jeudi 14 octobre 2021

Les Prochaines Pandémies

Les prochaines pandémies :

Le Covid 19 a l’air de vouloir nous lâcher tout au moins dans notre Hexagone. Il va nous falloir tirer un trait, accepter nos fragilités. Les egos des politiques, des scientifiques et de nous tous ont été à rude épreuve !! Beaucoup de certitudes brandies comme des drapeaux qui ont fait un flop ! Et un certain mépris au début de la pandémie pour les systèmes sanitaires des autres pays, parfois même un certain racisme … Vanités des vanités…

Des images dont je voudrais que nous nous souvenions tous, les soignants avec des sacs poubelles en guise de protection, d’autres courbés en deux soutenant une civière dans un avion… C’est aussi cette infirmière canadienne qui est venue prêter main forte. Il serait souhaitable que grâce à cette expérience nos établissements sanitaires ne soient plus sacrifiés au titre de la rentabilité. Mais combien de suppressions de lits d’hôpitaux pendant ces deux ans ? 

Et nous connaitrons d’autres pandémies dont nous sommes en partie responsables.

Dernièrement j’ai lu quelque part que cette pandémie n’était rien par rapport aux inondations que nous avons vécues. Pourtant tout est lié et le nier c’est n’avoir pas encore compris les enjeux.

Un article de Pascale Barlet (Que Choisir n°L12260) essaie de nous alerter. Le Covid 19 est une zoonose « c’est à dire une infection dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’être humain ».  Les virus, les bactéries, les parasites sautent le matelas-barrière d’espèces pour infecter directement l’être humain. Depuis une vingtaine d’années ce type de pathologies augmente peu à peu. 75% des maladies émergentes comme le sida, Ebola, la grippe aviaire, le Stras en sont des exemples. Ici et là en Europe les renards, les sangliers, les oiseaux migrateurs comme les oies nous infectent au gré de leurs propres pathologies. 60% des maladies humaines déjà existantes relèvent de ce processus. Jusqu’à présent, elles étaient compagnes de la pauvreté, de la famine ou de la sous-alimentation, du mal-logé, de la méconnaissance, du manque d’hygiène. Le Covid nous a appris que ce n’est plus totalement le cas. Pourquoi cette évolution ?

Jean Luc Angot président honoraire de l’Académie Vétérinaire nous raconte l’épisode du virus Nipah en Malaisie en 1998. Des chauves-souris frugivores ont transmis ce virus à des élevages de porcs. Elles déposaient leurs déjections sur les fruits des vergers proches des fermes, les porcs mangeaient ces fruits et contaminaient ainsi les hommes. Ces chauves-souris ont été délogées de leur habitat naturel, la forêt sauvage, déboisée pour une culture intensive du palmier à huile. D’où une modification en profondeur de la biodiversité locale. Or nous savons maintenant qu’un écosystème appauvri favorise le passage des maladies des animaux à l’homme. On parle de « phénomène de dilution » : plus un milieu est diversifié, plus la faune et la flore forment un rempart aux épidémies, diluant la circulation des agents pathogènes.

Nous déboisons pour construire une route, un barrage, un lotissement, une usine qui vont apporter un progrès certain aux habitants. Comment en vouloir au paysan chinois qui a envie d’avoir l’eau courante chez lui, une route pour vendre ses légumes, au paysan africain qui a besoin d’un chemin carrossable pour envoyer ses enfants à l’école, des revenus pour vivre décemment …. Et nous Occidentaux, nous avons fait sauter les haies à tout va, bétonner des champs pour construire des « grandes surfaces » qui semblent maintenant totalement obsolètes, des autoroutes pour aller plus vite, plus loin… Nos poubelles abandonnées, nos décharges nourrissent des animaux dont ce n’est pas le régime alimentaire. Dernièrement Rome envahie par des hordes de sangliers se nourrissant des poubelles …. Les moins jeunes d’entre nous se rappelleront des pigeons dans la ville de Lyon, trop nombreux et porteurs du virus de la poliomyélite dans les années 1955/1960.  Ces pigeons faisaient l’objet d’une pratique récente : il était devenu habituel de les nourrir pour faire des photos avec eux. Ils picoraient dans les mains, se posaient sur la tête, sur les épaules des enfants… Malheureusement ils avaient copiné avec des pigeons venant d’Espagne porteurs du virus. Et plus récemment l’épidémie d’infections pulmonaires en Finlande apportées par les oies sauvages en trop grand nombre dans les parcs des villes.

Nous sommes un peu moins de 8 milliards d’individus sur Terre. La concentration de population dans les grandes villes est facteur aggravant des contaminations. Mais nos déplacements fragilisent aussi les petites villes, nos campagnes.

D’après la Plateforme Intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) créée en avril 2012, un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction et on estime à environ 800 000 virus possibles de type zoonose.

Il est assez probable que pour l’origine de la contamination au coronavirus, on va privilégier l’hypothèse d’une fuite d’un labo. D’abord cela embêtera la Chine. Et puis sommes-nous prêts pour accepter l’idée que nous faisons partie d’un ensemble d’écosystèmes, tous dépendants les uns des autres. Contre la destruction d’une forêt, d’une garrigue, de champs, qui va refuser l’implantation d’un lotissement qui va rapporter des impôts, du sang neuf, des enfants pour l’école ? Comment demander à un Africain de réduire sa consommation de viande quand il a enfin la possibilité d’en manger ?.... Suffit-il d’arrêter de consommer de l’huile de palme pour sauver la forêt indonésienne ? Sommes-nous prêts de laisser reposer quelques heures nos portables, nos smartphones pour réduire la consommation électrique des data-center ? Pour l’instant, notre besoin de progrès, de confort, notre manque de modestie, nous pousse toujours plus loin dans notre « invasion » de la planète au détriment des autres espèces. Alors qu’il faudrait rechercher un équilibre entre notre espèce et les autres.

Il nous faut repenser nos modes de vie, transport, tourisme, alimentation, agriculture mais la pauvreté et le dérèglement climatique à l’échelle planétaire, les lobbys n’aident pas à une prise de conscience éclairée. Et avons-nous le temps d’avancer à petits pas ?

NB : l'ARN Messager a été découvert par des chercheurs français de l'Institut Pasteur (Jacob et Monod) qui ont obtenu le prix Nobel en 1961.  

  






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