mardi 18 juillet 2017

La Fête de la Prise de la Bastille : un malentendu ?




Plan de la forteresse de la Bastille :
les cellules se trouvaient pour l'essentiel dans les différentes tours de l'édifice
( gravure du début du XIXe s. BNF)


"C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches" (Victor Hugo)



La Fête de la Prise de la Bastide : un malentendu ?


Il faut attendre 1880 et la IIIème République pour que le 14 juillet devienne la Fête Nationale de la France, réconciliation du pays de l’Ancien Régime et de celui de la Révolution.



L’Histoire officielle nous raconte que ce 14 juillet 1789, une foule éprise de liberté s’est ruée à l’assaut de la Bastide, forteresse où le roi Louis XVI avait fait emprisonner des centaines d’opposants à  sa politique. Mythe fondateur, nécessaire en ces temps de crise? Mais pourquoi ne pas avoir choisi une autre date pour la fête nationale comme la proclamation de la République (21 septembre 1792) ? Une légende s'est progressivement construite, dans laquelle il n'est pas toujours si aisé de démêler le vrai du faux. La Bastille serait ainsi le symbole de l'absolutisme et de l'arbitraire monarchique, comme l’école et les manuels scolaires nous l’ont appris depuis notre plus jeune âge ; avec des prisonniers par dizaines, détenus dans des cachots sordides et des conditions épouvantables. Que s’est-il vraiment passé ce jour-là ?
« C'était un temps orageux, lourd, sombre, comme un songe agité et pénible, plein d'illusions, de trouble. Fausses alarmes, fausses nouvelles ; fables, inventions de toutes sortes. » nous dit Jules Michelet dans son Histoire de la Révolution Française.

Gravure 26-27 avril 1789 Réveillon et Henriot en effigie BNF
Déjà en avril 1789, la colère grondait à Paris. Les faubourgs subissaient de plein fouet la crise économique. Des milliers de chômeurs, de vagabonds, étaient arrivés de leur province, avec la faim au ventre, espérant trouver du travail dans la capitale. Mais la misère régnait dans Paris. Le prix du blé en juin était au plus haut, le capitalisme et la spéculation étaient en marche. Certains stockaient les céréales pour faire monter les prix. Les faubourgs Saint-Antoine, Saint-Marceau étaient au bord de l’explosion. Une étincelle, une maladresse et la nuit du 26 au 27 avril un cortège de manifestants prit la direction de la Seine sous les cris de Mort aux Riches. En fait, un manufacturier Réveillon avait montré l’hiver précédant des préoccupations sociales en donnant une allocation chômage à ses ouvriers. Le 23 avril, il proposait de faire baisser les prix pour donner du pouvoir d’achat aux ouvriers en supprimant les taxes aux barrières, (sorte de TVA) en vendant ainsi moins cher, mais aussi en réduisant les salaires qui passaient à 15 sous au lieu des 20 habituels. Evidemment les ouvriers qui étaient déjà dans la misère n’ont pas apprécié. Lors de l’émeute, des mannequins représentant Réveillon et un salpêtriez Henriot seront brûlés devant l’Hôtel de Ville de Paris et des maisons seront pillées. 

Assemblée constituante
Le pays vit une période de vide gouvernemental, de crise économique et de tensions politiques. Les députés des Etats Généraux 40 jours plus tôt réunis à Versailles constatent le mauvais état de nos institutions et réclament une constitution et de nouvelles règles de fonctionnement. L’Amérique nous a montré le chemin. La Constituante est proclamée le 9 juillet, entrainant le renvoi par le roi de son populaire contrôleur général des finances Jacques Necker.
Les procès-verbaux des électeurs nous renseignent sur ce qui se passa à l’Hôtel de Ville de Paris en ces journées compliquées. Pour les élections des députés du Tiers Etat, Paris avait été divisé en 60 districts, les électeurs de chacun choisirent un nombre de délégués-électeurs qui devaient élire à leur tour 20 députés pour Paris et rédiger leur cahier de doléances. Mais les quelques 300 délégués refusèrent de se séparer leur mandat terminé, et le 25 juin ils sont rassemblés au musée de la rue Dauphine. Le 27 juin ils ont un local dans l’Hôtel de Ville où ils tiennent séance presque chaque jour. Le 11 juillet ils ne tiennent pas séance, mais le 12, à l’annonce du renvoi de Necker, et sentant l’agitation dans Paris face à cette nouvelle, ils se réunissent pour prendre des mesures. Le 13 ils s’emparent de l’autorité. Une municipalité insurrectionnelle, comité permanent, s’installe à la place de la municipalité royale officielle. Avec à sa tête le prévôt des marchands de Paris Jacques de Flesselles. Une milice est créée, « milice bourgeoise » d’un peu plus de 40 000 hommes pour éviter des débordements. On s’organise. Chaque homme portera une cocarde aux couleurs de Paris rouge et bleu. On cherche des armes pour ces hommes. Le Garde-meuble est mis à sac, mais n’y sont entreposées que des armes de collections anciennes. On fabrique 50 000 piques.
 à l'Hôtel des Invalides-BNF
Le 13, tout s’accélère, une rumeur fait état d’une possible entrée en force dans la capitale des troupes royales pour arrêter les députés. Le journaliste Camille Desmoulins en serait l’origine dès le 12 juillet. Paris est encerclé par des troupes  depuis fin juin. 
Le 14 les délégués envoient à l’Hôtel des Invalides le procureur de la ville Ethis de Corny qui ne peut empêcher la foule d’envahir le bâtiment et de le mettre à sac. Tout l’après-midi, la foule leur réclame des armes. Plusieurs des délégués essaient de rencontrer le gouverneur de la Bastille en vain. Ils ne peuvent que faire état de ce qu’ils voient et entendent.
 « ils furent fort mal informés de ses péripéties; par exemple ils ne surent rien ou presque rien des faits qui amenèrent la reddition de la place; mais ils furent témoins du délire de la foule ; elle réclamait impérieusement la mort des invalides et des suisses de la garnison, …..En un mot, les autorités provisoires, qui s'étaient constituées d'elles-mêmes à l'Hôtel de Ville pendant cette révolution, n'exercèrent qu'une très faible action sur les événements qui se passèrent au dehors et elles n'en eurent qu'une connaissance indirecte et insuffisante ». Jules Flammermont archiviste spécialisé dans l’étude des manuscrits, historien et professeur formé à l’Ecole des Chartes,qui  publia en 1891 « La journée du 14 juillet 1789 ».
Le 14 à une heure du matin, 40 des 50 barrières d’octroi sont incendiées. Ce sont des « frontières » qui contrôlent l’entrée dans Paris des personnes et des marchandises. Une rumeur, encore une, indique que dans le couvent Saint-Lazare et dans la Bastille, du blé serait stocké. Le couvent est pillé vers 6 heures. La marquise de La Rochjaquelein nous raconte : « le 13 juillet 1789, les régiments d Bouillon et de Nassau arrivèrent à Versailles, On les logea dans l’Orangerie ; nous fûmes les voir… Le lendemain, 14 juillet une foule brillante et nombreuse se promenait dans le parterre du midi, au-dessus de l’Orangerie. Les officiers avaient rassemblé la musique qui jouait des airs charmants, la joie brillait sur tous les visages : c’était un tableau ravissant ; mais jamais je n'oublierai le changement subit qui s'opéra. Nous entendîmes d'abord des chuchotements. M. de Bonsol, officiers des gardes du corps, vint à nous, et dit tout bas : Rentrez, rentrez, le peuple de Paris est soulevé ; il a pris la Bastille ; on dit qu'il marche sur Versailles. Nous nous dirigeâmes aussitôt vers notre appartement. Partout la crainte succédait à la gaieté, et en un instant les terrasses furent désertes. »
Le 14, le gouverneur de l’Hôtel des Invalides ouvre les portes aux commerçants et artisans qui raflent 28000 fusils, et 20 bouches à feu. Mais la poudre manque.
« A la Bastille, à la Bastille.. » où l’on pense trouver de la poudre. La Bastille et sa légende noire, symbole de l’arbitraire royal.
La garnison de la forteresse comprend 82 Invalides, des vétérans, et 32 soldats suisses. En face un millier d’émeutiers sans commandement et sans armes lourdes. Le gouverneur de la Bastille le Marquis de Launay, gagne du temps en espérant des secours. Il invite trois délégués émeutiers à déjeuner et s’engage à ne pas tirer. Mais une explosion mystérieuse, et la foule se croit trahie. Elle pénètre dans l’enceinte par le toit du corps de garde et attaque le pont-levis à coups de hache. De Launay perd ses moyens et ordonne de tirer sur la foule : la troupe suisse fait des ravages, une centaine de morts.
Arrivent deux détachements de gardes françaises, soldats professionnels normalement en charge de la sécurité de la capitale. Commandés par deux officiers Elie et Hulin, ils prennent le parti des émeutiers. Deux canons mis en place et l’entrée de la forteresse est incendiée.
Le gouverneur de Launay ordonne le feu à outrance, tente de faire sauter les magasins de poudre. Mais les Invalides demandent un cessez-le-feu. La foule se rue dans le bâtiment par les ponts-levis baissés. Les soldats suisses ont courageusement retourné leurs uniformes et sont pris sur le coup pour des prisonniers. Ils seront saufs, mais la foule lynche les Invalides. De Launay essaie de se suicider, mais il est trainé dans les rues et décapité par un boucher. Sa tête et celles des autres défenseurs de la Bastille seront promenées fichées sur une pique dans les faubourgs de Paris. La Révolution venait de basculer dans la violence, dans un rituel macabre dont elle aura du mal à se débarrasser et qui va l’entacher longtemps.
Les détenus de la forteresse au nombre de sept, dont deux fous. (voir plus loin la liste officielle) Ils sont logés dans des chambres tout confort, avec repas venant de l’extérieur. Ils pouvaient s’entourer de leurs meubles et avoir un domestique. Les cellules ne sont pas fermées, les détenus sont libres d’aller et venir dans la forteresse, de se rencontrer.
Ceci-dit les émeutiers à ce moment-là étaient beaucoup plus préoccupés par le prix du pain et la spéculation sur les blés que par un idéal politique.

La Légende Noire de la Bastille : en 1789 la forteresse n’est plus pour partie une prison d’Etat. Il est d’ailleurs question de la démolir pour faire place à différents projets. La plupart des détenus étaient des gens appartenant aux classes supérieures, placés là à la demande de leur entourage par lettres de cachet, c’est-à-dire sans passer par un jugement, directement par l’administration, par un ministre, parfois par le roi. Une faible minorité était détenue, 4 à 5 %, pour des affaires d’Etat. On est loin de l’arbitraire dénoncé par de Renneville, Mirabeau ou Simon-Henri de Linguet.
Frontispice des Mémoires sur la Bastille de Linguet, 1783.
Le premier en fait un endroit terrifiant comme la Tour de Londres, le second avec son « Lettres de cachet et des prisons d’Etat » publié à Hambourg en 1782. Louis-Sébastien Mercier prophétise la chute de la Bastille dans son « Tableau de Paris ». Depuis une dizaine d’années les intellectuels tricotaient cette légende. En fait la Bastille représentait avant tout ce qui pouvait arriver si……

Sur les sept prisonniers, quatre sont de simples escrocs condamnés par le Parlement de Paris depuis 1787, Jean Antoine Pujade, Bernard Laroche, Jean Béchade et Jean La Corrège. Donc rien à voir en ce qui les concerne avec l’arbitraire royal. Ils seront libérés puis repris quelques jours plus tard. Le plus vieux condamné Auguste Tavernier complice de la tentative d’assassinat contre Louis XV en 1757, condamné avec l’auteur Damiens par le Parlement (Louis XV aurait souhaité une certaine clémence). Il ne sera pas libéré en juillet 1789 mais transféré à Charenton en hôpital psychiatrique. Les deux autres prisonniers sont des aristocrates emprisonnés à la demande de leur famille, le comte Hubert de Solages pour actes de débauche ou crimes atroces supposés, et le comte de Whyte de Malleville à la demande aussi de sa famille pour démence. Tous deux ne seront pas libérés mais transférés à Charenton. Ils y retrouveront le Marquis de Sade transféré lui aussi mais avant les événements du 14 juillet.
De Solage arrêté en 1765 avait aidé sa sœur Pauline de Barrau à fuir son époux. Leur père et le mari berné demandèrent l’incarcération du frère. Théoriquement pour inceste mais plus surement pour affaires de famille et de gros sous.
Les lettres de cachet permettaient aux familles bien nées d’éviter un procès toujours humiliant. La famille payait les frais d’incarcération, ce qui était tout bénéfice pour l’Etat et les familles.

Première déception pour les émeutiers, le nombre de prisonniers et leur qualité. Ils vont en inventer, le squelette du Masque de Fer dans une cave, un vieillard chargé de chaînes qu’ils baptisent le comte de Lorges, , « un malheureux vieillard qui fut trouvé chargé de chaînes, à moitié nu, avec des cheveux et une barbe de divinité fluviale, au fond d'un cachot où ne pénétrait pas la lumière et dont les murailles suintaient l'humidité […]. Le misérable vieillard, qui gisait là depuis des années et des années, fut comme de juste porté en triomphe par les amis de la liberté aux acclamations d'un peuple en délire ». Une vieille armure et du matériel d’imprimerie seront présentés comme du matériel de torture. Des squelettes trouvés enterrés dans un bastion et on conclura à des détenus morts des sévices endurés dans ce lieu… Toutes les rumeurs allaient dans le même sens. Il fallait prouver qu’on était dans le bon chemin, le doute n’était pas permis !!
Miniature de la Bastille sculptée dans une pierre de la forteresse.Musée Carnavalet

Le soir du 14 juillet, 800 ouvriers dirigés par l’entrepreneur Palloy, démolissent ce qui reste de la forteresse. Beaumarchais qui habite en face de la forteresse se dépêche de « sauver » les archives du lieutenant de police hébergées à la Bastille, près de 600 000 feuillets, qu’il restituera plus tard. Mirabeau aurait fait commerce en transformant les chaînes en médailles patriotiques et en vendant des bagues serties d’un fragment de pierre de la forteresse. Palloy récupéra des pierres pour en faire des maquettes de la forteresse envoyées dans tous les départements. Boiseries, ferronneries, tout fut bon à transformer et à récupérer. Le pont de la Concorde serait en partie construit avec cette récupération. Le marquis de Lafayette envoya une des clés de la Bastille à George Washington premier président des Etats-Unis, exposée actuellement au musée de Mount-Vernon aux USA.
Quelle ambiance dans Paris et Versailles ? « Les spectacles étaient fermés depuis plusieurs jours, la Bourse était déserte, et des journaux imprimés exprès pour la cour, annonçaient des représentations théâtrales de chaque soir, et un cours des effets publics dont on haussait progressivement la cotte, depuis le départ de Necker ; et le soir de cette journée du 14 juillet, si féconde en évènement, le roi s'était endormi avec la même sécurité que la veille» (La Bastille par  PJ Dufey, 1833


Une première vague d’émigration chez la noblesse qui sent le vent tourner. Dès le 16 juillet le propre frère du roi en tête, le comte d’Artois, futur Charles X plus tard, le prince de Condé colonel général de l’infanterie, Madame de Polignac, les secrétaires d’Etat de Brooglie, de Villedeuil….. Les Bargeton, et d'autres aristocrates de l'Uzège….
Le 14 juillet 1790 pour le premier anniversaire de la prise de la Bastille, le pays se retrouvera dans une grande fête, la Fête de la Fédération. Une foule immense réunie autour du roi, des députés des 83 départements. Le roi y prêta le serment à la Nation et à la Loi. En 1880, c'est d'ailleurs cette fête de la Fédération de 1790 que les députés décidèrent à l'unanimité de commémorer. Les  élus de droite refusèrent de fêter la prise de la Bastille, le sang avait coulé lors de cette émeute, en particulier celui de nos soldats. 

100 000 fédérés de province parmi 400 000 à 600 000 Parisiens au Champ-de-Mars pour la fête de la Fédération. BNF Graveur Isidore Helman –peintre Charles Monet 1790

Cet épisode marque l’effondrement de l’administration royale. Pourtant il s’agit d’un événement à l’importance militaire très relative, une émeute comme il y en avait régulièrement. Mais toute l’Europe ainsi que Russie Impériale comprise, vont suivre de près la suite. Paris puis une grande partie du pays approuvent les Constituants. La « com » de l’époque va immédiatement récupérer cette journée pour en faire un jour historique avec une mise en scène chargée de symboles. Des gravures triomphales, manichéennes vont porter le message politique républicain, affichées, distribuées. Déclenchant dans la population un espoir qui ne pouvait qu’être déçu par la réalité des jours à venir.

Pour les historiens, le 14 juillet fut une révolte contre la vie chère. On crie Vive de Roi, vive le Tiers Etat. Personne ne songe encore à renverser le roi et la royauté. On brocarde quelques aristocrates, des spéculateurs, des évêques, mais le roi n’est pas visé. Peut-être même a-t-on laissé faire, car cette prison à l’activité très limitée, était une faiblesse dans le système de protection de la ville en cas d’attaque d’une armée ennemie. En matière de défense cette forteresse datait face à de nouvelles architectures. Et puis sa démolition donnera du travail là où cela devenait vraiment nécessaire. Peu de temps avant en 1784 la prison-donjon de Vincennes avait été fermée vidée de ses prisonniers transférés dans d'autres établissements.


De Launay et les défenseurs de la Bastille au bout des piques - Hôtel de Ville de Paris- BNF

Une question se pose : pourquoi cette fête est associée à un défilé militaire alors que l’armée de l’époque n’a pas toujours été du côté du peuple ? Même si ce défilé est intéressant, rassembleur, l’occasion de fêtes……
Dans l’armée on s’interrogeait. Les jours précédents les événements, on enregistrait des désertions dans le régiment de Provence et dans celui de Vintimille, 30 à 70 soldats environ. Mais les désertions étaient monnaie courante dans les armées royales étant donné le mode de recrutement. Le 13 juillet les dragons du Prince de Lambesc assistés des gardes royaux sont dans les jardins des Tuileries et chargent la foule.
Le 14 cinq des six bataillons des Gardes Françaises se mutinent et certains soldats vont rejoindre les émeutiers. Fin juillet le régiment allemand Royal-Hess-Darmstadt cantonné à Strasbourg prend faits et causes pour les émeutiers. Il fut le premier à arborer la cocarde tricolore plus tard.








Sources : commons-wikimédia.org gravure 13 juillet 1789 BNF  et bas-relief Léopold Morice statue de la République place de la République Paris BNF – l’Histoire en questions blog internet – Alphahistory internet – bolg LouisXVI  Assemblée Constituante  overblog.net -  La Prise de la Bastille H Houël 1789 BNF - Gazette de Nimes La Plume Michel Crespy – Guy Chaussinand-Nogaret, 1789, Paris, Éditions Hervas, 1989. - Monique Cottret, La Bastille à prendre : histoire et mythe de la forteresse royale, Paris, Presses universitaires de France, 1986. -  François Furet La Révolution française, t. 1, Paris, Hachette, 1988, 544 p. - Jacques Godechop, La prise de la Bastille, 14 juillet 1789, Folio, 1989. -  Albert Mathiez, La Révolution française, Paris, Bartillat, 2012, 658 p. (ISBN 978-2841005079). -  Claude Quetel, L’histoire véritable de la Bastille, Paris, 2006. – Encyclopédie Larousse en ligne –Horizon-d-Aton-overblog - Chateaubriand T1 Mémoires d'Outretombe - phototrend Ch T Lambert MP40 internet 14 juillet Paris2002-


La Bastille peinte par Hubert Robert avant sa destruction totale ( " La Bastille dans les premiers jours -  musée Carnavalet,Paris
Liste des prisonniers au 14 juillet 1789 – copie authentifiée en 1791 Delessart ministre de l’Intérieur AN –AE/II/1166/c



Phototrend Ch T Lambert MP40 14 juillet Paris 2002


« Prise de la Bastille le 14 juillet 1789 chronique d’un mensonge vivace
(D’après « La journée du 14 juillet 1789. Fragments des Mémoires inédits de L.-G. Pitra, électeur de Paris en 1789 », paru en 1892 « Revue rétrospective », paru en 1834 et « Mémoires d’outre-tombe » (tome I), Chateaubriand paru en 1848) » -in La France Pittoresque juillet 2015

En 1821, François-René de Chateaubriand témoigne dans ses Mémoires d’outre-tombe (publiés en 1848) au sujet du 14 juillet 1789, (à relativiser car l'auteur est sujet à un romantisme excessif en politique)  :

 « Prise de la Bastille. J’assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques Invalides et un timide gouverneur. Si l’on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les Invalides, mais par des Gardes-Françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l’Hôtel de Ville ; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d’un coup de pistolet : c’est ce spectacle que les béats sans cœur trouvaient si beau.
« Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret ; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient, avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la bastille se multiplièrent ; on en envoya à tous les niais d’importance, dans les quatre parties du monde. Que de fois j’ai manqué ma fortune ! Si, moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j’aurais une pension aujourd’hui. »
 « Les experts accoururent à l’autopsie de la Bastille. Des cafés provisoires s’établirent sous des tentes ; on s’y pressait, comme à la foire Saint-Germain ou à Longchamp ; de nombreuses voitures déniaient ou s’arrêtaient an pied des tours, dont on précipitait les pierres parmi des tourbillons de poussière. Des femmes, élégamment parées, des jeunes gens à la mode, placés sur différents degrés des décombres gothiques, se mêlaient aux ouvriers demi-nus, qui démolissaient les murs, aux acclamations de la foule. A ce rendez-vous, se rencontraient les orateurs les plus fameux, les gens de lettres les plus connus, les peintres les plus célèbres, les acteurs et les actrices les plus renommés, les danseuses les plus en vogue, les étrangers les plus illustres, les seigneurs de la cour et les ambassadeurs de l’Europe : la vieille France était venue là pour finir ; la nouvelle, pour commencer. »

 

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