mardi 9 janvier 2018

Youri Gagarine chez nous

Gagarine en visite chez nous :


Le 12 avril 1961 à 9h 7 heure de Moscou, un homme s’envole pour l’espace pour une révolution complète autour de la terre, à bord d’une fusée Vostok. Youri Gagarine premier homme dans l’espace. Parti de Baïkonour en Union Soviétique, son vol durera 108 minutes. Il regagne le sol terrien en parachute, sain et sauf, après s’être éjecté de sa capsule de retour.

Youri Gagarine est venu à trois reprises en France, en septembre-octobre 1963, en juin 1965 et en septembre 1967.
Il est passé par le Bourget, Paris, Puteaux, Ivry, Vitry, Nanterre, Versailles, Rouen, Tancarville, Deauville, Le Havre, Gonfreville-l'Orcher, Vichy, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Castellet, les îles de Bendor et d'Embièze, Marseille, Aubagne, Martigues, Port-de-Bouc, Nîmes, Alès...Déjà notre région attirait les élites russes : Nikita Khrouchtchev était venu en visite à Nîmes, en 1960.

Fils d’un charpentier et d’une paysanne, Youri Gagarine était pour toute une génération l’icône d’une époque, courageux, audacieux, avec une force de caractère. Il incarnait le progrès de l’humanité. Il démontre qu’un avenir radieux est possible, en particulier en Russie soviétique.  D’abord technicien fondeur, il a découvert le pilotage en amateur à 18 ans, puis après l’école d’aviation militaire d’Orenbourg, il est promu pilote de chasse en 1957. Il fait partie des 20 pilotes sélectionnés pour participer au programme spatial.
 En 1962 Gagarine est reçu par le président Kennedy : sur la photo à gauche l’astronaute américain J Glenn. (photo Nasa)
Son vol a un retentissement mondial, il est accueilli dans le monde entier en héros. Les Américains se dépêchent d’annoncer le 25 mai 1961 la naissance de leur programme spatial Apollo.

Un témoin raconte :
« Après son vol dans l'espace, Youri Gagarine était devenu une sorte d'ambassadeur de l'Union Soviétique et à ce titre il accomplit de nombreux voyages à l'étranger. Il était, à nos yeux éblouis, le témoignage vivant de la réussite de la science soviétique donc de la société communiste. Les crimes de Staline avaient été dénoncés et l'URSS se prononçait pour la coexistence pacifique entre pays capitalistes et  pays socialistes. Nous étions persuadés de la capacité du régime soviétique de se régénérer. Malheureusement ce sera l'année suivante, en 1968, l'intervention des armées du Pacte de Varsovie contre la Tchécoslovaquie. Je le dis en toute humilité, sachant combien il est facile aujourd'hui, à la lumière de l'évolution ultérieure des évènements, de nous jeter la pierre. » Blog Bernard Deschamp
Une anecdote rapportée par Bernard Deschamp : « Nous recevons donc Gagarine dans le Gard. Il est reçu officiellement en grande pompe en Mairie de Nîmes par le Maire, Emile Jourdan et nous avons organisé tout un périple dans le département, à Nîmes, à Alès (Tamaris) et à la Cave Coopérative de Saint Gilles où il doit baptiser une cuvée de son nom. Pendant de nombreuses années ensuite, la photo du cosmonaute figurera sur les étiquettes des bouteilles vendues à la cave. J'avais la charge de conduire la voiture qui transportait Gagarine. Au moment de quitter la cave, impossible de démarrer. J'avais oublié de refaire le plein d'essence !  La honte ! Youri Gagarine en rit à gorge déployée et avant de quitter le Gard, il me dédicaça- en russe - le numéro de L'humanité du 12 avril 1961: "A mon camarade Bernard, sans benzine..." 

En un tour de main Gagarine était devenu un produit d’exportation : bustes, bonbons, briquets, assiettes, étuis à cigarettes, lampes de chevet en forme de fusée…. Le tout fabriqué dans les usines soviétiques et expédiés dans les magasins d’état, dans les aéroports. A l’étranger aussi, biscuits au chocolat (le goûter préféré des écoliers nous disait la pub), porte-clés, cuvée Gagarine des Costières de Nîmes…. Il entrait dans les bandes dessinées du journal Vaillant, qui mettait en scène chaque semaine des explorateurs de galaxies inconnues…


 
Rue Aspic et Général Perrier Nîmes




















A Nîmes la délégation russe est accueillie par le maire Emile Jourdan. Les soviétiques visitent Nîmes, les Jardins de la Fontaine, les arènes, la Maison Carrée. Un groupe folklorique Lou Velout donne l’aubade avec les tambourinaïres de Nemausa Provence. Aux Halles Youri ne manque pas d’embrasser les majorettes venues l’accueillir. En bon coureur de jupons il n’allait pas passer à côté.
Les Halles Nîmes

En visite à La Calmette il se recueille un instant sur la tombe des soldats soviétiques tombés dans le Gard lors de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sur les tombes des maquisards français. Le collège Jules Verne reçoit sa visite et il dédicace le livre d’or.
Direction St Gilles pour le restaurant Les Cabanettes. Puis la manade Thibault, le domaine viticole des Aubias et celui de l’Ourdinasse. On vendange pour rire. Moment de détente. En Camargue, Youri veut toucher un taureau, il faut l’en empêcher se rappelle Marc Grimaud.
A 15 h Bellegarde et la station de pompage du Bas-Rhône et retour à Saint-Gilles pour une réception à la cave coopérative et baptême de la cuvée Gagarine.

Vendanges à St Gilles


A Alès il est reçu par le député-maire communiste Roger Roucaute le 27 septembre 1967. Une lampe de mineur lui est offerte. Il avait fort apprécié notre pastis jaune. Youri très à l’aise avait déclaré :  "Ici, on ne se sent pas étranger, mais comme si l’on était reçu dans une ville du Sud de notre pays ». Alès avait reçu ce jour-là un bronze de Lénine et une réplique du Kremlin. Une avenue de la ville prendra le nom du visiteur de l’espace. Lors de la soirée d’amitié, beaucoup de questions sont abordées sur les conditions de vie des jeunes en Russie. On parle aussi de la guerre du Vietnam.
Après une ultime réception à l’Hôtel de Ville de Nîmes, la délégation repart pour la Lorraine.
Cinq mois après sa dernière visite dans notre région, le 27 mars 1968, Youri s’écrasait aux commandes dun MiG-15 dentraînement, tué à la suite dune erreur de pilotage, peut-être pour éviter une balise atmosphèrique. Il avait 34 ans, à son actif une vingtaine d’accidents de voiture en sept ans. Il n’était pas fait pour notre terre.




Une pensée pour la petite chienne Laïka qui l’avait précédé dans l’aventure spatiale. Les causes de sa mort ont longtemps été cachées devant une opinion internationale très réservée. En fait Laïka serait morte 7 heures après le lancement, de stress et de surchauffe. Jusqu’où peut-on aller pour les besoins de la science ?






Sources : La Une à Nîmes 10 septembre 2014 - Blog Bernard Deschamp Le Prolé Contre-Histoire – Gazette de Nîmes n°957 5 octobre 2017 -  photos Alain Veyrac - Georges Mathon – wikipedia -




Capsule de retour - Il valait mieux ne pas être claustrophobe !






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