mercredi 10 janvier 2024

Projet de guerre chimique

 

Jean-Baptiste Carrier (1756-1794).
Gravure extraite du Livre rouge : histoire de l’échafaud en France paru en 1863

 

Guerre chimique en 1793 ?

Nos stratèges en matière de guerre ne manquent jamais d’imagination. En 1793, un projet de guerre chimique pour éliminer les Vendéens trotte dans bien des têtes de quelques responsables républicains.

En particulier dans la tête du sinistre Carrier et de son compère Santerre.

Le 9 novembre 1793, Jean Baptiste Carrier, qui va s’illustrer dans les « noyades de Nantes », cherchait des procédés plus efficaces pour éliminer les opposants à la République : « Vous avez à délivrer le pays d’un chancre qui le dévore. Le poison est plus sûr que toute votre artillerie. Ne craignez donc pas de le mettre en jeu. Faites empoisonner les sources d’eau. Empoisonnez du pain que vous abandonnerez à la voracité de cette misérable armée de brigands, et laissez faire l’effet. Vous avez des espions parmi ces soldats qu’un enfant conduit. Lâchez-les avec ce cadeau et la partie sera sauvée. »

Ici et là on fait provision de toxiques. Savin écrivait à Charrette :  « Nous fûmes vraiment étonnés, écrivait Savin à Charette, le 25 mai 1793, de la quantité d’arsenic que nous trouvâmes à Palluau au commencement de la guerre. On nous a même constamment assuré qu’un étranger qu’ils avaient avec eux et qui fut tué à cette affaire, était chargé d’assurer le projet d’empoisonnement contre nous. »

Un pharmacien, Proust d’Angers, fait des essais sur un troupeau de moutons dans un pré de la Baumette : des boules tueuses destinées à être respirées… mais le procédé échoua. Leur odeur intoxiqua les voisins mais ne les tua pas !

On pensa à des gaz soporifiques. C’est le général Antoine Joseph Santerre qui les conseilla. On l’appelait « général roulement » car au moment de l’exécution de Louis XVI, il avait ordonné un roulement de tambour pour couvrir la voix du souverain sur la guillotine… Il proposa au ministre de la guerre « des mines, des mines, des fumées soporifiques et puis tomber dessus »…

Le 11 septembre Jean Antoine Rossignol demandait au Comité de Salut Public l’envoi du chimiste Antoine François Fourcroy pour « aider à la destruction des brigands ». Celui-ci ne se dérangea pas mais fit un rapport à la demande de Robespierre, rapport introuvable à ce jour.

Heureusement les généraux n’aimaient pas ces moyens ; ils craignaient surtout que les Sans-Culottes et les Bleus soient aussi victimes de ces procédés. Ils pouvaient par mégarde boire l’eau ou manger le pain empoisonnés. Quant aux fumées soporifiques, elles ne s’arrêteront pas à la ligne de front !!! Le général Jean-Baptiste Kléber, dit-on, mis au courant des propositions de Carrier, menaça de lui passer son sabre au travers du corps.

A lire à l’occasion : Paul Delaunay « La pharmacie et la guerre chimique An I et II » 1933  Revue d’ Histoire de la Pharmacie p131-132 Persée Internet--


Antoine-Joseph Santerre (1752-1809). Gravure d’Auguste Raffet réalisée en 184

 

 

 


 

 

 

Sources et pour en savoir plus : La France Pittoresque 20/11/2023----/www.lysardent.fr/2012/09/30/projet-de-guerre-chimique-en-1793-pour-eliminer-les-vendeens/---- www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/guerres-de-vendee-il-faut-enfin-crever-labces-1459644---  Paul Delaunay « La pharmacie et la guerre chimique An I et II » 1933  Revue d’ Histoire de la Pharmacie p131-132 Persée ---

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