Montréal,
en 1750, 13 ans avant le traité de Paris. Domaine public
Quand
les Canadiens voulaient être français
Actuellement nous voyons des
dirigeants politiques lorgner sur les terres de leurs voisins, sans vergogne,
se justifiant par des mensonges qui se veulent historiques, sans s’occuper des
habitants de ces territoires, de leurs envies, de leur culture…. Depuis la nuit
des temps, resurgissent des prétentions territoriales, trop souvent dans des
bains de sang. Nos très lointains ancêtres visaient les territoires de chasse
et les femmes des tribus voisines. Evolution ??
Mais parfois des peuples
appellent au secours contre l’envahisseur. Ce fut le cas des Canadiens contre
les Anglais en 1805.
Depuis 1791 les Canadiens
d’origine française vivent sous l’Acte Constitutionnel. Dans le bas-Canada ils
sont fortement majoritaires. Mais la minorité britannique détient le pouvoir.
Ce qui entraine rapidement des querelles entre cette minorité et les députés
canadiens de l’Assemblée. Des querelles qui mèneront petit à petit à des
soulèvements dont la rébellion des Patriotes de 1837 et les morts du village de
Saint-Eustache…
En septembre 1805,
Jean-Baptiste Noreau, canadien de Saint Constant, débarque à Bordeaux. Il a
traversé l’Atlantique à bord d’un navire américain en provenance de New-York.
Il représente un groupe de onze Canadiens de la rive sud de Montréal. Il doit
contacter l’empereur Napoléon ou du moins il est porteur d’une missive, lettre
et pétition, pour le souverain.
Cela fait 42 ans que la
Nouvelle-France a été cédée à l’Angleterre par le traité de Paris de 1763. En
France, la Révolution de 1789 a transformé le pays pendant une dizaine
d’années. L’Empire est instauré et Napoléon rêve de conquêtes en l’Europe et d’implanter une dynastie
familiale.
Dans cette lettre, conservée aux archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de France, les signataires demandaient à l’empereur de reconquérir le Canada pour « que les Canadiens puissent porter de nouveau le nom glorieux de Français ». Attachement, affection envers l’ancienne mère-patrie ?
Les douze signataires s’engagent « à
subvenir aux frais que cette entreprise exigera ». Ils « sont «prêts à tout
entreprendre, à la première vue des Français que nous regardons toujours comme
nos frères». « Un bon général français mettra les Anglais en échec et
les boutera hors du Canada »..
Le découvreur de cette missive est le chercheur Sylvain Pagé.
L’Empereur, a-t-il lu cette lettre et cette pétition ? A peine
descendu du bateau, Jean Baptiste Noreau fait un malaise et est hospitalisé
dans un hospice d’où on perd sa trace. Quelle aurait pu être la réponse de
l’Empereur ?
Durant le Consulat, des projets de reconstituer l’empire colonial français
en Amérique du Nord avaient été échafaudés. Mais la situation est différente en
1805. Napoléon vient de vendre la Louisiane aux Etats-Unis. La bataille de
Trafalgar en octobre voit la défaite de la flotte franco-espagnole et
l’empereur va se concentrer sur le continent européen. Nous sommes à la veille
de la victoire d’Austerlitz (en décembre) qui marque l’apogée du règne de
l’Empereur.
Pourtant une lettre de Talleyrand ministre des Affaires Etrangères
français, en 1802 adressée à l’ambassadeur de France à Londres, montre que nous
nous tenons informés de la situation coloniale des Canadiens et de leurs sentiments vis-à-vis de la
France. Peut-être que la reconquête du Canada était envisagée mais la
conjoncture géopolitique n’était pas favorable….
Sources et pour en savoir plus :
Martin Lavallée octobre2023 www.journaldequebec.com/auteur/martin-lavallee---