lundi 30 mars 2020

Philosophie "covid19" !




Deux sujets de réflexion(s) en ces temps difficiles :


-- à La Martinique, les distilleries de rhum se sont reconverti en fabrication de gel hydro-alcoolique gratuit pour les hôpitaux, pompiers... Le gel sent un peu le rhum car les cuves sont imprégnées. Les couloirs des hôpitaux vont sentir bon !! Cette épidémie nous apprend que nous sommes capables du meilleur. 


---Des amis m'ont signalé ce très beau texte, un tantinet taquin pour « ceux qui savent », politiques, économistes, savants de tout poil .. et qui dirigent nos pas !


« Moustapha Dahleb, une des plus belles plumes tchadiennes, a écrit :

L'HUMANITÉ ÉBRANLÉE ET LA SOCIÉTÉ EFFONDRÉE PAR UN PETIT MACHIN.

Un petit machin microscopique appelé coronavirus bouleverse la planète. Quelque chose d'invisible est venu pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l'ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment. 

Ce que les grandes puissances occidentales n'ont pu obtenir en Syrie, en Lybie, au Yémen, ...ce petit machin l'a obtenu (cessez-le-feu, trêve...). 

Ce que l'armée algérienne n'a pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (le Hirak a pris fin).
Ce que les opposants politiques n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (report des échéances électorales.  ...).

Ce que les entreprises n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (remise d'impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d'investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques. ..).

Ce que les gilets jaunes et les syndicats n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée...). 

Soudain, on observe dans le monde occidental le carburant a baissé, la pollution a baissé, les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu'ils ne savent même pas quoi en faire. Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n'est plus une priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d'une vie réussie. 

Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité. 

Soudain, nous réalisons que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avions dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l'argent n'a aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus. 

Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir.

Quelques jours seulement ont suffi à l'univers pour établir l'égalité sociale qui était impossible à imaginer.

La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme. 

Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète mars et qui se croient forts pour cloner des êtres humains pour espérer vivre éternellement.

Puisse cela servir à réaliser la limite de l'intelligence humaine face à la force du ciel.

Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation. 

Il a suffi de quelques jours pour que l'Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge. 

Il a suffi de quelques jours pour que l'humanité prenne conscience qu'elle n'est que souffle et poussière. 

Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous face à ce coronavirus ?

Rendons-nous à l'évidence en attendant la providence. (J’ai envie de remplacer par "en retrouvant chacun notre responsabilité individuelle pour vaincre au plus vite ce petit machin.")

Interrogeons notre "humanité" dans cette "mondialité" à l'épreuve du coronavirus. 

Restons chez nous et méditons sur cette pandémie. 

Aimons-nous vivants ! »



Sources : blogs.mediapart.fr › jecmaus › blog › lhumanite-ebranlee-et-la-societe...--- photo Balkis Press /ABACA© Balkis PressBalkis Press/ABACA ---



lundi 23 mars 2020

Sainte Corona







Statue de sainte Corona, dans l'église de Sankt Corona am Wechsel, en Autriche.©Wolfgang Glock / Wikimedia Commons
Sainte Corona
Cette année  Carême devient un combat sanitaire, social après avoir été un combat spirituel. Chacun y verra ce qu’il souhaite y voir…. Corona, car nous disent les scientifiques, un virus avec une forme de couronne. Un nom tristement d’actualité, qui nous rappelle combien nous sommes des géants aux pieds d’argile ! « Un virus qui fauche nos certitudes »….vient d’écrire un sage. Notre légendaire individualisme est bien mis à mal. Allons-nous en tirer des leçons ? Une « Couronne » qui révèle nos difficultés à nous discipliner, à penser aux autres. Notre esprit « bravache » est sympathique chez D’Artagnan, mais en ce moment il est totalement déplacé.
Mais voyons les autres Corona en laissant de côté la bière.
Corona, une sainte à peine connue. Une petite chapelle du 19ème siècle porte son nom près d’Arget au sud de Munich au milieu d’une forêt près de Sauerlach, en Allemagne. Jusqu’à présent elle était surtout vénérée en Autriche et en Bavière. Une ferveur nouvelle commence à être observée. Elle redevient priée, honorée en Italie, en Europe.. Des prières sur Internet circulent en son nom.
Rien à voir avec la dévotion à la couronne d’Epines du Christ et les églises italiennes nommées Santa Corona. Comme c’est le cas de l’église de Santa Corona à Vicence de 1261 qui accueille la relique de la sainte Epine offerte par le roi Saint-Louis à l’évêque de Vicence.
Sainte Corona à 15 ou 16 ans assiste à la mort de son époux Victor (ou un ami de Victor). Il ne faisait pas bon être chrétien à cette époque sous le règne de l’Empereur romain. Nous sommes en 175 après JC en Syrie ou en Egypte. Elle sera à son tour exécutée, attachée entre deux palmiers recourbés vers le sol et écartelée lors de la libération de ces arbres.
Dans le Martyrologe romain du pape Grégoire XIII on peut lire à la date du 14 mai : ( Martyrologe romain publié par l'ordre de Grégoire XIII, Paris, Adrien Le Clère et Cie, 1830 (lire en ligne [archive]), p. 137)
« In Syria sanctorum Martyrum Victoris et Coronae, sub Antonino Imperatore; ex quibus Victor a Sebastiano Judice variis et horrendis affectus est cruciatibus. Cum autem ipsum Corona, uxor cujusdam militis, coepisset beatum praedicare ob martyrii constantiam, vidit duas coronas de caelo lapsas, unam Victori et alteram sibi missam; cumque hoc audientibus cunctis testaretur, ipsa quidem inter arbores scissa, Victor vero decollatus est. »
« En Syrie saint Victor et sainte Couronne martyrs, sous l’empereur Antonin. Victor fut d'abord tourmenté par le juge Sébastien, de plusieurs manières, et toutes également horribles. Alors la femme d'un soldat nommée Couronne, admirant la constance avec laquelle il endurait de si cruelles douleurs, commença à louer son courage, et à l'appeler bienheureux : en même temps elle vit deux couronnes tombées du ciel, l'une pour Victor, l'autre pour elle ; ce qu'ayant assuré à tous ceux qui étaient présents, elle fut démembrée entre deux arbres et Victor décapité. » (Antonin est mort en 161, probablement plutôt Marc-Aurèle ?)
Sainte Corona est sollicitée par les investisseurs, les joueurs, ou les chasseurs de trésors dont elle est la gardienne. Elle est la maîtresse des mauvais esprits et patronne de la boucherie dans quelques régions. Elle aiderait aussi à soulager les rages de dents.
Elle est fêtée le 14 mai chez les catholiques et le 24 novembre (11 novembre selon le calendrier orthodoxe) dans l’église orthodoxe.
Sur les pentes du mont Miesna près de la ville de Feltre dans le Nord de l’Italie, les Croisés de la Première Croisade ont construit au 11ème siècle la basilique des Saints Victor et Couronne.  La basilique abriterait les reliques des deux saints.



:Basilica Santi Vittore e Corona - Innenhof.jpg Creato: 27 agosto 2012
https://it.wikipedia.org/wiki/Basilica_santuario_dei_Santi_Vittore_e_Corona#/media/File:Basilica_Santi_Vittore_e_Corona_-_Innenhof.jpg

Les reliques de ces deux saints, Victor et Corona, ont rejoint dans un premier temps les cathédrales de Prague et d’Aix-la-Chapelle vers l’an 1000 dans le Saint-Empire Germanique à l’époque de Charles IV et Otton III. En Autriche deux endroits portent le nom de Sankt-Corona. En Bavière dans le diocèse de Passau, deux églises commémorent Sainte Corona. Deux enquêtes, en 1943 et 1981, ont prouvé que les reliques de la basilique de Feltre appartiennent bien à un homme et à une femme. Du pollen de cèdre a été trouvé, confirmant une inhumation originale en Syrie puis à Chypre. En Vénétie dans la basilique de  Feltre, reliques de Victor et Corona ou d’un autre couple ? L’essentiel est la foi…

L’Histoire de la chapelle Ste Corona d’Arget en Bavière est pleine de rebondissements. En 1599, un couple trouve dans une chapelle une sculpture en bois anonyme. Il l’emporte chez lui. Mais la sculpture retourna mystérieusement ou miraculeusement dans la chapelle où elle avait été trouvée. Le culte de Sainte Corona est né. En 1648 on construit un lieu de recueillement. Mais la vénération à la sainte se développe à tel point que le prêtre responsable du lieu dénonce en 1807 des excès autour de la chapelle : on y boit, danse, on s’y bat… Alors il fait démolir le bâtiment.
L’aubergiste d’Arget prend les pierres de démolition et construit sa porcherie avec. Mais l’élevage périclite et les pierres sont à nouveau à disposition.
En 1820 on reconstruit la chapelle. Et elle est entretenue ; sa dernière rénovation date de 1986. Des services religieux trois fois par an y sont célébrés, la fête de la Sainte le 14 mai donne lieu à des dévotions.


Sources : wikipedia.org---Emmanuel Tagnard (RTSreligion) avec Barbara Just (kath.ch) et Bernard Litzler (cath.ch)--Martyrologe romain Adrien Le Clère et Cie Paris 1830 -- ww.lavoieduciel-garanbandal.fr<archives<2020/03/12--- www.cathobel.be/sainte-corona-maitresse-des-mauvais-esprits/---




samedi 14 mars 2020

Dhuoda une femme du Sud



Partage du royaume de Charlemagne entre ses petits-fils (traité de Verdun 843)--(thierryhelene.bianco.free.fr/drupal/?q=node/59)

Dhuoda, Manuel pour mon fils
Une histoire de femme du 9ème siècle, un livret d’éducation pour un fils absent….
Dhuoda est née vers l’an 800 dans la Gaule du Sud, Nîmes, Narbonne peut-être. Probablement la fille du duc Sanche1er Loup de Vasconie, mort en 816, compagnon d’armes fort fiable de l’empereur Louis. Sa mère peut-être fille du comte de Toulouse ou du comte d’Aragon Aznar1er.
Charlemagne est décédé depuis 814, ses petits-fils se disputent l’héritage après la mort de son fils Louis en 840.
La période carolingienne marque une renaissance de l’éducation après un certain obscurantisme lié aux invasions barbares. Charlemagne  a voulu que « des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants….Enseignez les psaumes, les notes, le chant, le comput (méthode de calcul des dates des fêtes chrétiennes), la grammaire, et corrigez soigneusement les livres religieux… ».  La culture ne doit pas être seulement l’apanage des clercs. Charlemagne savait lire, sa mère le lui avait appris. Il parlait le francique rhénan,  le latin et comprenait le grec. Mais il ne savait pas écrire, les chroniques nous disent que ses grosses mains plus habituées à l‘épée l’empêchaient de tenir le stylet.  Il parait que toute sa vie il le regretta.  Il connaissait l’intérêt, la liberté que donne la culture, et il avait la rage d’apprendre (grammaire, rhétorique, dialectiques, calcul, astronomie, géographie…) Il va s’entourer d’intellectuels, il encourage la production de livres, de parchemin, il organise l’école… Avec lui le pays 

connait un élan culturel, intellectuel. Mais le chaos successoral va déchirer l’Europe de Charlemagne.
Avec sa famille Dhuoda quitte sa terre natale pour Aix-La-Chapelle vers 823 à l’invitation de l’empereur Louis le Débonnaire ou le Pieux, dernier fils vivant de Charlemagne. Il est roi d’Aquitaine à l’âge de trois ans et empereur à la mort de son père.
(Louis Le Débonnaire)
Duoda épouse Bernard de Septimanie le 29 juin 824 à la chapelle du palais impérial d’Aix-La-Chapelle. L’empereur Louis en personne appelle la bénédiction de Dieu sur cette union. Son époux a du prestige, un grand besoin de se mettre en avant, une moralité un peu élastique… Il est aussi comte de Barcelone, fils du fameux Guillaume duc de Toulouse mort en odeur de sainteté moine de l’abbaye de Gellone près d’Aniane (future abbaye de Saint-Guilhem du Désert).  Bernard est ambitieux, turbulent, et les intrigues politiques ne lui font pas peur.
Le séjour dans la capitale de l’Empire pour Dhuoda est studieux. Elle passe ses journées au milieu des manuscrits en attente d’être recopiés. Presque tous les hôtes du palais cherchent à s’instruire. Charlemagne avait créé à Aix une académie palatine destinée à la lecture approfondie des textes classiques latins. Ouvrages chrétiens ou laïques, grecques ou romains, Ovide, Cicéron, Pline…L’empereur avait consacré des moyens considérables  pour encourager la rénovation des lettres entreprise dans les monastères. L’empire est avide de culture. Dhuoda admire le travail des copistes, des orfèvres. La patience qui crée la beauté. C’est l’âge d’or des enluminures, les couvertures des manuscrits sont dotées d’ivoire, d’or, de joyaux….  Une vie d’études, d’enrichissement intellectuel et social. Un élan qui continuera sous les règnes de Louis le Débonnaire et Charles le Chauve, bibliophiles passionnés.
Le 29 novembre 826 Dhuoda accouche d’un fils, Guillaume. Son époux Bernard est absent. L’empereur lui a confié la défense de la Marche d’Espagne contre les Sarrasins. Il revient à la cour en 827 en vainqueur et la charge de camérier lui est dévolue, c’est-à-dire le second personnage de la cour et la garde du trésor royal.
Mais la vie à la cour se complique. En 817 l’empereur Louis avait organisé sa succession entre ses trois fils. Dès 829, ceux-ci se sentent pousser des ailes et Louis est destitué en 833 par Lothaire son aîné associé au gouvernement. Un quatrième fils Charles peut-être fils adultère de Bernard et Judith la seconde ou troisième épouse de l’empereur ferait partie de la succession. L’époux de Dhuoda est chassé de la cour et se retire en Septimanie. Il intrigue, complote, finira par être condamné et tué en 844 sur l’ordre du roi Charles le Chauve, peut-être même par le roi lui-même si l’on en croit la chronique d’Odon Héribert et Dom Vaissette. Auparavant sur les ordres de Lothaire, fils de l’empereur Louis, sœur, et frères de Bernard seront décapités, noyés, les yeux crevés !! L’époque n’était pas à la tendresse et au compromis ….
Mais revenons à Duoda et son séjour à Uzès.
Uzès est un des domaines du marquisat de  Bernard son époux. Tout à ses intrigues, et pour être plus libre, Bernard « sans ménagement » exige que Dhuoda s’installe à Uzès sous la surveillance de l’évêque Elefant (Elefantus). Elle y accouche de son deuxième fils le 22 mars 841. Le père et Guillaume sont en Aquitaine. Prévenu par l’évêque Elefant, Bernard exige que le bébé lui soit amené sans attendre le baptême. Il veut un prénom et une éducation viril pour l’enfant. C’est le prélat qui se chargea du transport de cet enfant,  lui faisant courir le risque de mourir sur les routes, sans baptême alors que ce rite religieux était la reconnaissance sociale de l’existence de l’enfant et que sans baptême pas de salut dans l’au-delà.
Dhuoda se retrouve seule à Uzès loin des siens, sans connaitre semble-t-il le prénom de son second fils. Ce sera Bernard dit Plantevelue. Son ainé Guillaume âgé de 15 ou 16 ans se retrouve à la cour du roi Charles le Chauve, otage probablement, le souverain se méfiant avec raison de la loyauté de son père Bernard de Septimanie. 
Reléguée dans cette ville, séparée de ses deux fils, Dhuoda va rédiger, dicter un traité d’éducation, le premier connu pour le Moyen Age de 841 à 843, pour tenter d’éduquer ses enfants, les orienter vers une vie plus chrétienne que celle que donnait en exemple son époux et le milieu dans lequel vivaient ses garçons. En faire des « hommes parfaits ». C’est sa façon de rejoindre par la pensée son mari et ses fils.
73 chapitres :  « Je t'engage, ô mon fils Guillaume, à ne pas te laisser absorber par les préoccupations mondaines du siècle et à te procurer un grand nombre d'ouvrages où tu puisses apprendre à connaître Dieu bien mieux que je ne puis le faire moi-même dans ce manuel que je t'adresse. « 
Elle ne se désintéresse pas pour autant du fief de son époux : comme beaucoup de dames de son rang elle intervient en l’absence de son mari dans l’administration et la défense des domaines, paie les dettes mais s’endette à son tour. « J’ai contracté beaucoup de dettes pour venir en aide à mon seigneur et maître Bernard…. J’ai dû faire d’importants emprunts, non seulement à des chrétiens, mais encore à des juifs. Autant que j’ai pu, je les ai remboursés et je les rembourserai toujours autant que je pourrai… ». Il faut bien que quelqu’un préserve l’héritage de ses enfants !!

Son confesseur le clerc Wislabert est un lettré, copiste dans l’atelier de l’Ecole de Tours. L’invasion des vikings avait stoppé son activité et il était revenu dans sa ville natale Uzès, au service de l’évêque. Dhuoda lui explique son intention d’écrire un manuel pour son aîné, pour qu’il apprenne à se gouverner et se comporter comme un jeune seigneur appelé à vivre à la Cour.
« La plupart des parents, commence-t-elle, ont dans ce monde la joie de vivre avec leurs enfants. Mais moi, ô mon fils Guillaume, je me vois éloigné de toi. L’anxiété que j'en éprouve et le désir de ton bien, m'ont porté à faire écrire pour toi cet opuscule. il est fait en mon nom et je serais heureuse qu'il t'apprenne ce que tu dois être pour ta mère absente...
Tu es mon premier-né et j'ai ardemment désiré ta naissance. Au milieu des malheurs croissants de ce siècle et comme le royaume s'abîmait sous les révolutions et les discordes, l’Empereur Louis mourut. L’année qui suivit sa mort naquit ton frère. Sa naissance arriva à Uzès, le 22 mars.
Ton père Bernard se le fit amener en Aquitaine par Elefant, évêque d'Uzès, avant même qu'il eût reçu le baptême. Les ordres de mon seigneur vous ont éloignés de moi et m'ont fait faire un long séjour à Uzès où je me suis réjouie de ses prospérités. Mais le cœur plein de toi et de ton frère, j'ai fait écrire pour toi ce petit livre selon ma faible intelligence. Quoique mille obstacles s'opposent à ce que je te vois, tu voir est le premier de mes soucis, le seul devant Dieu. »

Contrairement aux gros livres de l’époque, il s’agit d’un petit ouvrage que l’on pouvait tenir dans sa main et s’y référer facilement. La morale y est d’inspiration chrétienne, dictée en latin par une laïque et non par un clerc, chose unique pour l’époque. On y voit une femme d’un très bon niveau d’instruction et de culture, mais aussi une femme blessée, déchirée par le vide laissé par ses enfants,. Forte aussi, aimante, pressentant peut être la mauvaise éducation et l’influence néfaste de leur père. « Je suis dévorée d’angoisses » confie-t-elle dans ses prières.
« Séparée et éloignée de toi (Guillaume, son aîné), et par là comme angoissée et toute animée du désir de te rendre service….. » « tout a été écrit pour le salut de ton âme et de ton corps… » « je serais heureuse si en mon absence ce livre par sa présence pouvait te remettre en esprit ce que tu dois faire par amour pour moi… »
Par ce livre, écrit-elle, « tu trouveras un miroir où tu pourras contempler le salut de ton âme ».
Pour elle la culture, l’éducation est la deuxième naissance, la naissance spirituelle plus noble que la naissance charnelle. « L’une ne peut pas sans l’autre être utile au genre humain » « je ne vais plus cesser de t’enseigner comment amener à la perfection le service de ton âme, pour que tu renaisses chaque jour dans le Christ : je suis ainsi comme une seconde fois ta mère pour l’âme comme pour le corps… ».
« Heureux l’homme qui pour ses mérites cheminant encore sur la terre évite de marcher dans la fange et la boue. Déjà son nom se trouve inscrit dans le Royaume d’en-haut… ».
Dhuoda nous laisse un message éducatif : les principes moraux sont au service d’un idéal, l’homme sans vie spirituelle n’est rien. On est jugé sur ses actes qui doivent être imbibés de morale, d’humanisme. Les mots qui reviennent très souvent dans son texte : « comprendre, apprendre, connaître, utile au genre humain, perfection, persévérance, règles, modèles, formation…. »,  mais aussi « heureux ».
Apprendre à apprendre, à comprendre, à écouter, apprendre à s’ouvrir à l’autre, persévérer malgré l’échec, Dhuoda pourrait être notre contemporaine. Elle annonce l’esprit chevaleresque du 11è/12ème siècle. L’éducation, c’est la fin de l’ignorance, c’est rendre plus fort, c’est « gravir des cimes ». Développer son esprit élève l’être humain au rang d’homme au dessus de l’animal. « L’homme parfait » doit comprendre les devoirs liés à sa position sociale et les mérites qui en découlent. Ne pas « exposer son honneur au blâme et au mépris », le Royaume d’en Haut est à ce prix. On voit une mère très anxieuse de l’avenir de ses enfants et en particulier de Guillaume. Quatre vertus indispensables : justice, courage, prudence, tempérance, trois dons qu’il faut s’employer à développer : pureté de la pensée, la sainteté, la perfection de l’œuvre, deux devoirs essentiels : l’amour de Dieu et amour de son prochain. Et fidélité envers son suzerain, « garde toi de suivre les orgueilleux et les méchants.. » « évite l’opprobre de l’infidélité à ton seigneur.. ». « sois envers ton seigneur sincère, attentif, utile et le premier à t'offrir. Dans toutes les affaires qui intéresseront le pouvoir royal efforce-toi de te mettre en avant, soit à l’intérieur, soit au-dehors, mais fais-le avec sagesse. »
«  Garde toi de toute tractation avec l’homme malfaisant, lâche ou irascible, car ce genre d'homme ronge comme la teigne et sous sa domination il n'est point de sécurité. »
Il est vrai que le père n’était pas un modèle en la matière.
Elle encourage Guillaume à lire et à instruire son petit frère dont elle ne connaît pas le prénom, car il lui a été enlevé avant le baptême et son époux n’a pas daigné lui en donner des nouvelles.  Elle voudrait une solidarité entre les frères, une fraternité forte pour affronter les dangers. On était en pleine crise successorale à la tête de l’Etat, et leur père n’était jamais du bon côté !
Des préoccupations de notre temps quand elle conseille de vivre près de la nature : « Parle à la terre et elle te répondra ; interroge les bêtes de somme et elles t’instruiront ; les oiseaux du ciel et ils te guideront ; les poissons de la mer et ils te raconteront… » . Plus loin, « Tous nous sommes des étrangers, des réfugiés, des pèlerins comme l’ont été nos pères, allant et venant sur terre…. ».
« Même si l’homme brille par l’éclat de l’or, des pierres précieuses, il s’en ira pauvre et nu vers les ténèbres sans rien emporter avec soi, sinon ce qu’il aura fait de bien.. de digne dans sa vie » Un message de portée universelle pour les croyants comme les non-croyants.
Sur son tombeau elle aurait voulu que soit gravé « Vous, de tout âge et de tout sexe », message universel qui nous interpelle encore actuellement et qui s’adressait à un auditoire plus vaste que celui prévu au départ.
A la fin de son manuel elle dicte ses dernières volontés ; elle ajoute le nom des autres membres de la famille de ses fils pour inscrire ses enfants dans la dynastie familiale. Sur sa tombe doit être gravé :
« Dans ce tombeau, repose le corps de Dhuoda, formé de la terre... La terre a repris le limon périssable dont elle était faite... Abreuvée de maux il ne lui reste plus que la terre du sépulcre… Percée d’une cruelle blessure, environnée d'amertume, elle a fini sa misérable vie... Que personne ne passe outre avant d'avoir lu. Je conjure tous les passants de prier et de dire : Dieu bon, donne-lui le repos et commande qu'elle participe enfin, avec les saints, à la lumière éternelle : qu'elle reçoive l’amen après sa mort. »
Elle semble décédée peu de temps après avoir terminé son manuel. Son tombeau ne sera jamais retrouvé : porche du duché d’Uzès, contre la première cathédrale, à l’extérieur des remparts ?...

Avait-elle compris que Guillaume ne serait jamais le chevalier parfait, le seigneur loyal, pur, fidèle à ses engagements, mais un soudard intrigant comme son père. Nous ne pouvons-nous empêcher d’espérer qu’elle soit morte avec toutes ses illusions.
( LA PRINCESSE DHUODA
en exil à Uzès en 840
par Marcel Fabre, 1930).
 
Son fils Guillaume complotera, tentera de prendre la Marche d’Espagne, Barcelone et prisonnier par le comte de Barcelone Alédran il sera exécuté à 24 ans en l’an 850, .Sept ans après la mort de sa mère, qui avait eu de bonnes raisons de s’inquiéter pour ses enfants.  
Bernard son second fils n’aura pas une vie plus heureuse. Il rêvait de venger son père et son frère, et tête brûlée sans aucune finesse, il entra en conflit avec le roi, essayant de tuer deux de ses conseillers.  Comte d’Auvergne Bernard Plantevelue, est père de Guillaume le Pieux duc d’Aquiaine et fondateur de l’abbaye de Cluny en 910,. Il mène des conquêtes de territoires et comtés du midi carolingien, Limousin, Quercy, Toulouse-Rouergue, Berry, Forez… toujours guerroyant. Son ascendance carolingienne qui remontait à Charles Martel et son besoin d’exister dans son monde lui donnaient envie d’un royaume méditerranéen. Plantevelue car il portait une toque en fourrure comme les chefs Wisigoths. Il décédé en 886.

 Il est vraisemblable que les deux frères n’ont pas eu vent du livret de leur mère.
Dans notre région, quelques rues, un lycée portent le nom de Dhuoda. Un jour ou l’autre ce nom sombrera dans l’oubli de notre mémoire sélective, et ce sera la vraie fin du « Manuel pour mon fils » de la mère-courage, et le triste sire Bernard de Septimanie aura réussi à effacer complètement l’existence de son épouse.
L’original de son manuel n’a pas été retrouvé à ce jour. Nous en avons connaissance essentiellement par trois copies effectuées à différentes époques. Le Manuscrit de Paris du 17ème siècle à la Bibliothèque Nationale (ms12293 fonds latin) copié par dom Luc d’Achery à partir de l’original ou d’une copie provenant de la bibliothèque de Pierre de Marca (1594-1662). Ce dernier l’aurait peut-être trouvé dans une bibliothèque catalane ayant séjourné à Barcelone quelques années. Dans ce cas, on peut imaginer que Guillaume l’ainé de Dhuoda aurait eu en main son manuel quand il cherchait à reprendre la Marche d’Espagne.
Le Manuscrit de Nîmes (BM Nîmes n)393) fin 10ème début 11ème siècle retrouvé en 1833 dans les papiers de Monsieur Germer-Durand, membre de l’Académie de Nîmes. Document confié à Edouard Bondurand, archiviste du Gard qui en a fait une édition complète en 1887 en tenant compte des comparaisons et des rapprochements entre les deux copies.
Le Manuscrit de Barcelone du 14ème siècle à la Bibliothèque Centrale de Barcelone, découvert par André Vernet, d’origine catalane semble-t-il.


Sources : « Manuel pour mon fils »  Edouard Bondurand 1887-1978 MégariotisReprints Genève : une très bonne traduction avec références bibliques explicatives (Gallica BNF) ---  La princesse Dhuoda en exil à Uzès Marcel Fabre Nemausensis.com --– Colette Dumas Dhuoda sa vie, sa personnalité édit Lucie 2011 ISBN 978-2-35371-235-9--- Jean Meyers La Comtesse Dhuoda et son Liber Manualis, portrait d’une mère dans la solitude – in Autour de Nïmes et de sa région p191 textes réunis sous le direction de Catherine Bernié-Boissard et Danièle Julien coll Universitaires de Nïmes éd L’Harmartran 2004---



mercredi 4 mars 2020

Femmes des sottes sans cervelle ?


Les femmes, des sottes sans cervelle ?


Bientôt le 8 mars, la Journée de la Femme. Les autres jours de l'année, ce n'est pas notre fête !! 
Des sottes sans cervelle ?
Quelques exemples qui prouvent le contraire. Les préjugés sont tenaces et les esprits évoluent tellement lentement. Les religions, la misogynie, l’éducation qui ne fait pas son travail, un conservatisme, qui ou quoi accuser ?
La très belle Augusta Ada King Byron, comtesse de Lovelace est née le 10 décembre 1815 à Londres. Elle décède à 36 ans en novembre 1852. Mathématicienne, programmeuse, poétesse, inventrice, traductrice, écrivaine… Son père est Lord Byron. Sa mère Annabella Milbanke adorait les mathématiques au point qu’on l’appelait « la princesse des parallélogrammes ». Ada recevra une éducation approfondie en mathématiques et en sciences, bien que du sexe dit faible. Elle rencontrera Mary Somerville, chercheuse et auteur scientifique du 19ème siècle ainsi que Charles Babbage et ses machines à calcul. Ada est considérée comme la pionnière de l’informatique après avoir réalisé le premier véritable programme informatique sur un ancêtre de l’ordinateur, la machine analytique de Charles Babbage. Elle va plus loin que Babbage et ses contemporains en devinant et décrivant certaines possibilités des calculateurs universels, bien au-delà du calcul numérique. Un langage informatique sera nommé ADA en son honneur. Elle sera connue surtout dans les pays anglo-saxons et en Allemagne.

Maria Telkes née en 1900 en Hongrie, docteur en chimie physique, biophysicienne aux Etats Unis. Déjà en 1893  une autre femme Margaret A Wilcox a l’idée d’envoyer de l’air depuis le moteur des voitures pour réchauffer les pieds des passagers. De 1939 à 1953 Maria Telkes s’intéresse de près à l’énergie solaire au Massachusetts Institute of Technologie. Premier générateur de puissance thermoélectrique en 1947, premier réfrigérateur thermoélectrique en 1953, unité de désalinisation miniature pour radeaux de sauvetage. Et bien d’autres appareils thermiques. Elle est une des pionnières dans les systèmes de stockage de l’énergie solaire thermique. Dans les années 1940 avec l’architecte Eléonore Raymond elle « invente » la maison à chauffage solaire, la « Solar One » !!

Tabitha Babbitt (1784-1858) quant à elle était tisserand dans la communauté de Harvard Shaker du Massachusetts. Elle est curieuse de pouvoir effectuer des tâches plus vite et mieux. Dans un premier temps elle améliore le rouet : une double tête en rotation qui permet de filer deux fois plus de fil. Puis en regardant les hommes abattre des arbres, elle remarque que l’utilisation de la longue scie par deux personnes n’était pas efficace. Chez les Shaker, le travail du bois pour la maison et les meubles prenait beaucoup de temps. La lame ne coupait que dans un sens, obligeant les hommes à ramener la scie à la position de départ. Tabitha découvre qu’une petite lame circulaire était beaucoup plus efficace. La première scie circulaire est inventée et est utilisée dès 1813 par la communauté. Elle fonctionnait à l’eau ce qui augmentait son efficacité. Elle serait actuellement au musée d’Albany dans le comté de New York. Les Shaker n’eurent pas l’idée de faire breveter cette invention ; ils vivaient en suivant le principe de travailler « plus malin, pas plus fort »..

Stephanie Kwolek



   Le kevlar est utilisé dans la plupart des gilets pare-balles. Une femme est à l’origine de ce matériau.
Stéphanie est née le 31 juillet 1923 à New Kensington en Pennsylvanie et décède en juin 2014 à Wilmington dans le Delaware. C’est une chimiste américaine d’origine polonaise. Elle est connue pour avoir « inventé » le Kevlar ou poly-paraphénylène téréphtalamide. Elle aura de nombreux prix pour son travail sur les polymères. Son père décédé lorsqu’elle a dix ans, naturaliste par vocation, la pousse à explorer le monde de la nature. Il lui donnera le gout des sciences. Au départ elle souhaitait devenir médecin et elle espérait payer ses études de médecine en travaillant temporairement dans la chimie. En 1946 elle est diplômée en chimie. Cette année-là elle prend contact avec l’entreprise DuPont qui avait breveté huit ans auparavant le nylon. Elle est embauchée et prend un poste à l’antenne de recherche de Buffalo New York. Un de ses mentors sera le Docteur Hale Charch. Elle intégre l’équipe « Pioneering Research Laboratory ». Elle oublie sa carrière médicale et continue de travailler pour DuPont..Le kevlar est né en 1965. Stephanie est intronisée au Temple de la renommée des Inventeurs Nationaux en 1994, quatrième femme membre sur 113.
Anna Connelly de Philadelphie aux USA depuis 1877 dépose des brevets pour des inventions diverses.
Mais la plus importante est  la sortie de secours par escalier extérieur en 1897. Très vite l’escalier Connelly est inscrit dans le code de sécurité de construction obligatoire aux Etats-Unis. A la fin du 19ème L’siècle, les incendies dans les villes étaient fréquents du fait de l’entassement des maisons souvent en bois. Mais au fur et à mesure que les villes grandissaient, les bâtiments prenaient des étages supplémentaires. L’âge des gratte-ciel n’est pas loin. Les pompiers avec leurs échelles n’atteignaient que les quatrièmes étages. La survie des habitants au-delà de cet étage était très faible en cas d’incendie. Et les propriétaires de ces immeubles pensaient plus à leur profit qu’à la sécurité. Un incendie remit tout en question : celui de la Triangle Waist Company. Les trois étages supérieurs du bâtiment de dix étages sont en feu. Une entreprise de confection de vêtements en coton, de grandes salles avec de nombreuses tables pour couper le tissu, deux petits ascenseurs et à chaque étage une porte de sortie protégée par une cloison pour permettre la fouille de chaque sortant qui aurait envie de partir avec des bouts de tissu. Les ouvriers et ouvrières se sont retrouvés piégés, la plupart morts dans les flammes ou en sautant par les fenêtres.
En 1887 Anna dépose un brevet pour un pont anti-incendie : il reliait les bâtiments adjacents au niveau de la ligne de toit. Les gens pouvaient d’un toit à l’autre se mettre en sécurité. Le brevet montre que ce pont est ouvert aux deux extrémités avec des garde-corps en acier ou en fer protégeant les personnes des mouvements de foule incontrôlés.
Femme discrète, on sait peu de chose sur sa vie. Aucun système de secours moderne ne porte son nom !



Hedy Lamarr et les transmissions sans fil
Une star mondiale du cinéma est à l’origine du wifi et du GPS ! Pendant la Seconde Guerre Mondiale elle invente un système de communication pour contrôler par ondes radio les torpilles. Elle collabore avec Georges Antheil, pianiste et inventeur. Un système ancêtre des techniques utilisées encore actuellement pour les liaisons chiffrées militaires, la téléphonie mobile et la WI-Fi.
Hedy de son vrai nom Hedwig Kiesler est née à Vienne en Autriche-Hongrie en novembre 1914. Elle décède en Floride en janvier 2000. C’est une actrice qui joua avec les plus grands metteurs en scène. Elle sera aussi productrice de cinéma et inventrice.

Le brevet du système est enregistré en août 1942. Mais ne sera mis en pratique qu’en 1950 par la marine américaine dans un projet de détection de sous-marins par avions.  Il servira pendant la crise de Cuba en 1962 et pendant la guerre du Vietnam. Hedy recevra le prix de l’Electronic Frontier Foundation américaine en 1997 et à titre posthume avec Georges Antheil ils sont admis au National Inventors Hall of Farme en 2014.

Mary Elizabeth Anderson (19 février 1866 - 27 juin 1953)

L’Américaine Mary Eliabeth Anderson est une femme très moderne. Promoteur immobilier, éleveur, viticulteur, et inventeur.
Le 10 novembre 1903 elle dépose un brevet pour un système automatique de nettoyage des vitres de voitures, commandé de l’intérieur de l’habitacle. L’essuie-glace était né.
Ses essuie-glaces étaient en bois et caoutchouc, amovibles par beau temps. Un contrepoids maintenait une pression uniforme sur le pare-brise.  « un bras oscillant dans le sens radial est actionné par une poignée de l'intérieur d'un vestibule de voiture."
Son système n’intéressa personne jusqu’en 1913, les essuie-glaces seront installés sur les voitures. Ils sont devenus un équipement standard face à la croissance exponentielle de l’industrie automobile. En 1917 le brevet de Charlotte Bridgewood fait évoluer le système. Encore une femme !


Marie Curie



Tout a été dit sur cette femme d’exception. Comment ne pas penser à elle ! Quelques rappels.
Elle est la seule femme à avoir reçu deux prix Nobel ! Chimiste, physicienne, elle découvre le radium et le polonium. De son vrai nom Maria Salomea Slodowska. Ses travaux sur la radioactivité vont faire avancer les traitements médicaux contre les cancers, la tuberculose…. Première femme lauréate en 1903 avec son mari de la médaille Davy pour ses travaux sur le radium.
En 1906 elle est chargée de cours, directrice d’un laboratoire universitaire à la Sorbonne à la place de son époux Pierre décédé dans un accident de la route. Première femme professeur dans cet établissement prestigieux. Journalistes, artistes, personnalités politiques, femmes du monde assistant à sa leçon inaugurale le 5 novembre. De 1906 à 1934 45 femmes suivront ses cours.
Le Journal titre : une grande victoire féministe que nous célébrons en ce jour. Car, si la femme est admise à donner l'enseignement supérieur aux étudiants des deux sexes, où sera désormais la prétendue supériorité de l'homme mâle ? En vérité, je vous le dis : le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains. »
Femme engagée pendant la Grande Guerre, avec Antoine Béclère et avec l’aide de la Croix-Rouge,  elle crée les ambulances radiologiques, “les petites Curies”. Il s’agissait de 18 unités mobiles adaptées de la voiture de la Princesse Polignac, permettant de rejoindre les hôpitaux du front. Les radiographies des blessures rendaient les opérations chirurgicales plus faciles. Elle forme alors des bataillons de jeunes femmes aide-radiologistes. Les hôpitaux militaires se trouvent ainsi dotés de 150 postes fixes de radiologie.
Marie réussit son permis de conduire en 1916 et peut se rendre sur le front pour réaliser elle-même des radiographies. Sa fille Irène la rejoint dans son engagement à moins de 18 ans.
Après guerre, Marie s’engage avec Albert Einstein dans la Commission Internationale de Coopération Intellectuelle.
(Marie Curie et Albert Einstein-wikimedia.org-1929 anonyme – wwwrhhct.org.uk/gallery.html

 

 





1946 Marion Donovan




Pour les générations de mon âge, merci à Marion Donovan.
Elle invente les couches jetables pour bébé.
Au départ, à partir d’un rideau de douche avec des goupilles, puis avec des sangles de sécurité moins dangereuses. Pampers lui signe un contrat et c’est le succès.

Et tant d’autres inventrices !!!


Sources :
https://womeninventors.weebly.com/1900s-to-1950.html --https:// strongwomeninhistory.wordpress.com/2016/06/01anna-connelly-lifesaver-by-linda-harris-sittig/---https:/americacomesalive.com/newletter/important-inventions-women-may-2014/---https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction06-mars-2018Sophie Bécherel journaliste scientifique---Alfred Edward Chalon 1840 wikimedia.commons---