lundi 31 juillet 2017

Le Marquis de Baroncelli écrivain et manadier camarguais

Folco de Baroncelli écrivain et manadier camarguais

En cette période de vacances sous le soleil, nous allons évoquer la Camargue. Terre de sel, de marais, de mirages, blanche, bleue, verte, mauve, femme entre les bras du Rhône. Blanche comme ses chevaux, noire comme ses taureaux aux gracieuses cornes en lyre. Un rivage en perpétuel divagation. On suppose actuellement que le bord de mer a pu être très en avant du village des Saintes Maries de la Mer, au temps des Romains, au vu des traces trouvées en mer.
Les Normands y venaient hiverner au 9ème et 10ème siècle. Les hommes ont mis plusieurs siècles pour dompter ses marais, ses moustiques et le paludisme. Nous ne savons pas ce que nous réserve le réchauffement climatique, mais depuis quelques années, la mer remonte discrètement à l’assaut des digues, des plages, des épis de rochers…. A la fin du 19ème siècle, certains diront que des gens comme Folco de Baroncelli ont « inventé » ou « réinventé » la Camargue.  Nous, nous dirons qu’ils ont réveillé ce territoire, lui redonnant une âme, un passé et surtout un présent.
L’insula camarigas apparaît dans les archives à la date de 920, puis en 923 « insula camaricas ». Au fil du 10ème siècle, le nom comme partout ailleurs fluctue en camargis, camargas. En langue d’oil c’est-à-dire en français, nous la retrouvons en 1687 sous le nom de Camargue et Camargo en langue d’oc, langue de chez nous. D’où vient ce nom ? Peut-être de l’occupation romaine, un domaine appartenant à Annius Camars de la famille des Annia, famille riche et importante à Arles.. Peut-être origines plus anciennes, plusieurs villes ou villages autour de la Méditerranée se nommaient primitivement camarica…. Sommes-nous en présence d’une communauté linguistique précédant l’arrivée des peuples indo-européens, donc bien avant les Romains ? Sans parler des légendaires Hercule et Jupiter dans la plaine de Crau !! Frédéric Mistral nous donne une étymologie plus pertinente : camp marca c’est-à-dire champ frontière, marca terme militaire qui désignait celui qui veille aux marches c’est-à-dire aux frontières du royaume. A creuser ! (in Trésor dou Felibrige). 

ci-dessus Musée Baroncelli Saintes Maries de la Mer. – ci-contre l’Hôtel Particulier du Roure Avignon Musée du Roure


   Maria Maddalaena Portineri Baroncelli (+1456)
Metropolitan Muséeu Hans Memling Bruges
Folco de Baroncelli-Javon est né à Aix en Provence le 1er novembre 1869. Il sera baptisé en cérémonie officielle le 9 février suivant à Avignon, Ses prénoms seront Marie, Joseph, Lucien, Gabriel, Folco. Ses lointaines origines sont florentines, une famille installée en Provence depuis le 14ème siècle. La famille était un des banquiers des papes lorsqu’ils étaient en Avignon.

Folco et sa soeur Marie-Thérèse -
 Francine Chabrier saint-mémoire.free.fr
Ils habitent le palais Baroncelli au centre d’Avignon, devenu le Palais du Roure et musée. Son père est Raymond de Baroncelli (1826-1897) d’une famille de tradition toscane-gibeline qui possède depuis le début du 16ème siècle le marquisat de Javon près de Carpentras, don du pape Léon X en contre-partie de remise de dettes. Sa mère est Henriette de Chazelle-Lunac de Bouillargues dans le Gard (1845-1906).




Sa famille parle le provençal, la langue du peuple. Ses premiers contacts avec les taureaux remontent au château de Bellecôte à Boulliargues près de Nîmes chez sa grand-mère. Une famille bien ancrée dans notre Sud. Douze ou quatorze naissances selon les généalogistes, mais seulement neuf frères et sœurs dont Folco survivront à la toute petite enfance.
Folco fait ses études à Avignon et Nîmes. Il y rencontre Frédéric Mistral, Roumanille. Ecrivain, il publie en 1890 son premier livre en provençal Babali et devient co-directeur du journal l’Aïoli avec Mistral. Autres productions « Lou Roustan d’amour » , des poèmes « Blad de Luno » (Blé de lune souvenir de ses amours avec Jeanne de Flandreysi) , « Le Taureau » en 1924, « Sous la tiare d’Avignon »…des poésies surtout…
Il monte sa première manade en 1895, la Manado Santenco aux Saintes-Maries de la Mer. Il épouse  Henriette Constantin, (1877-1936),  fille d’un riche propriétaire-marchand de vin de Châteauneuf du Pape et ils auront trois filles : Nerto mariée avec Gaston Bonis, Maguelonne-Marie-Jacobée qui épousera Etienne de Montgolfier et Frédérique dite Riquette épouse d’Henri Aubanel, manadier. 

En juillet 1899 il s’installe définitivement sur la route du Sauvage en Camargue au mas de l’Amarée, d’abord locataire de monsieur Allègre. Il est devenu le « Marquis – Lou Marques » et va vouer sa vie à la Camargue. Son ami Mistral lui dira devant tant de passion « je te confie la Camargue ».

Folco veut sauver la Camargue, tout comme Mistral a fait pour la langue provençale et l’habillement des Arlésiennes. Dès 1920 il lance l’idée d’un Parc National. Il faut que ce territoire vive, avec de vrais gens et non un musée pour touristes. A la fin de sa vie il dira : «  J'ai voué ma vie à un idéal: la Provence, et je n'ai embrassé mon métier que pour mieux servir cet idéal, pour me trouver plus près du peuple provençal, pour mieux arriver jusqu'à son coeur et pour mieux l'aider à sauver son passé de gloire, sa langue et ses coutumes."
Sa femme supporte mal le climat camarguais et leur vie commune sera épisodique. A cette époque, c’est une région insalubre, un bout de terre avec un horizon à perte de vue, plat, un pays ouvert au mistral glacial en hiver et où les moustiques pullulent et les marécages empestent. Un pays pauvre pour des pauvres qui s’échinent au travail pour trois fois rien. Les digues ont à peine trente ans, et les inondations sont encore fréquentes. 
Mais Folco est un romantique, un imaginatif à la mode du 19ème siècle. Chevalier-cavalier, militant écologiste avant l’heure, protecteur des animaux et de la nature, des minorités proches ou lointaines,  tel apparaît Folco avec le recul du temps. Destinée insolite pour cet aristocrate qui se fera paysan et que les témoignages décrivent comme un grand humaniste, généreux. Homme compliqué que défendra la corrida au nom des traditions.
Robert Zaretsky, professeur de littérature française aux Etats-Unis n’est pas tendre avec lui : « poète médiocre devenu manadier, révolutionnaire indécis devenu homme de spectacle, régionaliste mué en bricoleur de l'histoire et du folklore camarguais, Baroncelli a participé à la création de la France moderne ».  Rancunier Robert face à un Folco qui n'aime pas ce que sont devenus les Indiens d'Amérique ? L'époque de Baroncelli en Europe comme aux USA est malheureusement colonialiste, nationaliste, antisémite, raciste, mais aussi avide de rencontres, de monde d'ailleurs. Rappelons nous la place faite aux Africains lors de l'exposition universelle, l'affaire Dreyfus chez nous, les Italiens pourchassés à Aigues-Mortes..... Il est certain que le Marquis dénotait dans son milieu, même s'il n'est pas allé au fond des choses et de ses principes.
A l’occasion d’un spectacle de la troupe américaine il rencontre Buffalo Bill à Nîmes. Auparavant il avait déjà noué des liens d’amitié avec Joe Hamman en 1905, notre cowboy français. Joe découvre les Etats-Unis en 1904 ainsi que les Wild West Shows de Buffalo Bill. De retour en France avec le Marquis et le réalisateur Jean Durand ils feront de la Camargue le paysage de leurs westerns, le « western-camembert ou bouillabaisse », très à la mode. Souvent tournés avec trois fois rien. Des japonais de passage feront des indiens tout à fait plausibles. La mise en scène sent la patte de Folco et va influencer longtemps les camarguais.

Tournage dans les marécages de Camargue / © Cinémathèque française

Le 8 août 1905 la troupe du Buffalo Bill Wild West est en France, en Avignon, en Courtine. Pendant 3 années, dans un périple de 63 000 miles en Europe, la troupe va sillonner les routes avec le spectacle « La Prairie aux Palaces ». Les gardians vont participer avec les Indiens et les cowboys aux spectacles de Buffalo Bill.
Baroncelli portant la coiffe sacrée
Les Américains avaient oublié leur passé de sang et de colonisateurs d’une terre qui ne les appartenait pas. Les Indiens ne sont pas toujours les héros du spectacle. Mais Folco de Baroncelli rencontre la troupe et fait connaissance des indiens de Buffalo Bill. L’un d’eux Jacob White Eye deviendra son ami. Ils passeront quelques mois ensemble aux Saintes Maries de la Mer. Ils vont correspondre longtemps. Nous en reparlerons un autre jour.
Folco écrira sur l’air d’une Ghost dance Lakota (danse des Esprits) la ballade du Soulomié Rouge issue de ses poèmes de Blad de Luno. Il pense avoir été indien dans une autre vie et que « son cœur est resté rouge ». (octobre 1905). Ses amis indiens l’avaient surnommé « l’oiseau fidèle ». Il se sent plus proche de la culture indienne qu’américaine. Toujours les minorités à défendre !! On ne sait pas si les massacres des bisons l’indiffèrent, mais il s’insurge contre la destruction du mode de vie des Indiens, le manque de respect fait à leurs croyances.


Lors des orages cévenols de septembre 1907, une partie de sa manade est noyée. Il a 37 ans. L’année suivante lors du tournage de « Mireille », il tombe éperdument amoureux de Jeanne de Flandreysy, véritable égérie provençale. Jeanne est très belle mais très indépendante et leur relation fut brève, mais leur amitié fut solide, jusqu’à la mort de Folco.
Baroncelli âgé -Musée du Roure
Jeanne de Flandreysy - Musée de Valence
 
Il participe à la guerre de 1914-1918 et ses carnages le touchent profondément. Son frère Henri est tué au front le 24 septembre 1915 à Massignes en Champagne à 31 ans. A la suite de propos antimilitaristes, il est arrêté et jugé ; il évite de justesse le peloton d’exécution et il est interné au fort de Peccaïs près d’Aigues-Mortes au milieu des salins. Ce qu’il vécut à ce moment-là n’est pas étranger à son engagement en Camargue. A la fin de la guerre il est ruiné et Jeanne de Flandreysy rachète le palais du Roure, le sauvant financièrement. Elle l’incite à écrire.


Jeanne de Fandreysy Musée de Valence- expo Avignon 10-2012

1930
Mais il veut avant tout s’investir dans sa chère Camargue. Reconquête de la pure race Camargue, chevaux et taureaux, codification de la course camarguaise, costume gardian, croix gardianne, traditions…. Le 16 septembre 1909 il avait déjà posé un jalon : la création de la Nation Gardiane, la Nacioun Gardiano. Un premier taureau Provenço, cocardier qui déchaine les foules dans les courses à la cocarde.


Le cheval et le taureau camarguais ne sont pas nés fin 19ème. Le cheval camarguais est probablement un cheval indigène, totalement adapté au milieu et à son travail. Ses origines arabes ou asiatiques n’ont pas à ce jour été prouvées. Les phéniciens, les romains le décrivent. Cheval de bât puis de guerre chez les romains. Sa petite taille lui évite les tournois et les guerres du Moyen-Age sous les lourdes armures. Au 12ème siècle les propriétaires terriens d’Arles en vendent 300 à Raymond Bérenger comte de Provence pour ses guerres, essentiellement comme animaux de transport. La confrérie des gardians est fondée vers 1512. Au 16ème siècle on compte environ 4000 juments et 16000 « boeufs » d’après l’évêque de Senez Quiquéran de Beaujeu. 
« Il s’en trouve parmi les nôtres, lesquels avec toute leur mauvaise mine, sont pourtant légers, si prompts et ont tant de fougue et de courage et sont de si longue haleine qu’à force de travailler, ils font quasi périr, ceux qui les montent !… C’est une erreur populaire d’estimer nos chevaux de moindre valeur… peu sujets à maladies, ils se soignent avec moins de perte et de frais » (In Quiquéran de Beaujeu, Les Fleurs de la Camargue).
Le roi Louis XIII va essayer de faire grandir nos camarguais en les croisant avec de étalons normands et limousins. En vain car inadaptés à notre région. Plus tard Colbert va faire un autre essai sans succès durable. Sous le roi Louis XIV, 200 chevaux camarguais forment la cavalerie de Jean Laporte, apportant un renfort aux camisards protestants des Cévennes. Agilité, robustesse, appétit d’oiseau… Au 18ème siècle les chevaux camargue sont interdits de sortir du territoire d’Arles. Ils sont utilisés pour le foulage des céréales, comme monture et comme animaux de trait ou de bât. Les plus vieux éventuellement labourent ou traînent des charrettes. La nature des sols camarguais nécessite l’emploi de chevaux de petite taille et robustes.
1729, premiers dépôts d’étalons dans notre région, dix ans plus tard, au dépôt d’Arles on compte 24 étalons camarguais. Les manades vont pouvoir commencer à exister.
Les administrateurs des haras découvrent « la sobriété, la légèreté et la vitesse des chevaux de Camargue, leur aptitude à traverser de grands espaces de terrains fangeux, ou entièrement inondés, la facilité avec laquelle ils supportent la mauvaise nourriture, la rigueur des saisons, la froideur des nuits et le défaut d'abri », ils les proposent pour la chasse, ou la course. Encore des tentatives de croisement sous Louis XV, puis sous l’empereur Napoléon pour en faire un cheval de guerre, mais les chevaux indigènes supportent mieux les hivers, le manque de soins et de nourriture que les chevaux de « race ».
A partir de 1806, le déclin de la race camarguaise est enclenché. Inondations de 1789 et 1791 qui amènent des maladies, les réquisitions napoléoniennes qui incitent les propriétaires à n’avoir que des chevaux impropres aux réquisitions, la destruction des pâturages, des bois….Les paysans n’ont plus besoin du petit cheval pour fouler les grains, la mécanique le remplace. Les juments camarguaises sont saillies par des ânes et leurs petits mulets sont employés pour les travaux agricoles, en particulier dans les vignes. En 1847 le sous-préfet d’Arles mentionne l’existence malgré tout de 3 à 4000 chevaux dans l’ »île de Camargue ».
Nous voyons au travers de l’élevage des chevaux camargue que la Camargue n’a pas été « inventée » par Folco et ses amis.

Folco de Baroncelli devant le Simbèu


Le peintre Paul Hermann dessine à la demande de Folco en 1924 la croix camarguaise symbole de la Nation Gardiane. La première est réalisée par Joseph Barbanson, forgeron aux Saintes-Maries de la Mer. Elle sera inaugurée le 7 juillet 1926 sur un terre–plein de l’ancienne sortie sud-est du village. Croix chrétienne pour la foi, cœur pour l’amour et la charité, une ancre marine en honneur aux gens de mer pour symboliser l’espérance et les trois tridents en honneur aux gardians et à l’âme camarguaise. La croix originelle sera transférée au pont du Mort à l’entrée du village sur la route d’Aigues-Mortes





Les codes vestimentaires des gardians : ils portent le pantalon en peau de taupe, gris-bleu, marron, beige, parfois noir. La chemise à base de dessins provençaux colorés, fantaisie dans un costume un peu sombre. Pour le soir et les événements officiels, la veste de velours noir doublé de rouge. L’indispensable chapeau noir en feutre mou, qui ne devait absolument pas ressembler à un chapeau de cowboy… Le trident, outil, symbole de toute une tradition agro-pastorale du delta du Rhône. En fer, un manche de 2 mètres 50, pour conduire les taureaux, calmer les plus hargneux.

La selle du gardian est très particulière, faite pour rester longtemps sur son cheval. Elle est artisanale, faite sur mesure, pèse jusqu’à 15 kg. Elle a été copiée maintes fois. Les archives la mentionnent en 1690 pour la première fois.



Mais en 1930, à nouveau des problèmes financiers s’accumulent et Folco doit quitter son mas de l’Amarée. Les Saintois lui offrent un terrain sur lequel il construit le mas du Simbèu (le Symbole) et le 1er octobre 1931 il emménage. Le simbèu est aussi dans la manade le taureau à clochette, sorte de vétéran qui calme les autres bêtes, qui les conduit dans les déplacements.
Dans ces années-là, un projet d’assèchement de l’étang du Vaccarès le fait bondir. Il va se battre pour sa Camargue avec un premier projet d’une réserve de protection. Il s’engage et témoigne pour le maire communiste des Saintes-Maries Esprit Pioch déclaré inéligible en 1938. Il prend parti pour les Républicains espagnols lors de la guerre d’Espagne. Folco de Baroncelli s’insurge contre l’agression des Boers, défend les vignerons du Languedoc … Un de ses traits de caractère réside dans ses prises de position en faveur des minorités opprimées. Tournant le dos à une culture de caste. Peut-être avec un manque de diplomatie qui choque les « bien-pensants ».
Et toujours sa chère Camargue : en 1940 il proteste avec véhémence auprès de Daladier après des manœuvres de tirs d’avions dans l’étang du Vaccarès.

Pèlerinage bénédiction de la mer - la barque des reliques des deux saintes
Il s’engage aussi aux côtés des gitans et de leur pèlerinage. La légende dit qu’il avait à peine 10 ans lors de son premier pèlerinage. Une vieille gitane le porta dans ses bras jusqu’à l’autel de Sara et lui dit : « si tu es venu jusqu’ici, c’est que toute ta vie tu protègeras notre peuple ».
A sa demande, Monseigneur Roques archevêque d’Aix en Provence autorise sans enthousiasme que la statue de Sara patronne des gitans soit amenée jusqu’à la mer, la première fois le 25 mai 1935. Il faudra attendre 1953 pour que les prêtres participent à cette procession. Pourtant une tradition qui se perd dans la nuit des temps.



Sara portée par les gitans



Depuis le Moyen-âge, tous les ans, et de toute l’Europe, une foule vient en pèlerinage aux Saintes Maries de la Mer. On ne sait pas quand tout cela a commencé et pourquoi. La légende raconte l’histoire de cette barque sans voile ni rames venant de Palestine qui accosta le rivage camarguais après la mort du Christ. S’y trouvaient Marie Salomé mère des apôtres Jean et Jacques le majeur, Marie Jacobé sœur de la Vierge (selon saint Jean), Marie-Madeleine, Lazare, sa sœur Marthe, Maximin et Joseph d’Arimathie qui transportait le Saint-Graal. Sara la Noire était-elle leur servante égyptienne ? Il semble qu’elle campait avec sa tribu dans la forêt de ce qui sera plus tard Aigues-Mortes. Probablement une tribu celto-ligure indigène. Elle étendit sa robe sur les vagues de la mer et elle rejoignit les saintes. Elle les conduisit vers l’autel païen de sa tribu que les saintes transformèrent en oratoire chrétien. Marie Salomé et Marie-Jacobée restèrent en Camargue avec Sara, les autres voyageurs partirent en Provence, fonder des ermitages.
Un culte se répandit très rapidement bien avant le 12ème siècle. La célébration des saintes est fixée en 1343 au 25 mai et au 22 octobre. On découvre les reliques des saintes vers 1448 dans des fouilles sous l’autel de l’église du village grâce au roi René de Provence. On lui doit la crypte sous le bâtiment où les gitans étaient autorisés à prier Sara leur patronne. Les reliques sont placées dans une chasse installée dans la chapelle haute de l’église. Depuis cette date, elles sont descendues chaque 24 mai et portées jusqu'à la mer.
En 1892 le chemin de fer vient jusqu’aux Saintes. Le pèlerinage va connaitre un retentissement fulgurant. Toute la Provence y vient, en train, en charrette, en carriole. Les gitans ne peuvent pas pénétrer dans l’église, seule une porte dérobée leur permet d’entrer dans la crypte pour leur rendez-vous avec Sara-la-Khali.
Dès 1904 la Nation Gardiane participera aux processions, chevaux blancs, Arlésiennes, gardians en costumes. A partir de 1935 le pèlerinage prend enfin un caractère officiel.
Image rare : dans l'église des Saintes-Maries, la barque des Saintes descendues de la chapelle haute -sept 2017 photo perso

Quelques mots de Laurence Pioch, petite-fille de Esprit Pioch
« Mon grand-père Esprit PIOCH était un homme qui aimait sa terre, son pays "Les Saintes Maries de la Mer" et la Camargue. Il a toujours œuvré dans ce sens et n'a tiré aucun profit de tout ce qui a pu être réalisé sous son mandat de Maire!
Ce que l'on peut retenir de lui, c'est que c'était un avant-gardiste qui a su mettre à l'honneur les Saintes Maries de la Mer en donnant au village une autre physionomie avec la création notamment de la mairie actuelle des Saintes en 1933 et son grand projet le casino qui l'a d'ailleurs fait chuté (...). Son autre ouvre majeure dont on parle peu, c'est la création de la réserve de Camargue en 1927 car c'était un visionnaire et en sa qualité de Conseiller Général, il a pu faire passer les idées de son grand ami le Marquis de Baroncelli avec qui il partageait les mêmes opinions sur les us et coutumes de la Camargue et la protection de ce territoire.
Enfin, Esprit Pioch a permis aux gitans de pouvoir s'installer à l'intérieur des Saintes et d'honorer ainsi leur Sainte "Sara" et renouer ainsi avec les anciennes coutumes.
Je n'ai pas connu mon grand-père mais à travers différents témoignages, je sais que c'était un homme éloquent qui se battait pour ses idées et ses convictions profondes de saintois! « (in blog Nicolas Koukas Patrimoine Mondial de l’Humanité- internet)

Folco et Esprit, des hommes faits pour s’entendre, mais pas toujours compris.

En février 1935 Folco est gravement malade et ne se remet pas de la mort de son épouse survenue le 8 août 1936. A nouveau en 1938. En février 1939 c’est la fin de la manade. En 1940, les troupes nazies arrivent en zone libre et en 1942 elles s’installent dans son mas du Simbeu. Expulsé le 17 février 1943 il s’installe dans le village des Saintes. Il décède le 15 décembre 1943 à Avignon. Le Simbeu est détruit en 1944 par les troupes allemandes lorsqu’elles partent.


Le 21 juillet 1951, les cendres du « Marques » sont transférées dans un tombeau à l’endroit même où se trouvait le mas du Simbèu. Lors de ce transfert, alors que le convoi funèbre longe les prés, les taureaux de son ancienne manade se regroupent et suivent lentement le cortège, comme accompagnant leur maître une dernière fois.
Ainsi, selon sa volonté :
« Lorsque je serai mort, quand le temps sera venu, amenez mon corps dans la terre du Simbeu, ma tête posée au foyer de ma vie, mon corps tourné vers l'église des Saintes, c'est ici que je veux dormir.", le Marquis repose sur les lieux de son dernier mas.


Quelques mots sur son frère Jacques de Baroncelli.
Marie Joseph Henri Jacques né le 25 juin 1881 à Bouillargues dans le Gard. Il décède à Paris en janvier 1951. 9ème baron de Baroncelli-Javon en 1943, puis marquis. D’abord rédacteur en chef du journal l’Eclair, puis le cinéma l’appelle. Il sera réalisateur, scénariste et producteur de cinéma français. On lui doit des films « engagés » pour l’époque tels que le Père Goriot, (1921), et la Duchesse de Langeais (1942), d'après le roman d'Honoré de Balzac, en collaboration avec Jean Giraudoux. Mélodrame avec Nitchevo, Feu Veille d’armes, romantisme avec Pêcheur d’Islande de Pierre Loti, Le Rêve d’Emile Zola…. Un homme tout aussi engagé que son frère.




Sources : www.camargue.fr/pages/histosm.htm-  www.parc-camargue.fr/- -  Musée du Roure Avignon – France3-région.francetvinfo.fr  - ultimathera.free.fr cirques  - lafautearousseau internet  -  blog Nicolas Koukas Patrimoine Mondial de l’Humanité  - occitania-mediatéca-enciclopedica occitania/mediatheque archives municipale de Marseille 33FI3436  -  archives vétérinaires Toulouse  -  Jacques Bonamy Club a Cleda Bouillargues ctlacledabouillargues.com  - BNF  -  généanet Thierry Engels,Pierre de Laubier, Hubert Delcroix..-   Un Indien du Phare Ouest pers.wanadoo.Fr/phareouest/folco  - wikipedia.org/wikiFolco –Lapetitecamargue.fr/histoire (Gisèle)  - Jean de vallière Le Chevalier de Camargue (internet)  - Henriette Dibon Folco de Baroncelli 1982 édit René Nîmes  - Palais du Roure  Le Crépuscule du Marquis édit Palais du Roure 2013  - Robert Zaretsky  Le Coq et le Taureaux 2008  -  Vincent Froehly L’Invention de la Camargue ou la véritable Histoire du  Marquis de Baroncelli documentaire janv 2017 Supermouche Production- FrTélévision France 3Pôle Sud - photos flamands collection privée -



L’anecdote qui suit, nous fait mieux comprendre ce que furent véritablement la nature profonde et l'esprit du Marquis.
Un jour, il fut convié à mener une abrivado à Baillargues, par les « Blancs », soit les Royalistes. Mais, les « Rouges », c'est-à-dire les Républicains, firent tout ce qu'ils purent pour entraver cette réjouissance.
Ainsi, lorsque le Marquis, ses gardians et ses taureaux se présentèrent à l'entrée du village, ils furent assaillis par une foule déchainée de « Rouges ». Ceux-ci firent tant que les taureaux s'échappèrent.
Aidés par les « Blancs », les cavaliers purent rassembler les bêtes ; mais les « Rouges », une fois de plus, les empêchèrent d'entrer ; tant et si bien, que « Rouges » et « Blancs » finirent par se taper dessus les uns les autres.
Ce fut la débandade générale.
Le Marquis, excédé par cette querelle, se leva droit sur ses étriers, le trident en main, et, s'adressant aux uns et aux autres, leur dit :
« Les taureaux ne sont ni rouges ni blancs ; ils sont noirs !!! Alors, vous les voulez ou vous ne les voulez pas ? ».
Cette sentence fit l'effet d'un tonnerre du diable. Tous, stupéfaits s'arrêtèrent bouche-bée. Puis, surprise passée, les antagonistes, rassemblés dans une même foi, assistèrent à l'abrivado en criant :
« Vive le Marquis !!! ».
Read more at http://www.ctlacledabouillargues.com/pages/content/folco-de-baroncelli-la-camargue-son-destin.html#YiW0gQBmELygwQpx.99


Frédéric Mistral –Avignon.midiblogs.com Francine Chabrier de Lafongt 



Tout ce qui est Racines est bon
Sount mort li bastisséire, mai lou temple es basti"
(Frederic Mistral)
(Sont morts les bâtisseurs mais le temple est bâti)








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