mardi 26 décembre 2023

Les Cadeaux de Noël

 

 

Les Cadeaux de Noël

Le rituel des cadeaux de Noël n’est pas emprunté aux Rois Mages venus offrir des présents à Jésus de Nazareth. On retrouve des traces de cette tradition dès la Rome Antique, donc bien avant la chrétienté. Nadine Cretin historienne des fêtes et spécialiste en anthropologie religieuse nous explique : « il était ainsi de coutume de s’offrir le jour du solstice d’hiver des étrennes – des pièces, du miel, des dattes… –, gages de bons augures pour les mois à venir : sans être vraiment religieuse, une dimension spirituelle présidait donc déjà à cette pratique ».

Il s’agit non pas de cadeaux, mais d’étrennes. La déesse Strena présidait cette tradition. On l’honorait lors des calendes de janvier.

La fête de Noël, fête chrétienne qui célèbre la Nativité, est fixée au 24 décembre du calendrier romain au 4ème siècle. Au Moyen-Age le jour de Noël conclut la période de privation de l’Avent. Donc ce jour va donner lieu à des repas de fête au cours desquels les convives s’échangent des étrennes, souvent des victuailles. Le cadeau de Noël actuel n’apparait qu’au milieu du 19ème siècle et se démocratise dans la seconde moitié du 20ème siècle avec la montée de la consommation.

Un texte consulaire d’Aurillac de 1611 nous montre que cette pratique des étrennes permettait de renforcer le pouvoir des édiles. Il s’agit de la liste des sommes dues par les consuls à l’apothicaire Helis Gaffet : à côté des dépenses habituelles, « le présant ord[inai]re que la ville a accoustume faire la veilhe de Nouel 1611 ». Depuis 1514, sous Louis XII, « qui et épicier n’est pas apothicaire, qui est apothicaire est épicier ». Cette profession est celle de notables, de bourgeois, tant par son appartenance à une corporation influente qu’en raison des denrées précieuses que les apothicaires vendent. C’est donc naturellement que les consuls d’Aurillac s’adressent au sieur Gaffet pour leurs achats de Noël.


 A cette date les consuls sont trois : Jean Chanut, François Ganthier et Jacques Verdier. Ils offrent : « Pour Mr le lieutenant général ung pain de sucre Pezant deux livres et demy Deux boyttes de dragée pezant 1 Livre Ung quart yppoccras--- « A mr le prédicateur 1 quart yppoccras », « A mess de Textoris, Cambefort Casses Et Savy audicteurs de comptes, ung Quart a chascung », « A mess Castel juge Contrastin pro[cureu]r Et Borie greffier de la ville ung quart A chascung », « A m[essieu]r Destannes advocat pour partie des services Randus à la ville ung quart yppocrras Deux boyttes de dragée ». …..

Ces dons sont utiles au pouvoir. Ils sont un parfait exemple de la « politique du présent ». Il s’agit de remercier, d’honorer des personnages importants et influents. Par ailleurs depuis 1584 sous le roi Henri III, les consuls sont élus dans les derniers jours de décembre, le vendredi après Noël. Une bonne raison de faire preuve de prodigalité envers les notables d’Aurillac.

Les consuls offrent aussi des  « présants tant a mess[ieu]rs de Genicourt et de St-Germain commissaires depputtés pour sa mag[es]tté en ce pais que a M[onsieu]r le gouverneur père prédicateur ». Le père Jésuite se voit offrir dès le 27 novembre : « Demy [livre] escorsse de cittron », « Demy livre conserve de roze », « Une [livre] d’une confection de dragée de Verdun », « Demy [livre] de chair de cittron », « Demy [livre] de confictures seches » et « Ung quart yppoccras ».

Les conserves de roses, le plus souvent de Provins, étaient une préparation médicinale employée pour son pouvoir astringent. Les dragées, auraient été créées par un apothicaire de Verdun, en 1220, afin de faciliter le transport des amandes en les enrobant de sucre et de miel. Enfin, l'hypocras est une ancienne boisson à base de vin, sucrée et aromatisée aux épices.

 « Ledict Prédicateur estant indispozé de sa voix », les consuls lui offrent à nouveau le deux décembre : « Une once de sucre candi blanc », lequel était utilisé en médecine dès le XIe siècle comme pectoral, une « once de poudre de duc », mélange de cannelle, gingembre, cardamone, girofle et sucre, ainsi que du « sirop de limone ».


 Générosité ? Les consuls d’Aurillac depuis plusieurs années cherchaient à obtenir de jésuites qu’ils prennent en charge le collège de la ville fondé au 16ème siècle.

Les consuls ne s’oublient pas : chacun recevra pour Noël « ung quart yppoccras »….

 

 

 

 

Sources et pour en savoir plus : Cotes ADC : Archives anciennes de l’hôpital d’Aurillac en cours de classement.Document rédigé par Nicolas Laparra---- « Quelle est l’origine des cadeaux de Noël ? » : https://www.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Noel/Quelle-est-l-origine-des-cadeaux-de-Noel----La vie municipale à Aurillac de 1360 au début du XVIIe siècle / Anne-Marie Boisset, thèse de l’école des Chartes, [1938], page 403.

 

 

 

 

 

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