jeudi 18 mai 2017

Les Indésirables

Réfugiés espagnols 1939

Les Indésirables :


Confucius a dit : « Etudiez le passé, si vous voulez appréhender le futur »
Camp d'internement de Rieucros Lozère
Camps d'internement 1939 -internetjanv2011Kryobob
Dans les années 1936-45 les camps d’internement vont « fleurir » dans notre beau pays et en particulier dans notre Sud..Nous allons nous arrêter quelques instants sur certains de ces camps, tout en sachant que nous serons obligatoirement incomplets.

En Lozère, le camp d’internement de Rieucros est créé par décret en date du 21 janvier 1939, près de la ville de Mende dans les dépendances de l’ancien séminaire. Le terrain appartient à l’hospice de Mende qui le loue à la préfecture pour qu’elle y installe le camp. Dans un premier temps il accueille des Républicains espagnols, des membres des Brigades Internationales qui ont combattu en Espagne, des opposants politiques étrangers (tchèques, italiens, allemands, autrichiens... souvent anti-fascistes dans leurs pays). « Les Étrangers Indésirables » stigmatisés par le gouvernement Daladier, à l’origine de toutes une série de lois qui encadrent ces malvenu. Les préfets ont pratiquement tous les pouvoirs pour dresser les listes de ces indésirables.
Vernet sur Ariège
En novembre de 1939, les hommes sont transférés à Vernet en Ariège et le camp de Rieucros est réservé aux femmes : c’est « le camp de rassemblement d’étrangères ». Espagnoles, Allemandes, , Polonaises, Italiennes, Juives des pays de l’Est, Françaises. Parfois elles ont connu une de nos prisons. Elles sont suspectées d’être communistes, anarchistes ou simplement étrangères. Des femmes avec enfants. Une vingtaine de nationalités. Elles sont qualifiées d’ »indésirables et suspectes ». Des droits-communs les rejoignent, prostituées, sans-papiers, marché noir…
Comme dans tous les camps d’internement, le froid, la faim, le manque d’hygiène.
Le 13 février 1942, elles sont transférées au camp d’internement de Brens près de Gaillac dans le Tarn. Rieucros ferme définitivement quelques mois après. Dans ce nouveau camp de Brens les gardes sont armés, les conditions sanitaires sont déplorables. La ration de pain est de 200 gr au lieu des 400 gr habituel. Quatre appels par jours, plus cinq rondes de nuit dont trois dans les baraques.
Camp de Rieucros 1939
L’écrivain Michel del Castillo né en 1933 est un des enfants internés avec sa mère à Rieucros. Le mathématicien Alexandre Grothendieck et sa mère Hanka, journaliste, Ida Mett et son fils Marc, doctoresse et auteure, Pierrette Gargallo fille du sculpteur Pau Gargallo, Teresa Noce dirigeante syndicale, journaliste et féministe italienne….. Quelques noms parmi d’autres.
Teresa Noce - camp de Rieucros

Les baraquements de Rieucros ont entièrement disparu aujourd’hui. Des photos, des lettres, des dessins, un rocher sculpté représentant un soldat et deux dates 1789 et 1939, 150 ans de la Révolution Française. Sculpture peut-être de Gierke Walter, prisonnier de ce camp.


Rieucros Le Rocher des Espagnols

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2015/01/15/des-camps-de-femmes-sortis-de-l-oubli_4556639_1655027.html#cvi5dRFm5J41RQAY.99


Le camp de Brens sera la première marche vers les camps de la mort. Les gendarmes français seront en première ligne pour organiser les rafles qui enverront les femmes et leurs enfants en Allemagne. Comme ce 26 août 1942. Les prisonnières se révoltent, hurlements, coups, morsures, Marseillaise chantée à tue-tête. En vain.
 




D'autres rafles en septembre 1942, en avril 1944. Le camp sera évacué et fermé début 

Le camp de Brens dans le Tarn porte le nom de camp de concentration pour femmes. C’est un dispositif répressif. Il est créé à la demande du gouvernement de Vichy, le 31 décembre 1941. D’abord pendant quelques temps centre d’hébergement pour réfugiés juifs étrangers. Vingt baraquements en bois sans chauffage, pour cent personnes par baraquement, barbelés, miradors…1150 détenues en majorité étrangères.
Le 14 février 1942 les 120 femmes et les 26 enfants du camp de Rieucros arrivent par camion après le train jusqu’à Gaillac. Les femmes « nomades » arrivent dès avril 1943. En mars de cette année, les droits-communs sont séparées des politiques. En juillet 1943, le secrétaire général de la police de Vichy décide que les nomades (dangereux) seront dirigés vers Fort Barraux dans le département de l’Isère pour les hommes et les femmes sur le camp de Brens dans le Tarn.
Le 4 juin 1944 un groupe de détenues sont expédiées en train au camp de Gurs dans les Basses-Pyrénées. La plupart vont en profiter pour s’évader. Là aussi la gendarmerie française encadrait les détenues.
Le camp de Gurs situé en Béarn dans les Pyrénées Atlantique sera un des plus grands de l’époque. Deux km de long, sur cinq cents mètres de large. 28 hectares. Treize quartiers ou îlots de A à M. Chaque îlot avait 25 baraques au moins en bois de 30 mètres sur 6. Chaque baraque pour 30 à 60 personnes environ.
Il est déjà en service le 2 avril 1939. D’abord qualifié de camp d’internement administratif. Il va continuer son ouvrage jusqu’à fin 1945.
Il va héberger des Républicains espagnols et des volontaires des Brigades Internationales jusqu’au 10 mai 1940 soit 27 350 hommes. Des femmes indésirables du 10 mai 1940 au 1er septembre 1940, ainsi que des hommes poursuivis pour délit d’opinion, communistes, basques..soit un total de 14 795 personnes.
Puis vient le tour des Juifs étrangers du 1er septembre 1940 au 25 août 1944, hommes, femmes, enfants, systématiquement déportés vers Auschwitz et exterminés dès 1942. Environ 18 200 personnes.
A partir d’août 1944 jusqu’au 31 décembre 1945, des collabos et quelques antifranquistes espagnols, 3370 hommes environ.


Camp d'Argelès 
Le Bacarès sur le sable
Agde


Avant 1940 le camp d’Agde devient un centre de recrutement des volontaires tchécoslovaques et des belges puis un centre d’internement.
Le camp d’Agde va servir de camp de triage, les internés sont dirigés vers les autres camps du Midi (Rivesaltes, Argelès..). Mais mi-mars 1941 le camp est vidé pour héberger les Juifs étrangers. La rafle dans l’Hérault de l’été 1942 va pratiquement échouer : sur un peu plus de mille personnes seulement 420 seront raflées. Police, gendarmes, garde mobile, pompiers avaient trainé les pieds et même prévenu de l’imminence du danger. D’autres rafles auront lieu mais surtout des arrestations individuelles en 1943 et 1944, opérées par la Gestapo et la milice. Certains enfants du camp d’Agde seront cachés à Izieu dans l’Ain et n’échapperont pas à l’Histoire. Ce camp était surveillé par des gardes mobiles et de tirailleurs sénégalais. Un peu près 24 000 personnes y ont séjourné.
 Il est démantelé fin 1943 et détruit en août 44

Les dates sont sans pitié : la plupart des camps sont installés avant la déclaration de la guerre de 1939. Les lois restrictives pour les étrangers sont d’avant 1939. Ici nous n’avons parlé que de quelques camps français. Combien sommes-nous à en avoir connaissance ?





Sources diverses : I Dauphin Le Camp d’Age édi Privas2006- ajpn.org/internement-campd’agde-htm – Marie Bernardot Camp d’Etranger  édit Terra –D Ducret Les Indésirables Falmmarion 2017 – Martine Chéniaux Le camp de Gurs 2009 Cercle historique – Claude Laharie Le camp de Gurs 1993 – Laurette Alexis-Monet Les Miradors de Vichy édit Paris1994 - Les Amicales des Camps de Rieuxros, de Gurs… Assocciation pour perpetuer le souvenir des camps de Brens et de Rieucros- - Pour Raymonda -

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.