samedi 30 novembre 2019

Rastignac la Maison-Blanche du Périgord

Rastignac -sudouest.fr

Rastignac la Maison-Blanche du Périgord


Etats-Unis -Maison-Blanche
Une épineuse question agite les historiens : la Maison-Blanche des Etats-Unis est-elle la copie du château de Rastignac ou l’inverse ?
Abigaïl Adams l’épouse du second président des Etats-Unis d’Amérique écrivait à sa fille dans l’hiver 1800 : « il pleut dans les chambres ; les domestiques vont puiser l’eau à 500 mètres de l’office. Il y a assez de courants d’air dans le hall de réception pour faire sécher notre lessive !! ». La jeune république américaine avait voulu un édifice modeste, fonctionnel pour l’Exécutive Mansion qui ne s’appelle pas encore Maison Blanche. La résidence présidentielle avait été mise au concours de 1792. James Hoban architecte américain et d’origine irlandaise remporta le premier prix (500 dollars) et la commande.

Hoban travailla sur le monument de 1792 à 1801. Georges Washington n’y habita pas et les Adams seulement trois mois.
En 1814 les Anglais brûlèrent tous les édifices publics de Washington, ainsi que l’Exécutive Mansion. Les murs calcinés restèrent debout mais avaient triste allure. On les recouvrit d’une épaisse peinture blanche et la restauration commença. La Maison Blanche était née. Ce nom devient officiel en 1902 sous le président Théodore Roosevelt.
Une façade plate, percée de fenêtres classiques, un avant-corps semi-circulaire avec six colonnes ioniques, un toit plat disparaissant derrière une balustrade : un bâtiment très caractéristique.
Et en France au détour d’un chemin entre Terrasson et Périgueux, au carrefour de La Bachellerie, apparaît la Maison Blanche du Périgord, le château de Rastignac !
Jacques Houlet, conservateur des Monuments Historiques nous indique dans la revue « Les Jardins des Arts » de 1968 : «Le Périgord connu pour ses châteaux, ne passe pas pour être riche en édifices classiques. Or, nous sommes là devant un bel exemple du style antiquisant de la fin du 18ème siècle…les portiques sont identiques : même proportion des colonnes par rapport à la façade, mêmes socles, même balustrade…profils de l’architrave et la corniche correspondent… » Une différence, trois travées à Rastignac, quatre à Washington.



(Rastignac wikipedia.org

Les terres de Rastignac sont mentionnées dans les archives départementales dès 1483. Le château aurait été commencé par le Marquis de Chapt de Rastignac vers 1780. L’architecte Mathurin Salat-Blanchard en aurait établi les plans. La Révolution en 1789 stoppe le chantier qui ne redémarre qu’en 1811. Le marquis fuit en Allemagne en 1791 et entre en France dans l’armée des princes. En 1809 sous l’Empire, il est président du collège électoral du Lot, puis en 1817 ayant adhéré au parti des Bourbons,  il est député et en 1823 pair de France. Il décède en 1833. Les parents de son épouse sont des membres des familles de La Rochefoucauld et des LeTellier de Louvois.

Le château est de style néo-classique ; la date d’achèvement mentionnée dans des notes retrouvées est de 1838, donc après le décès de Rastignac. En 1811 le chantier redémarre par des démolitions des anciennes constructions. Les cahiers du régisseur indiquent un coût de construction du seul château de 40 000 frs, les frais pour le jardin « à l’anglaise » s’ajoutant. Le nom du maçon entrepreneur est mentionné : Jean Delmas.

Mais qui a copié qui ?
On a soupçonné Thomas Jefferson présent à Bordeaux en 1787 et visitant l’école d’architecture de s’être inspiré des plans de Rastignac déposés depuis 1780. Mais les colonnades imaginées par Jefferson en 1792 ne sont réalisées qu’en 1824 par Latrobe.
D’autres châteaux de cette époque ont des colonnes et un bombement central sous coupole, deux pavillons réunis par une colonnade qui s’incurve et devient un pavillon circulaire : château de Bouilh, de Victor Louis en 1787, Jean-Baptiste Dufart et le château Peychotte de 1785-89, Combes architecte de Périgueux et le château Margaux….
Cette similitude serait due à un dessin de Charles-Louis Clérisseau, ami de Thomas Jefferson quand celui-ci était ambassadeur des Etats-Unis à Paris. Pour d’autres historiens, James Hogan se serait inspiré du château du duc de Leinster à Dublin. On a avancé d’autres noms, Victor Louis qui construisit le Gand-Théâtre de Bordeaux, Claude Nicolas Ledoux qu’aucun mécène ne reconnut, Gibbs architecte anglais de la Bibliothèque Radcliff d’Oxford…. Ce qui est sûr c’est que l’inspiration est puisée dans les constructions de l’italien Pallodio et des « maisons à l’italienne ».
Les deux bâtiments ont peut-être été construits inspirés par l’Hôtel Thelluson, luxueux édifice néo-palladien bâti de 1778 à 1780 à Paris par Claude-Nicolas Ledoux et détruit en 1826. Chef-d’œuvre « si neuf et surprenant que dit-on on prenait des billets pour le visiter…"
 

L'hôtel de Thellusson. Dessin de Jean-Baptiste LallemandBibliothèque nationale de France

Le château de Rastignac est brûlé par les troupes allemandes de la division Brehmar le 30 mars 1944 ainsi qu’une trentaine de tableaux de la collection de la galerie Berheim-Jeune : des Cézanne, des Manet, des Renoir, des Toulouse-Lautrec, un Matisse, un Van Gogh…. Le bâtiment est restauré en 1952 par l’architecte des Monuments Historiques Yves-Marie Froidevaux. Il passa de main en main, subit des pillages. Des Hollandais le rachetèrent en 2000 et en firent cinq appartements  dans le bâtiment et deux dans l’orangerie.
Le château de Rastignac, façades, toitures, communs et son parc sont classés au titre des monuments historiques depuis le 16 janvier 1946 et le vestibule, l’escalier de pierre par décision du 15 juin 1951.

En 1971, un américain Leslie-E Acsay offre un prix de 1 000 frs à qui trouvera la date de construction et le nom de l’architecte de Rastignac. Le conservateur des Archives Départementales de la Dordogne Noël Becquart remporte le prix en 1972. Il avait pu étudier les cinq cahiers du régisseur pour les années 1811 à 1817 conservés aux archives.
 Peut-être faut-il voir dans cette similitude architecturale simplement une synthèse, une mode de styles architecturaux de différents architectes, une humeur du moment, une envie de changements.
Mais l’enquête continue !!
(FRMEKL,6 août 2017)
















Sources : www.grandsudinsolite.fr/671-24-dordogne-rastignac-ou-jefferson.html--- Base Mérimé , sous la référence PA00082331-- Noël Becquart, Du nouveau sur le château de Rastignac, p. 16-26, Bulletin de la Societé Historique et archéologique du Périgord   Périgueux, tome XCIX, 1972 +photos---François-Georges Pariset, Le château de Rastignac, p. 73-80, dans Congrès archéologique de France. 137e session. Périgord Noir. 1979, Société Française d'Archéologie, Paris, 1982—Historia janvier 1981 Actualités historiques p110-111+photo--  Guy Penand p. 201-209, Les crimes de la Division "Brehmer", éditions la Lauze, mars 2004, ISBN2-91032-65-2 -- Dominique Richard, Le mystère des toiles de Dordogne  Sud Ouest du 6 novembre 2013. –décès AD24etat-civilLa Bachellerie vue 10/15-- wikipédia.com---






samedi 23 novembre 2019

La Sétoise qui devint Bégum



La Sétoise qui devint Bégum


 (Yvette Labrousse en 1930)
Yvette Blanche Labrousse est née à Sète le 15 février 1906 dans le département de l’Hérault au pied du mont Saint-Clair. Elle voit le jour dans l’appartement de ses parents à 4h du matin.
 Elle quittera ce monde à Vevey-Genève à 94 ans le 1er juillet 2000. Mais avant, quelle vie ! Un conte de fée avec pour point d’orgues un mariage d’amour en 1944 avec l’homme le plus riche du monde, la bergère qui rencontre son prince charmant !!.
Son père est charentais d’origine. Comment est-il arrivé à Sète ? Peut-être pour son travail ?
Déjà son père avait réalisé son rêve : Adrien Labrousse est chauffeur de tramway depuis 1901 dans la ville de Sète. Ce mode de transport électrique est relativement récent. Adrien a accédé à un monde moderne,  entre le chic du théâtre, de la corniche où déambulent le beau-monde et les marins, les commerçants.
Son épouse, Marie Brouet, une couturière qui confectionne et retouche les vêtements des élégantes de « la ville singulière ». Elle est protestante et peut-être lyonnaise. Elle travaille chez elle grâce à une machine à coudre la plus perfectionnée achetée à la mercerie Bouille. Très rapidement elle a un grand succès auprès de la bourgeoisie locale. Un couple dynamique, ambitieux…qui habite 25 Grand Rue à Sète (Cette, ancienne orthographe).
En 1907 la famille s’installe à Cannes, rue d’Antibes, où Adrien est nommé contrôleur des omnibus. En 1933 la compagnie pour laquelle il travaille dépose le bilan. Au Cannet Adrien deviendra un moment conseiller municipal et doyen des anciens combattants de cette commune. Il sera inhumé en 1969 aux côtés de son épouse, décédée en 1959 au cimetière du Claus, au Cannet.  

Puis la famille s’installe en 1908 à  Lyon, Marie Labrousse souhaite travailler dans la haute couture. La famille habite Oullins rue de la Gare près de Lyon. Son atelier va connaitre là aussi le succès. Yvette y apprend le métier. Elle est douée, mais timide, effacée comme souvent les personnes qui ne savent pas quoi faire de leur taille trop haute : elle dépasse les 1mètre 80 à 20 ans ! Ce qui est beaucoup pour une femme de cette époque. Son entourage la pousse à se présenter à l’élection de Miss Lyon. Elle l’emporte en 1929 à l’âge de 23 ans. La même année elle est élue Première Dauphine de Miss France mais sa taille de 1,83m lui fait perdre le titre. L’année suivante elle est élue Miss France, rate de peu le titre de Miss Monde à Rio de Janeiro. Elle va représenter notre pays de par le monde.

La presse « people » de l’époque polémique : elle est originaire de Sète ou de Cannes ? La première ville ne parait pas digne de cette beauté, Cannes est plus mondaine, plus représentative d’un monde de la mode… Alors les journaux de notre Occitanie répondent en publiant son acte de naissance. Il est vrai qu’Yvette était un bébé lorsqu’elle arrive à Cannes. Et puis cette Miss était une pub pour une ville qui en attendait des retombées économiques.
(le Midi Illustré n°169 du 15/2/1930---Le Petit Méridional du 11/1930—La Gazette de Bayonne du 16/1/1930….)

Les toutes premières élections des Miss ne se faisaient pas comme maintenant, la télévision n’existait pas encore. Les clients des cinémas recevaient un bulletin de vote avec leur billet d’entrée et votaient pour une des beautés présentées à l’écran. Ce concours n’était pas ouvert aux métisses ni aux femmes issues des territoires d’Outre-Mer : il fallait élire « la plus belle femme de France, le type instinctif d’une nation » et la peau blanche était exigée !!. Les Miss une fois élues étaient déjà promenées à travers l’Europe et le Moyen-Orient pour participer « au rayonnement français en exhibant la grâce féminine française ».

En 1937 son père et sa mère « de Cannes », (Le Petit Dauphinois du 1937/10/04) ont un accident de voiture.

Mais leur fille a d’autres occupations. Elle défile pour les grands noms de la mode, rencontre des personnages de la Haute Société, voyage…. Elle tombe amoureuse de l’Egypte, son exotisme, sa lumière, son passé. Elle habite au Caire quand son travail le lui permet. Elle fréquente les notables de la ville, Egyptiens ou non. Peintres et photographes sont fascinés par sa haute taille, sa beauté, ses airs aristocratiques…. A cette époque il ne fallait pas être très maigre pour représenter le bon goût vestimentaire. Yvette avait juste ce qu’il fallait de rondeurs. Les soupirants sont nombreux, en vain. Elle attendait celui qui fera battre son cœur, le seul.
(1955)
  En 1938, elle rencontre lors d’une soirée de gala en Egypte l’Imam Sultan Mohamed Shah, l’Aga Khan III (1877-1957). Ils se sont trouvés. Elle a 32 ans. Lui beaucoup plus. Mais l’amour ne se commande pas ! Il est le descendant direct du prophète Ismaël, le 48ème chef spirituel des Ismaéliens. Souverain sans état, sur une communauté musulmane dispersée à travers le monde. Dieu vivant, prince mystérieux, un homme puissant, très riche. On le surnomme l’ »Imam aux 700 000 carats de diamants ».
Il divorce de sa troisième épouse en 1943, et le 9 octobre 1944 il épouse Yvette à Vevey-Genève. Elle a 38 ans, lui 67 ans.  Yvette s’est convertie à l’Islam et s’appelle désormais « Om Habibeh Begum Aga Khan » c’est-à-dire l’épouse de… Bégum est un titre donné autrefois à l’épouse favorite du sultan, une sorte de reine. Le terme emprunté ici au persan et in fine au turc signifie « princesse ».
Elle fait le pèlerinage à la Mecque en 1955. Ils vivent une partie de l’année sur les hauteurs du Cannet dans une grande propriété, la villa Yakimour (contraction de Yvette, Aga Khan et Amour). L’hiver le couple s’installe en Egypte dans leur villa d’Assouan « Noor-e-Salam » au bord du Nil et de ses cataractes
L’Aga Khan III est à l’automne de sa vie. Depuis l’âge de 8 ans il est imam des Ismaéliens de la secte chiite. Un premier voyage en Europe en 1998. Dans son jeune âge il côtoie la reine Victoria et l’Empereur François-Joseph, et tous les Grands de l’époque. Londres l’accueille comme un chef d’Etat en 1919. Il est membre de la Société des Nations à partir de 1934, président en 1937, rencontre Hitler à Berlin pour le dissuader de s’engager dans une guerre qui menace l’Europe…. Chef spirituel et homme politique, il est aussi un grand mondain. .  Lorsqu’ils sont à Paris ils sont un pilier de la vie mondaine. On les voit sur les hippodromes de Longchamp, Chantilly, leurs chevaux courent régulièrement contre ceux de la reine d’Angleterre !.
Déjà avant son mariage l4Aga Khan fait partie de la jet-set de l’époque, ce que l’on appelait la « café society ». Il est passionné par les chevaux et les courses ; il recevra d’ailleurs à Ascot l’insigne de membre de la maison royale britannique, insigne qui sera renouvelé successivement par les rois et reine de Grande-Bretagne.
(Yvette avec ses parents au Cannet juin 1963-- philippe-dumas.pagesperso-orange.fr/actua.htm)
L’Aga Khan n’est pas beau, myope depuis son enfance, mais il a un charme fou. Il a travaillé dur pour être à la hauteur de sa destinée. Il veille sur 80 millions de fidèles de par le monde. Il va au-devant d’eux sept mois par an. L’apercevoir pour les croyants est un passeport pour le paradis d’Allah. Il reçoit régulièrement son poids en or et en pierres précieuses de la part de ses disciples.

Pour son jubilé de diamant l’Aga Khan et son épouse se rendent à Bombay en 1946 avec plus de six tonnes de bagages. Yvette, la nouvelle Bégum y apparait vêtue d’un sari somptueux brodé de plus de trois cents diamants. Dans le stade de Bradorne à la place des équipes habituelles de cricket, les fidèles offrent à leur chef spirituel son poids en or, argent et diamants : le quarante-huitième imam pèse plus de cent kilos !!
Nairobi, Madagascar, Dar-es-Salam, l’Afrique, le Pakistan,…le monde découvre la nouvelle Bégum. Elle fascine par ses tenues, ses bijoux, sa beauté, mais aussi sa gentillesse. Le Duc d’Edinbourg nous dit « c’est la plus belle dame que j’aie rencontrée et pas seulement parce qu’elle mesure 20 cm de plus que tout le monde !! ». Les familiers du couple disent d’elle qu’elle aura été la plus grande réussite de la vie de l’Aga Khan. Les mauvaises langues se moquent de sa taille comme Louise de Vilmorin qui dit  d’Yvette : »elle est très bien comme point de repère sur un champ de courses ». On ne peut pas plaire à tout le monde….
Le couple côtoie des artistes comme Charlie Chaplin, Yves Montand et Simone Signoret, des personnalités comme François Mitterrand ou le Shah d’Iran, Jean Cocteau…..
La Bégum peint, sculpte, photographie ses proches. Dans les années 50 et 60 elle figure un nombre incalculable de fois sur la couverture des grands magasins, icône de la mode, donnant ses conseils.  Elle prend le titre de « Mata Salamat » (mère de paix), et devient ainsi la troisième Bégum à porter ce titre en quatorze siècles d’histoire. Elle s’entend plutôt bien avec les enfants de son mari.
L’Aga Khan écrira dans ses mémoires à propos de Yaki (Yvette) : « Par la grâce de Dieu, j’ai eu le privilège d’avoir une femme qui comprenne pleinement mes joies et mes peines, morales et spirituelles. Notre mariage eut lieu à un moment de ma vie où j’avais le plus grand besoin de sympathie et de compréhension…. ». Yvette avait un grand cœur sans préjugés ; peu importe la religion, le sexe, l’orientation sexuelle, pauvres ou non, sa générosité était sans faille.
Même si Yaki a « su prolongé sa vie de dix ans », il quitte ce monde en juillet 1957 dans sa villa Barakat, sur les bords du lac Léman. Il avait 80 ans. Dans son testament il désigne son successeur son petit-fils Karim.  Il demande à la Bégum de guider les premiers pas du nouveau chef spirituel pendant sept ans, ce qu’elle fera avec humilité et discrétion.




Source: Lectura Plus-- Mausolée de l'Aga Khan et de la Bégum
Yvette comme il le souhaitait fait construire un mausolée en Egypte à Assouan. Pour l’Aga khan, l’Egypte était le drapeau de l’Islam. Il avait choisi le lieu trois ans avant sa mort, sur une petite hauteur. Au pied de la colline  leur villa. Il avait laissé le soin à son épouse de choisir le style et les matériaux du monument : ce sera du marbre de Carrare, le grès et le granit d’Assouan. Ce sera un temps le monument le plus visité d’Assouan, jusqu’à 3000 personnes par jour. A tel point qu’il faudra organiser les visites : horaires, barrières, escaliers, un chemin et des employés pour l’entretien de site !
 Tous les ans elle déposait une rose rouge sur le mausolée. Veuve à 51 ans elle ne songea pas à refaire sa vie. Elle va continuer ses œuvres de charité en Egypte, école, dispensaires, ordinateurs, climatiseurs… Elle reviendra plusieurs fois à Sète où elle aimait se rendre dans le quartier de son enfance.
Elle rejoindra son époux dans le mausolée d’Assouan en 2000 à 94 ans.
 Le couple avait fait l’objet d’un braquage célèbre en août 1949. C’est le fameux casse le « vol des bijoux de la Bégum ». Ce fait-divers va tenir en haleine la France, l’Europe toute entière.
Ce 3 août la Bégum et son époux doivent se rendre à Deauville. Ils quittent leur villa Yakimour vers midi pour Nice où les attend leur avion privé. Yvette a rangé ses bijoux dans sa pochette de cuir rouge qu’elle n’oublie jamais lors de ses déplacements. La Cadillac emmène le couple et la femme de chambre de la Bégum. Mais au milieu de la route un cycliste en panne de chaîne de vélo les oblige à attendre un moment. Quand le cycliste remonte sur sa bécane, une Citroën Traction surgit sur la gauche et obstrue la route. Trois hommes se précipitent armés d’une mitraillette et de pistolets. « Soyez braves, donnez tout, on ne vous fera pas de mal »… 20 000 francs du portefeuille de l’Aga Khan, 42 000 francs et ses bijoux personnels de la part de la femme de chambre et le sac de cuir rouge caché entre les jambes de la Bégum, 200 millions de bijoux dont le fameux « Marquise » de 22 carats et 250 000 francs en billets de banque !! Les trois hommes s’engouffrent dans la Traction non sans avoir crevé les pneus de la Cadillac et disparaissent … Tout le monde est sonné mais vivant. Le braquage audacieux a duré moins de cinq minutes. Pour un peu près six millions d’euros de bijoux !!
Le grand Hergé se serait inspiré de cette histoire pour écrire « Les Bijoux de la Castafiore ». Auteurs de romans, livres policiers, BD, vont se servir de ce fait-divers avec succès.
Les Lloyd’s assureurs des bijoux proposent une énorme récompense pour récupérer le butin ; la police fait jouer ses indics ; des avocats jouent les intermédiaires… Une partie de bijoux sera rendue mystérieusement six mois plus tard, le 29 janvier 1950 posés dans la cour de l’hôtel de police du commissaire Truchi. Avec la mention : « A ouvrir en présence de M Sacotte juge d’instruction ».
 Tous s’agitent, entre compromis et marchandage. Les liens d’amitié ou de complaisance tissés pendant l’occupation ou la Résistance entre voyous et flics sont encore là et pèsent sur le comportement des uns et des autres. L’omerta du « milieu » laisse des cadavres en chemin. Les instructions policière et judiciaire sont longues, piétinent. Le Directeur de la police judiciaire à la Sûreté nationale Georges Valentin prend la tête des opérations. Jusqu’au jour où Jean-Thomas Guidicelli, truand et informateur sur la Côte d’Azur donne à la police de Marseille les noms de Ruberti dit Mémé et de Sanna dit Choï. Déjà l’enquête avait trouvé grâce à un numéro de batterie sur la Traction l’acheteur de cette batterie Roger Sennanedj dit Gros Roger, réfugié à Genève et éliminé probablement par les membres du braquage. Un autre nom apparait Paul Leca un caïd de la pègre marseillaise. Un ami Charles Vincéleoni l’avait renseigné grâce à l’amant de la femme de chambre. Le cycliste était Ruberti, les trois braqueurs Sanna, Nennedetti et Paul Mondoloni. Le chauffeur de la Traction était feu Sennanedj.
La Cour d’Assises d’Aix-en-Provence sera en charge du procès. Paul Leca a pris la fuite probablement à New-U-York, Mondoloni en liberté provisoire après avoir versé sa caution s’est enfui à Cuba… Restent les lampistes : Sanna est condamné à dix ans de prison, Benedetti à huit ans, Ruberti à six ans, Vincéléoni acquitté. Leca  et Mondoloni sont condamnés par contumace aux travaux forcés à perpétuité. Leca revient en France en août 1960, se constitue prisonnier et est jugé en novembre 1961. Circonstances atténuantes et deux ans de prison, une amende de 91 millions de francs. Il prend une retraite paisible dans sa propriété de Sainte-Marguerite et meurt dans son lit en février 1966. D’après la presse, il se serait marié le jour même du braquage.
Il est vraisemblable que l’Histoire se souviendra de la petite Sétoise grâce à Paul Leca, bien plus que pour sa vie de conte de fée.


Mata Salamat et son père avant 1969–wordpresse.com

Sources : Hubert Delobette  Femmes d’Exception enLanguedoc-Roussillon  édit Le Papullon Rouge Isbn978-2-917875-13-1---   Paul René Di Nitto  De Cette à Sète édit Espace éditions 1997 --- lagglorieuse.info/article_l-incroyable-destin-de-la-belle-s-toise-yvette-labrousse.html--Cyrille Boulay  Histoires d’amours royalesédit Le pré aux Clercs 2002 --- wordpresse.com--- Flickr.com---matasalamat.wordpress.com/tag/adrien-labrousse/--- photos philippedumas.pagespersoorange.fr/actua.htm-- photos ismaili.net--  photo wikipedia.org--photos skyrock-----(le Midi Illustré n°169 du 15/2/1930---Le Petit Méridional du 11/1930—La Gazette de Bayonne du 16/1/1930….)—wikipedia.com---Sylvie Reboul  Histoires Vraies en Provence-Alpes-Côte d’Azur  édit Le Papillon Rouge 2010--- Jérôme Pierrat, Une histoire du milieu : grand banditisme et haute pègre en France de 1850 à nos jours, Éditions Denoël, 2006 (ISBN 978-2207253687).--Jean-Pax Mefret, le vol des bijoux de la Bégum, Pygmalion, Paris, 2010 (ISBN 2756402478).--






mercredi 13 novembre 2019

Les 17 lapins de Mary Tofts


Les 17 lapins de Mary Tofts ou la déconfiture de la médecine :


John Howard était un chirurgien anglais, « d’une probité et d’une capacité professionnelle bien connues », d’une grande renommée. Il exerce la spécialité obstétrique depuis une trentaine d’années lorsqu’il accoucha en 1726 Mary Tofts (Toft). Cette patiente fit croire à plusieurs médecins qu’elle donna naissance à des lapins !!
Mary est née à Denyer vers 1701-1703 ; elle habite Godalming près de Guildford dans le Surrey. Elle et son époux, ouvrier en vêtements, sont illettrés.
(gravure --John Laguerre 1726)
Le roi Georges 1er règne sur la belle Albion.
La cour d’Angleterre est informée en septembre 1726 de l’accouchement de Mary Tofts qui donne naissance à plusieurs lapins. Elle avait fait une fausse couche un mois plus tôt en août et pourtant elle était semble-t-il toujours enceinte. Le 27 septembre elle donne naissance à quelque chose qui ressemble à un chat sans foie. Sa voisine Mary Gill et sa belle-mère Ann Toft assistent l’accouchée. La famille fait appel alors à John Howard le médecin de Guildford. Le lendemain et les jours suivants, Howard aide à délivrer la patiente de parties d’animaux, une tête de lapin, des pattes de chat, et en un seul jour neuf bébés lapins morts.
Howard informa du miracle plusieurs grands médecins et scientifiques d’Angleterre ainsi que le secrétaire du roi. Le monarque un peu septique et très curieux envoya pour enquêter deux hommes, son chirurgien-anatomiste suisse Nathaniel St André et Samuel Molyneux secrétaire du prince de Galles. La nouvelle de ce miracle se répandit dans le pays et surtout à Londres ; Mary fut déplacée à Guildford à proximité de John Howard pour que ce dernier la surveille de plus près. Le 15 novembre on leur annonça la naissance d’un quinzième lapin !! En leur présence, Mary met au monde plusieurs autres lapins morts.

Le roi décida de faire approfondir les recherches et envoya chez Howard, un chirurgien allemand Cyriacus Ahlers, et son ami M Brand. Ils sont témoins de nouvelles naissances de lapins ; mais ils ne sont pas convaincus. Mary n’avait pas de lait dans les seins, elle se tenait les genoux et cuisses serrés comme si elle craignait de laisser tomber quelque chose. Ahlers s’occupe de la naissance d’un demi-lapin : « A l’examen je trouvai une masse de chair avec quelques os… C’était la partie postérieure d’un lapin que je tirai et fis sortir sans aucune difficulté. C’est à ce moment que je conçus des soupçons mais je résolus de ne rien laisser paraître… ».
Mais Ahlers découvre dans le rectum de l’un des lapins des granules de bouse contenant du maïs, du foin et de la paille. Par ailleurs, il observa que la troisième vertèbre et les pattes avaient été sectionnées avec un ustensile tranchant. Donc ce lapin n’avait pas pu se développer à l’intérieur de Mary. Le 21 novembre il fait part de ses soupçons au roi : il y a canular… Howard qui ne se doute de rien, espère même une pension royale pour Mary et lui.
Mais quelles explications donner et comment sauver la réputation de Howard et Saint André ? Ils contactèrent Sir Richard Manningham, médecin et sage-femme de la classe supérieure londonienne, accompagné du chirurgien allemand Rimborch : il observa et examina Mary, qui mit au monde ce qu’il crut être une vessie de porc. Il ne fut pas du tout convaincu. Mais il accepta de se taire jusqu’à ce qu’il y ait des preuves de fraude.
La presse au niveau national s’empare de l’histoire. L’intérêt pour les monstruosités et surtout ce qu’elles pouvaient rapporter d’argent étaient courants dans l’Europe du 18ème siècle. Les sarcasmes pleuvent sur Howard et St André qui protestent. L’opinion publique prend parti pour ou contre les lapins. …
Le docteur Manningham  le 29 novembre fait transporter Mary dans un établissement de bains londonien à Leicester Fields. Elle présente aussi une grave infection et elle perd connaissance par moment. D’autres médecins sont invités à l’examiner. En particulier appelé par le docteur Saint-André qui espérait valider sa théorie, le docteur James Douglas qui conclut à une fraude.
Le 2 décembre elle prétend ressentir les douleurs annonciatrices d’un accouchement. Dans la soirée le portier de l’établissement raconte à son directeur que Margaret Toft la belle-sœur de Mary lui a demandé d’aller chercher un lapin, le plus petit possible.  Le 4 elle entre en travail mais rien ne se produit. Le juge Clarges est appelé, le portier fait sa déposition et Mary est mise en garde à vue. Elle refuse d’avouer dans un premier temps, mais devant la menace d’une opération expérimentale pour voir si elle est formée différemment des autres femmes, elle passe aux aveux le 6-7 décembre. Elle admet avoir inséré manuellement des lapins morts dans son vagin et les retirait comme si elle accouchait…
Sa voisine lui avait expliqué comment « tirer de grandes ressources » d’accouchements bizarres. La voisine devait toucher un quart des bénéfices. Elle avait participé aux premières introductions de lapins, puis Mary s’était débrouillé toute seule, la voisine s’occupant de l’approvisionnement en lapins.
Le temps est venu des explications. Crédulité, escroquerie, besoin de sensationnel, comment définir cet épisode ?


Cunicularii or the wise men of Godliman in consultation: illustration by William Hogarth, 1726 (in Hunterian Aa.7.20)Cunicularii ou les sages de Godliman en consultation: illustration de William Hogarth, 1726 (dans Hunterian Aa.7.20)
The case also proved to be irresistible to contemporary artists..
Many Britons were angry about the Hanoverian King's preference for German- speaking courtiers and physicians..
Mary expliqua que travaillant aux champs, elle avait été surprise par un lapin. Elle n’avait pas pu le rattraper. « Cette nuit-là elle rêvait qu’elle était dans un champ avec deux lapins sur les genoux et qu’elle se réveillait avec une crise de forme qui durait jusqu’au matin ; à partir de ce moment-là pendant plus de trois mois, elle eut un désir constant et fort de manger des lapins, mais être très pauvre et indigent ne pourrait en procurer aucun… ».
Le docteur Saint André le 3 décembre 1726 publie son récit de l’affaire « Un bref Récit d’une Remise extraordinaire de Lapins ». Il fait rire ses confrères dont le docteur James Douglas anatomiste et sage-femme qui lit le brouillon de ce livre et déclare « rien qu’un recueil d’impossibilités ».
Une théorie médicale de l’époque, « l’impression maternelle » expliquait les anomalies congénitales ou les troubles congénitaux des fœtus. Un stimulus émotionnel pouvait influencer le développement du bébé dans le ventre de la mère. Le débat sur l’influence prénatale de l’imagination sur la femme enceinte va se prolonger au cours des décennies, on en retrouve un exemple de cette théorie chez Joseph Merrick au 19ème siècle qui expliquerait le soi-disant « homme éléphant ». Selon cette théorie, Mary et ses rêves de lapin ont fabriqué des bébés-lapins !! Merrick nous dit :«La difformité que je suis en train d'exposer a été causée par l'effroi d'un éléphant pour ma mère; ma mère marchait dans la rue quand une procession d’Animaux passait, c’était un terrible béguin pour les voir et malheureusement elle a été poussée sous les pieds de l’éléphant, ce qui l’a beaucoup effrayée; cela s'est produit pendant une période de grossesse a été la cause de ma difformité »..
Nous voyons à quel point la maternité est encore un mystère médical !!
L’enquête sur les lapins de Mary ne put faire la preuve de la complicité du docteur Howard. Saint-André reconnut publiquement s’être fait dupé : le 9 décembre le Daily Journal publiait une déclaration du docteur, honteux et repentant. Il ne parut plus à la Cour et refusa ses appointements d’anatomiste du roi. Il perdit les faveurs du tribunal, ses patients l’abandonnèrent. Finalement il est mort dans la pauvreté dans un hospice à Southampton. Plusieurs carrières de chirurgiens seront ruinées par cette affaire.
Le 9 décembre Mary est accusée de « tricheur notoire et infâme ». Elle est emprisonnée à la prison de Bridewell où parait-il ses gardiens l’exposent à une foule curieuse. Mary sera emprisonnée 46 jours et retourna chez elle ; mais jusqu’à sa mort en 1763 elle connut une certaine notoriété. Lors de ses dîners, le duc de Richmond qui avait une résidence près de Godalming la montrait à ses invités. 
Elle sera encore inculpée en avril 1740 pour vol et incarcérée à la House of Correction de Guildford, puis acquittée par le jury. 
Lorsqu’elle meurt, elle a droit aux colonnes nécrologiques des journaux londoniens à côté des pairs et homme d’Etat !! Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous interroger sur la vie de cette femme, pourquoi cette dérive, un besoin d’argent, de notoriété, de mise en lumière ? Un manque d’instruction, mais les médecins crédules pourtant cultivés sont tombés dans le panneau !!. Une fragilité qui devait profiter à d’autres….
 (Docteur Saint André, Docteur Lapin)
Les artistes comme William Hogarth se moquèrent de l’incompétence des médecins qui dans les pamphlets apparaissaient comme ignorants et crédules. Dessins, gazettes, feuilles volantes, se gaussaient de la profession. Par ailleurs beaucoup de Britanniques n’appréciaient pas la préférence du roi pour des courtisans et médecins germanophones qui étaient ridiculisés et dépeints comme des charlatans. Le monde médical dans cette affaire avait montré un manque de jugeote, même un obscurantisme flagrant.

Sources : Bibliothèque universitaire de Glasgow –collections spéciales août 2009 --- Romi « Les 17 lapins de Mary Tofts in Historia mai 1982 p85 -- Hogarth's Credulity, Superstition, and Fanaticism, published in 1762, ridiculed secular and religious credulity.—docseven.fr/culture/mary-toft-pondeuse-de-lapins --- atlasobscura.com/articules/mary-toft-gave-birth-to-rabbits—photos wikipedia.org – pubmedcentral.nih.gov/picrender.fcgi -- 




lundi 4 novembre 2019

Le Sergent Stubby, héros canin de la Grande Guerre






Stubby dans son uniforme de sergent avec ses médailles
Stubby : héros canin de la Grande Guerre

En ces jours de commémoration du 11 novembre, nous allons ici avoir une pensée pour les animaux héros utilisés et oubliés de nos guerres.
Voici le destin incroyable et heureux de Stubby, le chien le plus décoré de la Première Guerre Mondiale.
Il est né en 1916 ou 1917 et il meurt le 16 mars 1926. C’est un bull-terrier, pas très beau. Son pedigree est plus qu’incertain. Son nom le décrit bien : trapu, courtaud. Il démarre mal dans la vie ; il errait sur le campus de Yale, chien abandonné lorsque John R Conroy le recueille. Quand les Etats-Unis entrent en guerre, l’unité de Conroy est envoyée en France. Stubby embarque clandestinement sur le bâteau USS Minnesota pour rejoindre les combats.
(masque à gaz pour chien).
Stubby servit 18 mois dans le 102è régiment d’infanterie de la 26è division d’infanterie américaine. Il devient la mascotte du régiment. Il apprend à faire le salut militaire en posant sa patte au-dessus de son œil. Il participe à quatre offensives et à dix-sept batailles. Il est le 5 février 1918 au chemin des Dames, tristement célèbre, au nord de Soissons, sous les bombardements jour et nuit pendant plus d’un mois. Une blessure à la patte avant par les grenades allemandes à Seiche Prey en Meurthe-et-Moselle, puis guéri il retourne dans les tranchées. Il survit à une attaque au gaz qu’il a appris à détecter et prévenir. Il trouve les soldats blessés dans le no man’s land et avertit les soldats des obus qu’il entendait arriver. Il capture à lui seul un espion allemand dans l’Argonne, ce qui lui vaut le grade de sergent. Plus gradé que son maître simple caporal ! Il avait entendu l’homme murmuré quelques mots en allemand ; alors Stubby se mit à aboyer et à mordre l’homme au mollet, le neutralisant.
 Les femmes de la ville de Château-Tierry libérée par les Américains, lui confectionnent un petit manteau en chamois sur lequel seront attachées ses nombreuses médailles. Il rentre dans les légendes des héros, on lui prête des sauvetages, des actions innombrables. Courage, amitié, fidélité…


 (masque à gaz pour chevaux).
Les animaux ont donné leur part pendant les hostilités, chiens, chevaux, pigeons… Environ 100 000 chiens participent au conflit de 14-18, réconfort psychologique, mascotte, entendant l’arrivée des obus bien avant les hommes, prévenant l’envoi des  gaz, trouvant les blessés ou transportant les messages, du matériel…parfois déposant des mines dans les tranchées ennemies. On estime à huit millions de chevaux et 200 000 pigeons utilisés pendant cette guerre.  L’Allemagne a des pigeons-espions équipés d’un appareil photo miniaturisé. Pour déminer les plages, les champs, des troupeaux de moutons feront l’affaire. On estime à 14 millions d’animaux mobilisés pour la guerre de 14-18, 30 millions pour celle de 39-40.
Des monuments seront érigés à leur mémoire. Nous avons connaissance de l'usage de chiens et autres animaux pendant les guerres dans la plupart des civilisations et depuis au moins le 7è siècle avant notre ère.

 (chien portant des explosifs)
Encore aujourd’hui, on vient d'en avoir un exemple au Moyen-Orient. Nous n’en sommes plus à envoyer des cochons enflammés sur les éléphants d’Hannibal, mais nous avons encore du chemin à faire en ce qui concerne le bien-être animal !! Est-il vraiment nécessaire de les associer à nos turpitudes ?.

A la fin de la guerre, Stubby repart pour les USA clandestinement sur un bateau. Il est une célébrité dans tout le pays, défilant souvent en première ligne dans les parades, les revues militaires. Il rencontre des hommes politiques, des universitaires, trois présidents américains. Il accompagne J Conroy à l’université de Georgetown et devient la mascotte d’une équipe de football américain les Hoyas de Georgetown. A la mi-temps d’un match il fait le clown avec le ballon à la grande joie des spectateurs.
Il devient membre à vie de l’American Legion, de la Croix-Rouge et du YMCA. En 1921 il reçoit la médaille d’or pour son service par le Humane Education Society des mains du général John Pershing. Au total 14 distinctions militaires pour ses actes de bravoure lui sont octroyées.
Il meurt en 1926 dans les bras de son maître. Il est naturalisé et exposé au Smithsonian Institution dans la section The Price of Freedom : Americans at War,
A Kansas City le 11 novembre 2006 une brique sur le Chemin de l’Honneur (Walk of Honor) lui est dédiée au monument américain.
Un film d’animation « Stubby » lui est consacré en 2018, sorti en France en 2019.
Ses décoratioons principales :
·         3 Service stripes (en)
·         Yankee Division YD Patch
·         Médaille française pour la bataille de Verdun
·         1st Annual American Legion Convention Medal
·         New Haven WW1 Veterans Medal
·         St Mihiel Campaign Medal
·         Wound stripe (en), remplacé par le Purple Heart en 1932
·         Médaille de la Bataille de Château-Thierry
·         6th Annual American Legion Convention
·         Humane society (en) Gold Medal


(armée belge)



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Sources :  Jean-Michel Derex, Héros oubliés : les animaux dans la Grande Guerre, Paris, Éditions Pierre de Taillac, coll. « Beaux livres », 2014, 176 p. (ISBN 978-2-364-45132-2)-- Thierry Clermont, « Un bestiaire tragique et oublié », Le Figaro Littéraire jeudi 7 novembre 2013, page 5.-- /fr.wikipedia.org/wiki/Animaux_de_guerre-- photos wikipedia.org plaque commémorative de Couin--
----  www allocine.fr/film—Eric Baratay Bêtes des tranchées : des vécus oubliés  Paris CNRS Biblis n)176 2017 Isbn 978-2-271-11641-3—Albert Lasserre Le Sort des animaux requis dans l’enfer de 14-18 Paris Edlivre 2014Isbn978-2-323-83754-7—Merci à Michel Desplans ---