mercredi 3 janvier 2018

Conte de l'Uzège - Les facéties de Belvezet -

Belvezet le Castel
Les facéties de Belvezet :

Dans les contes et légendes de notre région, le village de Belvezet et ses habitants ont été très souvent brocardés. Pour quelle raison ? Mystère…. Pourtant Belvezet est un charmant village au nord d’Uzès et à la limite des Cévennes. Pour les uzétiens, c’est un village de montagne ; pourtant il est dans une cuvette, les mas éparpillés, et deux églises dont une encore en état. Des gorges avec des multitudes de guépiers, des boulidous, des chemins qui rejoignent les villages autour, et maintenant des parcs photovoltaïques et des vautours revenus dans les baumes. Sa position géographique a fait que ses habitants ont souffert de tous les soubresauts de l’histoire. Les restes de son château-fort et son village castral sont là pour en témoigner.
Mas ou hameau de la Veille Eglise
On se moque peut-être parce que les gens de nos pays descendaient de leurs montagnes vers la plaine pour travailler, souvent à des métiers que personne n’aurait accepté de faire. Ils arrivaient avec des modes de vie, des façons de s’habiller, de manger différents des nôtres et c’était sujet facile à raillerie…. Et puis l’éparpillement des hameaux n’aidait pas à faire un tout.
Alors c’est l’histoire du lever du soleil que les gens de Belvezet allaient chercher quand il tardait à se lever, c’est l’histoire du pont qu’ils construisaient en long, des poutres trop courtes qu’ils étaient en train de placer dans une maison….
Loin de se vexer, les Belvézétiens se sont appropriés ces histoires. L’auto-dérision peut être un bain de jouvence….

Mais ici nous allons parler de deux autres histoires qui font fi des préjugés.

La première se passe devant le moulin de Ners vers 1860. Joseph un grand-père que j’ai connu, « qui n’était pas né ici mais qui était d’ici » me raconta :
-        _  Nous étions plusieurs à attendre devant le moulin pour faire moudre un peu de grains. Un homme parlait, parlait…. Puis me voyant il me dit :
-         _  Gamin, tu as entendu parler des gens de Belvezet ?
-        _   Oh oui, répond Joseph
-         _  Et bé moi je suis de Belvezet. Je vais te raconter l’histoire du plus imbécile des gens qui étaient au village. Tout le monde disait qu’il était des plus imbéciles. Alors quand il est mort, on a pris son corps et on l’a brûlé sur une petite éminence. Et alors bien entendu tout ce qui brûlait se répandait… Depuis qu’on a brûlé cet homme, à Belvezet les gens sont aussi intelligents qu’autre part. Mais il y a un mais… Seulement tout ce qui est parti en fumée… c’était là la sottise ! La fumée s’est répandue par tout le monde ! Et maintenant on trouve des imbéciles partout sur terre !!

Sources : Contes populaire des Cévennes J N Pelen Nicole Pelen Dans les Vallées des Gardons  Gallimard 1978 n°23903
Cuvette de Belvezet et les baumes autour

Donjon du château-fort

La seconde histoire : – La vache du Duc d’Uzès
Plusieurs versions, nous allons privilégier et adapter celle du « Le Tour de France, Rambouillet » par la duchesse d’Uzès p 231)
Lors de la bataille de Parme contre les armées impériales en 1734, le Duc Emmanuel de Crussol d’Uzès fut blessé sérieusement à la mâchoire et à l’épaule. Il devint bossu, mais surtout pendant quelques temps il ne put s’alimenter normalement qu’avec le lait d’une vache achetée tout exprès.
Une fois guéri, contre une pièce d’argent par an, il confia cette vache aux bons soins des habitants de Belvezet, village proche d’Uzès. Il avertit cependant le consul de ce lieu que celui qui osera lui annoncer la mort de cet animal sera puni de mort.
La vache est soignée, dorlotée, cajolée. Une pièce d'argent par an ce n’est pas une petite somme pour le village. On lui coupe la meilleure herbe, l’eau du puits est réchauffée pour qu’elle ne lui donne pas mal au ventre, on chasse les courants d’air dans l’étable. Mais elle est bien vieille et au bout de la quatrième année, elle va rejoindre le paradis des vaches….

C’est la consternation dans le village. Comment annoncer cette triste nouvelle au duc et qui va se sacrifier ? La punition était certaine.

Antonin, un pauvre auvergnat qui habitait là se propose. Il demande seulement qu’après son trépas, on prenne en charge sa famille. A Belvezet les villageois promettent de secourir la femme et les enfants d’Antonin, ils le félicitent de son courage et ils sont bien contents d’échapper au danger. Les Auvergnats descendaient de leur montagne l’hiver pour travailler les vignes et parfois restaient. C’était les émigrés de l’époque !!
Antonin part pour le château. Le Duc lui demande des nouvelles de sa vache.
-         Hélas Monseigneur, votre vache ne mange plus
-         L’appétit lui reviendra,  répond le Duc
-         Mais elle ne marche plus
-         Elle est bien vieille, des rhumatismes peut être ?
-         Hélas elle ne boit plus, Monseigneur
-         Est-elle malade ? demande le Duc
-         Oh non ! ce n’est pas ça, répond Antonin
-         Ah bon ! est-ce qu’on l’a volée, tuée ,
-         Non, non, je le jure sur mes enfants, s’exclame l’auvergnat
-         Dans ce cas, est-elle morte ? interroge le Duc
-         Ah Monseigneur, c’est vous qui l’avez dit, ce n’est pas moi !!

Emmanuel de Crussol ne pût s’empêcher de rire. « Et bien puisqu’elle est morte, garde l’argent pour toi ».
Et Antonin, soulagé, rentra chez lui avec la pièce d’argent et une belle histoire à raconter.

le village de Belvezet




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