 1976  -  Françoise Lautman, Crèches et traditions de Noël, Ed. de la Réunion des Musées nationaux, 1986, p. 39 – René Grousset Le Bœuf et l’Ane à la Nativité du Christ 1884 V4 N°1 Persée.fr  -  Jean Paul Clébert  Guide de la Provence mystérieuse, Éd. Tchou, Paris, 1972 - www.peneaud.com/sculpture-noel/noel-1.htm  -  wikipedia  - VFhorizon-provence.com - Régis Bertrand "Crèches et Santons de Provence"publié en 1992, éditions Barhélémy. -  A voir Le Salon international d’Arles des Santonniers, santons d’ici et d’ailleurs -Du 18 novembre 2017 au 14 janvier 2018 Cloître Saint-Trophimesalondessantonniers.over-blog.fr

 Collection privée – le pêcheur et la bergère santons anciens
 Collection privée – le boulanger, le gitan, la marchande d’ail et un mouton
Collection privée- la bergère à la lanterne, le tambourinaire et une vache ancienne
Collection privée – quelques santons

Crèche de la Légion Etrangère























mardi 26 décembre 2023

Les Cadeaux de Noël

 

 

Les Cadeaux de Noël

Le rituel des cadeaux de Noël n’est pas emprunté aux Rois Mages venus offrir des présents à Jésus de Nazareth. On retrouve des traces de cette tradition dès la Rome Antique, donc bien avant la chrétienté. Nadine Cretin historienne des fêtes et spécialiste en anthropologie religieuse nous explique : « il était ainsi de coutume de s’offrir le jour du solstice d’hiver des étrennes – des pièces, du miel, des dattes… –, gages de bons augures pour les mois à venir : sans être vraiment religieuse, une dimension spirituelle présidait donc déjà à cette pratique ».

Il s’agit non pas de cadeaux, mais d’étrennes. La déesse Strena présidait cette tradition. On l’honorait lors des calendes de janvier.

La fête de Noël, fête chrétienne qui célèbre la Nativité, est fixée au 24 décembre du calendrier romain au 4ème siècle. Au Moyen-Age le jour de Noël conclut la période de privation de l’Avent. Donc ce jour va donner lieu à des repas de fête au cours desquels les convives s’échangent des étrennes, souvent des victuailles. Le cadeau de Noël actuel n’apparait qu’au milieu du 19ème siècle et se démocratise dans la seconde moitié du 20ème siècle avec la montée de la consommation.

Un texte consulaire d’Aurillac de 1611 nous montre que cette pratique des étrennes permettait de renforcer le pouvoir des édiles. Il s’agit de la liste des sommes dues par les consuls à l’apothicaire Helis Gaffet : à côté des dépenses habituelles, « le présant ord[inai]re que la ville a accoustume faire la veilhe de Nouel 1611 ». Depuis 1514, sous Louis XII, « qui et épicier n’est pas apothicaire, qui est apothicaire est épicier ». Cette profession est celle de notables, de bourgeois, tant par son appartenance à une corporation influente qu’en raison des denrées précieuses que les apothicaires vendent. C’est donc naturellement que les consuls d’Aurillac s’adressent au sieur Gaffet pour leurs achats de Noël.


 A cette date les consuls sont trois : Jean Chanut, François Ganthier et Jacques Verdier. Ils offrent : « Pour Mr le lieutenant général ung pain de sucre Pezant deux livres et demy Deux boyttes de dragée pezant 1 Livre Ung quart yppoccras--- « A mr le prédicateur 1 quart yppoccras », « A mess de Textoris, Cambefort Casses Et Savy audicteurs de comptes, ung Quart a chascung », « A mess Castel juge Contrastin pro[cureu]r Et Borie greffier de la ville ung quart A chascung », « A m[essieu]r Destannes advocat pour partie des services Randus à la ville ung quart yppocrras Deux boyttes de dragée ». …..

Ces dons sont utiles au pouvoir. Ils sont un parfait exemple de la « politique du présent ». Il s’agit de remercier, d’honorer des personnages importants et influents. Par ailleurs depuis 1584 sous le roi Henri III, les consuls sont élus dans les derniers jours de décembre, le vendredi après Noël. Une bonne raison de faire preuve de prodigalité envers les notables d’Aurillac.

Les consuls offrent aussi des  « présants tant a mess[ieu]rs de Genicourt et de St-Germain commissaires depputtés pour sa mag[es]tté en ce pais que a M[onsieu]r le gouverneur père prédicateur ». Le père Jésuite se voit offrir dès le 27 novembre : « Demy [livre] escorsse de cittron », « Demy livre conserve de roze », « Une [livre] d’une confection de dragée de Verdun », « Demy [livre] de chair de cittron », « Demy [livre] de confictures seches » et « Ung quart yppoccras ».

Les conserves de roses, le plus souvent de Provins, étaient une préparation médicinale employée pour son pouvoir astringent. Les dragées, auraient été créées par un apothicaire de Verdun, en 1220, afin de faciliter le transport des amandes en les enrobant de sucre et de miel. Enfin, l'hypocras est une ancienne boisson à base de vin, sucrée et aromatisée aux épices.

 « Ledict Prédicateur estant indispozé de sa voix », les consuls lui offrent à nouveau le deux décembre : « Une once de sucre candi blanc », lequel était utilisé en médecine dès le XIe siècle comme pectoral, une « once de poudre de duc », mélange de cannelle, gingembre, cardamone, girofle et sucre, ainsi que du « sirop de limone ».


 Générosité ? Les consuls d’Aurillac depuis plusieurs années cherchaient à obtenir de jésuites qu’ils prennent en charge le collège de la ville fondé au 16ème siècle.

Les consuls ne s’oublient pas : chacun recevra pour Noël « ung quart yppoccras »….

 

 

 

 

Sources et pour en savoir plus : Cotes ADC : Archives anciennes de l’hôpital d’Aurillac en cours de classement.Document rédigé par Nicolas Laparra---- « Quelle est l’origine des cadeaux de Noël ? » : https://www.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Noel/Quelle-est-l-origine-des-cadeaux-de-Noel----La vie municipale à Aurillac de 1360 au début du XVIIe siècle / Anne-Marie Boisset, thèse de l’école des Chartes, [1938], page 403.

 

 

 

 

 

jeudi 14 décembre 2023

Le clocher qui danse

 

 

 

Le Clocher qui danse :

Un clocher qui danse au son des cloches !! Miracle, surnaturel, superstition, la présence de Dieu ? Ou du diable ??

Dans notre belle Provence, à Moustiers-Sainte-Marie, le clocher était légendaire. Au Moyen Age il était connu pour vibrer aux sons des cloches : l’oreille sur la pierre, le pèlerin, le curieux ou le simple voisin venaient entendre gémir le tuf calcaire. La tour était secouée d’un frisson miraculeux à chaque tintement de la cloche. En 1528 Polydor Virgile raconte cette merveille dans son recueil en trois livres « Des Inventeurs des choses ». (Dans le second il étudie entre autres les préjugés populaires touchant l’art divinatoire, ouvrage mis à l’index et réédité en 1575, sous une forme expurgée.)

Jacques Gaffarel, (1601-1681)bibliothécaire de Richelieu, orientaliste et prieur commendataire de l’abbaye de Ganagobie, avait lu Virgile et fit le voyage à Moustiers pour examiner cette « merveille ». Dans son livre « Des curiosités des choses en 1650 il écrit :  « Quelques fois on nomme des choses qu’on estime ridicules et incroyables et qui pourtant ne le sont pas, s’en étant trouvé dans les siècles passés et l’on en voit encore de nos jours ; ainsi cette tour de pierre ou admirable clocher que Virgile avait fait avec un si merveilleux artifice, que la tour se mouvait au branle de la cloche, n’est pas sans pareille, car à Moustiers, ville de Provence, le clocher dont les pierres sont enclavées à presque un même branle que la cloche avec tant de prodiges que ceux qui sont autrefois montés dessus sans le savoir, quand ils ont vu branler les cloches, ils n’ont pas été exempts de frayeur comme il m’est arrivé à moi-même. »


D’autres villes en France, Viviers, Bar, ou en Angleterre, ont aussi eu un clocher qui danse au son des cloches. En 1845, le marquis de Gallifet dans son « Gueuse Parfumée » écrit à sa fille la marquise de Barbentane au sjet du clocher de Moustiers : « On assure que le branle des cloches lui imprimait jadis un léger balancement ».

Mais à cette date, le clocher ne se balançait plus ou presque plus. Le prieur de Moustiers Jean de Bertet (1614-1670) avait calmé le jeu par des poutres en dedans et de bonnes clefs de fer en dehors. De puissants contreforts le consolident.

Une légende qui ne résista pas à la science !! Pourtant, malgré tout en 1849, le curé des Sièyes Jean Marie Féraud écrivait dans sa Géographie des Basses-Alpes « le mouvement n’est presque plus sensible ».

Ce brave clocher fait toujours rêver. Le passant, le villageois, prêtant l’oreille, entendent toujours la voix secrète du clocher, une plainte discrète du passé. Pour eux, la pierre n’est pas figée ni muette…..

L’église de Notre Dame de l’Assomption date du 12ème siècle, classée monument historique en 1913. Le clocher est de style lombard comme notre tour Fenestrelle d’Uzès. . L’église est de style roman. Son origine remonte à un monastère fondé au 5ème siècle par les moines de l’Ile des Lérins. Les religieux chassés par les Sarrasins, ne revinrent qu’aux 6-7ème siècle. En 1336 le prieur Pierre de Pratis souhaitait reconstruire l’église en style gothique, mais seul le chœur est reconstruit ce qui explique que ce dernier n’est pas dans l’axe de la nef.


Autre légende de Moustiers : dans l’église, une cloche miraculeuse offerte par la Vierge Marie elle-même. Après une sécheresse persistante, les habitants se sont rassemblés dans l’église pour prier et soudain une pluie torrentielle sauva les cultures et les habitants de la famine. Depuis, cette cloche est devenue le symbole de protection et de bénédiction divine.

On pourrait parler aussi de l’Etoile de Moustiers, et de Frédéric Mistral …. Une autre fois..


Sources et pour en savoir plus : La France Pittoresque- (D’après « Annales des Basses-Alpes », paru en 1936)--Publié / Mis à jour le VENDREDI 27 DÉCEMBRE 2013,---- wikipédia.org --- verdonsecret.com/la-visite-guidee-de-moustiers-sainte-marie/--- seniors-en-vadrouille.fr/moustiers-sainte-marie-10ansenfranceaussi/---- www.flickriver.com/photos/didier-auberget2/30188041364/---

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

lundi 4 décembre 2023

Halloween, Toussaint, et Jour des Morts

 

 


Halloween, Toussaint, Fête des Morts :

Nous venons de fêter Halloween comme chaque année le 31 octobre. Défilés de fantômes, de diablotins, sorcières, vampires, déguisements terrifiants, citrouilles et bonbons pour les enfants…. Une fête à qui on peut reprocher une volonté mercantile, une commercialisation de ce qui a rapport au sombre et au mystérieux. Mais aussi quelle joie pour les enfants !!

Un grand nombre de sources relient Halloween à une fête "celtique" tantôt d’origine anglo-irlandaise, tantôt d’origine "gauloise", célébrée il y a près de trois millénaires. Quelques historiens doutent de ses origines celtiques. Samain sans doute une suite logique de fêtes populaires qui remontent à la nuit des temps ?

Pour beaucoup d’historiens, cette fête d’Halloween serait un héritage de Samain ou Samhain,, fête religieuse célébrée au début de l’automne par les Celtes, sorte de célébration du nouvel an. Samain en Irlande, Samonios en Gaule. Pendant sept jours les druides conduisaient la fête, trois jours avant Samain, puis trois jours après. On fermait l’année en cours et ouvrait la suivante. La fête marquait la fin de l’été. Les déguisements avaient pour but de passer auprès des morts pour l’un des leurs. Vivres à profusion visaient à s’attirer leurs bonnes grâces pour qu’ils ne viennent pas saccager les récoltes. Un feu sacré allumé par les druides honorait Been le dieu du Soleil et chassait les mauvais esprits. Chez les Gaulois, on éteignait le feu de cheminée de la maison, puis on se rassemblait en cercle autour du feu sacré de l’autel druidique où le feu était aussi étouffé pour éviter l’intrusion d’esprits maléfiques dans le village. Chaque famille emportait une braise pour allumer un nouveau feu à son domicile, qui devait durer jusqu’à l’automne suivant. Maintenant la buche de Noël des catholiques provençaux ?? L’Histoire, c’est toujours faire du neuf avec du vieux !!!

La nuit de Samain, l’irréel côtoyait le réel, les hommes communiquaient avec les gens de l’autre monde. Toujours la même question depuis la nuit des temps, après la mort, qui y-a-t-il ??

Comment est-on passé de Samain à la Toussaint ?

Les fêtes druidiques vont disparaitre avec l’installation du christianisme. En fait, le passé ou les traditions d’hier vont être remaniés au gout du jour, avec habilité. On va christianiser les fêtes païennes. Les temples des idoles en Orient et en Occident sont détruits ou fermés ou convertis en temples chrétiens. En 607 le pape fait purifier le Panthéon, temple que Marcus Agrippa favori d’Auguste fit bâtir et dédié à Jupiter Vengeur. Le Saint-Père dédia ce bâtiment à la Sainte Vierge et à tous les martyrs et il y fait transporter 28 chariots d’ossements des martyrs enterrés dans les cimetières de la ville de Rome. Le bâtiment prend le nom de Sainte-Marie-aux Martyrs, puis Notre-Dame de la Rotonde.

Le pape Boniface IV en 613 met en place officiellement la fête catholique de la Toussaint : il s’agit de commémorer tous les martyrs. Elle a lieu d’abord le 13 mai (date anniversaire de la consécration chrétienne du Panthéon). Comme ce sera souvent le cas, elle remplace la fête des Lémuria de la Rome antique célébrée à cette date pour conjurer les spectres malfaisants.

En 731 le pape Grégoire III consacre une chapelle dans l’église de Saint-Pierre en l’honneur de tous les saints. Il s’agit d’honorer les saints dont le nom ou la sainteté ne nous sont pas connus, et que leur grand nombre empêche de leur rendre un culte distinct.


 Mythes et légendes : Samhain ou l’origine d’Halloween (lisbet52.blogspot.com)

Puis en 847, le pape Grégoire IV (ou son prédécesseur ?) au 9ème siècle, décale cette fête au 1er novembre. Et elle célèbre « tous les saints ». Peut-être pour christianiser la fête de Samain ? Qui prit alors le nom de « all hallow’s eve, signifiant veille de  Toussaint. Mais une confusion va s’opérer ente la Toussaint et le culte des morts.

Dès cette date, localement un office des morts suit la Toussaint. En 998, les moines de Cluny instituent la fête des trépassés le 2 novembre. Au 13ème siècle, cette fête entre dans la liturgie romaine comme la commémoration de tous les fidèles défunts.

En Irlande ainsi que chez les peuples aux origines celtiques,  on traine les pieds pour changer de date. On va continuer à célébrer les martyrs le 20 avril et la littérature irlandaise médiévale ne mentionne que la fête de Samain jusqu’au 12ème siècle.

Et ici et là on continue à célébrer le culte des morts le 1er novembre. Et même en Bretagne jusqu’au début du 20ème siècle, une croyance (ou tradition ?) perdure selon laquelle les âmes des morts revenaient la veille de la Toussaint et lors des nuits de solstice. Au coucher, on leur laissait de la nourriture sur la table et un feu dans la cheminée. Survivance de Samain ?

En 1845 lors de la Grande Famine, les Irlandais, plus de 2 millions, immigrent aux Etats-Unis, emportant à leurs semelles leurs pratiques et coutumes. En particulier Jack-O-Lantern, légendaire personnage le plus populaire d’Irlande associé à Halloween !!

Jack aurait poursuivi le diable pendant cinq bonnes années. Ou bien aurait été poursuivi par le diable ?? Avare, ivrogne, méchant, égocentrique, Jack, un homme de très mauvaise société. Un soir dans une taverne, le diable apparait et lui réclame son âme. Jack lui demande de lui offrir un dernier verre avant de partir pour l’enfer. Le diable accepte et se transforme aussitôt en une pièce de six pence. Jack la prend et la met dans sa bourse qui a une serrure en forme de croix. Le diable  ne peut plus s’en échapper. Jack accepte de le libérer à condition de lui donner dix ans de plus à vivre. Mais après ce délai, Jack fait une nouvelle farce au diable : il le laisse en haut d’un arbre où il a gravé une croix et le diable pour se libérer doit promettre qu’il ne poursuivrait plus Jack.

Lorsque Jack décède, le paradis lui est refusé. Mais le diable refuse aussi de le laisser entrer. Le diable qui est un bon diable, lui donne un morceau de charbon ardent pour éclairer son chemin dans le noir. Jack place ce charbon dans un navet creusé en guise de lanterne, d’où son nom Jack-O-Lantern. Il est condamné à errer éternellement entre enfer et paradis, avec son navet-lanterne. Il va réapparaitre chaque année le jour de sa mort pour la fête d’Halloween.

Du navet d’origine contenant une bougie, on va s’orienter vers un rutabaga (Grande-Bretagne) puis vers la citrouille plus facile à sculpter.

A la fin du XXe siècle, l’initiative d’une société française spécialisée dans le déguisement, bientôt relayée par quelques ténors de l’industrie alimentaire américaine, fut à l’origine du retour en France d’Halloween .....

« Des bonbons ou un sort » !! Au 19ème siècle, la chasse aux bonbons est une tradition d’Halloween. Les enfants déguisés vont de porte en porte pour réclamer des friandises. Les maisons et leurs habitants sont parfois aux aussi déguisés.

 

 Société Optos-Opus..jpg—Le Samain –gâteau à base de pommes, de noisettes, raisins secs, caramel, recouvert d’une pâte éclairée de l’intérieur par une bougie.-1997-2003—photo 15/10/2014 Garibaldi75--

 

 

 

 

 

 

Et le culte des morts ?? A bien différencier de la Toussaint ….

Aussi loin que nous pouvons nous souvenir, le culte des morts est aussi ancien que l’être humain. La mort, souffrance, dissolution, ou résurrection et changement d’existence, mystérieuse, souterraine, dans un ailleurs ? Demeure céleste ou errance dans le voisinage des vivants ?

« Les druides, raconte César, veulent surtout persuader que les âmes ne meurent point, mais que des uns elles passent à d’autres après la mort ; ils pensent que c’est par cette croyance que principalement on excite le courage en ôtant aux hommes la crainte de la mort ». Il est vrai que la perspective du Paradis a souvent permis au peuple d’accepter la triste vie qu’il vivait sur terre….. toutes religions confondues. La notion de Paradis permet parfois à certains de justifier les massacres de gens qui n’ont pas la même religion ou dont on convoite la terre.

Méla affirme que « des doctrines enseignées par les druides à l’aristocratie, une seule s’est répandue dans le peuple, elle a pour objet de rendre les Gaulois plus braves à la guerre ; cette doctrine est que les âmes sont éternelles et qu’il y a une seconde vie chez les morts ».

Dans le monde antique, en Egypte, Inde, chez les Scandinaves, l’âme avait besoin d’une barque pour rejoindre le pays des morts. Dans son « Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique », Maspero explique que l’âme montée dans sa barque « pénétrait mystérieusement par la fente dans la mer occidentale, inaccessible aux vivants, et attendait la venue quotidienne du soleil mourant (...) La barque de ce dieu (...) s’arrêtait un moment aux frontières du jour ; les âmes instruites en profitaient pour se faire reconnaître et recevoir à bord…. »

Sépultures et rites funéraires : Mais pour que l’âme se fixe dans sa nouvelle demeure, il fallait un lieu, un tombeau. Sinon elle était errante et misérable. Pour punir les vivants de ne pas lui avoir donné le repos, elle les effrayait par des apparitions lugubres. « Ci-gît », «Repose en paix » sur les tombeaux, mais aussi des hommages, des rites. Le Jour des Morts se serait ainsi installé, un jour de l’année bien précis. C’est aussi ou cela devrait être pour les vivants, un jour de méditation, de réflexion (s) sur la vie, sur nos anciens, un jour de paroles échangées ….



Une jack-o'-lantern traditionnelle (navet) irlandaise du début du xxe siècle exposée au Museum of Country Life (en).

Sources et pour en savoir plus : La France Pittoresque D’après « Fêtes et coutumes populaires » paru en 1911,
« Les Celtes depuis l’époque de la Tène
et la civilisation celtique » paru en 1932,
« La civilisation des Celtes et celle de l’époque homérique » paru en 1899,
« La religion des Celtes » paru en 1904, « Les petits Bollandistes » paru en 1876
et « Œuvres de Voltaire avec notes de Beuchot » paru en 1829)
-Publié / Mis à jour le 
MARDI 31 OCTOBRE 2023, par LA RÉDACTION---www.bretagne.com/fr/la-bretagne/sa-culture/ses-legendes/samain--- fr.---fr.wikipedia.org/wiki/Samain_(mythologie)---- www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/ethnologie/rite-paien-druidisme-et-monde-des-morts-la-fete-de-samain-aux-sombres-origines-d-halloween_138636