Conte de l'Uzège : Le Bœuf Volant
Voici deux
interprétations de la légende du Bœuf Volant, le Volo-Biou. Au lecteur de
choisir celle qu’il préfère. Pour ma part je préfère la première version, mais
libre à vous.
Dans les Cévennes, chaque année, au bourg de Saint-Ambroix
se tenait la foire à la boureta. C’était une étoffe de laine, bien chaude, bien
résistante. Elle était célèbre dans tout le Languedoc et on venait à la foire
pour préparer l’hiver, et se fabriquer des vêtements bien chauds. On en profitait
pour faire provision de chandelles, de mèches, de lampes, de sabots, des
outils… de tout ce qui est nécessaire pour passer l’hiver. On y vendait des
bœufs, des chèvres, et des jambons, pâtés, oignons…
Les cabarets étaient pleins. Musique, jongleurs, cracheurs
de feu, montreurs d’ours, c’était une belle et grande foire. Les familles se
retrouvaient, les nouvelles bonnes ou mauvaises remplissaient les
conversations.
Mais à mesure que les chemins s’étaient améliorés, que des
routes nouvelles invitaient à aller plus loin, les gens oubliaient Saint-Ambroix et la foire à la boureta. A Nîmes, à Beaucaire, à Alès où
on rencontrait encore plus de monde, la fête y était encore plus grandiose.
Le maire de Saint-Ambroise invita ses villageois à
réfléchir : comment sauver la foire à la boureta ?
- - On ne peut pas empêcher les Cévenols d’aller à
Nîmes, on ne peut pas retenir l’eau d’une source qui veut aller vers la
mer !!
-
- Il faut
organiser un concours agricole avec de grosses médailles d’or
-
- Il faut
faire une grande loterie où l’on gagnera de la boureta, des jambons, des
saucisses, des conserves de champignons
- - Pourquoi ne pas faire renaître la bête du Gévaudan ?
Mais à peine avait-on l’idée que l’on devinait qu’elle était
impossible à réaliser.
-
- Il n’y a
rien à faire dit l’un des aubergistes qui était pessimiste et qui voyait son
tiroir-caisse vide
Le maire malgré toute sa bonne volonté, n’avait rien trouvé
pour relancer la foire de la boureta. Il retournait chez lui le nez penché vers
le sol, les épaules basses, lorsqu’on appela près de lui un homme qui passait
dans la rue.
Cet homme était maigre, des longs cheveux blancs emmêlés.
Son manteau de boureta recouvrait son corps aussi maigre et tordu qu’un cep de
vigne.
- - Viens boire un peu lui disait-on. On veut de
parler
C’était l’ermite qui habitait une baume de la montagne. On
ne l’aimait pas trop ; parfois un agneau disparaissait, il disait que
c’était la part du loup. On l’accusait de faire tomber la foudre dans les bois
ou les champs de blé de ses ennemis pour y mettre le feu..
- - N’est-ce pas toi qui a fait revenir l’eau dans
les sources après un été de sécheresse ?
- - Oui on dit cela. Mais j’ai perdu mes pouvoirs en
vieillissant.
- - Il faut que tu inventes une ruse qui fasse
revenir les gens à la foire. On te fera une belle maison au village si tu veux
un jour quitter ta grotte.
L’ermite réfléchissait. Une voix lui souffla aux
oreilles : « que le bœuf vole, que le bœuf vole. »
- - Qu’est-ce que cela veut dire ? firent les
villageois qui avaient entendu aussi
- - Partez maintenant ; j’ai du travail à
faire, répondit l’ermite.
Les gens de Saint-Ambroix partirent, la foire allait avoir
lieu dans deux semaines et pas de commencement de solution en vue.
Pourtant la parole de l’ermite courut tout le pays. Les gens
se précipitèrent à la foire. Boureta, vin, jambons, moutons se vendaient à tout
va. Ce fut une très belle foire.
- - Où donc est ce bœuf qui vole ? disait-on de
toute part.
On se moquait des naïfs qui attendaient ce bœuf.
Mais lorsque l’horloge de l’église sonna midi, l’air brusquement se déchira. Un immense souffle parcourut la ville et du ciel tomba un stupéfiant rugissement. On osa à peine lever les yeux. Le spectacle était vraiment extraordinaire : un grand bœuf roux avec deux grandes ailes survolait la ville, traversant lentement, majestueusement le ciel.
Mais lorsque l’horloge de l’église sonna midi, l’air brusquement se déchira. Un immense souffle parcourut la ville et du ciel tomba un stupéfiant rugissement. On osa à peine lever les yeux. Le spectacle était vraiment extraordinaire : un grand bœuf roux avec deux grandes ailes survolait la ville, traversant lentement, majestueusement le ciel.
Les gens furent stupéfaits, et surtout émus. On applaudit et
la fête reprit de plus belle. On acheta encore du tissu, du jambon, des
aiguilles, des pâtés, des moutons…
L’ermite ne manqua plus jamais d’œufs, de pain, de fruits de la
part des habitants de Saint-Ambroix. Lui de son côté, faisait voler
chaque année pour la foire son bœuf roux qui attirait de plus en plus de monde.
Mais un jour, l’ermite mourut et le bœuf ne revint pas. Et
les Cévenols délaissèrent peu à peu la foire de Saint-Ambroix pour celles de
Nîmes, Beaucaire….
Sources : d’après Michel Cosem Contes
Traditionnels du Languedoc- dessin Souzine - ASSOCIATION "LA LEGENDE DU VOLO
BIOU" (loi 1901) - 30500 SAINT-AMBROIX - photo wikimedia -
Deuxième
version : les Saint-Ambroisiens tous les 13 et 14 juillet font revivre
la légende du Volo-Biou par des fêtes médiévales célèbres.
Saint-Ambroix |
Voici l’histoire : Une année de récolte très
importante de raisins, les habitants de Saint-Ambroix ne savaient plus quoi
faire de leur vin. Le consul, le maire de l’époque, proposa de faire voler un
bœuf : il le fit annoncer et organisa une grande fête pour l’occasion,
fête où tout le monde était invité à boire à volonté. Le surplus de vin
s’écoula ainsi. Un bœuf fut jeté du haut de la colline le Ranc d’Uzège. Bien
évidemment il s’écrasa au pied de la colline. Mais tout le monde avait passé un
bon moment, et depuis les Saint-Ambroisiens sont appelés les volo biou. Qui
boira, verra !!! Les Alésiens, pas très loin, étaient en période de famine
et ils étaient venus à la cérémonie. Ils avaient profité de l’occasion pour
récupérer les tripes du bœuf et ils devinrent les « mange-tripo ».
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