vendredi 25 avril 2025

Quand les Canadiens voulaient être français

 


Montréal, en 1750, 13 ans avant le traité de Paris. Domaine public

Quand les Canadiens voulaient être français

Actuellement nous voyons des dirigeants politiques lorgner sur les terres de leurs voisins, sans vergogne, se justifiant par des mensonges qui se veulent historiques, sans s’occuper des habitants de ces territoires, de leurs envies, de leur culture…. Depuis la nuit des temps, resurgissent des prétentions territoriales, trop souvent dans des bains de sang. Nos très lointains ancêtres visaient les territoires de chasse et les femmes des tribus voisines. Evolution ??

Mais parfois des peuples appellent au secours contre l’envahisseur. Ce fut le cas des Canadiens contre les Anglais en 1805.

Depuis 1791 les Canadiens d’origine française vivent sous l’Acte Constitutionnel. Dans le bas-Canada ils sont fortement majoritaires. Mais la minorité britannique détient le pouvoir. Ce qui entraine rapidement des querelles entre cette minorité et les députés canadiens de l’Assemblée. Des querelles qui mèneront petit à petit à des soulèvements dont la rébellion des Patriotes de 1837 et les morts du village de Saint-Eustache…

1837 Habitants du Bas-Canada -domaine public

En septembre 1805, Jean-Baptiste Noreau, canadien de Saint Constant, débarque à Bordeaux. Il a traversé l’Atlantique à bord d’un navire américain en provenance de New-York. Il représente un groupe de onze Canadiens de la rive sud de Montréal. Il doit contacter l’empereur Napoléon ou du moins il est porteur d’une missive, lettre et pétition, pour le souverain.

Cela fait 42 ans que la Nouvelle-France a été cédée à l’Angleterre par le traité de Paris de 1763. En France, la Révolution de 1789 a transformé le pays pendant une dizaine d’années. L’Empire est instauré et Napoléon rêve de conquêtes en  l’Europe et d’implanter une dynastie familiale.

Dans cette lettre, conservée aux archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de France, les signataires demandaient à l’empereur de reconquérir le Canada pour «  que les Canadiens puissent porter de nouveau le nom glorieux de Français ». Attachement, affection envers l’ancienne mère-patrie ? 

Les douze signataires s’engagent « à subvenir aux frais que cette entreprise exigera ». Ils « sont «prêts à tout entreprendre, à la première vue des Français que nous regardons toujours comme nos frères». « Un bon général français mettra les Anglais en échec et les boutera hors du Canada »..

Le découvreur de cette missive est le chercheur Sylvain Pagé.

L’Empereur, a-t-il lu cette lettre et cette pétition ? A peine descendu du bateau, Jean Baptiste Noreau fait un malaise et est hospitalisé dans un hospice d’où on perd sa trace. Quelle aurait pu être la réponse de l’Empereur ?

Durant le Consulat, des projets de reconstituer l’empire colonial français en Amérique du Nord avaient été échafaudés. Mais la situation est différente en 1805. Napoléon vient de vendre la Louisiane aux Etats-Unis. La bataille de Trafalgar en octobre voit la défaite de la flotte franco-espagnole et l’empereur va se concentrer sur le continent européen. Nous sommes à la veille de la victoire d’Austerlitz (en décembre) qui marque l’apogée du règne de l’Empereur.

Pourtant une lettre de Talleyrand ministre des Affaires Etrangères français, en 1802 adressée à l’ambassadeur de France à Londres, montre que nous nous tenons informés de la situation coloniale des Canadiens  et de leurs sentiments vis-à-vis de la France. Peut-être que la reconquête du Canada était envisagée mais la conjoncture géopolitique n’était pas favorable….

Sources et pour en savoir plus : Martin Lavallée octobre2023 www.journaldequebec.com/auteur/martin-lavallee---

 

jeudi 10 avril 2025

Uzès le Duc--en Algérie

 


 


UZES-LE-DUC  en Algérie


En 1894 en Algérie le village de Fortassa devient Uzès-le-Duc par décision du conseil municipal de la commune mixte de Cacherou. Il s’agissait d’honorer le jeune duc d’Uzès Jacques-Marie Géraud de Crussol (1868-1893) décédé au Congo à Cabinda. Il faisait partie d’une expédition coloniale et combattait contre les « Banda dans la vallée de Kotto dans l’actuelle République Centre-Africaine.

 

La région de Fortassa à l’époque romaine faisait partie de la Maurétanie Césarienne et le village s’appellera Frontensis jusqu’à l’époque ottomane et la colonisation française (1515-1830-1962). Puis ses habitants prononceront Fortassa, nom d’un bourg situé à quelques 50 km de Mascara. Après l’Indépendance en septembre 1965, ce bourg prenait l’appellation de Oued El Abtal, nom d’une bataille de 1804 gagnée par les combattants soufis contre les Ottomans.

Ce village à moins de 300 m d’altitude se situe dans l’ouest algérien.

La haute plaine de Mascara est colonisée plus tard que celle de Tlemcen (1842-1897) et plus tard que celle de Sidi Bel Abbas (1849-1875). Mais on peut penser que les environs de Mascara furent cultivés dès 1848. Cependant la véritable exploitation agricole de la région ne commencera qu’après 1870.

La ligne ferroviaire entre Perregaux, maintenant Mohammadia, et Saïda (120 km) va développer l’économie et augmenter sa population. En 1879 cette ligne est inaugurée, Mascara y est relié en 1886. Grâce au train, Uzès le Duc va devenir un centre commercial important avec en particulier son marché du lundi très fréquenté. La population peut y écouler ses productions maraichères et s’approvisionner. Les embauches pour les moissons ou les labours s’y faisaient aussi.

 (vers 1900) Gendarmerie et mairie Uzès le Duc

A l’origine, un peuplement assez faible, une trentaine d’immigrants et 70 Algériens. En 1886, deux ans après la création d’Uzès le Duc, on compte 142 habitants, et en 1901, 485 personnes dont 222 Français, 193 Algériens et 70 étrangers. De 1872 à 1902, on enregistre une petite centaine de naissances. La région va profiter de l’élan économique : la population de la tribu des Chellog passe en 1886 à 2739 âmes, en 1891 elle était de 3102, et en 1901 de 3752, soit une augmentation de 1013 unités en quinze années.

Les souvenirs de Monsieur Jules Alcaras: « Uzes le Duc était un petit village avec une démographie européenne très faible par contre entouré par un nombre très important de Douars dominés par des familles de fellahs. L'activité du secteur était orientée vers les céréales (européens) et l'élevage bovins et bovins pour la population Arabe. Les rendements étaient faibles. Les échanges économiques se faisaient soit vers Prevost Paradol soit vers Djilali Ben Amar. »  

 (Mairie)

Un bourg essentiellement agricole avec 4 000hectares de terres à  céréales, 50 de vignes, 30 de cultures maraichères, jardins, arbres fruitiers… Des animaux de ferme, quelques bœufs, des moutons, des chèvres en grand nombre, des chevaux, des mulets. Des constructions agricoles, un moulin à farine… Les Européens se spécialisent dans la culture des céréales, les Arabes pratiquent l’élevage. Un inventaire enregistre 350 charrues.

En 1892, deux jours de sirocco et les sauterelles et criquets anéantissent les récoltes. Les sols sont pauvres et dans nombre de concessions, 10 à 15 hectares seulement sur 30 à 35 pouvaient être cultivés avec de réels profits.

 Situé entre deux rivières, la Mina et l’Oued El Abo, le village sera dans ses débuts, très sensible aux fièvres paludéennes. Des travaux pour amener l’eau des sources du Mediaref ainsi qu’une politique de plantation vont améliorer la situation sanitaire.

La nouvelle gare vers 1930


4 juin 1949 création de l’équipe du Galia Club Uzesienne


 

Un auteur à lire, Djebbar Abid né le 1er octobre 1953 à Oued El Abtal (ex Uzès-le-Duc) en Algérie. Enseignant retraité, il est collaborateur au journal Le Quotidien d’Oran, le journal français de l’ouest algérien, et au journal La République, en arabe.
Il a édité un essai en français intitulé Tranche d’histoire de Fortassa aux Éditions Dar Gharb d’Oran en Algérie.


Monument à la gloire du jeune duc d’Uzès, tout en symbole de l’époque, drapeau, pose triomphante et rameurs africains courbés par l’effort

 

Sources et pour en savoir plus : /jeanyvesthorrignac.fr/wa_files/info_539_uzes_le_duc.pdf--- Brigitte Martinez Le Républicain d’Uzès et du Gard n)4007 11 juillet 2024-----bnafn.fr/Sites/SITE%20ALGERIE%20MA%20MEMOIRE----JY.Thorrignac/wa_files/info_539_uzes_le_duc.pdf--  www.vitaminedz.com/fr/Algerie/fortassa-uzes-le-duc-oued-el-7183767-Articles-0-0-1.html---