mercredi 14 avril 2021

Darwin et le ver de terre

 

Darwin et le ver de terre

 


Avec le printemps, les vers de terre s’activent dans nos jardins.

Nous devons à l’anglais Charles Darwin la théorie de l’évolution. Théorie qui va révolutionner la pensée humaine et scientifique. Il se penche sur l’origine des espèces et la sélection naturelle ou la lutte de tout le vivant pour exister et survivre aux modifications de la nature, qu’elles soient naturelles ou de la main de l’homme.

Un de ses centres d’intérêt que l’on connait peu, c’est le ver de terre. On a plus retenu ses travaux sur les singes. Une de ses premières communications devant la Société de Géologie de Londres en 1837 porte sur « la formation de la terre végétale » et son dernier livre en 1881 s’intitule « La formation de la terre végétale par l’action des vers de terre et quelques observations sur leurs habitudes ». Nous pouvons dire qu’il a commencé et terminé sa carrière scientifique avec le ver de terre !

Entre parenthèses, chauvinisme oblige, il a repris avec son compatriote Alfred Wallace, l’hypothèse du français Jean-Baptiste Lamarck qui pensait que toutes les espèces vivantes ont évoluées au cours du temps, changements dus au processus de sélection naturelle.

En 1837 Darwin a 28 ans. Il vient de terminer un tour du monde de 5 ans. De son périple il ramène d’énormes collections de plantes, d’animaux, fossiles. Sa tête fourmille de nouvelles théories. Il est déjà célèbre dans le monde scientifique anglais.

Son intérêt pour le ver de terre démarre lors d’une visite chez son oncle maternel Josiah Wedgwood. Celui-ci lui fait remarquer que sa pelouse actuelle était huit ans auparavant recouverte de fragments de briques, de marnes, de cendres. Le tout maintenant a disparu, enterré. L’oncle pense que l’enfouissement de ces déchets a été fait par les vers de terre. Darwin creuse un fosse dans le sol, (on dit un profil scientifique), et la coupe révèle effectivement les déchets décris par l’oncle, à plus de 15 cm de profondeur. Les vers de terre ont fait « remonter » 15 cm de terre végétale que nous devrions appeler « terre animale » puisqu’elle est issue du tube digestif de l’animal !!

Une correspondance abondante entre Darwin et ses confrères anglais ou étrangers, des expériences et des observations menées avec l’aide de trois de ses fils aboutissent à une étude approfondie de cette espèce publiée en 1881 quelques mois avant le décès de Darwin (« avant qu’il ne les rejoigne » comme il aimait à le dire). Cet ouvrage sera un best-seller, 3500 exemplaires, traduit dès 1882 en russe, allemand et italien, et après trois ans réédité.

Ce qu’apporte le ver de terre à l’homme :

-         Formation des sols, fertilité des terres, croissance des plantes, brassage répété du sol, incorporation des matières organiques, enrichissement du sol….

-         -transformation des paysages par l’érosion, le transport des particules et la sédimentation des lacs, fleuves et océans…

-         Protection des vestiges archéologiques par recouvrement ….

Darwin va plus loin que l’étude de la simple utilité du ver de terre. Il étudie son comportement, en précurseur de l’éthologie animale.

Avec lui nous apprenons que le ver de terre n’a pas d’yeux mais est sensible à la lumière et à l’obscurité. Il est sourd mais est sensible aux vibrations. Il a le sens du toucher ; malgré une faible capacité d’odorat il a des préférences alimentaires : oignon, chou rouge … Darwin démontre aussi une forme d’intelligence du ver ce qui inquiète et soulève le voile pudique de l’époque sur l’intelligence animale.

Darwin réhabilite le ver de terre, jugé indésirable au 18è et 19ème siècle. Pourtant nos très-anciens le considéraient de manière positive. Pour Aristote, il était l’intestin de la terre, pour les Egyptiens c’était un animal sacré, le maltraiter était sacrilège et offensant pour le Dieu de la Fertilité…

Après Darwin, le ver de terre redevient utile et bénéfique. On lui attribue même « intelligence et bienfaisance ».


Sources et pour en savoir plus : Christian Feller La Nouvelle Cigale Uzégeoise janvier 2010--  L’Origine des espèces [édition du Bicentenaire], Genève, Slatkine, 2009. Et Paris, Champion Classiques, 2009 (format poche).--- La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, Genève, Slatkine, 2012. Et Paris : Champion Classiques, 2013 (format poche).---Denis Buican, La révolution de l’évolution. L’évolution de l’évolutionnisme, Paris, PUF, « Histoires », 339 p., 1989.--- /fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin

-…..

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.