lundi 14 mars 2022

Uzès et les lois Ferry




Uzès et les lois Ferry :      


Le 28 mars 1882, l’école primaire publique devient obligatoire et laïque sur l’ensemble de notre pays. (JO29 mars).

On y enseignera l’instruction morale et civile, la lecture, l’écriture, le français, la littérature française, la géographie et l’histoire plus spécialement françaises, quelques notions de droit et d’économie politique, quelques éléments de sciences naturelles, physiques et mathématiques, leurs applications à l’agriculture, l’hygiène, à l’industrie, dessin, modelage, musique, gymnastique (exercices militaires) pour les garçons et travaux d’aiguille pour les filles.

Les villes et villages s’organisent pour se doter de structures adéquates. Selon le règlement du 17 juin 1880 signé par Jules Ferry il nous faut « des maisons d’écoles spacieuses, aérées, éclairées, aménagées suivant les règles de l’hygiène »

A Uzès au 15 octobre 1882 nous avons 298 garçons et 279 filles scolarisés, soit 577 entre 6 et 13 ans. Les écoles publiques en reçoivent 388, les établissements privés 165 et 24 suivent leur scolarité à domicile. Environ 10 écoles publiques et privées tenues pratiquement toutes par des religieux, (catholiques et protestants),  situation qui perdurera jusqu’à l’ouverture du groupe scolaire Jean Macé en 1885.

Les élections municipales du 9 janvier 1881, dotent Uzès d’un conseil municipal républicain avec pour maire David Mossé, originaire d’Orange et de confession juive, ce qui est une nouveauté dans un contexte de petite guerre catholique-protestante. Maire jusqu’en 1888, il entreprend une transformation de l’enseignement dans la ville, et cela commence par bâtir un groupe scolaire. Le 14 février 1882, le conseil municipal se prononce sur le budget 83 et sur la construction d’une école. « Les écoles et les salles d’asile d’Uzès devront disparaitre, souvent insalubres, insuffisantes et contraires aux plans réglementaires ». « une instruction sans distinction de culte, à l’image de la société où nous vivons tous à côté les uns des autres, soumis aux mêmes devoirs, ayant les mêmes droits… ». Le rapport présenté par monsieur Coste est adopté à 9voix contre 3.

Le 8 avril le conseil municipal choisit pour cette construction les parcelles 639 et 640, section G du plan cadastral, situées sur le chemin de St Ambroix et appartenant à Gaston Amaud du village de Moussac. Prix 14 000frs. L’architecte nîmois Gustave Arnaud présente ses plans et devis aux conseillers municipaux le 5 mai 1883 et l’adjudication des travaux a lieu le dimanche 15 juillet 1883. La construction sera terminée en 1885. Réception provisoire le 15 septembre et rentrée scolaire en octobre. La réception définitive aura lieu le 24 septembre 1886.



1er étage—deux écoles non mixtes—trois classes pour chaque école.

 2ème étage—chambres—salle à manger-salon—

Ces plans ont-ils été présentés à l’Exposition Universelle de 1889 ? Le préfet du Gard en parle au sous-préfet d’Uzès le 16 juin 1888.

La dépense totale est évaluée à 250 000frs. On ne peut pas faire appel à la population déjà bien éprouvée par les ravages du phylloxera. On va emprunter à la caisse des Lycées, Collèges et Ecoles primaires 100 000frs puis 124 500frs en 1883, remboursables sur trente ans prélevés sur les revenus de la commune. Une subvention est demandée sur les fonds de l’Etat.

Comme c’est souvent le cas, le coût des travaux sera plus élevé et la subvention moindre que prévu. Le conseil municipal décide en mars et mai 1885 de réduire les frais de décoration des façades et du pan coupé, le gymnase et les ateliers dont celui de la forge ne seront pas construits. Les attaques de tout bord se propagent, on accuse le maire d’incurie, de faiblesse, de dilapider les finances de la ville et surtout de construire ce groupe scolaire par « haine du catholicisme » !! Le terrain est situé à l’une des extrémités de la ville et donc des élèves seront obligé de faire un long parcours… les préaux et les cours intérieures sont tournées au nord, donc au mistral… des devis modifiés sans l’autorisation du conseil municipal….

Pour la municipalité il s’agit de grouper « dans un même local et sous les yeux de mêmes maitres tous les enfants de la ville sans distinction de culte et de faire cesser par ce moyen toutes les rancunes et dissensions religieuses indignes de notre temps »…..

Le décompte des travaux eu 17 octobre 1885 sans les honoraires de l’architecte s’élève à 217 000frs, approuvé en conseil municipal à 10 voix contre une abstention.

Lors de la première rentrée scolaire le 1er octobre 1885, seulement 150 élèves sont présents sur les 500 enfants à scolariser sur la ville. (70 garçons et 80 filles)  Peu à peu la situation va s’améliorer : en 1902, 77 filles fréquentent le groupe scolaire, 155 en 1905 avec 5 classes. En 1903 on réfléchit sur la création d’un cours complémentaire pour les filles. Les garçons peuvent s’orienter vers le collège. Il faudra attendre février 1904 pour qu’un avis favorable soit donné à cette création.

Ce cours élémentaire prendra le nom de « collège d’enseignement général «  en 1964 et en 1970 il forme le « collège d’enseignement secondaire ».

Le bâtiment va se transformer au fil des ans pour répondre aux besoins d’une école moderne dans une société en pleine mutation. Une cantine, 10 classes, disparition des préaux couverts et construction de nouveaux bâtiments au nord, douches, WC aménagés, mur de séparation des cours démoli, salle de gymnastique, bibliothèque, salle audio-visuelle, …..

En 1966 le groupe scolaire prend le nom de Jean Macé, le fondateur de la Ligue Française pour l’Enseignement. Deux collèges, un lycée avec une branche professionnelle spécialisée dans les métiers d’art seront construits sur la commune, pour le plus grand bien de tous les enfants de l’Uzège et de familles.

 


Sources et pour en savoir plus : « Les Ecoles d’Uzès d Moyen Age au XXè siècle » Societé Historique de l’Uzège 1997—archives communales d’Uzès ; départementales du Gard

 

 




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