lundi 24 janvier 2022

Les Années qui passent-- Jacques Prévert

 


(neige2021Vallabrixphotoperso)(déjà sur ce blog le 14/01/2021)

 Les Années qui passent.....

A peine la journée commencée et.. il est déjà six heures du soir.

A peine arrivé le lundi et c’est déjà vendredi…

Et le mois est déjà fini…

Et l’année est presque écoulée

Et déjà 40, 50, ou 60 ans de nos vies sont passés,

Et on se rend compte qu’on a perdu nos parents, des amis,

Et on se rend compte qu’il est trop tard pour revenir en arrière….Alors…

Essayons malgré tout de profiter à fond du temps qui nous reste.

N’arrêtons pas de chercher à avoir des activités qui nous plaisent…

 Mettons de la couleur dans notre grisaille…

Sourions aux petites choses de la vie qui mettent du baume dans nos cœurs.

Et malgré tout, il nous faut continuer de

Profiter avec sérénité de ce temps qui nous reste.

Essayons d’éliminer les « après »…

Je le fais après…Je dirai après…J’y penserai après

On laisse tout pour plus tard comme si « après »

Etait à nous.

Car ce qu’on ne comprend pas, c’est que :

Après le café se refroidit…

Après les priorités changent…

Après le charme est rompu…

Après la santé passe…

Après, les enfants grandissent…

Après, les parents vieillissent…

Après les promesses sont oubliées..

Après le jour devient la nuit…

Après la vie se termine…

Et après c’est souvent trop tard…Alors…

Ne laissons rien pour plus tard !!

Car en attendant toujours à plus tard,

nous pouvons perdre les meilleurs moments,

les meilleures expériences, les meilleures amis,

la meilleure famille…le jour est aujourd’hui… 

l’instant est maintenant….Nous ne sommes plus à l’âge

 où nous pouvons nous permettre de reporter à demain 

Ce qui doit être fait tout de suite.

Alors voyons si vous aurez le temps de lire ce message

 et ensuite de le partager.

Ou, alors, vous le laisserez peut-être pour… »plus tard »…

Et vous ne le partagerez « jamais » !!


Jacques Prévert

vendredi 14 janvier 2022

Pierre Paul Riquet et les Cordeliers furieux

 

Pierre Paul Riquet et les cordeliers furieux



(Pierre Paul Riquet statue Bézier)

Aux archives du Canal du Midi, une lettre de Pierre-Paul Riquet, le père du canal, en date  du 22 novembre 1667. Elle est adressée au chevalier de Clerville ingénieur des fortifications chargé par Colbert en 1664 d’aider Riquet, d’évaluer et surveiller les travaux. Un an auparavant le roi Louis XIV avait signé l’Edit de construction pour le canal des Mers Océane et Méditerranée.

Cette lettre évoque un moment crucial : la pose des deux premières pierres de l’écluse de Garonne à Toulouse. Cette cérémonie signe, lance le début de travaux de creusement.

Il s’agit de communiquer et de bien communiquer. Ce premier acte de la construction doit être une fête, un événement grandiose et surtout politique. Riquet a invité les hauts dignitaires du clergé du Languedoc, les représentants du Parlement et des Capitouls. L’archevêque de Toulouse, Monseigneur D’Anglure de Bourlemont, et président des Etats de Languedoc, bénira les deux premières pierres de l’écluse tandis que le président du Parlement et deux Capitouls déposeront et scelleront solennellement, l’un une pierre à droite et les autres celle de gauche.

Des médailles en bronze sont prévues pour être distribuer à la foule. Elles représentent la gloire du roi Louis XIV et la ville de Toulouse. Sur ces médailles un texte en latin sera gravé ainsi que sur les deux lames de métal qui seront déposées dans les fondations de l’écluse. Le canon ouvrira les festivités et une grande fête populaire couronnera la journée.

Le texte en latin pose problème à Pierre-Paul Riquet : il ignore totalement cette langue et il faut absolument que le texte soit correct. L’événement sera raconté, imprimé avec le texte en latin et distribué dans tout le royaume et aussi à l’étranger. Il y va de la renommée du roi de France. L’entreprise est grandiose et il faut que cela se sache !!

Et Riquet de raconter dans ce courrier une anecdote liée à l’évènement, moment burlesque, farfelu, dont on peut rire bien après, lorsque l’orage est passé !!.


Son ami et protecteur Monseigneur Charles de Bourlémont, évêque, donc connaissant le latin peut l’aider à corriger son texte. Dans les couloirs de l’évêché Riquet croise deux moines cordeliers. Il décide pour éviter de déranger Monseigneur Evêque de leur soumettre le texte. Les moines le reconnaissant, acceptent de l’aider et d’écouter Riquet lire sa version latine.

Mais le pauvre Pierre-Paul affligé de son accent de Bézier et de sa méconnaissance du latin est pratiquement inaudible et les moines sont persuadés qu’il se moque d’eux.

Il leur avoue qu’il ne connait rien à cette langue. Les moines ne le croient pas : comment un si grand savant peut-il ignorer la langue de Rome ? Plus Riquet essaie de se justifier, et  plus les religieux passent du simple air renfrogné à une colère noire.  « La chose passa si loing que nous en fusmes aux grosses paroles et un des pères, le plus gaillard des deux, eust la hardiesse de mettre en ses mains une de ses galoches pour m’en fraper. » (une galoche de l’époque est une chaussure en cuir à semelle de bois !!)

 « Mais alors que je vis en ses mains la sandale, je tremblai de frayeur et, crainte d’escandale, je gagnai promptement la chambre épiscopale, où je me mis à l’abri de nostre grand prélat, contre la tempeste de ce père furieux » !

Riquet préfère rire et faire rire de l’anecdote…

Il sera un précurseur en matière de droit social :  

Les ouvriers qui travaillaient sur le canal étaient payés 10 livres par mois, salaire  bien supérieur à celui qu’ils auraient pu espérer ailleurs pour la même tâche. Les jours fériés, dimanches, jours de pluie n’étaient pas déduits. Le logement était fourni pour une somme modique, les ouvriers malades étaient payés comme s’ils travaillaient. Les outils étaient fournis, charge aux ouvriers de les entretenir… Des conditions de travail qui n’ont pas fait que des amis à Riquet, parmi les entrepreneurs de la région mais qui ont fait rêver les ouvriers à une autre façon de travailler !!!

 

Sources et pour en savoir plus : archives.haute-garonne.fr/n/pierre-paul-riquet/n:241-- www.canalmidi.com/paulriqu.html-- www.canaldumidi.com/Personnages/Paul-Riquet.php--Samuel Vannier directeur des Voies Navigables de France--

 

 

mardi 4 janvier 2022

Le Baiser Lamourette

 


L’abbé Adrien Lamourette

Le Baiser Lamourette



Les temps à venir s’annoncent riches en tempêtes politiques. Notre pays a connu par le passé d’autres périodes houleuses, voire sanglantes, périodes d’affrontements, et pas seulement verbaux.

 

L’abbé Antoine-Adrien Lamourette sera l’artisan d’une réconciliation éphémère de nos politiciens de la Révolution de 1789. Il est né en 1742 à Frévent dans le Pas-de-Calais. Il était vicaire général de l’évêque d’Arras. Il va prendre toute sa part dans les évènements aux côtés de Mirabeau pour finir comme beaucoup d’autres, guillotiné. Il serait pour une part à l’origine de la constitution civile du clergé aux côtés de Mirabeau.. En 1790 il prête serment à la Constitution civile du clergé.

Il est élu évêque métropolitain de Lyon en 1791 probablement grâce à Mirabeau,  puis député du Rhône-et-Loire à l‘Assemblée Législative.  Le pape Pie VI ne reconnaitra pas ces évêques constitutionnels.

La fuite de la famille royale et l’arrestation du Roi Louis XVI après l’épisode de Varennes le 21 juin 1791 divise le pays et l’Assemblée en deux camps. La guerre civile paraissait inévitable.

Il sera le premier à employer l’expression de « démocratie chrétienne » dans un discours de novembre 1791. Il souhaitait que les différends entre les partis se calment pour avancer. Un homme de paix et de compromis. Il exhorte les députés à opérer un rapprochement entre le côté droit et le côté gauche de l’assemblée. Il parle de paix, d’union au nom de la patrie, de la liberté ; il invite son auditoire à se rallier franchement à la Constitution, à être fidèle à leur serment, au pacte fondamental, à la France, au Roi. Il y met tout son cœur. Le 7 juillet 1792 les députés l’entendent.  et se jettent dans les bras les uns des autres en un baiser fraternel !!! C’est le baiser Lamourette….baiser de paix ou de Judas ? Franchise, sincérité ou manipulation, simulation ? Les médias, la classe politique vont s’interroger un temps.

Le procès-verbal de cette séance mémorable est porté au roi par une députation et adressé à tous les départements. Louis XVI se rend immédiatement à l’assemblée et il y est accueilli par des applaudissements. Les députés à son retour aux Tuileries vont l’accompagner en masse.

Mais cela ne durera pas. Trois jours après, les partis étaient plus ennemis que jamais.

Adrien Lamourette avait pour ambition de concilier religion et philosophie des « Lumières ». Il aura pour élève l’abbé Grégoire. Il souhaite que l’Eglise retourne à ses origines, débarrassée des fastes, des privilèges du Haut Clergé. Il prône la tolérance religieuse. Jean-Jacques Rousseau est un des philosophes qu’il admire. Sa foi mettait l’accent sur la vocation au bonheur de tout être humain. Une vision optimiste de l’homme, un catholicisme épris de liberté et d’égalité.

En 1787 il entre à l’Académie d’Arras. En 1789 il demande l’égalité pour les Juifs et justifie la sécularisation des biens de l’Eglise.

Mais les évènements vont faire fi de ces bonnes idées. En 1792 il proteste contre les massacres de septembre. L’année suivante, lié aux Girondins,  il soutient la révolte fédéraliste de Lyon.

Il est arrêté le 29 septembre 1793, transféré à Paris et jugé, accusé d’être contre révolutionnaire car collaborateur de Mirabeau et soutien des fédéralistes lyonnais. Il est condamné à mort, il est guillotiné le jour même le 11 février 1794.

Selon Charles-Henri Sanson, le bourreau, lorsqu’il monte sur l’échafaud, des spectateurs lui crient : « Baise Charlot (Sanson) ». Lamourette répond : « oui, j’embrasserai en toi l’humanité qui si folle et si furieuse est toujours l’humanité ».

Toujours son humanisme et son souci de réconciliation !!!!

La langue française retint de cet épisode le nom de « baiser Lamourette » pour désigner une réconciliation éphémère et peut-être peu sincère.


Réconciliation lors de la séance du 7 juillet 1792

Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) dans « Idées révolutionnaires » reprend ces terme : « L’Assemblée nationale s’est constituée au bruit du canon, du tambour et des fanfares. Dans ces jours où l’imagination est séduite par les sens, le cœur entraîné par l’imagination, la raison absorbée par le sentiment, l’âme n’a plus d’attrait que pour les épanchements de la sensibilité, pour les illusions de l’espérance. C’est l’heure des baisers Lamourette, c’est l’instant des réconciliations perfides. Mais bientôt l’enthousiasme s’apaise, le sentiment s’évanouit, et la raison revient poser ses questions redoutables. »

Que 2022 nous évite ces baisers Lamourette !!!

Sources ou pour en savoir plus : « Antoine-Adrien Lamourette », dans Adolphe Robert et Gaston CougnyDictionnaire des parlementaires françaisEdgar Bourloton, 1889-1891 --- Chopelin-Blanc Caroline , Adrien-Lamourette (1742-1794). De l'apologétique à l'Église constitutionnelle, 2 vol. 768 et 784 p., Thèse soutenue à l’Université Lyon III le 14 octobre 2006—wikipedia.org--- Maurice WahlLes premières années de la Révolution à Lyon (1788-1791), Paris, Armand Colin, 1894---