samedi 4 juillet 2020

Charles-Marie de Buonaparte


Charles-Marie de Buonaparte



Il a dit :
Si pour être libres, il ne s'agissait que de le vouloir, tous les peuples le seraient ; cependant l'histoire nous apprend que peu sont arrivés au bienfait de la liberté, parce que peu ont eu le courage, l'énergie et les vertus nécessaires.
Charles-Marie Bonaparte ou Carlo-Maria de Buonaparte est le père de Napoléon 1er empereur des Français et le grand-père de Napoléon III empereur du second empire. Plusieurs de ses enfants seront rois ou mariés dans les grandes familles européennes pendant le règne de Napoléon.
Charles est né à Ajaccio en Corse le 27 mars 1746 et va mourir à 38 ans à Montpellier le 24 février 1785. La Corse est sous la dépendance de la République de Gênes. Il fait ses études de droit à Rome et à Pise. Il a 17 ans à la mort de son père et se retrouve mineur sous la tutelle de son oncle paternel Lucien Bonaparte archidiacre d’Ajaccio. La majorité était à 25 ans pour les hommes à cette époque.
En 1764 il épouse Maria Laetizia Ramolino (née en 1749 ou 1750 ?) ; elle a 14 ans, lui 18. Son père Jean-Jérôme est capitaine dans l’armée génoise, puis inspecteur général des Ponts et Chaussées de l’île. Sa mère Angela-Maria Pietra-Santa est originaire de Sartène. Le premier Ramolino à s’établir à Ajaccio avait épousé la fille d’un doge de Gêne.
Bonaparte ou Buonaparte ? Dans les archives, le nom de la famille va varier. Dans l’acte de mariage de Charles, la particule « de » est mentionnée mais pas de « uo ». Lorsque enfin la famille est reconnue noble, Charles enregistrera son nom et celui de ses enfants avec particule et uo, comme pour la famille florentine de Buonaparte, qui les reconnut d’ailleurs comme parents.
Les Bonaparte sont des proches de Pascal Paoli. Charles-Marie aurait contribué à allumer la guerre d’indépendance contre la république de Gênes. Laetizia suit à cheval son mari dans ses expéditions, même enceinte. Charles est estimé de Paoli et de ses compatriotes. Lorsque les patriotes corses sont défaits en 1769 à Ponte-Novo, Charles et sa famille refusent de s’exiler en Italie. Laetizia était là lors de la retraite et aurait répété plusieurs fois sur le chemin de la déroute jusqu’au Monte Rotondo que le bébé dans son ventre (Napoléon) serait le vengeur de la Corse !!
Ils prennent le maquis. Puis quand Pascal Paoli s’exile en Angleterre, ils choisissent le parti de la France.
Charles reconnu de la noblesse devient l’un de 23 députés de l’assemblée générale des Etats de Corse qui dure du 11 mai au 23 juillet 1777. Par contre l’un des postes de représentants de la noblesse corse auprès des Commissaires du Roi lui échappe. Le 15 décembre 1778 il part pour Versailles ; il sera reçu par le roi Louis XVI. Il l’avait peut-être déjà rencontré en 1776. Il en profite pour déposer ses fils Joseph, Napoléon au collège d’Autun. Lucien intégrera le collège en 1784. Napoléon trois mois plus tard intégrera l’Ecole Royale Militaire de Brienne-le-Château dans l’Aube. Charles doit assurer un avenir à ses enfants. Il est à bout de ressources, il doit emprunter. Il intrigue, affirme « il est réduit à l’indigence par l’entreprise du dessèchement des salines et l’injustice des Jésuitees… ». Charles Louis de Marbeuf, nouveau gouverneur de Corse et ami intime de la famille aurait aidé la famille à placer ses enfants dans les écoles pour filles et garçons de la noblesse.
Fin 1784, Charles se rend à Montpellier pour rencontrer des médecins renommés pour soigner les maux d’estomac. Il souffre de vomissements. Il doit manger avec parcimonie. Un cancer, un ulcère, les soucis ? Les enfants !! Joseph ne veut plus être prêtre, les trousseaux à payer pour les filles à St Cyr, les bien marier, et les autres enfants à caser… Joseph était sûr de devenir évêque, soutenu par l’évêque d’Autun .. Quels bénéfices pour la famille !!
Son voyage avait mal commencé : son bateau deux fois rejeté à la côte par les tempêtes d’hiver. Il était arrivé à Marseille, vieilli de vingt ans, méconnaissable, sans avoir vraiment pu s’alimenter pendant les quinze jours de la traversée. Charles avait d’abord rejoint le demi-frère de Laetizia, l’abbé Fesch à Aix. Le mistral, les mauvais chemins l’avaient achevé ; l’abbé l’avait tout de suite expédié à Montpellier pour consulter. Joseph le fils ingrat y est convoqué.

Charles s’installe d’abord à l’auberge du Parc sur le « faux-bourg » de la Sonnerie. Mais il sentait la mort et l’aubergiste ne voulait pas de ce pensionnaire. Charles s’installe alors chez Madame Delon, dans une grande maison de vigneron en dehors de la ville, le temps de suivre un traitement de lait d’ânesse et de poudre de gomme prescrit par les médecins. Une amie Laure Pernon, corse mais d’origine grecque, est venue aider Mme Delon. Elle sera la mère de Laure Junot duchesse d’Abrantès. On a susurré qu’elle avait eu une aventure avec Charles à Ajaccio lorsque son mari était contrôleur des recettes du Roi. Napoléon loge chez les Pernon à Paris lors de ses jours de sortie dans leur hôtel particulier de Sillery au 13 place de Conti. C’est la raison pour laquelle la future Laure Junot peut nous décrire le jeune homme.
Mais pendant trois semaines, Charles-Marie rejette tout aliment, et les taches de sang sur les draps et les serviettes n’augurent rien de bon. Les prêtres sont appelés, des franciscains. Les médecins, Vigouroux, Sabatier, Barthès, ont largement permis de donner de l’opium contre la douleur. Le 24 février 1785 il s’éteint à 39 ans.
Joseph assiste à l’agonie de son père. L’oncle Fresh est là aussi. On ne parle plus de prêtrise pour lui. Il doit rentrer en Corse pour aider la famille, surveiller les métayers, les notaires. Laetizia sait à peine écrire son nom.  Napoléon apprendra la mort de son père le 23 mars. Il sera hanté par cette mort « à cent lieues de son pays, dans une contrée étrangère, indifférente à son existence, éloignée de tout ce qu’il a de plus précieux… ». Une prémonition de ce que sera sa propre mort ?
(Buste de Charles-Marie Bonaparte Ajaccio Musée Fesh –Joseph-Charles Marin)
On ne peut transférer le corps sur son île. Il est descendu dans un des caveaux du couvent des Cordeliers. Mme Pernon paie les obsèques, Charles n’avait plus un sous et Joseph encore moins. Il sera exhumé en 1803 par son fils Louis Bonaparte pour la chapelle du château de Saint-Leu ; En 1819 ses cendres sont transférées dans la crypte de l’église de Saint-Leu-la-Forêt par le prince de Condé. Puis Charles retournera à Ajaccio en avril 1951 et il repose dans la chapelle Impériale aux côtés de son épouse. La boucle est bouclée.
A l’autopsie, quatre médecins dont un chirurgien-major du régiment de Vermondois, vont découvrir une tumeur volumineuse au niveau du pylore. Ses enfants Napoléon et Caroline vont mourir de la même maladie.

Certains de leurs enfants vont vite oublier la Révolution : Joseph, roi de Naples puis roi d’Espagne – Napoléon empereur et roi d’Italie- Lucien prince de Canino par le pape Pie VII – Elisa grande-duchesse de Toscane – Louis époux d’Hortense de Beauharnais, roi de Hollande – un fils Charles-Louis empereur Napoléon III – Pauline duchesse de Guastalla – Caroline Bonaparte épouse Murat roi de Naples – Jérôme roi de Westphalie…….


Sources : André Castelot  « Bonaparte » Librairie Académique Perrin 1967—Alain Decaux « Letizia R Bonaparte, la mère de l’Empereur éd Amiot Dumont 1951—Patrick de Carolis Letizia R Bonaparte la mère de toutes les douleurs  Plon2014 roman historique---Claud Manceron Les Hommes de la Liberté Le bon Plaisir 1782-1785  édit Robert Laffont1976—Max Gallo Napoléon t1 --Hervé Pinoteau, Vingt-cinq ans d'études dynastiques, Paris, Ed. Christian, 1982, p.228. --
wwwhistoireeurope.fr/RechercheLocution.php?Locutions=Charles+Marie+Bonaparte
--www.napoleon.org/jeunes-historiens/napodoc/charles-et-letizia-bonaparte-les-parents-de-napoleon/


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.