mercredi 31 mai 2017

Légendes de l'Uzège Les Trois Compagnons


Vallabrix au printemps





Albert Ratz- J B Vazeille 1970 in Légendes, fantasmes et historiettes de l'Uzège  Collection Patrimoine- Histoire et Civilisation de l'Uzège- Lucie Editions 2008 

dimanche 28 mai 2017

La Plante du Diable

La plante du diable :



Ce printemps les sangliers ont eu raison de ma plantation de pommes de terre. J’espère qu’ils les ont trouvées à leur goût !
Lorsque la pomme de terre débarque discrètement en Europe vers 1520, une formidable aventure l’attend avant de se retrouver sur nos menus quotidiens.
Elle est appelée d’abord « artichaut des Indes ». Les
conquistadors la découvrent dans les cordillères des Andes, ce que l’on nommait encore les Indes Occidentales. A ce moment-là elle est une curiosité botanique. Des religieux espagnols commencent par la cultiver dans les jardins de leurs couvents en Italie. Puis ils vont la faire cuire pour les animaux et ensuite pour les humains.
(Atlas des plantes 1891 Amédée Masclef (1858-))
Le grand agronome Olivier de Serre en parle ainsi en 1600:, « Cet arbuste, dit Cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d'aucuns ainsi appelé[ » « Quant au goust, le cuisinier les appareille de telle sorte, que peu de diversité y recognoist-on de l'un à l'autre».
Bizarrement le topinambour qui vient de la Nouvelle France (Québec), va se retrouver très vite dans les jardins et sur les tables bourgeoises. Il portera d’ailleurs parfois le nom de pomme de terre.

Elle traverse les frontières. 1610 en Alsace qui n’est pas encore française. La guerre de Trente ans ruine les campagnes de ce qui est aujourd’hui l’Allemagne, et les soldats puis le peuple adoptent la pomme de terre, faute de mieux. Sa consommation va rester très localisée ou contrainte au gré des disettes.
Les classes aisées l’ignorent encore sur leurs tables. Mais dès 1616 au jardin royal en France elle est cultivée. Par farce elle est proposée au jeune roi Louis XIII qui n’y goûte évidemment pas. On dit que ceux qui en mangent attrapent les fièvres, la lèpre… En Suisse les épidémies d’écrouelles seraient dues à la pomme de terre, c'est la plante du diable !!. Seuls les soldats la trouvent mangeable, mourir pour mourir !!.
On va malgré tout essayer d’en faire quelque chose. Cela va de la confection de vermicelle sec à de la poudre à perruque.
Au 18ème siècle, le petit peuple consomme largement ce légume. Diderot et d’Alembert dans l’Encyclopédie en 1765 en font l’étude : les paysans consomment une bonne partie de l’année la racine de cette plante. Cuite à l’eau, au four, sous la cendre, en ragoûts. Les plus riches la consomment avec du beurre, de la viande ou en beignets.
Comment Monsieur Parmentier la rencontre-t-il  ?
Antoine Augustin Parmentier à la suite d’ "erreurs de jeunesse" fait plusieurs séjours en prison. Il est alors préparateur en pharmacie. Il deviendra pharmacien militaire, agronome, nutritionniste et hygiéniste. On le considère comme le précurseur de la chimie alimentaire et de l’agrobiologie. Connu surtout pour sa promotion de la pomme de terre dans l’alimentation humaine, il va organiser le service pharmaceutique de santé sous l’Empire napoléonien. Durant les périodes de famines ou de sous-alimentation il préconise l’utilisation de nouveaux aliments et une hygiène alimentaire… Il est né à une période charnière de notre histoire : 1737 et décède en 1813.
De ses séjours à « l’ombre » nourri de pommes de terre, il comprend l’importance de ce légume. En 1772 l’Académie des Sciences Belles Lettres et Arts de Besançon et de Franche-Comté lance un concours sur le thème « le retour de la Disette ». « Indiquez les végétaux qui pourraient suppléer en cas de disette à ceux que l’on emploie communément à la nourriture des hommes et quelle en devrait être la préparation ». Parmentier remporte le premier prix. Les famines de 1769 et 1770 avaient laissé des traces. Dès 1772 la Faculté de médecine de Paris déclare la pomme de terre sans danger.
Parmentier contacte tous ceux qui ont un poids social pour en faire la publicité. Dont Voltaire qui en avril 1775 lui répond de son domaine de Ferney:

« J 'ai reçu, Monsieur, les deux excellents mémoires que vous avez bien voulu m'envoyer, l'un sur les pommes de terre, désiré du gouvernement; et l'autre sur les végétaux nourrissants, couronné par l’académie de Besançon. Si j'ai tardé un peu à vous remercier, c'est que je ne mangerai plus de pommes de terre dont j'ai fait du pain très savoureux, mêlé avec moitié de farine de froment, et dont j'ai fait manger à mes agriculteurs dans les temps de disette avec le plus grand succès. Mes quatre-vingt et un ans surchargés de maladies, ne me permettent pas d'être bien exact à répondre, je n'en suis pas moins sensible à votre mérite, à l'utillité de vos recherches, et au plaisirs que vous m'avez fait.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Voltaire, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi
 »
Les gens de « la Haute », la trouve fade, farineuse. Elle donnerait des gaz qui sont bons pour les organes des paysans et des gens du peuple. Elle n'est pas pour les gens raffinés. Mais la mode est lancée, on va peu à peu aimer la pomme de terre.
Le roi Louis XVI donne un terrain de 54 hectares dans la plaine des Sablons à Neuilly pour que Parmentier expérimente cette culture. En 1785, jour de la Saint-Louis, Parmentier fait livrer au roi un bouquet de fleurs et une corbeille de pomme de terre. Le roi qui n’était pas si nigaud que le dit l’Histoire, mit une fleur à sa boutonnière et une autre dans la coiffure de la reine. Et le lendemain la pomme de terre était à sa table.
(Gravure Petit Journal mars 1901 –Samuel Austin 2013)
A ce moment-là elle entre dans l’Histoire, elle a toutes les vertus. Elle corrige le sang, augmente le lait des nourrices, guérit les coliques. C’est le remède à presque tout !!

Les révolutionnaires s’en emparent, on en fait de la bouillie d’amidon.. Dans le calendrier républicain, la pomme de terre a son jour, le 11ème jour du mois de vendémiaire.

Un arrêté de la Commune du 21 ventôse 1793 ordonne un recensement des jardins d’agrément pour y cultiver des pommes de terre. Ainsi la grande allée du jardin des Tuileries et ses carrés de fleurs se convertissent à cette culture. L’année suivante la Convention demande la généralisation de cette culture dans tout le pays : les récoltes de blé sont insuffisantes et les émeutes exigent du pain.
 « Les autorités constituées sont tenues d’employer tous les moyens qui sont en leur pouvoir dans les communes où la culture de la pomme de terre ne serait pas encore établie, pour engager tous les cultivateurs qui les composent à planter, chacun selon ses facultés, une portion de leur terrain en pommes de terre. »

La culture de la pomme de terre va s’intensifier lors des famines de 1816 et 1817, l’ »année sans été », et cela dans toute l’Europe. Les guerres napoléoniennes, les incertitudes politiques ont mis à genoux la France. Les denrées alimentaires de base manquent et le prix de la pomme de terre va par endroit être multiplié par sept alors que le prix du blé est multiplié par trois ou quatre. D’où l’expansion de cette culture.
L’Académie d’Agriculture de France organise des concours dès 1818 pour encourager les « cultivateurs, inspirés sans doute par la Providence à laquelle on doit rendre grâce de ce nouveau bienfait, ont confié à de vastes champs la plupart en jachères, ou à des terres jusqu'alors incultes, de nombreux plants de pommes de terre, et sur un espace beaucoup plus grand que les besoins ne semblaient l'exiger». De nombreux ouvrages lui sont consacrés, manuels d’hygiène militaire, agronomiques, médicaux, culinaires. Le mythe « Parmentier » est en train de se construire.
On envisage même d’en faire du pain pour remplacer le blé objet de toutes les spéculations. En 1847 un boulanger de Marmande en vend même quelques pains.
Un coup sérieux est porté à cette culture en 1846 et 1847 lors de l’épidémie de mildiou associée à un déficit en blé et à la clé une famine qui va faire près de 180 000 morts en Europe, Irlande, Belgique, Flandres, Angleterre, France, Prusse, Pays-Bas …. Avec une perte à naître colossale. Dans les Highlands écossaises 1,7 million de personnes émigrent au Canada et USA. On a parlé d’ »holocauste irlandais ».



Nous retrouvons ce légume dans notre pays pendant la guerre de 1870, sur les barricades de la Commune. Les gardes nationaux la mangent en bouillie, en frites, en ragoût (dans le rata).
Le botaniste français Alexis Millardet met au point un traitement contre le mildiou entre 1882 et 1885. Traitement universel encore utilisé aujourd'hui « la bouillie bordelaise ». Dans les dix ans qui suivent plus d’un million d’hectares seront consacrés à cette culture.


Affiche du Ministère de l'Agriculture 
Guerre 1914-1918


Mais toute victoire a son revers. Cultivée aux Etats-Unis, le doryphore la guette. D’abord sur la côte ouest vers 1855, puis dans la région atlantique vers 1873. En 18 ans toute l’Amérique est contaminée. En France la petite bête arrive avec la guerre de 1914-1918, d’abord dans le Bordelais. La femelle pond jusqu’à 2500 œufs sur une plante.
Ce sera un autre combat.




Chasseurs Alpins 14-18 corvée de peluche


Prisonniers allemands 1914-1918




Eugène Zelenko 2005- wikipédia

















Sources J-L Beaucarnot Ainsi vivaient nos ancêtres édit Laffont -1989- archives départementales Charentes-Maritimes, Allier- BNF- photos wikipédia

jeudi 25 mai 2017

Pour sourire : une noce en voiture à bras

Une noce en voiture à bras

Lu dans Le supplément du dimanche du Petit Journal, le 15 mai 1910


Gazette généanet mai 2017 www.histoire-genealogie.com

samedi 20 mai 2017

Le mariage de la Farigoulette et du Romarin

Le mariage de la Farigoulette et du Romarin


Il y a très, très longtemps, le thym que nous appelons Farigoulette ou Farigoule est arrivé dans nos garrigues. Il venait d’Egypte, d’Afrique du Nord…de terres méditerranéennes.
C’était au printemps une petite touffe grise au milieu des pierres. Son parfum attirait les abeilles et les papillons en vain, rien à butiner, pas de fleurs.
Mais qu’elle était grise, cette plante, sans couleur au milieu d’une merveilleuse palette de couleurs !!. Pissenlits aux étoiles d’or, coquelicots habillant les champs et les murets de rouge sang, du bleu, du rose, de l’orange, du violet, toute une ribambelle de verts…. 
Même le soleil en se couchant habillait de miel, de mauve les autres plantes de la garrigue. Et la Farigoulette de pleurer, de se lamenter.
Le lutin du lieu vint à passer par là comme tous les soirs : « Qui pleure ainsi ? Personne ne peut être malheureux sur mon domaine ! ». Et d’agiter son chapeau pointu dans tous les sens.
 - « C’est moi la Farigoulette, je suis bien triste, sans couleur, sans fleur. Je suis si petite et si insignifiante que personne ne me voit. Et ne me dit pas que c’est le lot de toutes les plantes qui arrivent d’ailleurs, et qu'il faut du temps… D'autres sont venues de contrées bien plus lointaines et ont très vite été acceptées ici ». 
-  « Mais tu as d’autres qualités, lui répondit le lutin ; au soleil ton parfum domine tous les autres. Bientôt les hommes ne pourront plus se passer de toi pour cuisiner le lièvre ou la grillade. Tu vas soigner les gens, les revigorer, le varroa de l’abeille ne supportera pas ton huile.. Tu es équipée pour résister aux plus fortes chaleurs, et ici c’est un plus. Tu vas tenir les pierres de la garrigue, tu vas parfumer nos fromages de chèvre. Tu as toute ta place chez nous».

- Mais  j’aimerais tant avoir des fleurs comme tout le monde ici !
Le lutin comme tous les lutins  était magicien. Il était habillé d’une couleur indéfinissable, d’un bleu très pâle, presque rose.
- « Cette couleur te plairait-elle ? » Il agita son chapeau d'où sortaient des paillettes argentées. Et d’une pirouette,  en un clin d’œil, il disparut.
Le lendemain matin, aux premiers rayons du soleil, la garrigue découvrait très étonnée, le Romarin  en habit de cérémonie, qui contait fleurette à la Farigoulette sa voisine, plus odorante que jamais, étoilée d’un bleu pâle teinté de rose.
L’histoire a été racontée par la source au ruisseau bavard qui le chanta au fleuve qui le répétera à la mer. « Le Romarin a épousé la Farigoulette".
Depuis ce jour, Farigoulette et Romarin dans nos cocottes mijotent ensemble le secret d’une saveur. 
Et les quelques 300 sortes de thym ont toutes des fleurs qui s’étalent du bleu au rose et même au blanc lumineux.

(Toute ressemblance avec des situations actuelles serait fortuite !! Au siècle dernier cette histoire était racontée au coin du feu, lors des unions entre conjoints de villages, voire de cantons différents)


( In Magali Fillol Petites Chroniques des Cigales 1999-édit France Loisirs – merci à Madeleine pour son histoire- photo wikipédia 2007 computerHotline Retouched by Karta24

jeudi 18 mai 2017

Les Indésirables

Réfugiés espagnols 1939

Les Indésirables :


Confucius a dit : « Etudiez le passé, si vous voulez appréhender le futur »
Camp d'internement de Rieucros Lozère
Camps d'internement 1939 -internetjanv2011Kryobob
Dans les années 1936-45 les camps d’internement vont « fleurir » dans notre beau pays et en particulier dans notre Sud..Nous allons nous arrêter quelques instants sur certains de ces camps, tout en sachant que nous serons obligatoirement incomplets.

En Lozère, le camp d’internement de Rieucros est créé par décret en date du 21 janvier 1939, près de la ville de Mende dans les dépendances de l’ancien séminaire. Le terrain appartient à l’hospice de Mende qui le loue à la préfecture pour qu’elle y installe le camp. Dans un premier temps il accueille des Républicains espagnols, des membres des Brigades Internationales qui ont combattu en Espagne, des opposants politiques étrangers (tchèques, italiens, allemands, autrichiens... souvent anti-fascistes dans leurs pays). « Les Étrangers Indésirables » stigmatisés par le gouvernement Daladier, à l’origine de toutes une série de lois qui encadrent ces malvenu. Les préfets ont pratiquement tous les pouvoirs pour dresser les listes de ces indésirables.
Vernet sur Ariège
En novembre de 1939, les hommes sont transférés à Vernet en Ariège et le camp de Rieucros est réservé aux femmes : c’est « le camp de rassemblement d’étrangères ». Espagnoles, Allemandes, , Polonaises, Italiennes, Juives des pays de l’Est, Françaises. Parfois elles ont connu une de nos prisons. Elles sont suspectées d’être communistes, anarchistes ou simplement étrangères. Des femmes avec enfants. Une vingtaine de nationalités. Elles sont qualifiées d’ »indésirables et suspectes ». Des droits-communs les rejoignent, prostituées, sans-papiers, marché noir…
Comme dans tous les camps d’internement, le froid, la faim, le manque d’hygiène.
Le 13 février 1942, elles sont transférées au camp d’internement de Brens près de Gaillac dans le Tarn. Rieucros ferme définitivement quelques mois après. Dans ce nouveau camp de Brens les gardes sont armés, les conditions sanitaires sont déplorables. La ration de pain est de 200 gr au lieu des 400 gr habituel. Quatre appels par jours, plus cinq rondes de nuit dont trois dans les baraques.
Camp de Rieucros 1939
L’écrivain Michel del Castillo né en 1933 est un des enfants internés avec sa mère à Rieucros. Le mathématicien Alexandre Grothendieck et sa mère Hanka, journaliste, Ida Mett et son fils Marc, doctoresse et auteure, Pierrette Gargallo fille du sculpteur Pau Gargallo, Teresa Noce dirigeante syndicale, journaliste et féministe italienne….. Quelques noms parmi d’autres.
Teresa Noce - camp de Rieucros

Les baraquements de Rieucros ont entièrement disparu aujourd’hui. Des photos, des lettres, des dessins, un rocher sculpté représentant un soldat et deux dates 1789 et 1939, 150 ans de la Révolution Française. Sculpture peut-être de Gierke Walter, prisonnier de ce camp.


Rieucros Le Rocher des Espagnols

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2015/01/15/des-camps-de-femmes-sortis-de-l-oubli_4556639_1655027.html#cvi5dRFm5J41RQAY.99


Le camp de Brens sera la première marche vers les camps de la mort. Les gendarmes français seront en première ligne pour organiser les rafles qui enverront les femmes et leurs enfants en Allemagne. Comme ce 26 août 1942. Les prisonnières se révoltent, hurlements, coups, morsures, Marseillaise chantée à tue-tête. En vain.
 




D'autres rafles en septembre 1942, en avril 1944. Le camp sera évacué et fermé début 

Le camp de Brens dans le Tarn porte le nom de camp de concentration pour femmes. C’est un dispositif répressif. Il est créé à la demande du gouvernement de Vichy, le 31 décembre 1941. D’abord pendant quelques temps centre d’hébergement pour réfugiés juifs étrangers. Vingt baraquements en bois sans chauffage, pour cent personnes par baraquement, barbelés, miradors…1150 détenues en majorité étrangères.
Le 14 février 1942 les 120 femmes et les 26 enfants du camp de Rieucros arrivent par camion après le train jusqu’à Gaillac. Les femmes « nomades » arrivent dès avril 1943. En mars de cette année, les droits-communs sont séparées des politiques. En juillet 1943, le secrétaire général de la police de Vichy décide que les nomades (dangereux) seront dirigés vers Fort Barraux dans le département de l’Isère pour les hommes et les femmes sur le camp de Brens dans le Tarn.
Le 4 juin 1944 un groupe de détenues sont expédiées en train au camp de Gurs dans les Basses-Pyrénées. La plupart vont en profiter pour s’évader. Là aussi la gendarmerie française encadrait les détenues.
Le camp de Gurs situé en Béarn dans les Pyrénées Atlantique sera un des plus grands de l’époque. Deux km de long, sur cinq cents mètres de large. 28 hectares. Treize quartiers ou îlots de A à M. Chaque îlot avait 25 baraques au moins en bois de 30 mètres sur 6. Chaque baraque pour 30 à 60 personnes environ.
Il est déjà en service le 2 avril 1939. D’abord qualifié de camp d’internement administratif. Il va continuer son ouvrage jusqu’à fin 1945.
Il va héberger des Républicains espagnols et des volontaires des Brigades Internationales jusqu’au 10 mai 1940 soit 27 350 hommes. Des femmes indésirables du 10 mai 1940 au 1er septembre 1940, ainsi que des hommes poursuivis pour délit d’opinion, communistes, basques..soit un total de 14 795 personnes.
Puis vient le tour des Juifs étrangers du 1er septembre 1940 au 25 août 1944, hommes, femmes, enfants, systématiquement déportés vers Auschwitz et exterminés dès 1942. Environ 18 200 personnes.
A partir d’août 1944 jusqu’au 31 décembre 1945, des collabos et quelques antifranquistes espagnols, 3370 hommes environ.


Camp d'Argelès 
Le Bacarès sur le sable
Agde


Avant 1940 le camp d’Agde devient un centre de recrutement des volontaires tchécoslovaques et des belges puis un centre d’internement.
Le camp d’Agde va servir de camp de triage, les internés sont dirigés vers les autres camps du Midi (Rivesaltes, Argelès..). Mais mi-mars 1941 le camp est vidé pour héberger les Juifs étrangers. La rafle dans l’Hérault de l’été 1942 va pratiquement échouer : sur un peu plus de mille personnes seulement 420 seront raflées. Police, gendarmes, garde mobile, pompiers avaient trainé les pieds et même prévenu de l’imminence du danger. D’autres rafles auront lieu mais surtout des arrestations individuelles en 1943 et 1944, opérées par la Gestapo et la milice. Certains enfants du camp d’Agde seront cachés à Izieu dans l’Ain et n’échapperont pas à l’Histoire. Ce camp était surveillé par des gardes mobiles et de tirailleurs sénégalais. Un peu près 24 000 personnes y ont séjourné.
 Il est démantelé fin 1943 et détruit en août 44

Les dates sont sans pitié : la plupart des camps sont installés avant la déclaration de la guerre de 1939. Les lois restrictives pour les étrangers sont d’avant 1939. Ici nous n’avons parlé que de quelques camps français. Combien sommes-nous à en avoir connaissance ?





Sources diverses : I Dauphin Le Camp d’Age édi Privas2006- ajpn.org/internement-campd’agde-htm – Marie Bernardot Camp d’Etranger  édit Terra –D Ducret Les Indésirables Falmmarion 2017 – Martine Chéniaux Le camp de Gurs 2009 Cercle historique – Claude Laharie Le camp de Gurs 1993 – Laurette Alexis-Monet Les Miradors de Vichy édit Paris1994 - Les Amicales des Camps de Rieuxros, de Gurs… Assocciation pour perpetuer le souvenir des camps de Brens et de Rieucros- - Pour Raymonda -

jeudi 11 mai 2017

Léon Alègre un homme engagé du 19ème siècle - Bagnols sur Cèze

Un homme engagé Léon Alègre – Bagnols sur Cèze



Léon Alègre, (1813-1884), Bagnolais du 19ème siècle, lauréat de l’Académie de Nîmes en 1864 (travaux sur la préhistoire), membre de la Société Française d’Archéologie,……chevalier de la Légion d’Honneur en 1883. Peintre, historien, collectionneur, humaniste, archéologue, il a parcouru le monde et couvert ses carnets de croquis, en curieux éclairé. Peut-être plus proche du siècle des Lumières, de l’avant Révolution de 1789 que du 19ième siècle..

Ses parents étaient teinturiers. Léon commence ses études au collège Bagnols puis à celui de Montélimar. Il abandonne en classe de 4è pour rejoindre son père à la teinturerie. Il est un autodidacte avec une soif immense de comprendre, de connaitre. Histoire, arts, tout l’intéresse. Son grand-père est collectionneur et lui transmet l’amour des belles choses. Il rencontre Joseph Lacroix alors à Bagnols et suit ses cours de dessin.





Au moment de la guerre de 1870, Léon Alègre implante une antenne bagnolaise de la Société de Secours aux blessés militaires la « Société de Bienfaisance ». Ce comité envoie du vin de notre Midi aux soldats et blessés de Strasbourg. Il est en compagnie des gardois Auguste Mallet médecin, de Cabrol notaire, Naud ….Les notables et toute la ville de Bagnols se mobilisent. Les ouvrières des filatures offrent une journée de travail pour nos blessés. Une ambulance mobile est offerte avec un hôpital de campagne, une infirmerie. Nos 118 prisonniers de guerre en Prusse reçoivent une aide. Léon Alègre avait été fortement influencé par Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge.
Déjà actif en 1846 au Bureau de Bienfaisance des Dames de Nevers il vient en aide aux Gardes mobiles et à leurs familles, 29 familles seront ainsi secourues. Il souhaite « éteindre la mendicité à Bagnols ». Il viendra aussi en aide aux victimes d’une des inondations de la Cèze. Quêtes, collectes, recherches de subventions…un Coluche d’un autre temps.

Auguste Renoir 1905
Il croit à l’éducation. En 1858 il crée la première bibliothèque cantonale de France. Elle fait aussi office de musée. D’abord installée à la mairie puis en 1868 au deuxième étage de l’Hôtel Madier. En 1879 la bibliothèque s’installe à l’Hôtel Mallet, legs du docteur Mallet.
Les dons enrichissent les collections. A la mort de Léon, son ami Léopold Truphémus puis sa fille Marie Garidel-Alègre continuent de faire vivre cette installation. La bibliothèque sera transférée à l’Espace Saint Gilles en 2001.

Le musée a une vocation encyclopédique. A côté des collections personnelles de Léon Alègre, on peut admirer tableaux, dessins, fossiles, animaux empaillés, vestiges antiques….
En 1917 Albert André devient conservateur du musée et des œuvres contemporaines sont exposées. Il est ami avec de nombreux artistes et collectionneurs, Renoir, Rodin, le critique d’art George Besson.

Camille Claudel
Léon Alègre sera proche aussi des Félibriges comme Frédéric Mistral qui donnera des médailles antiques au musée en 1861. Nous pouvons voir la signature de Mistral sur le livre d’or de la bibliothèque-musée. Il sera très lié aussi avec les autres fondateurs du Félibrige, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Anselme Mathieu…. Certains de ses poèmes seront publiés par Roumanille dans l’Armana Prouvençau d’Avignon

Il réfléchit en 1878 à comment soulager les ouvrières des filatures de soie en créant une crèche pour leurs enfants. Elle serait située dans la maison de Charité ou bien au-dessus de la salle d’Asile, ancêtre de nos maternelles. Il faut seulement pourvoir à son fonctionnement : quête lors des mariages par exemple. Le projet n’ira pas plus loin. Eugénie Thome épouse de Joseph Thome subventionnera cet établissement en 1889.
On lui doit deux volumes de Notices Biographiques du Gard canton de Bagnols (chez Alban Broche – imprimeur-libraire à Bagnols sur Cèze), publiés en 1878. Il est fait officier de l’Instruction Publique en 1881 pour son implication culturelle. L’année suivante le musée reçoit le prix Wickham pour la fondation du premier musée cantonal de France.
Le 14 juillet 1883 il est fait chevalier de la Légion d’Honneur.
Il ferme les yeux dans sa maison de Bagnols le 27 novembre 1884 après une vie bien remplie. La ville prendra en charge ses funérailles le 29 novembre.




Au détour d'une rue de Bagnols sur Cèze