samedi 14 mars 2020

Dhuoda une femme du Sud



Partage du royaume de Charlemagne entre ses petits-fils (traité de Verdun 843)--(thierryhelene.bianco.free.fr/drupal/?q=node/59)

Dhuoda, Manuel pour mon fils
Une histoire de femme du 9ème siècle, un livret d’éducation pour un fils absent….
Dhuoda est née vers l’an 800 dans la Gaule du Sud, Nîmes, Narbonne peut-être. Probablement la fille du duc Sanche1er Loup de Vasconie, mort en 816, compagnon d’armes fort fiable de l’empereur Louis. Sa mère peut-être fille du comte de Toulouse ou du comte d’Aragon Aznar1er.
Charlemagne est décédé depuis 814, ses petits-fils se disputent l’héritage après la mort de son fils Louis en 840.
La période carolingienne marque une renaissance de l’éducation après un certain obscurantisme lié aux invasions barbares. Charlemagne  a voulu que « des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants….Enseignez les psaumes, les notes, le chant, le comput (méthode de calcul des dates des fêtes chrétiennes), la grammaire, et corrigez soigneusement les livres religieux… ».  La culture ne doit pas être seulement l’apanage des clercs. Charlemagne savait lire, sa mère le lui avait appris. Il parlait le francique rhénan,  le latin et comprenait le grec. Mais il ne savait pas écrire, les chroniques nous disent que ses grosses mains plus habituées à l‘épée l’empêchaient de tenir le stylet.  Il parait que toute sa vie il le regretta.  Il connaissait l’intérêt, la liberté que donne la culture, et il avait la rage d’apprendre (grammaire, rhétorique, dialectiques, calcul, astronomie, géographie…) Il va s’entourer d’intellectuels, il encourage la production de livres, de parchemin, il organise l’école… Avec lui le pays 

connait un élan culturel, intellectuel. Mais le chaos successoral va déchirer l’Europe de Charlemagne.
Avec sa famille Dhuoda quitte sa terre natale pour Aix-La-Chapelle vers 823 à l’invitation de l’empereur Louis le Débonnaire ou le Pieux, dernier fils vivant de Charlemagne. Il est roi d’Aquitaine à l’âge de trois ans et empereur à la mort de son père.
(Louis Le Débonnaire)
Duoda épouse Bernard de Septimanie le 29 juin 824 à la chapelle du palais impérial d’Aix-La-Chapelle. L’empereur Louis en personne appelle la bénédiction de Dieu sur cette union. Son époux a du prestige, un grand besoin de se mettre en avant, une moralité un peu élastique… Il est aussi comte de Barcelone, fils du fameux Guillaume duc de Toulouse mort en odeur de sainteté moine de l’abbaye de Gellone près d’Aniane (future abbaye de Saint-Guilhem du Désert).  Bernard est ambitieux, turbulent, et les intrigues politiques ne lui font pas peur.
Le séjour dans la capitale de l’Empire pour Dhuoda est studieux. Elle passe ses journées au milieu des manuscrits en attente d’être recopiés. Presque tous les hôtes du palais cherchent à s’instruire. Charlemagne avait créé à Aix une académie palatine destinée à la lecture approfondie des textes classiques latins. Ouvrages chrétiens ou laïques, grecques ou romains, Ovide, Cicéron, Pline…L’empereur avait consacré des moyens considérables  pour encourager la rénovation des lettres entreprise dans les monastères. L’empire est avide de culture. Dhuoda admire le travail des copistes, des orfèvres. La patience qui crée la beauté. C’est l’âge d’or des enluminures, les couvertures des manuscrits sont dotées d’ivoire, d’or, de joyaux….  Une vie d’études, d’enrichissement intellectuel et social. Un élan qui continuera sous les règnes de Louis le Débonnaire et Charles le Chauve, bibliophiles passionnés.
Le 29 novembre 826 Dhuoda accouche d’un fils, Guillaume. Son époux Bernard est absent. L’empereur lui a confié la défense de la Marche d’Espagne contre les Sarrasins. Il revient à la cour en 827 en vainqueur et la charge de camérier lui est dévolue, c’est-à-dire le second personnage de la cour et la garde du trésor royal.
Mais la vie à la cour se complique. En 817 l’empereur Louis avait organisé sa succession entre ses trois fils. Dès 829, ceux-ci se sentent pousser des ailes et Louis est destitué en 833 par Lothaire son aîné associé au gouvernement. Un quatrième fils Charles peut-être fils adultère de Bernard et Judith la seconde ou troisième épouse de l’empereur ferait partie de la succession. L’époux de Dhuoda est chassé de la cour et se retire en Septimanie. Il intrigue, complote, finira par être condamné et tué en 844 sur l’ordre du roi Charles le Chauve, peut-être même par le roi lui-même si l’on en croit la chronique d’Odon Héribert et Dom Vaissette. Auparavant sur les ordres de Lothaire, fils de l’empereur Louis, sœur, et frères de Bernard seront décapités, noyés, les yeux crevés !! L’époque n’était pas à la tendresse et au compromis ….
Mais revenons à Duoda et son séjour à Uzès.
Uzès est un des domaines du marquisat de  Bernard son époux. Tout à ses intrigues, et pour être plus libre, Bernard « sans ménagement » exige que Dhuoda s’installe à Uzès sous la surveillance de l’évêque Elefant (Elefantus). Elle y accouche de son deuxième fils le 22 mars 841. Le père et Guillaume sont en Aquitaine. Prévenu par l’évêque Elefant, Bernard exige que le bébé lui soit amené sans attendre le baptême. Il veut un prénom et une éducation viril pour l’enfant. C’est le prélat qui se chargea du transport de cet enfant,  lui faisant courir le risque de mourir sur les routes, sans baptême alors que ce rite religieux était la reconnaissance sociale de l’existence de l’enfant et que sans baptême pas de salut dans l’au-delà.
Dhuoda se retrouve seule à Uzès loin des siens, sans connaitre semble-t-il le prénom de son second fils. Ce sera Bernard dit Plantevelue. Son ainé Guillaume âgé de 15 ou 16 ans se retrouve à la cour du roi Charles le Chauve, otage probablement, le souverain se méfiant avec raison de la loyauté de son père Bernard de Septimanie. 
Reléguée dans cette ville, séparée de ses deux fils, Dhuoda va rédiger, dicter un traité d’éducation, le premier connu pour le Moyen Age de 841 à 843, pour tenter d’éduquer ses enfants, les orienter vers une vie plus chrétienne que celle que donnait en exemple son époux et le milieu dans lequel vivaient ses garçons. En faire des « hommes parfaits ». C’est sa façon de rejoindre par la pensée son mari et ses fils.
73 chapitres :  « Je t'engage, ô mon fils Guillaume, à ne pas te laisser absorber par les préoccupations mondaines du siècle et à te procurer un grand nombre d'ouvrages où tu puisses apprendre à connaître Dieu bien mieux que je ne puis le faire moi-même dans ce manuel que je t'adresse. « 
Elle ne se désintéresse pas pour autant du fief de son époux : comme beaucoup de dames de son rang elle intervient en l’absence de son mari dans l’administration et la défense des domaines, paie les dettes mais s’endette à son tour. « J’ai contracté beaucoup de dettes pour venir en aide à mon seigneur et maître Bernard…. J’ai dû faire d’importants emprunts, non seulement à des chrétiens, mais encore à des juifs. Autant que j’ai pu, je les ai remboursés et je les rembourserai toujours autant que je pourrai… ». Il faut bien que quelqu’un préserve l’héritage de ses enfants !!

Son confesseur le clerc Wislabert est un lettré, copiste dans l’atelier de l’Ecole de Tours. L’invasion des vikings avait stoppé son activité et il était revenu dans sa ville natale Uzès, au service de l’évêque. Dhuoda lui explique son intention d’écrire un manuel pour son aîné, pour qu’il apprenne à se gouverner et se comporter comme un jeune seigneur appelé à vivre à la Cour.
« La plupart des parents, commence-t-elle, ont dans ce monde la joie de vivre avec leurs enfants. Mais moi, ô mon fils Guillaume, je me vois éloigné de toi. L’anxiété que j'en éprouve et le désir de ton bien, m'ont porté à faire écrire pour toi cet opuscule. il est fait en mon nom et je serais heureuse qu'il t'apprenne ce que tu dois être pour ta mère absente...
Tu es mon premier-né et j'ai ardemment désiré ta naissance. Au milieu des malheurs croissants de ce siècle et comme le royaume s'abîmait sous les révolutions et les discordes, l’Empereur Louis mourut. L’année qui suivit sa mort naquit ton frère. Sa naissance arriva à Uzès, le 22 mars.
Ton père Bernard se le fit amener en Aquitaine par Elefant, évêque d'Uzès, avant même qu'il eût reçu le baptême. Les ordres de mon seigneur vous ont éloignés de moi et m'ont fait faire un long séjour à Uzès où je me suis réjouie de ses prospérités. Mais le cœur plein de toi et de ton frère, j'ai fait écrire pour toi ce petit livre selon ma faible intelligence. Quoique mille obstacles s'opposent à ce que je te vois, tu voir est le premier de mes soucis, le seul devant Dieu. »

Contrairement aux gros livres de l’époque, il s’agit d’un petit ouvrage que l’on pouvait tenir dans sa main et s’y référer facilement. La morale y est d’inspiration chrétienne, dictée en latin par une laïque et non par un clerc, chose unique pour l’époque. On y voit une femme d’un très bon niveau d’instruction et de culture, mais aussi une femme blessée, déchirée par le vide laissé par ses enfants,. Forte aussi, aimante, pressentant peut être la mauvaise éducation et l’influence néfaste de leur père. « Je suis dévorée d’angoisses » confie-t-elle dans ses prières.
« Séparée et éloignée de toi (Guillaume, son aîné), et par là comme angoissée et toute animée du désir de te rendre service….. » « tout a été écrit pour le salut de ton âme et de ton corps… » « je serais heureuse si en mon absence ce livre par sa présence pouvait te remettre en esprit ce que tu dois faire par amour pour moi… »
Par ce livre, écrit-elle, « tu trouveras un miroir où tu pourras contempler le salut de ton âme ».
Pour elle la culture, l’éducation est la deuxième naissance, la naissance spirituelle plus noble que la naissance charnelle. « L’une ne peut pas sans l’autre être utile au genre humain » « je ne vais plus cesser de t’enseigner comment amener à la perfection le service de ton âme, pour que tu renaisses chaque jour dans le Christ : je suis ainsi comme une seconde fois ta mère pour l’âme comme pour le corps… ».
« Heureux l’homme qui pour ses mérites cheminant encore sur la terre évite de marcher dans la fange et la boue. Déjà son nom se trouve inscrit dans le Royaume d’en-haut… ».
Dhuoda nous laisse un message éducatif : les principes moraux sont au service d’un idéal, l’homme sans vie spirituelle n’est rien. On est jugé sur ses actes qui doivent être imbibés de morale, d’humanisme. Les mots qui reviennent très souvent dans son texte : « comprendre, apprendre, connaître, utile au genre humain, perfection, persévérance, règles, modèles, formation…. »,  mais aussi « heureux ».
Apprendre à apprendre, à comprendre, à écouter, apprendre à s’ouvrir à l’autre, persévérer malgré l’échec, Dhuoda pourrait être notre contemporaine. Elle annonce l’esprit chevaleresque du 11è/12ème siècle. L’éducation, c’est la fin de l’ignorance, c’est rendre plus fort, c’est « gravir des cimes ». Développer son esprit élève l’être humain au rang d’homme au dessus de l’animal. « L’homme parfait » doit comprendre les devoirs liés à sa position sociale et les mérites qui en découlent. Ne pas « exposer son honneur au blâme et au mépris », le Royaume d’en Haut est à ce prix. On voit une mère très anxieuse de l’avenir de ses enfants et en particulier de Guillaume. Quatre vertus indispensables : justice, courage, prudence, tempérance, trois dons qu’il faut s’employer à développer : pureté de la pensée, la sainteté, la perfection de l’œuvre, deux devoirs essentiels : l’amour de Dieu et amour de son prochain. Et fidélité envers son suzerain, « garde toi de suivre les orgueilleux et les méchants.. » « évite l’opprobre de l’infidélité à ton seigneur.. ». « sois envers ton seigneur sincère, attentif, utile et le premier à t'offrir. Dans toutes les affaires qui intéresseront le pouvoir royal efforce-toi de te mettre en avant, soit à l’intérieur, soit au-dehors, mais fais-le avec sagesse. »
«  Garde toi de toute tractation avec l’homme malfaisant, lâche ou irascible, car ce genre d'homme ronge comme la teigne et sous sa domination il n'est point de sécurité. »
Il est vrai que le père n’était pas un modèle en la matière.
Elle encourage Guillaume à lire et à instruire son petit frère dont elle ne connaît pas le prénom, car il lui a été enlevé avant le baptême et son époux n’a pas daigné lui en donner des nouvelles.  Elle voudrait une solidarité entre les frères, une fraternité forte pour affronter les dangers. On était en pleine crise successorale à la tête de l’Etat, et leur père n’était jamais du bon côté !
Des préoccupations de notre temps quand elle conseille de vivre près de la nature : « Parle à la terre et elle te répondra ; interroge les bêtes de somme et elles t’instruiront ; les oiseaux du ciel et ils te guideront ; les poissons de la mer et ils te raconteront… » . Plus loin, « Tous nous sommes des étrangers, des réfugiés, des pèlerins comme l’ont été nos pères, allant et venant sur terre…. ».
« Même si l’homme brille par l’éclat de l’or, des pierres précieuses, il s’en ira pauvre et nu vers les ténèbres sans rien emporter avec soi, sinon ce qu’il aura fait de bien.. de digne dans sa vie » Un message de portée universelle pour les croyants comme les non-croyants.
Sur son tombeau elle aurait voulu que soit gravé « Vous, de tout âge et de tout sexe », message universel qui nous interpelle encore actuellement et qui s’adressait à un auditoire plus vaste que celui prévu au départ.
A la fin de son manuel elle dicte ses dernières volontés ; elle ajoute le nom des autres membres de la famille de ses fils pour inscrire ses enfants dans la dynastie familiale. Sur sa tombe doit être gravé :
« Dans ce tombeau, repose le corps de Dhuoda, formé de la terre... La terre a repris le limon périssable dont elle était faite... Abreuvée de maux il ne lui reste plus que la terre du sépulcre… Percée d’une cruelle blessure, environnée d'amertume, elle a fini sa misérable vie... Que personne ne passe outre avant d'avoir lu. Je conjure tous les passants de prier et de dire : Dieu bon, donne-lui le repos et commande qu'elle participe enfin, avec les saints, à la lumière éternelle : qu'elle reçoive l’amen après sa mort. »
Elle semble décédée peu de temps après avoir terminé son manuel. Son tombeau ne sera jamais retrouvé : porche du duché d’Uzès, contre la première cathédrale, à l’extérieur des remparts ?...

Avait-elle compris que Guillaume ne serait jamais le chevalier parfait, le seigneur loyal, pur, fidèle à ses engagements, mais un soudard intrigant comme son père. Nous ne pouvons-nous empêcher d’espérer qu’elle soit morte avec toutes ses illusions.
( LA PRINCESSE DHUODA
en exil à Uzès en 840
par Marcel Fabre, 1930).
 
Son fils Guillaume complotera, tentera de prendre la Marche d’Espagne, Barcelone et prisonnier par le comte de Barcelone Alédran il sera exécuté à 24 ans en l’an 850, .Sept ans après la mort de sa mère, qui avait eu de bonnes raisons de s’inquiéter pour ses enfants.  
Bernard son second fils n’aura pas une vie plus heureuse. Il rêvait de venger son père et son frère, et tête brûlée sans aucune finesse, il entra en conflit avec le roi, essayant de tuer deux de ses conseillers.  Comte d’Auvergne Bernard Plantevelue, est père de Guillaume le Pieux duc d’Aquiaine et fondateur de l’abbaye de Cluny en 910,. Il mène des conquêtes de territoires et comtés du midi carolingien, Limousin, Quercy, Toulouse-Rouergue, Berry, Forez… toujours guerroyant. Son ascendance carolingienne qui remontait à Charles Martel et son besoin d’exister dans son monde lui donnaient envie d’un royaume méditerranéen. Plantevelue car il portait une toque en fourrure comme les chefs Wisigoths. Il décédé en 886.

 Il est vraisemblable que les deux frères n’ont pas eu vent du livret de leur mère.
Dans notre région, quelques rues, un lycée portent le nom de Dhuoda. Un jour ou l’autre ce nom sombrera dans l’oubli de notre mémoire sélective, et ce sera la vraie fin du « Manuel pour mon fils » de la mère-courage, et le triste sire Bernard de Septimanie aura réussi à effacer complètement l’existence de son épouse.
L’original de son manuel n’a pas été retrouvé à ce jour. Nous en avons connaissance essentiellement par trois copies effectuées à différentes époques. Le Manuscrit de Paris du 17ème siècle à la Bibliothèque Nationale (ms12293 fonds latin) copié par dom Luc d’Achery à partir de l’original ou d’une copie provenant de la bibliothèque de Pierre de Marca (1594-1662). Ce dernier l’aurait peut-être trouvé dans une bibliothèque catalane ayant séjourné à Barcelone quelques années. Dans ce cas, on peut imaginer que Guillaume l’ainé de Dhuoda aurait eu en main son manuel quand il cherchait à reprendre la Marche d’Espagne.
Le Manuscrit de Nîmes (BM Nîmes n)393) fin 10ème début 11ème siècle retrouvé en 1833 dans les papiers de Monsieur Germer-Durand, membre de l’Académie de Nîmes. Document confié à Edouard Bondurand, archiviste du Gard qui en a fait une édition complète en 1887 en tenant compte des comparaisons et des rapprochements entre les deux copies.
Le Manuscrit de Barcelone du 14ème siècle à la Bibliothèque Centrale de Barcelone, découvert par André Vernet, d’origine catalane semble-t-il.


Sources : « Manuel pour mon fils »  Edouard Bondurand 1887-1978 MégariotisReprints Genève : une très bonne traduction avec références bibliques explicatives (Gallica BNF) ---  La princesse Dhuoda en exil à Uzès Marcel Fabre Nemausensis.com --– Colette Dumas Dhuoda sa vie, sa personnalité édit Lucie 2011 ISBN 978-2-35371-235-9--- Jean Meyers La Comtesse Dhuoda et son Liber Manualis, portrait d’une mère dans la solitude – in Autour de Nïmes et de sa région p191 textes réunis sous le direction de Catherine Bernié-Boissard et Danièle Julien coll Universitaires de Nïmes éd L’Harmartran 2004---



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