mercredi 24 novembre 2021

Jeanne Labrosse Première femme parachutiste

 

André Garnerin et Jeanne Labrosse par Christoph Haller von Hallerstein-1803

Jeanne Labrosse-Gernerin première femme parachutiste

En ce moment un futur candidat aux élections présidentielles tient des propos sur les femmes extrêmement bizarres. Entre autres « les femmes sont le but et le butin de tout homme doué qui aspire à grimper dans la société. Les femmes le reconnaissent, l’élisent, le chérissent ». J’espère qu’elles s’en souviendront lorsqu’elles mettront leur bulletin de vote dans l’urne.

Je vais évoquer ici une femme qui n’était pas une petite chose fragile.  Le 12 octobre 1799, Jeanne Geneviève Labrosse devient la première femme parachutiste avec un saut d’une hauteur de 900 m depuis un ballon à hydrogène.

Le mot parachute est inventé par le physicien Louis Sébastien Lenormand : l’engin ainsi désigné est une toile cerclé de bois. Il saute de l’observatoire de la tour de la Babote de Montpellier le 26 décembre 1783.(sur ce blog Montpellier la Tour de la Babote 26/08/2018). Dès lors on commence à expérimenter le parachutage de petits animaux. Le physicien Blanchard se joint à Lenormand.

Au départ et depuis la bataille de Fleurus (1794), le parachute pourrait être un dispositif de secours pour sauver la vie des aérostiers militaires embarqués dans des ballons d’observation. Le ballon à Hydrogène est inventé par le physicien Charles. Un temps d’arrêt dans les recherches : Garnerin est emprisonné en Belgique par les Autrichiens en 1794. Il reste trois ans à Bude en captivité. Il imagine alors un système de toile et de cordes pour sauter des remparts de sa prison sans se tuer. Ses gardiens découvrent ses préparatifs et lui ôtent les moyens de continuer.

A sa libération, sans fortune, il lui faut trouver des moyens d’existence. Comme Blanchard il se fait aéronaute. Il va mettre au point son futur parachute. En 1796, il parachute un chien à partir d’un balcon, puis c’est son tour. Après deux échecs il réalise son saut le 22 octobre 1797 au-dessus de la Plaine Monceau à partir d’un ballon à hydrogène à 680m d’altitude.

 « Cette expérience a consisté, précise-t-il, à m’élever à 350 ou 400 toises (7 à 800 mètres) dans l’atmosphère, pour m’abandonner à cette hauteur à la merci d’un parachute qui embrasse une colonne d’air qui a pour base un cercle de 23 pieds (soit près de 7 mètres). Je le construisis en toile de canevas très légère, recouverte de papier des deux côtés. Le poids de ce parachute avec tous ses agrès est de 34 livres (16,6 kilos), celui de la nacelle de 19 livres (un peu plus de 9 kilos) et le mien de 113 livres (soit 57 kilos), en tout 169 livres. »

Sa technique est la suivante : il s’élève avec un ballon à hydrogène, puis il coupe les cordes de la nacelle et redescend dans celle-ci, le parachute en panneaux de soie déployé au-dessus de lui. Il s’en tire avec un genou un peu brutalisé, mais rentre chez lui à cheval nous assure le journal « L’Ami des Lois ».

Mais rapidement, les ascensions en ballon, les sauts en parachute deviennent des attractions parfois lucratives qui annoncent les futurs meetings aériens. Les aéronautes professionnels des deux sexes deviennent des stars qui attirent des foules considérables.


.(Journal des Dames et des Modes, 1797-1798.Garnerin et Céléstine Henry)

Les pouvoirs publics s’inquiètent malgré tout. Garnerin prévoit d’emmener dans sa nacelle Célestine Henry de 21 ans, un arrêté lui barre le chemin en vain : " le spectacle de deux personnes de sexe différent, s’élevant publiquement à ballon perdu, est indécent, immoral... ». Et » Garnerin n’a pu garantir les inconvénients qui pouvaient résulter de la seule pression de l’air sur les organes délicats d’une jeune fille".

Jeanne Geneviève Labrosse est née en 1775 et est morte en 1847. Elle était dans la foule, le jour où Garnerin fit le premier saut en parachute de l'Histoire. Comme les gens présents ce jour-là, elle fut fascinée et devint une de ses élèves. 

L’exploit de Jeanne Labrosse est rapporté dans le livre « Championnes » de Lorraine et Clémentine Kaltenbach (édit Arthaud janvier2019) :

"A 14 h, elle monte dans la nacelle, tandis que Garnerin s’affaire pour imprimer à l’aérostat l’élan nécessaire au décollage. Puis dans une atmosphère recueillie, la sphère s’élève dans les airs, tandis que d’une voix assurée, Jeanne s’exclame : "Adieu tout le monde !"  La jeune femme manifeste un sang-froid imperturbable durant toute l’ascension. La foule retient son souffle et suit la "créature sublime" qui monte, monte toujours. Le ballon s’élève jusqu’à 900 mètres d’altitude, et c’est depuis cette hauteur vertigineuse que la citoyenne Labrosse, équipée de son parachute enjambe la nacelle…"

Jeanne qui a épousé Garnerin entre temps, dépose le 11 octobre 1802 le brevet n°195  du parachute au nom de son mari, appareil destiné à ralentir la chute de la nacelle d’un ballon après l’explosion de celui-ci.

Le parachutisme, une histoire de famille : sa nièce Elisa Garnerin sera parachutiste professionnelle de 1815 à 1836.

Bien plus tard Jeanne ouvre une pension de famille pour militaires avec Marie-Thérèse Figueur connue sous le nom de Madame Sans-Gêne ancienne dragon des armées d’Italie et des Pyrénées-Orientales sous l’Empire.

 

Lucienne Blaise, sera  la première femme à sauter en parachute depuis un aéroplane, elle accomplit cet exploit le 17 mai 1914.


Source et pour en savoir plus : /fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Labrosse -- Lorraine Kaltenbach et Clémenine Portier-Kaltenbach (historienne et journaliste), Championnes : Elles ont conquis l'or, l'argent, le bronze, Paris, Flammarion, coll. « Arthaud poche », janvier 2019, 25 p. (ISBN 978-2-0814-4497-3lire en ligne [archive]), p. 29-33---Jules Duhem, Histoire des idées aéronautiques avant Montgolfier [archive], Paris, Fernand Sorlot, 1943-- www.parachutistes.org/accueil/actualites/item/249-jeanne-labrosse-garnerin.html--France Pittoresque internet D’après « La navigation aérienne » (par Arthur Mangin) édition de 1869,« Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d’invention, de perfectionnement et d’importation,dont la durée est expirée » (Tome 2) paru en 1818 et « Histoire des grands inventeurs français du XIVe siècle à nos jours » (par Philippe Valode) paru en 2015)-- http://gimp-savvy.com/cgi-bin/img.cgi?noabMl9FZNsD7pY2496

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.